Focus Lituanie au Théâtre de la Ville

Focus Lituanie au Théâtre de la Ville

Sports group,  idée et texte de Gabrielė Labanauskaitė, Viktorija Damerell, conception et mise en scène de Gailė Griciūtė, Viktorija Damerell, musique de Gailė Griciūtė

Une étrange performance de cinquante minutes! Comme une nouvelle messe pour le temps présent dans une salle de sport, avec tous les équipements pour la musculation reliés à des tuyaux d’orgue branchés à une soufflerie. Le son produit étant généré par l’énergie des mouvements des six artistes qui font parfois quelques pas de danse et chantent remarquablement.

© Martynas Aleksa

© Martynas Aleksa

La salle de gym est devenue, en quelques années, le nouveau temple des passions individuelles. On lit moins, on va moins au cinéma, au théâtre et aux expositions mais l’être urbain s’abonne à une salle de sport, pour entretenir sa forme! Chacun façonne son corps et son autisme, en écoutant son smartphone ou en naviguant sur les réseaux sociaux. Pauvre société du XXI ème siècle ! L’ennui s’installe au début du spectacle! Puis nous entrons peu à peu dans le rythme de ces artistes comme dans une berceuse. Et on finit par écouter attentivement ce texte très signifiant et plein d’humour. Il y a un public d’abonnés et comme ces interprètes, ils sont ici pour glorifier l’exercice physique. «Je suis là pour te faciliter le chemin.» (…) Comment façonner ton corps ? (…) Comment perdre du poids? (…) Laisse tomber le sexe, ne gaspille pas ton énergie.»

Tout un programme! Artistes et spectateurs deviennent éléments actifs ou passifs d’une secte. Les gestes sont précis et les chants se transforment en liturgie des temps modernes. Dans le passé, certains créaient une partition avec une scie musicale, mais les temps ont changé. «Sans effort pas de minceur, sans sueur pas d’éclat.» Et cette nouvelle religion a ses dogmes.  But ultime : «On me remet une médaille, je passe à la télé.(…) Je suis Dieu.» Cet ovni théâtral nous a fait sourire: il est bon de se moquer des travers de nos contemporains en cette année olympique…

Jean Couturier

Spectacle joué les 8 et 9 octobre au Théâtre des Abbesses, 31 rue des Abbesses, Paris (XVIII ème). T. : 01 42 74 22 77.
Le focus Lituanie se poursuit au 20 octobre.

 


Archive pour 15 octobre, 2024

Entretien avec le chef d’escadron Frédéric Foulquier, chef de la musique de la Garde républicaine

Entretien avec la chef d’escadron Frédéric Foulquier, chef de la musique de la Garde républicaine

Ce corps a connu plusieurs appellations mais a toujours eu la fonction essentielle de protéger la Cité, d’abord sous le règne des premiers rois de France. La plus ancienne: celle du « guet »,  et maintenant la sécurité  au palais de l’Elysée. La Garde républicaine, d’abord appelée Garde de Paris, porte toujours sur son écusson les symboliques navire et pont comme l’a rappelé la séquence à la Cérémonie d’ouverture (voir Le Théâtre du Blog) du bateau des marchands d’eau, au XII ème siècle. D’où la célèbre devise de Paris: Fluctuat nec mergitur. (bousculée mais ne coule pas)..
Nommée Garde municipale de Paris par Bonaparte en 1802, elle participa aux guerres de l’Empire. Sous l’occupation allemande, elle entra dans la Résistance. Elle assure la protection des personnalités de l’Etat et aussi la sécurité générale… Enfin, on le sait moins, ses formations musicales ont une activité très variée, à la fois avec les institutions et l’ensemble des citoyens.

 

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« Nous avons été prévenus en janvier, dit Frédéric Foulquier, que nous participerions à la Cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques le 26 juillet. Mais sans savoir le lieu et  les circonstances ni avec quels artistes. Le secret, nécessaire, s’imposait, puis nous avons appris que le projet réunirait la Garde républicaine et la chanteuse franco-malienne, Aya Nakamura, artiste francophone la plus écoutée au monde… Je ne la connaissais pas, au contraire de nos jeunes musiciens. Mais nous avons été enthousiastes et avons compris tout de suite le sens qu’aurait cette cérémonie d’ouverture et comment malgré, ou surtout, grâce à la  distance entre elle et nous, nous pourrions créer une forme singulière.

Une chanteuse de variétés comme elle, a sa façon de s’habiller et nous… nous avons un uniforme militaire. Et il y a une distance entre sa musique et la nôtre, entre ses postures et notre manière de défiler. Tout cela était déjà un bon point de départ!  Nous n’étions pas dans la contradiction mais dans un rapport créateur et il devait en sortir quelque chose de positif. A la première répétition, le 15 juillet, Aya Nakamura proposa un axe de travail: un mouvement très simple en une seule trajectoire. La Garde républicaine est d’abord en rangs immobiles puis  s’ébranla au pas, en se dirigeant vers Aya Akamura et ses danseuses tout en ondulations. Ensuite arrivés près de cette artiste, nous avons commencé  à rompre le rang et à danser avec elle. La distance s’abolissait grâce au métissage des rythmes: chacun a gardé sa musique avec juste, une accélération pour nous.

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A la fin, Aya Nakamura fit le salut militaire en souriant. Notre première rencontre avec elle? Heureuse, détendue, elle était venue en survêtement mais nous n’avons pas répété sur le pont des Arts car nous étions assujettis au secret! D’abord, Thomas Jolly tenait à  garder le surprise… Et le Directeur général de la Gendarmerie exigeait la prudence: nous avons signé une clause de confidentialité et après avoir donné son aval, il nous confia: « Cela ne va pas laisser indifférent! »
Nous avons reçu la partition du spectacle en mai et la première répétition eut donc  lieu en juillet sur une piste de l’aéroport militaire présidentiel à Vélizy-Villacoublay. Nous avons marqué au sol, les mesures du pont des Arts. Toute l’équipe de Thomas Jolly était là , avec le porteur masqué de la Flamme qui devait passer dans nos rangs et déclencher un feu d’artifice à l’entrée de l’Académie française…

Les autres répétitions eurent lieu sur le pont des Arts dont un expert vérifia la solidité. L’édifice (1801-1804), reconstruit en 1984, devait en effet supporter nos déplacements mais fut déclaré bon pour le service… L’assistante d’Aya Nakamura mit des marques pour indiquer les points de départ et d’arrivée, puisque nous avions une courte distance à parcourir. Et Paname 2024, une société, née de l’association de cinq grandes agences de production événementielle, a fourni une assistance technique pour les répétitions, avec, entre autres, des ingénieurs du son et de l’image, des électriciens…

Une campagne de presse à caractère raciste mit en cause cette séquence pour atteindre Aya Nakamura et l’inciter à se retirer. Elle en a été blessée mais face au cyber-harcèlement dont elle était victime, nous étions tous solidaires avec elle et de nombreux artistes lui apportèrent leur soutien..  Entre autres:  Benjamin Biolay, Carla Bruni, Camélia Jordana, Patrick Bruel, Hugues Aufray,  Kalash Criminel, Michèle Torr, Lara Fabian, Michel Drucker…
Et cette séquence se déroula très bien pour notre plus grande joie mais exigea une concentration maximum:  il y avait un risque de distraction à cause des trois sources sonores : les oreillettes, la musique et le chant en direct, mais aussi le retour. A la fin, Aya Nakamura leva les bras en signe de victoire. Tout l’ensemble a été magique, devant  31,4 millions de téléspectateurs…

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La formation d’harmonie est rattachée au premier régiment d’infanterie, avec quatre-vingt musiciens et le chœur de l’Armée française. J’ai commencé à Toulouse en apprenant et jouant de la clarinette, puis à Paris. J’ai toujours été attiré par les plus grands compositeurs: Jean-Sébastien Bach, Wolfgang Amedeus Mozart… Mais j’aime toutes les musiques et la formation d’harmonie a travaillé  avec Indochine depuis 2019, notamment pour les quarante ans du groupe en 2.022 au Stade de France et en tournée. Ou avec Oasis, lors du match de football France-Angleterre, toujours au Stade de France en juin 2.017, en hommage aux victimes d’attentats  à Manchester… En avril dernier, à Paris-La Défense, Arena, nous avons participé aux concerts symphoniques consacrés l’un à Mon voisin Totoro et l’autre à Princesse Mononoké, des films du réalisateur japonais Hayao Miyazaki.
Nous assurons le protocole de la République: cérémonies militaires et grandes commémorations mais nous  pouvons aborder tous les genres musicaux…. Les interprètes de la Garde républicaine sont comme les autres et ne passent pas leur temps à jouer des marches militaires. Ils ont tous une solide formation classique et des goûts éclectiques. S’ouvrir à la pop-culture, pour moi, c’est s’ouvrir au peuple dans toute sa diversité….Nous faisons environ six cent interventions musicales par an, lors des cérémonies officielles et pour les municipalités,  fêtes de la musique, etc. Interventions qui, elles, sont facturées. C’est un métier formidable. En septembre, nous avons joué à Dunkerque… La musique nous permet d’aller à la rencontre du peuple français. »


Bernard Rémy

 

 

 

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