C’était comment, quand j’étais dans ton ventre? texte et mise en scène de Lou Attias et Jeanne Kleinman

C’était comment, quand j’étais dans ton ventre? texte et mise en scène de Lou Attias et Jeanne Kleinman

A partir de témoignages recueillis et d’une écriture dite de plateau, une fiction sur l’adoption. Une procédure qui ne date pas d’hier… Du latin: ad optare (à choisir):  donner à quelqu’un un lien de filiation juridique. L’adopté, généralement un enfant mineur,orphelin, enfant de conjoint, ou  abandonné volontairement dans un orphelinat, ou retiré à ses parents par l’État (protection de l’enfance) ou illégalement, suite à un trafic d’enfants. Voire aussi un majeur…  L’adoptant est une personne seule ou un plus souvent un couple de sexe différent, ou de même sexe… Et plus simplement dans le pays d’origine, l’adoptant est le conjoint du parent de l’enfant. Les choses se sont devenues moins simples, quand la couleur de peau, les lois, coutumes et religion du pays (Afrique, Asie…) du futur enfant adopté toujours en quête de ses origines, et celui des adoptants, ne sont pas du tout les mêmes…

 

© Jérôme Laurent

© Jérôme Laurent

Ici, cinq jeunes gens : Maya, Barbara, Manatui, Kaïs et Faustine se retrouvent deux jeudis par mois chez Victoire… Ils parlent beaucoup, entre autres : adoption, avec tout ce que cela représente de batailles administratives et personnelles quand il faut prendre une décision engageant l’avenir des futurs parents, comme du futur enfant adopté, voire d’un ou plusieurs autres existant déjà. Lise et Antoine Castelli qui ne peuvent en avoir, se sont lancé dans les démarches pour obtenir un agrément en vue d’une adoption, accompagnés par Solange Oudain, l’assistante sociale chargée de leur dossier.


Mais revient en boucle la même obsession chez Lise et Antoine: »Est-ce que vous vous sentez capables d’élever un enfant très différent de vous ? Est-ce que vous vous sentez capables d’élever un enfant dans un monde qui va mal ? Est-ce que vous vous sentez capables de lui raconter son histoire le jour où il vous la demandera ?Est-ce que vous vous sentez capables de répondre aux questions de votre enfant? « Les courtes scènes qui se succèdent avec une belle fluidité, sont bien mises en scène. Et certaines sont vraiment poignantes. Comme celle où un jeune Tahitien est en quête de son identité ou celle où la jeune Malienne adoptée découvre dans son dossier qu’elle a une sœur de sang… Mais ses parents adoptifs lui en ont toujours soigneusement caché l’existence. Bien entendu, cette enfant devenue adulte va exiger des comptes…
Le spectacle est encore très brut de décoffrage… La diction est parfois faiblarde chez certains acteurs, le texte-très inégal-sent l’écriture de plateau à dix mètres. On ne comprend pas que leurs enseignants ne l’aient pas mis en garde contre  ce fléau actuel et la dramaturgie, du coup est mal construite. Malgré cela, on se laisse curieusement prendre à la vérité de ces personnages (surtout les Parents et leur Fille) solidement interprétés par Tom Almodar, Coline Barthélémy ou Brenda Broohm, Antoine Bourasset, Angelina Colombani, Yéri-Bérénice Ouédraogo et Néphélie Peingnez. Il faudra suivre cette jeune compagnie…

Philippe du Vignal

 

Jusqu’au 28 janvier, Théâtre de Belleville, 16 passage Piver,  Paris (XI ème).  T. : 01 48 06 72 34

 

 


Archive pour 9 janvier, 2025

La Reine des neiges, d’après le conte d’Andersen, par le Ballet de l’Opéra national d’Ukraine.

La Reine des neiges, d’après le conte d’Andersen, par le Ballet de l’Opéra national d’Ukraine.

Les mots du titre nous emportent d’emblée dans un imaginaire de conte de fées. En ces temps difficiles, le public quel que soit son âge, a besoin de rêver en assistant à un spectacle vivant. Cette adaptation- livret et chorégraphie d’Aniko Rekhviashvili-remplit tout à fait ce rôle. L’arrangement musical d’œuvres très connues d’Edward Grieg, Georges Massenet, Jacques Offenbach, Richard Strauss et Hector Berlioz, réveille en nous quelques souvenirs de chorégraphies classiques vues autrefois à la télévision pendant les fêtes. Bref, notre madeleine de Proust !

© Senia Orlova

© Ksenia Orlova

Depuis le début de l’invasion en Ukraine, les compositeurs russes sont exclus du répertoire de cet Opéra. Mais les musiques jouées avec talent par l’orchestre Prométhée, les toiles peintes de Stanislav Petrovski et les beaux costumes de Natalia Kucheria complètent cette sensation d’un retour dans un passé de carte postale rassurant.
Cet aspect vieillot n’est pas déplaisant, avec ce voyage dans le temps où les toiles peintes représentent des maisons anciennes autour d’une cathédrale. On construit des bonshommes de neige et les jeunes patinent avec une belle insouciance. Seule la présence du Ballet de l’Opéra national d’Ukraine nous ramène à la dure réalité d’aujourd’hui ! Il y a deux anx nous avions réalisé, à l’occasion des représentations de Giselle au Théâtre des Champs-Élysées, un entretien avec deux danseurs étoiles, de ce ballet (voir Le Théâtre du Blog). Malheureusement, la situation de cette compagnie n’a pas changé !

Pour gagner Paris, il lui a fallu deux jours en bus, train et avion, via la Pologne. La jauge de l’Opéra de Kyiv est réduite à cinq cent spectateurs, étant donné la capacité d’accueil des abris en cas d’alerte. Il y a en moyenne deux représentations de ballet par semaine mais la vie artistique continue, malgré les bombardements… Une situation très difficile! Sur le plateau, les artistes n’en laissent rien paraître: les scènes s’enchaînent avec fluidité et les duos et portés sont de grande qualité. Les artistes, sans réaliser des performances techniques majeures, sont heureux de réjouir un public bienveillant. Ici, l’art en guerre contre la guerre n’a jamais été aussi bien décliné… « Danser en temps de guerre, écrit Hafid Aggoune, c’est comme cracher à la gueule du diable.”

 Jean Couturier

Spectacle joué du 21 décembre au 5 janvier au Théâtre des Champs-Elysées, 15 avenue Montaigne Paris ( VIII ème). T: 01 49 52 50 50.

 

On ne sera jamais Alceste, d’après Molière et la comédie classique de Louis Jouvet, mise en scène de Lisa Guez.

On ne sera jamais Alceste, d’après Molière et la comédie classique de Louis Jouvet, mise en scène de Lisa Guez

« A chacun des mots que tu dis, il faut que tu sentes ce que tu dis, que tu sentes ce que cela représente…Si tu fais cet exercice en appelant en toi, à mesure que tu penses le mot, le sentiment que ce mot exprime, à un moment donné, les sentiments monteront en toi, au fur et à mesure, avec tant d’intensité que tu pourras presque jouer intérieurement le texte sans le dire, puis tu seras obligée de le dire. A ce moment-là, tu joueras le rôle.»
Louis Jouvet s’adresse à une de ses élèves du Conservatoire qui essaye d’incarner Elvire dans une scène du Dom Juan de Molière. Cet extrait d’Elvire Jouvet 40 mises en scène par Brigitte Jaques-Wajeman que nous avions vu en 86 au Théâtre Athénée Louis-Jouvet. Lisa Guez a. u cette réalisation dans sa version filmée. «L’adaptation d’un chapitre de ces cours consacré au rôle d’Elvire m’a bouleversée, dit-elle, par son propos et son esthétique. »

© Ch. Raynaud de Lage

© Christophe  Raynaud de Lage

Et elle a eu l’idée de montrer dans le même état d’esprit le premier chapitre consacré à Alceste de Molière et la comédie classique de Louis Jouvet qui rassemble les cours donnés au Conservatoire National entre novembre 39 et décembre 40. Le travail dirigé par Lisa Guez est collectif : Gilles David, Didier Sandre et Dominique Parent portent la parole de Louis Jouvet, tout en interprétant en alternance Alceste et Philinte, à la scène 1, acte I du Misanthrope. «Je suis touchée, dit-elle, par la quête de ce professeur qui avait une vision absolue du personnage et un rapport presque mystique au texte et à l’auteur.» Le public fait comme partie des élèves-comédiens qui assistent au cours.
Sur le plateau nu, il y a juste quelques accessoires et costumes. Les interprètes surjouent parfois ce texte qui selon le maître, « doit être comme une prière que l’on récite
, le texte est une prière, une imploration au personnage».
Belle complicité : Gilles David vient de terminer ses dix années de professorat au Conservatoire National. Il était un Don Rodrigue bouleversant dans
Le Soulier de Satin mise en scène d’ Antoine Vitez en 87 avec son ami Didier Sandre. Il joue Don Pélage dans la réalisation d’Eric Ruf. Aussitôt On ne sera jamais Alceste terminée, il file salle Richelieu pour aller jouer le second Chancelier…

Dominique Parent a repris le rôle de Michel Vuillermoz à la création il y deux ans. Nous assistons avec délice à un vrai cours de théâtre et les paroles de Louis Jouvet résonneront longtemps dans notre mémoire: à propos d’une scène :«Ne la jouez pas, il faut se contenter de la dire, afin qu’elle s’entende bien.»  «Le théâtre doit être propulsé par le sentiment non par la raison.» «Etre acteur, cela demande du temps, c’est une expérience de vie, notre métier consiste à s’enrichir chaque jour.» Le spectacle ne se joue plus mais on peut acheter Molière et la comédie classique de Louis Jouvet.

Jean Couturier

Le spectacle a été joué jusqu’au 5 janvier au Studio-Théâtre de la Comédie-Française, galerie du Carrousel du Louvre, 99 rue de Rivoli, Paris (I er). T : 01 44 58 15 15.

 

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