Prélude, chorégraphie de Kader Attou

Prélude, chorégraphie de Kader Attou

 Après Les Autres (voir Le Théâtre du Blog), pièce baroque et poétique qui tranchait avec son esthétique habituelle, Kader Attou revient aux sources de son inspiration. Installé avec sa compagnie Accrorap à Marseille depuis son départ du Centre Chorégraphique National de la Rochelle, il invite ici une dizaine de danseurs professionnels hip-hop de la Région Sud à investir son univers artistique.

Prélude se construit au fil de ses souvenirs, en dialogue avec les danseurs. Il évoque son enfance dans la banlieue lyonnaise, sa rencontre avec la boxe à sept ans, qui lui révèle la beauté des corps en mouvement : gestes des bras et jeu de jambes font du boxeur, un danseur en puissance : « Un papillon prêt à s’envoler », dit-il. C’est à l’école de ce sport et des films de Charlie Chaplin que sa vocation de chorégraphe s’est forgée.
Prenant la scène comme une page blanche, le chorégraphe propose au neuf danseurs, dont deux danseuses, une succession d’entrées en matière un rien pédagogiques, illustrant le rapport entre musique et mouvements. Petits sauts et figures acrobatiques, auxquels s’essaient les interprètes sur les instructions du maître, ne s’accordent pas avec la célèbre Cinquième Symphonie de Beethoven. En revanche, la troupe se lance avec plaisir dans une ronde délurée, mimant le petit Indien de Nagawicka, une chanson de Jacky Galou que Kadder Attou apprit au cours préparatoire. Un air entraînant qui fit florès auprès des enfants, dans les années soixante-dix….

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Ce début un peu démonstratif fait place à trois quarts d’heure de danse pure, non-stop. Une folle énergie se dégage du groupe sur la musique de Romain Dubois: écrite d’un seul tenant, elle constitue un vrai défi.
La virtuosité des danseurs et les battements rythmiques et mélodiques ininterrompus entraînent le public dans un agréable maelström visuel et sonore.
La tension va crescendo sur scène et dans la salle. Fondus dans le groupe, les artistes s’en détachent pour des solos acrobatiques et quelques duos où les danseuses mêlent leur technique classique à la rugueuse grammaire hip-hop des garçons.

Instants de poésie. Prélude se décline en deux versions : l’une de trente minutes, conçue pour l’extérieur, dans le cadre de Scènes et Cinés, un réseau de diffusion, sur le Territoire-Istres-Ouest Provence de la métropole Aix-Marseille Provence. La version longue d’une heure vingt fait naître par des jeux de lumière des ombres dansantes, reflets lointains et fantomatiques de l’ici et maintenant du plateau. Par cette création «tout terrain», Kader Attou veut « partir à la rencontre de tous les publics et amener la danse hip-hop là où on ne l’attend pas pour y tisser des liens entre les acteurs du territoire et les artistes. »

Une conception de l’art en phase avec celle d’Albert d’Albert Camus, entendu pendant le spectacle, lors de son discours pour la réception du prix Nobel en 1957 : « Je ne puis vivre personnellement sans mon art. Mais je n’ai jamais placé cet art au-dessus de tout. S’il m’est nécessaire au contraire, c’est qu’il ne se sépare de personne et me permet de vivre, tel que je suis, au niveau de tous. L’art n’est pas à mes yeux une réjouissance solitaire. Il est un moyen d’émouvoir le plus grand nombre d’hommes (…). L’artiste se forge dans cet aller retour perpétuel de lui aux autres, à mi-chemin de la beauté dont il ne peut se passer et de la communauté à laquelle il ne peut s’arracher. (…) . »


Mireille Davidovici

Spectacle vu le 27 novembre au Théâtre-Cinéma Jacques Prévert, 134 avenue Anatole France, Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). T. : 01 58 03 92 75.

Le 24 janvier, Théâtre Municipal, Castres (Tarn).

Le 3 février, Centre Culturel Aragon, Oyonnax (Ain); le 5 février, L’Esplanade du Lac, Divonne-les-Bains (Ain) ; le l 7 février, Hip-hop never stop festival, Saint-Martin-d’Hères (Isère); le 12 février, Théâtre André Malraux, Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine).

Le 8 avril, Théâtre municipal Ducourneau, Agen (Lot-et-Garonne).

Du 26 au 30 mai, en itinérance, Théâtre Durance-Scène Nationale, Château Arnoux-Saint-Auban (Alpes-de-Haute-Provence).

 

 

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