Bezperan, mise en scène- taula zuzendaritza- de Daniel San Pedro, musique-musika de Xabi Etcheverry Itçaina, Chorégraphie-koreografia d’ Arthur Barat Mailharro, Zibel Damestoy Untsain, Ioritz Galarraga Capdequi et Oihan Indart Salbide
En ces temps obscurs, présages d’une fin certaine, nous vous implorons. Que votre lumière nous accompagne, vivant(e)s et survivant(e)s, que cette veille éternelle soit la promesse d’un nouveau lendemain. » Le collectif Bilaka, attaché à la pratique des danses et musiques traditionnelles par les jeunes, contribue au développement du cursus d’études supérieures en danse basque au Conservatoire Maurice Ravel-Pays basque, en collaboration avec la Fédération de danse et l’Institut culturel basques. « Bilaka veut être le véritable ambassadeur d’une culture vivante, inscrite dans son temps, forte de son identité et ouverte sur le monde. » «Les peuples, écrivait Voltaire, qui demeurent ou plutôt qui sautent au pied des Pyrénées.« Avec cette pièce, ce collectif Pedro questionne ici, par ces danses très rythmées et les chants, la fonction des rites qui a toujours été au centre de la culture et de la langue basque, ici dite et mise en valeur sur scène-rarissime en France- et jusque dans le programme. Les danseurs-dantzariak: Izar Aizpuru Lopez, Arthur Barat Mailharro, Zibel Damestoy Untsain, Ioritz Galarraga Capdequi, Oihan Indart Salbide, Ioar Labat Berrio, Maialen Mariezkurrena Artola, Aimar Odriozola Pellejero sont accompagnés par les percussions-perkusioak de Stéphane Garin Ayherra, la guitare-gitarra: de Paxkal Irigoyen Etxeberri, l’alto-arrabita, la viole-biola de Xabi Etcheverry Itçain, les accordéons, mandole, percussions de Hauspoak, la mandoline-mandola et les percussions- perkusioak-de Patxi Amulet.
Sur le plateau, tout à fait impressionnant, remarquable scénographie-szenografia- de Camille Duchemin, un énorme tas de laine de mouton dans la pénombre (lumières-argiak d’Alban Sauvé), d’où vont lentement émerger les interprètes. « Cette veille sera-t-elle la promesse d’un nouveau lendemain/Biharamunik izanen dea gure bezpera hunentzat? » C’est comme une union de certains éléments de chorégraphie classique (Daniel San Pedro est professeur de théâtre à l’École de danse de l’Opéra national de Paris), et d’autres proches des rituels du folklore basque, au meilleur sens du terme. Avec souvent des sauts collectifs et de remarquables jeux de bâtons Makil jokoa, avec un interprète face à l’autre, ou dos à dos ou par quatre, ou par huit. Les bâtons étant frappés à un rythme très puissant, les uns contre les autres ou sur le sol. Il y a d’autres moments inspirés du fandango basque-espagnol. Les huit interprètes étant d’abord en costumes de ville, puis en grandes jupes blanches pour les femmes, comme pour les hommes. Et la fin est de toute beauté avec un grand mât où sont accrochées de longs et minces rubans que danseuses et danseurs vont tresser tout autour. Une ronde très rapide avec une énergie fascinante, et sans aucun doute issue de la zinta dantza basque dansée autrefois par les hommes, aujourd’hui par des femmes. Pour célébrer le printemps et le renouveau de la nature, garantir la fertilité de la terre, des animaux et des humains. Le poteau symbolisant l’arbre de vie avec ces rubans-symboles de cordons ombilicaux. Daniel San Pedro aurait pu nous épargner ces giclées de fumigène, même s’il y a souvent de la brume au Pays Basque et dommage, on voit parfois mal, à cause d’une lumière souvent crépusculaire, ces excellents musiciens, cantonnés en fond de scène. A ces réserves près, c’est vraiment un beau spectacle- encore un peu brut de décoffrage dans les quelques parties de texte- mais qui mérite d’être vu.