L’Avare de Molière, adaptation de Philippe Person, mise en scène Florence Le Corre et Philippe Person

L’Avare de Molière, adaptation de Philippe Person, mise en scène de Florence Le Corre et Philippe Person

Encore un Avare mais cette fois joué par de jeunes acteurs sortis d’une école. Tous les Français connaissent plus ou moins depuis l’école primaire l’histoire de cet Harpagon, riche veuf de cinquante ans: à l’époque, un homme âgé.  Obsédé par l’argent, il s’est constitué un joli magot enfermé dans une cassette bien planquée dans son jardin.
Il a deux grands enfants: Elise qu’il voudrait marier sans avoir à verser une dot-ce qui était très suspect quant à la moralité de cette  jeune fille dans les milieux bourgeois. Mais elle est amoureuse de Valère, l’intendant d’Harpagon et refuse obstinément un mariage avec le bonhomme âgé que son père lui destine. Lui cherche à se remarier mais à une condition:  tant qu’à faire, plutôt avec une jeune femme et que cela soit aussi une affaire juteuse! Mauvais calcul: son fils Cléante est aussi amoureux… de la même et belle Marianne. Grâce à ce qu’on appellerait aujourd’hui un chantage de son fils, Harpagon retrouvera sans difficulté sa cassette qui lui a été volée… contre l’abandon de son projet de mariage avec Marianne. Et les choses rentreront dans l’ordre comme par miracle! Molière sait mener une intrigue de façon exceptionnelle et elle fonctionne toujours. Ici, on a affaire à une adaptation et revendiquée comme telle:
Philippe Person y a été à la hache et, en une heure dix, l’affaire est enlevée mais le  texte est essoré et le résultat, très décevant…

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Avec Florence Le Corre, il dirige ici les ex-élèves de l’école du Lucernaire. A leur crédit, une diction impeccable-ce qui est rare-mais la direction d’acteurs est vraiment trop approximative. Le jeune homme qui joue Harpagon criaille sans arrêt, la jeune fille interprétant Marianne se semble pas très à l’aise et  n’est pas crédible… Les autres s’en sortent comme ils peuvent, c’est à dire pas très bien et surjouent souvent: bref, l’ensemble ne tient pas la route.
Et mieux vaut oublier l’affiche et les gros clins d’œils au monde actuel,  de la scénographie: châssis avec de nombreux cadenas, malles en fer peintes en noir mat et soigneusement enchaînées, policier en combinaison et casque tout aussi noirs arrivant en trottinette, sirènes d’alarme et spots rouges clignotants, jets de fumigène dispensés deux fois sans raison.
Il y a aussi pour les amateurs, une petite bagarre d’oreillers… Tous aux abris!

Les costumes aux couleurs pastel rappellent les années cinquante, comme ce gros téléphone bleu pâle à cadran… Frosine, l’entremetteuse assez louche, ici en longue robe rouge décolletée et chaussures dites compensées, appellera un numéro en tapant sur des touches… inexistantes! Ce genre de trouvailles est désolant: au théâtre, il n’y a pas de détails et comme dirait notre amie Christine Friedel, aucune excuse… « Nous avons monté L’Avare comme une comédie féroce, voire un thriller comique », disent les metteurs en scène. Pourquoi: thriller comique? C’est là où les choses dérapent et cette réalisation qui se voudrait légère et drôle, est du genre facile et vulgaire, loin en tout cas de Molière.
Que deviendront
Marie Dubois-Poulain, Alicia Frugier, Marie Gamarra, Blanche Gilistro, Gabriel Granet, Cecilia Gully, Margot Heckmann, Basile Jean, Blaise Jouhannaud, Émile Kosseim, Antoine Maabed, Lola Manière, Zoe Mesnage, Estelle Nerant, Gwendal Noat, Leana Nolan, Ambre Olive, Arthur Potel, Alexandre Saint-Etienne, Prasanna, Lisa Templeraud, Bastien Viera et Valentin Yverneau?
Difficile à dire: comme ils jouent en alternance, impossible de les identifier, puisqu’il n’y a même pas leur photo dans le programme! Mais ils méritent tous d’être mieux dirigés et vous pourrez vous épargner ce travail approximatif. Une école doit avoir des exigences absolument supérieures, quelles que soient les pièces travaillées. Quand Antoine Vitez avait mis en scène quatre œuvres de Molière avec de jeunes comédiens, il avait imposé une véritable mise en perspective . Ici, c’est un Avare-gadget essoré qu’on nous propose. Dommage pour ces jeunes gens et pour les spectateurs qui ont applaudi… mollement.

Philippe du Vignal

Théâtre du Lucernaire, 53 rue Notre-Dame des Champs, Paris ( VI ème. T. : 01 45 44 57 34.



Archive pour 18 octobre, 2024

L’Avare de Molière, adaptation de Philippe Person, mise en scène Florence Le Corre et Philippe Person

L’Avare de Molière, adaptation de Philippe Person, mise en scène de Florence Le Corre et Philippe Person

Encore un Avare mais cette fois joué par de jeunes acteurs sortis d’une école. Tous les Français connaissent plus ou moins depuis l’école primaire l’histoire de cet Harpagon, riche veuf de cinquante ans: à l’époque, un homme âgé.  Obsédé par l’argent, il s’est constitué un joli magot enfermé dans une cassette bien planquée dans son jardin.
Il a deux grands enfants: Elise qu’il voudrait marier sans avoir à verser une dot-ce qui était très suspect quant à la moralité de cette  jeune fille dans les milieux bourgeois. Mais elle est amoureuse de Valère, l’intendant d’Harpagon et refuse obstinément un mariage avec le bonhomme âgé que son père lui destine. Lui cherche à se remarier mais à une condition:  tant qu’à faire, plutôt avec une jeune femme et que cela soit aussi une affaire juteuse! Mauvais calcul: son fils Cléante est aussi amoureux… de la même et belle Marianne. Grâce à ce qu’on appellerait aujourd’hui un chantage de son fils, Harpagon retrouvera sans difficulté sa cassette qui lui a été volée… contre l’abandon de son projet de mariage avec Marianne. Et les choses rentreront dans l’ordre comme par miracle! Molière sait mener une intrigue de façon exceptionnelle et elle fonctionne toujours. Ici, on a affaire à une adaptation et revendiquée comme telle:
Philippe Person y a été à la hache et, en une heure dix, l’affaire est enlevée mais le  texte est essoré et le résultat, très décevant…

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Avec Florence Le Corre, il dirige ici les ex-élèves de l’école du Lucernaire. A leur crédit, une diction impeccable-ce qui est rare-mais la direction d’acteurs est vraiment trop approximative. Le jeune homme qui joue Harpagon criaille sans arrêt, la jeune fille interprétant Marianne se semble pas très à l’aise et  n’est pas crédible… Les autres s’en sortent comme ils peuvent, c’est à dire pas très bien et surjouent souvent: bref, l’ensemble ne tient pas la route.
Et mieux vaut oublier l’affiche et les gros clins d’œils au monde actuel,  de la scénographie: châssis avec de nombreux cadenas, malles en fer peintes en noir mat et soigneusement enchaînées, policier en combinaison et casque tout aussi noirs arrivant en trottinette, sirènes d’alarme et spots rouges clignotants, jets de fumigène dispensés deux fois sans raison.
Il y a aussi pour les amateurs, une petite bagarre d’oreillers… Tous aux abris!

Les costumes aux couleurs pastel rappellent les années cinquante, comme ce gros téléphone bleu pâle à cadran… Frosine, l’entremetteuse assez louche, ici en longue robe rouge décolletée et chaussures dites compensées, appellera un numéro en tapant sur des touches… inexistantes! Ce genre de trouvailles est désolant: au théâtre, il n’y a pas de détails et comme dirait notre amie Christine Friedel, aucune excuse… « Nous avons monté L’Avare comme une comédie féroce, voire un thriller comique », disent les metteurs en scène. Pourquoi: thriller comique? C’est là où les choses dérapent et cette réalisation qui se voudrait légère et drôle, est du genre facile et vulgaire, loin en tout cas de Molière.
Que deviendront
Marie Dubois-Poulain, Alicia Frugier, Marie Gamarra, Blanche Gilistro, Gabriel Granet, Cecilia Gully, Margot Heckmann, Basile Jean, Blaise Jouhannaud, Émile Kosseim, Antoine Maabed, Lola Manière, Zoe Mesnage, Estelle Nerant, Gwendal Noat, Leana Nolan, Ambre Olive, Arthur Potel, Alexandre Saint-Etienne, Prasanna, Lisa Templeraud, Bastien Viera et Valentin Yverneau?
Difficile à dire: comme ils jouent en alternance, impossible de les identifier, puisqu’il n’y a même pas leur photo dans le programme! Mais ils méritent tous d’être mieux dirigés et vous pourrez vous épargner ce travail approximatif. Une école doit avoir des exigences absolument supérieures, quelles que soient les pièces travaillées. Quand Antoine Vitez avait mis en scène quatre œuvres de Molière avec de jeunes comédiens, il avait imposé une véritable mise en perspective . Ici, c’est un Avare-gadget essoré qu’on nous propose. Dommage pour ces jeunes gens et pour les spectateurs qui ont applaudi… mollement.

Philippe du Vignal

Théâtre du Lucernaire, 53 rue Notre-Dame des Champs, Paris ( VI ème. T. : 01 45 44 57 34.


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