Les Créanciers d’August Strindberg, traduction d’Elsa Andrianou, mise en scène d’Aris Troupakis

Les Créanciers d’August Strindberg, traduction d’Elsa Andrianou, mise en scène d’Aris Troupakis 
Cette pièce tendue et ramassée commence sur le ton de la comédie et finit par un dénouement tragique inattendu mais fort bien amené. L’écrivain suédois y exprime toutes ses souffrances et ses conceptions radicales du couple, et de la femme.

©xatoupi-sofianos-daneistes

©xatoupi-sofianos-daneistes

Dans le salon d’un hôtel en bord de mer, deux hommes se retrouvent : ils ont aimé la même femme et en parlent. Gustaf (Philippos Sofianos), un professeur âgé, a été le premier mari et le pygmalion  de Tekla (Dimitra Chatoupi). Adolf (Yorgos Stavrianos), plus jeune, a ensuite épousé Tekla et lui a apporté un autre enrichissement personnel et la fit socialement progresser. N’est-elle pas devenue une écrivaine à succès ?

 Mais Tekla a repris sa liberté. N’a-t-elle pas des dettes envers ces amants qui ont fait d’elle une personne aujourd’hui estimée et reconnue ? Comme le pensent ces hommes, Tekla a pris chez eux tout ce dont elle avait besoin, tel un vampire. Ainsi ne les a-t-elle pas volés, diminués, spoliés ? Ils sont ses « créanciers ».
Gustaf manipule Adolf pour qu’il prenne pleinement conscience du mal qui lui a été fait et qu’une vengeance soit ourdie. Mais il joue un double jeu et est sans pitié pour Adolf, diminué par des crises d’épilepsie et il veut reconquérir Tekla qui face à leur hostilité, dispose seulement de son intelligence et de sa passion pour la liberté. Décor minimal avec juste quelques accessoires nécessaires à ce huis-clos. La mise en scène est rythmée et chaque silence, significatif. Les excellents comédiens soulignent bien le jeu de manipulation et les rapports entre les deux sexes, lestés de créances et dettes mais sans reconnaissance ni remise. Un spectacle de  grande qualité dans un théâtre-bijou d’Athènes !

 
Nektarios-Georgios Konstantinidis
 
Théâtre EΛΕΡ, 10 rue Frynichou, Athènes. T. : 0030 211 7353 928
 
https://www.youtube.com/watch?v=T1ekey0TSys
 
 
   

Archive pour 6 novembre, 2024

Notre comédie humaine d’après Illusions perdues et Splendeurs et misères des courtisanes d’Honoré de Balzac par le Nouveau Théâtre Populaire

Notre comédie humaine : Les Belles illusions de la jeunesse et Illusions perdiue d’après Illusions perdues d’Honoré de Balzac par le Nouveau Théâtre Populaire

 Cette compagnie qui fait sa première apparition sur une scène parisienne, a ravi le public par son approche cohérente de l’œuvre, passant du kitsch d’époque à une fable tragique où les personnages ne sont plus que les fantômes d’un cauchemar. Née en 2009 dans un jardin l’été à Fontaine-Guérin, un village de mille habitants au cœur du Maine-et-Loire, elle y a construit un théâtre de plein air pour monter en peu de temps, des grands classiques de la littérature dramatique, en pratiquant un tarif unique, cinq € la place. Quinze ans et une soixantaine de créations plus tard, le N.T.P. compte vingt-et-un membres permanents et a un fonctionnement démocratique. Son manifeste stipule: « 1. Nous prenons les décisions collectivement : par consensus, vote à bulletin secret ou à main levée.2. Nous présentons toujours plusieurs pièces, mises en scène par différents membres de la troupe. (…) 4. Tous les membres de la troupe participent à plusieurs spectacles.»

© N.T.P.

© N.T.P.

Lucien, jeune provincial sans fortune, rêve de monter à Paris pour y atteindre la gloire littéraire. Honoré de Balzac raconte ses aventures dans ces romans-clés de la Comédie Humaine : Illusions perdues, publié entre 1837 et 1843, et Splendeurs Misères des courtisanes, entre 1838et 1847.  Le collectif Nouveau Théâtre Populaire le présente en triptyque, avec des mises en scène de style différent, dans une scénographie unique mais évolutive. Soit pour le spectacle vu en intégralité, six heures trente dont une d’intermèdes, et une autre d’entractes.

Le premier spectacle correspond au début d’Illusions Perdues : Les deux poètes et prend la forme légère d’une opérette ,Les Belles Illusions de la jeunesse. Le deuxième est une satire politico-médiatique, récit des tribulations de Lucien dans la jungle parisienne, tiré du second chapitre du roman, Un grand homme de province à Paris. Enfin, Splendeurs et Misères, adaptation de Splendeurs et misères des courtisanes, est un drame policier sur fond de spéculations financières. Il est peut-être préférable de voir cette trilogie dans sa continuité mais cette opérette, suivie d’une comédie, puis d’une tragédie fonctionne aussi séparément.

Les Belles illusions de la jeunesse, adaptation et mise en scène d’Émilien Diard-Detœuf

La troupe nous accueille en chanson devant le décor en carton-pâte d’un petit théâtre provincial: «Soyez les bienvenus dans nôtre co co co comédie humaine (…)  Le ciel est un théâtre et le monde une scène. Nous faisons des chansons des livres les plus longs… »Honoré de Balzac (Frédéric Jessua) vient situer l’action et les personnages de son roman. Nous sommes à Angoulême, en 1821, au temps de la Restauration. Perchée sur son rocher, la ville haute abrite la noblesse et le pouvoir et en bas, au bord de la Charente chez les roturiers, on fait du commerce et de l’argent.
En haut, la belle Madame de Bargeton (Elsa Grzeszczak) s’ennuie auprès de son vieux mari (Joseph Fourez), entourée de quelques courtisans : le fat et hypocrite Sixte du Châtelet (Flannan Obe) et des médisants (Francis du Hautoy, Kenza Laala et Morgane Nairaud). Entichée de littérature, elle cherche à jouer les muses. Lucien (Valentin Boraud) deviendra son protégé.

© N.T.P.

© N.T.P.

En bas, le poète en herbe, enrage de ne pouvoir percer dans le monde : il est pauvre et sa mère, née de Rubempré, a dû renoncer à sa particule, en épousant le pharmacien Chardon. Il trouve un soutien moral auprès de son ami David Séchard (Émilien Diard-Detœuf), imprimeur et inventeur, et de sa sœur Eve, une blanchisseuse (Morgane Nairaud). Accompagné par Sacha Todorovau piano, ces personnages vont nous faire vivre en chansons, une double idylle : Anaïs de Bargeton s’enfuit à Paris avec Lucien Chardon, en espérant avoir l’aide d’une cousine, la Marquise d’Espard. Et Eve épousera David Séchard
La musique de Gabriel Philippot met en valeur la finesse des paroles. Les arrangements puisent aux sources de l’opérette, de Jacques Offenbach, puis à George Gershwin. Le compositeur a aussi dirigé les chanteurs et le chœur des Angoumoisins friands du qu’en dira-t-on, leur ville étant, comme Paris par la suite, une composante de cette histoire. Le metteur en scène signe un livret habile et malicieux où Honoré de Balzac, sous une apparente légèreté, critique férocement une société désuète, engluée dans ses préjugés de classe.

 

Illusions perdues adaptation et mise en scène de Léo Cohen-Paperman

Débarrassé de son petit théâtre provincial, le plateau se résume à des gradins. En haut de la pyramide, trône la noblesse, en la personne de la marquise d’Espard (Kenza Laala), entourée de ses courtisans, entre autres Madame de Bargeton et Sixte du Châtelet. Honoré de Balzac prend ici l’habit d’un cuisinier de gargote et observe son héros dans l’arène du monde littéraire et médiatique. L’auteur de La Comédie humaine sait de quoi il parle, pour avoir fréquenté les milieux qu’il évoque de sa plume impitoyable : salons mondains, cénacles littéraires, cercles libéraux ou royalistes.
Ce Balzac cuisinier expose en quelques mots la situation politique sous Louis XVIII,où c’est le règne du «en même temps» : les Libéraux correspondraient pour nous à la Gauche et les Monarchistes, à la Droite. Autour de lui, s’agitent comme dans une fourmilière : éditeurs, écrivains, auteurs dramatiques, actrices… Le fils du pharmacien, pour défaut de particule, sera rejeté par la cousine de Madame de Bargeton et relégué dans une mansarde, en attendant qu’un décret du Roi lui rende le titre de noblesse de sa mère: de Rubempré. Sûr de son talent, Lucien va alors se battre et trouvera succès et fortune dans le journalisme. Le provincial idéaliste se déniaisera et apprendra vite les ficelles d’un métier corrompu: grâce à la toute puissance de la presse, on arrive à ses fins… à condition de n’avoir aucun scrupule. Il rencontrera le succès et l’amour de la belle Coralie qui triomphe au théâtre. Mais cela n’aura qu’un temps! «Les belles âmes, écrit Balzac, arrivent difficilement à croire au mal, à l’ingratitude, il leur faut de rudes leçons avant de reconnaître l’étendue de la corruption humaine.» Plus dure sera la chute et l’ambitieux qui a tout perdu, envisage de mettre fin à ses jours…

Par son esthétique, la pièce nous plonge dans le monde contemporain, avec ses couleurs criardes, son amour du fric, son culte de la jeunesse, ses lumières aveuglantes et ses musiques électroniques assourdissantes. Sous l’œil amusé et les commentaires cinglants d’un Honoré de Balzac vendeur de frites, le héros navigue entre plusieurs milieux : on reconnaît dans ses voisins d’infortune-qu’il finira par trahir!-les gauchistes d’aujourd’hui. Et la salle de rédaction pourrait être celle du journal Libération… Mais il n’atteindra jamais les hautes sphères de la société présidée par la Marquise d’Espard. Une juste et divertissante traduction de notre comédie contemporaine.
La suite au prochain spectacle qui débute, lui, sur la fin d’Illusions perdues où Herrera dissuade Lucien de se noyer.

Mireille Davidovici

Du 2 au 24 novembre Théâtre de la Tempête, Cartoucherie de Vincennes, route du Champ de manœuvre. Métro : Château de Vincennes + navette. T. : 01 43 28 36 36.
Intégrales samedi et dimanche)

Du 11 au 14 décembre, Le Quai, Angers (Maine-et-Loire).

Du 29 janvier au 1er février, Théâtre de Caen (Calvados).

 Le Ciel, la nuit et la fête: Le Tartuffe / Dom Juan / Psyché, du 15 au 18 janvier, Le Trident- Scène Nationale de Cherbourg (Cotentin) et du 22 au 25 janvier,Théâtre de Caen (Calvados).

Du 5 au 8 février, La Commune -C.D.N. d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis).

 

 

 

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Je suis trop vert texte et mise en scène de David Lescot

 Je suis trop vert texte et mise en scène de David Lescot

 Nous retrouvons, avec le même plaisir Moi, élève de 6 ème D, en pleins préparatifs de classe verte. Dans J’ai trop peur, âgé de dix ans, il s’inquiétait de son entrée au collège et dans J’ai trop d’amis, il vivait ses premiers émois amoureux dans de pénibles embrouilles. (Voir Le Théâtre du Blog). Même dispositif scénique simple et astucieux que pour les spectacles précédents : une boîte à jouer en bois semée de trappes, conçue par François Gautier-Lafaye. Elle s’ouvre selon les besoins pour faire émerger le pupitre où Moi et son copain Basile discutent. Ou, pour que surgisse de sa chambre, la petite sœur, une vraie peste et, plus tard,on y entendra meugler les vaches et caqueter les poules, dans la ferme qui accueille les élèves…

© Christophe Raynaud de Lage

© Christophe Raynaud de Lage

David Lescot, en bon musicien, crée une série d’ambiances sonores pour figurer les différents lieux. Eclats de voix, mots épars, rires et cris : nous sommes dans la cour de récréation. Ronflement de moteur et nous voilà dans l’autobus roulant vers la campagne… « Le principe de la classe verte, dit Moi, c’est de nous envoyer dans la nature pour nous changer de la ville où on habite et nous familiariser avec la vie rurale ». Même s’il a peur de s’ennuyer, il se réjouit à cette perspective. Basile, lui, doit se faire prier pour accepter de partir. Balourd de la classe et  un peu décalé, il a peur de tout et il lui arrive des tas de mésaventures, plus ou moins drôles…

Après bien des embrouilles, voilà la classe partie pour une semaine à la ferme. Moi découvre que la campagne, ce n’est pas si calme et que la vie aux champs n’est pas de tout repos. Chargée d’instruire les enfants, Valérie, la fille de la famille, de peu son ainée, ne les ménage pas : lever aux aurores, taches harassantes, machines dangereuses, odeurs de fumier… Epuisant ! Le petit gars de la ville doit faire ses preuves devant une fille ! En récompense, elle lui apprendra à écouter et à comprendre la nature, et c’est avec un petit pincement au cœur, qu’il la quittera.

 Lyn Thibault, Elise Marie, Sarah Brannens, Lia Khizioua-Ibanez, Camille Bernon et Marion Verstraeten (en alternance), les mêmes que pour les première et seconde pièces du triptyque, interprètent tous les rôles, ce qui crée un grand nombre de combinaisons. Deux actrices jouent invariablement Basile et Moi. Et la troisième campe une multitude de personnages : un blouson, une capuche, une casquette, une perruque, ou des lunettes et moustaches et elle se transforme en garçon ou fille. Elle excelle dans l’interprétation de la petite sœur qui, sous la plume de David Lescot,  fait preuve de bon sens et aplomb, dans son langage de bébé irrésistible.

La pièce est riche en micro-évènements et facéties comiques mais l’auteur-metteur en scène ne cède pas à la facilité, aux clichés sur la jeunesse et ne dote pas ses personnages d’une feinte naïveté. Il aborde avec humour, les questions d’écologie et les vicissitudes de la condition paysanne. Pour se documenter, il est allé travailler dans l’exploitation agricole d’une amie. Nous ne sommes pas au vert paradis de l’enfance et David Lescot évoque avec tact et sensibilité, le vécu concret d’un garçon de cet âge avec ses questions sur la famille, l’avenir, le sort de la Planète…  « Je parle beaucoup avec les enfants de cet âge, dit-il, pour m’imprégner de la réalité de la sixième », dit l’auteur. Et cette classe de sixième nous apparaît pleine de vie, avec ses conflits, ses amitiés, joies et angoisses. Et nous l’accompagnons avec plaisir durant soixante minutes. La pièce destinée aux jeunes dès huit ans ravira aussi les grands.

 Mireille Davidovici

 Du 2 au 17 novembre, Théâtre de la Ville-Sarah Bernhardt, place du Châtelet, Paris (Ier) Les 9,10 et 16 novembre, intégrale : J’ai trop peur / J’ai trop d’amis / Je suis trop vert : T. 01 42 74 22 77.

 Du 19 au 21 novembre, Scène nationale de Narbonne (Aude) ; 22 novembre Lattes, programmation du Crédit Agricole (Hérault) ; le 26 novembre, Nîmes, programmation du Crédit Agricole (Gard) ; le 28 novembre, Mende ( Lozère).

Du 9 au 18 décembre, T.N.G.-Centre Dramatique de Lyon ; du 13 au 15 janvier, Théâtre de l’Olivier, Istres-Scènes et cinés (Bouches-du-Rhône) ; du 30 janvier au 1er février, Théâtre des Sablons, Neuilly (Hauts-de-Seine).

Les 27 et 28 février, MCL, Gauchy (Aisne).

Les 12 et 13 mars, Théâtre André Malraux, Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine).

Du 13 au 16 avril, Les Petits devant, les grands derrière, Poitiers (Vienne) ; les 28 et 29 avril, Théâtre du Champ du Roy, Guingamp (Côtes-d’Armor).

 

Le texte de la pièce est édité aux Solitaires Intempestifs.

 

 

La feuille d’automne de Jacques Livchine


La feuille d’automne de Jacques Livchine

Il y en a qui pensent parce qu’on est vieux, qu’on on est sage et qu’on a donc du savoir, et donc de l’expérience et des avis sur la politique, les sciences et les arts. Autrefois, les instituteurs et les curés avaient de l’instruction et donnaient leurs avis. Il y avait des utopies en marche, on essayait de les suivre. Mais maintenant à qui se fier ? A Pascal Praud? Alain Fikienlkraut? Serge July? Jérome Fourquet?  Sans arrêt, je suis sollicité: et toi tu en penses quoi ?
Donc je suis allé voir Anora de Sean Baker avec Mikey Madison, Mark Eydelshteyn, Yura Borisov… Le film a eu la Palme d’or au dernier festival de Cannes. Une Palme d’or, franchement, je ne prenais pas trop de risques! Mais tout au long de ces deux heures, je m’interrogeais: c’est cela, le meilleur des films primé à Cannes? A la sortie, je vais lire les articles de ceux qui s’y connaissent: les critiques de Télérama, Le Monde, Libération Les Echos…. Je ne m’y retrouve pas. D’accord avec eux: ils saluent  tous la performance de Mickey Madison en prostituée, mais pour moi, rien n’est crédible. On a voulu récompenser une comédie légère. Je comprends… Un jury éminent visionne des dizaines de films à contenu sérieux, alors Anora, c’est une récréation avec du sexe, du bling-bling, l’inévitable panorama sur la mer et des courses-poursuites.  Bref, 12/20: ma note à moi.

©x Arthur Rimbaud, le récent spectacle du Théâtre de l'Unité

©x Une Saison en enfer d’Arthur Rimbaud, le récent spectacle itinérant du Théâtre de l’Unité


On me demande souvent mon avis en théâtre: là, je m’y connais sans doute mieux… J’ai monté avec Hervée de Lafond plus de quatre-vingt spectacles, j’ai suivi les cours de l’Institut d’études théâtrales à Paris, été étudiant à la Sorbonne en lettres modernes, et en cinquante-cinq ans de carrière, j’ai vu quelque deux mille spectacles !
Et là, divorce… j’ai un avis souvent très différent de celui du public.
Une anecdote : deux critiques sortent d’un spectacle et l’un dit à l’autre : le public seul  a aimé!

Quand il applaudit avec frénésie mais, c’est souvent le cas! -je reste froid. J’applaudis rarement, rien ne me plait vraiment. Alors on me demande : Tu as aimé ? Je réponds : je n’ai pas dormi, c’est déjà ça! car je quelquefois pris de narcolepsie. « Mais tu as aimé, ou pas aimé ? » Il n’y a pas de mots en français pour dire: j’ai aimé et pas aimé, tout à la fois…
Quand le metteur en scène me pose la question, je suis bien embarrassé. J’ai un proverbe qui traîne : si tu veux garder des amis, ne va pas voir leur spectacle. Rares sont ceux qui reçoivent la critique sereinement.  Donc, on enrobe le propos, on interroge: quelle était ton urgence? Ou on dit: » Je n’ai pas bien perçu le contenu… »

 Maintenant et c’est devenu notre vie,  nous visionnons dans notre salle des trois Oranges  à Audincourt, le travail des compagnies que nous accueillons en résidence et nous leur faisons des retours. Un rituel souvent un peu acide et tendu mais on nous remercie pour notre parole dite “cash”. Jamais facile pour un artiste de savoir où il en est! Il peut y avoir certes une marge d’erreur et aussi des nouvelles valeurs: notre logiciel mériterait d’être actualisé, par exemple, sur le wokisme, le genre… Nous avons des critères sévères: espoirs de  tournée, contenu de la fiche technique, évaluation de la jauge, thème du spectacle, notoriété de l’auteur, accessibilité familiale! Et un contenu trop politique peut vous mettre sur la touche!

 Jouer un spectacle quarante fois dans l’année devient un exploit! Diffusion: maintenant,  une chose cruciale quand on le crée! il faut plaire au public mais aussi à tous ceux qui dirigent les salles, les théâtres et les festivals. Actuellement, pour affronter les obstacles d’une création, mieux vaut avoir une sacrée dose de courage et  une foi bien accrochée…

Jacques Lichine, codirecteur avec Hervée de Lafond du Théâtre de l’Unité à Audincourt (Doubs).

 
 
 
 

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