p/\rc, un projet d’Éric Minh Cuong Castaing

 

p/\rc,  un projet d’Éric Minh Cuong Castaing

 Au square de la tour Saint-Jacques à Paris, on pouvait assister en ce samedi après-midi, à un étrange ballet. Des danseurs ont invité des enfants handicapés-moteurs à les rejoindre sur les pelouses.
Sortis de leurs fauteuils roulants, les petits corps aux membres souvent inertes, semblent découvrir le plaisir du mouvement dans les bras des danseurs. Pour eux, les artistes se font à la fois prothèses vivantes et sensibles, leur trouvant les appuis nécessaires à la marche mais ils les font aussi sauter, virevolter et éprouver de nouvelles sensations dans l’espace.

 

© Mireille Davidovici

© Mireille Davidovici

Mais ils cessent d’être passifs pour glisser quelques indications à leurs partenaires. Rayonnent alors sourires et rires sur les visages et sont alors lisibles ces ressentis partagés. Un sentiment de liberté. Une apologie de l’effort vital. Autour d’eux, d’étranges véhicules circulent dans les allées: les robots de télé-présence mobiles, longues tiges à roulettes surmontées d’un écran et pilotées à distance par d’autres enfants et visibles sur cet écran.
Ce sont des «beam»: des appareils ultra-connectés équipant les enfants et jeunes adultes atteints d’un handicap physique ou neuro-atypique, rendant leurs déplacements difficiles. En restant chez eux, ils sont quand même présents à l’école ou dans tout autre lieu.

Avec _p/\rc, l’espace public s’anime et les visiteurs assistent à cette performance hors-norme, une belle expérience de partage : corps virtuoses des danseurs et corps empêchés vivent ensemble une réappropriation des mouvements: les «valides» permettent aux autres de retrouver leurs gestes et les «non-valides» impulsent une dynamique à leurs prothèses vivantes. Avec ces interprètes, nous allons à la source du mouvement, ici décomposé et recomposé dans une dynamique commune.

Fondateur de la compagnie Shonen (:adolescent,  en japonais) Eric Minh Cuong Castaing poursuit depuis 2016, un travail auprès de personnes en situation de handicap, en collaboration avec Aloun Marchal et Marine Relinger.
Nous avions découvert Forme(s)de vie, au Carreau du Temple au festival Everybody 2023  où un ancien boxeur et une ancienne danseuse en perte de mobilité, utilisaient des danseurs comme des prothèses humaines pour prolonger les gestes de leur art. La compagnie prépare Vision qui, en 2026 avec des interprètes mal, ou non voyants.

La partition chorégraphique de _ p/\rc___ s’adapte à différents espaces et chaque création demande en amont plusieurs semaines d’atelier pour que les enfants rencontrent la danse, en présence ou non, de soignants ou parents. « A quels désempêchements, notre parc peut-il aboutir?», s’interroge Eric Minh Cuong Castaing. Pour lui : il s’agit de «danser avec, sans prothèses ni fauteuils venant normaliser les corps.»

Mireille Davidovici

Spectacle vu le 29 septembre  au square de la Tour Saint-Jacques, rue de Rivoli, Paris (Ier) dans le cadre du festival La Place, organisé place du Châtelet par le Théâtre de la Ville et le Théâtre du Châtelet.
Tous les week-ends jusqu’au 15 octobre.

Les 24 et 25 janvier, Lieu Unique, Nantes ( Loire-Atlantiques). https://www. lelieuunique.com/evenement/eric-minh- cuong-castaing-parc

Les 31 janvier et 1er février,  Théâtre National de Bretagne, Rennes (Ile-et Vilaine) . https://www.t-n-b.fr/parc

Le 5 juillet, Opéra de Massy (Essonne), en partenariat avec la Scène Nationale de l’Essonne.

 


Archive pour 6 octobre, 2024

Sorcières,(titre provisoire) de Penda Diouf, mise en scène de Lucie Berelowitsch

Sorcières,(titre provisoire) de Penda Diouf, mise en scène de Lucie Berelowitsch

Lucie Berelowitsch, directrice du Préau-Centre Dramatique National de Normandie-Vire, a souhaité à son arrivée en 2019, travailler en lien avec la réalité des terroirs environnants.  Sorcières prend sa source dans une envie d’y explorer les phénomènes paranormaux et pratiques occultes, à la suite de l’ethnologue tunisienne Jeanne Favret-Saada. Dans les années soixante-dix, celle-ci avait mené une enquête remarquable et remarquée sur la sorcellerie paysanne dans le bocage mayennais et publie La Sorcellerie dans le bocage,  dans Les Mots, la mort, les sorts et Corps pour Corps, coécrit avec Josée Contreras.
À son tour, Penda Diouf a battu la campagne autour de Vire, à la recherche de pratiques et pensées magiques et e a construit cette pièce à partir de la démarche de Jeanne Favret-Saada et de témoignages recueillis. Grâce à de petites annonces, ouïe-dire, bouche à oreille, l’autrice a pu rencontrer des hommes et femmes rebouteux, coupeurs de feu, exorcistes mais aussi des personnes se disant envoutées.
Elle a aussi écouté des histoires et légendes transmises d’une génération à l’autre. Cette riche matière lui a permis d’alimenter Sorcières,(titre provisoire). Dans son texte-son titre est un clin d’œil à Sorcières, le livre-culte de Mona Chollet-ellene se réclame pas ouvertement du mouvement féministe des « witches ». Elle convoque des figures de sorcières mais il y a aussi d’autres personnages féminins.

© Simon Gosselin

© Simon Gosselin

Sonia vient de s’installer à la campagne dans la maison d’une grand-tante. Une nuit d’orage, une femme étrange s’invite, suite à une mystérieuse panne de voiture… Après cette visite insolite, Sonia entend des voix et bruits inquiétants. Les voisins racontent que la maison est hantée. Avec l’aide de son amie Jeanne, Sonia va remonter à la source de ces rumeurs. Tout commence donc par une situation banale mais des phénomènes anormaux dans et autour de la maison, exercent une emprise sur Sonia, jusqu’à l’envahir, voire la posséder.

Jeanne essaye d’exorciser les fantasmes de son amie et de comprendre son comportement incongru. Mais elle sera, elle aussi, happée par l’histoire de cette énigmatique aïeule, objet de toutes les rumeurs du voisinage et victime d’un procès en sorcellerie. La scénographie de François Fauvel et Valentine Lê contribue à créer une atmosphère d’étrangeté, avec l’ouverture progressive des entrailles de la maison au décor un peu vieillot, sur un paysage fantasmagorique.
Sonia Bonny fait de Sonia, un personnage impressionnable, un peu médium et Clara Lama-Schmit incarne une enquêtrice rationnelle à l’image de Jeanne Favret-Saada et de l’autrice elle-même. Natalka Halanevych donne à ses différents rôles une touche d’inquiétante étrangeté propre à son groupe Les Dakh Daughters, installé à Vire en 2.022, après l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Sous la houlette de Lucie Berelowitsch, ces actrices créent un univers insolite, proche du cinéma de genre, mais sans emphase, ni pléthore d’effets spéciaux. La mise en scène, sobre et précise, accompagnée par une équipe artistique en phase avec le projet, donne du relief à l’écriture de Panda Diouf qui ne nous a pas entièrement convaincue, surtout dans la dernière partie. Mais, en ce soir de première, le public a été gagné par le jeu des comédiennes et l’atmosphère du théâtre où sont exposés des objets de sorcellerie et une grande tapisserie sur ce thème réalisée par les habitants des environs.

Mireille Davidovici

Spectacle vu le  1er octobre, au Préau-Centre Dramatique National de Normandie-Vire, 1 place Castel, Vire (Calvados). T. : 02 31 66 16 00.

Le 18 octobre, Théâtre des Halles, Tessy-Bocage (Manche).

Le 14 novembre,Théâtre municipal de Domfront en Poiraie (Orne)  et le 28 novembre, La Halle ô Grains, Bayeux (Calvados).

Les 21 et 22 janvier, Théâtre du Point du jour, Lyon (Vème) ; le 28 janvier, Par le Bocage, Barenton (Manche).

Le 4 février, Théâtre de l’Arsenal, Val-de-Reuil (Eure).

Les 27 et 28 février, Les Franciscaines, Deauville (Calvados).

 

 

 

DAROU L ISLAM |
ENSEMBLE ET DROIT |
Faut-il considérer internet... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Le blogue a Voliere
| Cévennes : Chantiers 2013
| Centenaire de l'Ecole Privé...