Tiens ton cœur, texte et mise en scène de Kouam Tawa

Les Francophonies de Limoges/ Les Zébrures d’automne

Tiens ton cœur, texte et mise en scène de Kouam Tawa

 Une jeune femme, Marianne va devoir quitter une concession : c’est à dire, la propriété de sa belle-famille qui l’accuse d’avoir été responsable de la mort de son mari malade. Elle l’avait emmené à l’hôpital, et non chez un médecin traditionnel africain,comme le voulait ses beaux-parents. Et elle a été répudiée à l’issue d’une palabre, c’est à dire une sorte de réunion où elle n’a pas eu le droit d’assister.

 

© Kouam Tawa

© Kouam Tawa

Cela se passe dans une cour au sol couvert d’une poussière ocre;  une douzaine de grands et pagnes en coton rouge foncé à motifs géométriques  sèchent tout autour sur des fils. Au centre, Marianne interprétée par Ane Lorvo, excellente et radieuse,.
Elle dit la langue française avec une justesse et une diction impeccable et très vivante à la fois, que bien des actrices et acteurs sortis du Conservatoire National peuvent lui envier.

Une langue qui pénètre aussitôt le public souvent habitué à un dire approximatif et peu audible…

Cette jeune veuve revient dans son pays qu’elle avait quitté, pensait-elle, à jamais, et s’explique longuement sur la pénible histoire qui lui est arrivée. Elle dit aussi adieu à Sikali, son Ami, un personnage énigmatique qui pourrait avoir aussi été son mari et elle enfile une combinaison bleue de travail pour incarner celui parti au loin mais revenu au pays, parmi les siens.
Ana Lorvo est bien dirigée et mies en scène par l’auteur. Quand on a vécu en Afrique comme nous, cette cour est d’une vérité absolue. Kouam Tawa parle bien du quotidien au Cameroun, son pays celui des pauvres villages en brousse loin des grandes villes. Et il réussit à «donner à voir, à entendre, mais aussi à sentir, l’ambiance d’une palabre-qui est partout en Afrique-un vecteur essentiel du dialogue social, de sorte que les spectateurs arrivent à la vivre de l’intérieur, à se sentir parties prenantes, à devenir comme dirait Augusto Boal: des « spect-acteurs ». Je souhaite que cette palabre sur la scène puisse être entendue (…) par ceux qui n’ont pas l’habitude des spectacles de théâtre et ceux qui jamais n’ont pris part à une palabre… »

Ce un récit à la première personne est soutenu par la belle musique d’Abraham Neri Kwemy,  mais aussi une sorte de fable, pas si loin des contes de Charles Perrault, avec une jeune épouse trop vite devenue veuve et héroïne, malgré elle d’un drame familial. Aucun doute là-dessus, Ana Larvo est exceptionnelle de vérité, même si vers la fin, la fable a tendance à faire du sur-place. Il faudrait que ce spectacle soit repris et si vous le pouvez, allez-voir ce Tiens ton cœur , une étonnante prise de parole.

Philippe du Vignal

Spectacle vu le 2 octobre à L’Espace Noriac, Limoges ( Haute-Vienne).


Archive pour 8 octobre, 2024

Tiens ton cœur, texte et mise en scène de Kouam Tawa

Les Francophonies de Limoges/ Les Zébrures d’automne

Tiens ton cœur, texte et mise en scène de Kouam Tawa

 Une jeune femme, Marianne va devoir quitter une concession : c’est à dire, la propriété de sa belle-famille qui l’accuse d’avoir été responsable de la mort de son mari malade. Elle l’avait emmené à l’hôpital, et non chez un médecin traditionnel africain,comme le voulait ses beaux-parents. Et elle a été répudiée à l’issue d’une palabre, c’est à dire une sorte de réunion où elle n’a pas eu le droit d’assister.

 

© Kouam Tawa

© Kouam Tawa

Cela se passe dans une cour au sol couvert d’une poussière ocre;  une douzaine de grands et pagnes en coton rouge foncé à motifs géométriques  sèchent tout autour sur des fils. Au centre, Marianne interprétée par Ane Lorvo, excellente et radieuse,.
Elle dit la langue française avec une justesse et une diction impeccable et très vivante à la fois, que bien des actrices et acteurs sortis du Conservatoire National peuvent lui envier.

Une langue qui pénètre aussitôt le public souvent habitué à un dire approximatif et peu audible…

Cette jeune veuve revient dans son pays qu’elle avait quitté, pensait-elle, à jamais, et s’explique longuement sur la pénible histoire qui lui est arrivée. Elle dit aussi adieu à Sikali, son Ami, un personnage énigmatique qui pourrait avoir aussi été son mari et elle enfile une combinaison bleue de travail pour incarner celui parti au loin mais revenu au pays, parmi les siens.
Ana Lorvo est bien dirigée et mies en scène par l’auteur. Quand on a vécu en Afrique comme nous, cette cour est d’une vérité absolue. Kouam Tawa parle bien du quotidien au Cameroun, son pays celui des pauvres villages en brousse loin des grandes villes. Et il réussit à «donner à voir, à entendre, mais aussi à sentir, l’ambiance d’une palabre-qui est partout en Afrique-un vecteur essentiel du dialogue social, de sorte que les spectateurs arrivent à la vivre de l’intérieur, à se sentir parties prenantes, à devenir comme dirait Augusto Boal: des « spect-acteurs ». Je souhaite que cette palabre sur la scène puisse être entendue (…) par ceux qui n’ont pas l’habitude des spectacles de théâtre et ceux qui jamais n’ont pris part à une palabre… »

Ce un récit à la première personne est soutenu par la belle musique d’Abraham Neri Kwemy,  mais aussi une sorte de fable, pas si loin des contes de Charles Perrault, avec une jeune épouse trop vite devenue veuve et héroïne, malgré elle d’un drame familial. Aucun doute là-dessus, Ana Larvo est exceptionnelle de vérité, même si vers la fin, la fable a tendance à faire du sur-place. Il faudrait que ce spectacle soit repris et si vous le pouvez, allez-voir ce Tiens ton cœur , une étonnante prise de parole.

Philippe du Vignal

Spectacle vu le 2 octobre à L’Espace Noriac, Limoges ( Haute-Vienne).

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