La Reine des neiges, d’après le conte d’Andersen, par le Ballet de l’Opéra national d’Ukraine.
La Reine des neiges, d’après le conte d’Andersen, par le Ballet de l’Opéra national d’Ukraine.
Les mots du titre nous emportent d’emblée dans un imaginaire de conte de fées. En ces temps difficiles, le public quel que soit son âge, a besoin de rêver en assistant à un spectacle vivant. Cette adaptation- livret et chorégraphie d’Aniko Rekhviashvili-remplit tout à fait ce rôle. L’arrangement musical d’œuvres très connues d’Edward Grieg, Georges Massenet, Jacques Offenbach, Richard Strauss et Hector Berlioz, réveille en nous quelques souvenirs de chorégraphies classiques vues autrefois à la télévision pendant les fêtes. Bref, notre madeleine de Proust !
Depuis le début de l’invasion en Ukraine, les compositeurs russes sont exclus du répertoire de cet Opéra. Mais les musiques jouées avec talent par l’orchestre Prométhée, les toiles peintes de Stanislav Petrovski et les beaux costumes de Natalia Kucheria complètent cette sensation d’un retour dans un passé de carte postale rassurant.
Cet aspect vieillot n’est pas déplaisant, avec ce voyage dans le temps où les toiles peintes représentent des maisons anciennes autour d’une cathédrale. On construit des bonshommes de neige et les jeunes patinent avec une belle insouciance. Seule la présence du Ballet de l’Opéra national d’Ukraine nous ramène à la dure réalité d’aujourd’hui ! Il y a deux anx nous avions réalisé, à l’occasion des représentations de Giselle au Théâtre des Champs-Élysées, un entretien avec deux danseurs étoiles, de ce ballet (voir Le Théâtre du Blog). Malheureusement, la situation de cette compagnie n’a pas changé !
Pour gagner Paris, il lui a fallu deux jours en bus, train et avion, via la Pologne. La jauge de l’Opéra de Kyiv est réduite à cinq cent spectateurs, étant donné la capacité d’accueil des abris en cas d’alerte. Il y a en moyenne deux représentations de ballet par semaine mais la vie artistique continue, malgré les bombardements… Une situation très difficile! Sur le plateau, les artistes n’en laissent rien paraître: les scènes s’enchaînent avec fluidité et les duos et portés sont de grande qualité. Les artistes, sans réaliser des performances techniques majeures, sont heureux de réjouir un public bienveillant. Ici, l’art en guerre contre la guerre n’a jamais été aussi bien décliné… « Danser en temps de guerre, écrit Hafid Aggoune, c’est comme cracher à la gueule du diable.”
Spectacle joué du 21 décembre au 5 janvier au Théâtre des Champs-Elysées, 15 avenue Montaigne Paris ( VIII ème). T: 01 49 52 50 50.