Le Dîner,d’après le roman d’Herman Koch, traduction d’Isabelle Rosselin, adaptation de Jean-Benoît Patricot
Le Dîner, d’après Herman Koch, traduction d’Isabelle Rosselin, adaptation de Jean-Benoît Patricot, mise en scène de Catherine Schaub
Le roman de cet écrivain et acteur néerlandais a été un succès fulgurant et a été adapté au cinéma. Ont rendez-vous dans un restaurant luxueux à Amsterdam, Paul, sa femme Claire, et Serge, le frère de Paul et son épouse. Admiré et populaire, il pourrait être nommé assez rapidement Premier ministre des Pays-Bas. C’est lui qui a choisi le jour, l’heure et le restaurant.
Motif de ce dîner entre parents ? On ne le sait pas encore mais il y aura, sinon des règlements de compte et, au moins, des explications en famille. Serge dit tout de suite qu’ils vont parler tous les quatre de leurs enfants. Une vidéo très compromettante passe en boucle sur les réseaux sociaux. Les parents peuvent sans erreur, y reconnaître leurs fils commettre en bande organisée plusieurs actes très graves : bastonnade d’un SDF, mise à feu avec du gaz-oil du couchage où dormait une femme dans l’espace- tirette d’une banque.
Bruno Solo, acteur de cinéma bien connu, est aux manettes de cette lecture-spectacle. Il a la brochure en mains et sur un pupitre, mais la regarde très peu. Du vrai travail de pro. Au milieu de la scène, une table trapézoïdale sans nappe (curieux pour un restaurant aussi chic?) avec quatre assiettes et grands verres à pied. Côté jardin, Laurent Guillet, entre deux airs de guitare, annonce les plats sophistiqués et très coûteux qui vont être servis. L’acteur avec le solide métier qu’on lui connait mais avec un micro H.F. (indispensable dans ce petit théâtre?) va nous raconter cette histoire sordide et jouer aussi Paul, le père de qu’il faut bien appeler un criminel qui fera tout, pour que son fils et son cousin ne soient pas mis en cause. Bref, un personnage pas très recommandable.
Mais en arrière-plan, la question qui taraude les spectateurs: si vos enfants avaient commis de tels actes, que feriez-vous ? Les protéger à tout prix mais cela suppose des compromissions! Ou les mettre en face de leurs responsabilités et leur dire d’aller tout avouer à la police, avec les conséquences sociales et familiales envisageables? Ne répondez pas tous à la fois ! De toute façon, nous sentons vite que pères et mères ne sortiront pas indemnes de ce dilemme. Paul est de plus en plus accablé et Serge refusera le poste si convoité de Premier Ministre, vu le très probable scandale que cette affaire soulèverait.
Bruno Solo en un peu plus d’une heure, bien dirigé par Catherine Schaub, réussit un pari difficile et on ne s’ennuie pas une second. Mais cette histoire aurait eu plus de force, si elle avait été réellement jouée par quatre interprètes. Les spectateurs assez âgés, comme d’hab, sans aucun doute venus pour Bruno Solo l’ont longuement applaudi. Mais ce Dîner ne passionnerait guère les jeunes gens qui, de toute façon, vu le prix des places, n’iront sûrement pas le voir… Charles Dullin, dont le portrait est accroché au dessus du contrôle, nous a salué une fois de plus, avec un beau sourire. Nous avons aussi pensé à Martin Lartigue, le p’tit Gibus, acteur dans le film La Guerre des Boutons et que nous avons connu à cette époque et qui habitait au fond de l’impasse sur le côté du théâtre.
Philippe du Vignal
Jusqu’au décembre, Théâtre de l’Atelier, place Charles Dullin, Paris (XVIII ème). T. : 01 46 06 49 24.
Het Diner est publié aux éditions Ambo Anthos Uitgever.