Entretien avec Oleksii Potiomkin, danseur principal de l’Ukrainian Classical Ballet
Entretien avec Oleksii Potiomkin, danseur principal de l’Ukrainian Classical Ballet
Composée de 90 % de danseurs ukrainiens, les autres venant d’Italie, Australie, Angleterre et Lituanie, l’Ukrainian Classical Ballet joue dans toute l’Europe un répertoire classique et contemporain.
Au Casino de Paris, à l’initiative du directeur artistique Ivan Zhuravlov, il a présenté, le 5 novembre, The Great Gatsby d’après le Roman de F.Scott Fitzgerald dans une chorégraphie de Dwight Rodin.
-Dans un pays en guerre contre l’envahisseur russe comment est-il possible de poursuivre une activité artistique professionnelle de haut niveau ?
-Cette compagnie a dix ans d’existence. Au début de la guerre, la compagnie a créé de nouveaux emplois pour les danseurs ukrainiens. Les artistes vivent pour la plupart à Cracovie ou un peu partout en Europe. Ils sont free-lance et nous répétons à Cracovie dans une salle que nous louons. Ensuite, il y a eu des troupes comportant des interprètes russes qui se sont présentées comme ukrainiennes pour poursuivre la diffusion du répertoire classique en Europe, (généralement, sur l’affiche, ils ne précisent ni les noms des solistes ni celui de l’orchestre). L’Ukrainian Classical Ballet a eu à son répertoire, Casse-Noisette, et Le Lac des Cygnes, et actuellement danse Giselle, et The Great Gasby, une pièce jouée depuis deux ans. Depuis la guerre, les pièces de Tchaikovsky ne sont plus dansées en Ukraine. Des collègues du Ballet national d’Ukraine vont présenter La Reine des Neige pour la période des fêtes à Paris, au théâtre des Champs Elysées.
-Quel est votre parcours personnel de danseur ?
-A Kiev j’ai été à l’académie Serge Lifar, ensuite, j’ai travaillé à l’Opéra de Lviv, puis au Royal Winnipeg Ballet et à l’Opéra National de Kiev. Quand la guerre a commencé La Bayadère que nous répétitions, a été définitivement interrompue. Aujourd’hui, le ballet de Kiev poursuit les représentations, entrecoupées d’alertes aériennes : les artistes et spectateurs se mettent à l’abri. La guerre continue aussi mais la vie aussi !
Danseur principal de l’Ukranian Classical Ballet depuis un an, j’ai été engagé pendant quelques mois comme «hospitalier », dans un bataillon paramédical qui s’occupe de l’évacuation des soldats blessés en première ligne. Mais de nombreux artistes des opéras ukrainiens se sont fait tuer après s’être engagés dans l’armée. J’ai eu la chance de m’en sortir indemne! Pour le moment, je vais continuer à danser The Great Gatsby dans toute l’Europe.
Jean Couturier
gatsby-ballet.com