Bezperan, mise en scène- taula zuzendaritza- de Daniel San Pedro, musique-musika de Xabi Etcheverry Itçaina, Chorégraphie-koreografia d’ Arthur Barat Mailharro, Zibel Damestoy Untsain, Ioritz Galarraga Capdequi et Oihan Indart Salbide

Bezperan, mise en scène-taula zuzendaritza de Daniel San Pedro, musique-musika de Xabi Etcheverry Itçaina, chorégraphie-koreografia d’Arthur Barat Mailharro, Zibel Damestoy Untsain, Ioritz Galarraga Capdequi et Oihan Indart Salbide, musique de  musique de Xabi Etcheverry
Damien Godet, directeur de la Scène Nationale de Bayonne, a de nouveau invité le collectif basque Bilaka qui y avait présenté Gernika. Les huit jeunes interprètes: trois femmes et cinq hommes-accompagnés par quatre musiciens-sont mis en scène dans un spectacle entre danse, musique, chant, performance et théâtre. « Bezperan, dit Daniel San Pedro, est à l’origine, une expression oralement transmise et illustrant une projection intime vers un avenir proche et incertain. Cette pièce, tend vers une forme théâtrale pouvant laisser plus de place à la parole et au chant, et qui nous a réunis. Cela commence par une sorte de veillée funèbre un soir d’hiver. Suivant une tradition ancienne, c’est aux abeilles qu’on annonce la nouvelle en premier, pour les rassurer, pour qu’elles restent là et qu’elles continuent à donner leur cire. L’hiver est mort et il est temps de réveiller la terre, de l’implorer. Au pays basque, les dieux ne sont pas dans le ciel mais sous la terre. La sève remonte et donne vie à la nature. (…) Elle est la source d’inspiration dans toutes les pratiques artistiques, les chansons, la musique, la poésie et la danse, et à la base des croyances, des légendes, des traditions. » C’est un beau poème rapidement conté au début en basque (pas de surtitrage mais bon reste la magie de la langue).  Des humains,  un soir d’hiver sous la neige, vont donc parler aux abeilles. En traduction: « Chères abeilles qui veillez sur nous, d’un salut silencieux, nous venons vous annoncer une triste nouvelle qui endeuille nos cœurs : l’hiver est mort. Dans votre cire, nos imprudentes braises ont fait fondre les glaces. Nul besoin de votre cire dans la lumière du printemps et de son pas nonchalant, viendra l’été ardent. Et l’automne, à son crépuscule, fidèle à l’inexorable cycle du temps, laissera place à l’hiver, nous l’espérons. Abeilles bien-aimées, ce chant vous est adressé.

© Charlotte Corda

© Charlotte Corda

En ces temps obscurs, présages d’une fin certaine, nous vous implorons. Que votre lumière nous accompagne, vivant(e)s et survivant(e)s, que cette veille éternelle soit la promesse d’un nouveau lendemain. » Le collectif Bilaka, attaché à la pratique des danses et musiques traditionnelles par les jeunes, contribue au développement du cursus d’études supérieures en danse basque au Conservatoire Maurice Ravel-Pays basque, en collaboration avec la Fédération de danse et l’Institut culturel basques. « Bilaka veut être le véritable ambassadeur d’une culture vivante, inscrite dans son temps, forte de son identité et ouverte sur le monde. » «Les peuples, écrivait Voltaire, qui demeurent ou plutôt qui sautent au pied des Pyrénées.« Avec cette pièce, ce collectif Pedro questionne ici, par ces danses très rythmées et les chants, la fonction des rites qui a toujours été au centre de la culture et de la langue basque, ici dite et mise en valeur  sur scène-rarissime en France- et jusque dans le programme. Les danseurs-dantzariak: Izar Aizpuru Lopez, Arthur Barat Mailharro, Zibel Damestoy Untsain, Ioritz Galarraga Capdequi, Oihan Indart Salbide, Ioar Labat Berrio, Maialen Mariezkurrena Artola, Aimar Odriozola Pellejero sont accompagnés par les percussions-perkusioak de Stéphane Garin Ayherra, la guitare-gitarra: de Paxkal Irigoyen Etxeberri, l’alto-arrabita, la viole-biola de Xabi Etcheverry Itçain, les accordéons, mandole, percussions de Hauspoak, la mandoline-mandola et les percussions- perkusioak-de Patxi Amulet.

© Charlotte Costa

© Charlotte Costa

Sur le plateau, tout à fait impressionnant, remarquable scénographie-szenografia- de Camille Duchemin, un énorme tas de laine de mouton dans la pénombre (lumières-argiak d’Alban Sauvé), d’où vont lentement émerger les interprètes. « Cette veille sera-t-elle la promesse d’un nouveau lendemain/Biharamunik izanen dea gure bezpera hunentzat? » C’est comme une union de certains éléments de chorégraphie classique (Daniel San Pedro est professeur de théâtre à l’École de danse de l’Opéra national de Paris), et d’autres proches des rituels du folklore basque, au meilleur sens du terme. Avec souvent des sauts collectifs et de remarquables jeux de bâtons Makil jokoa, avec un interprète face à l’autre, ou dos à dos ou par quatre, ou par huit. Les bâtons étant frappés à un rythme très puissant, les uns contre les autres ou sur le sol. Il y a d’autres moments inspirés du fandango basque-espagnol. Les  huit interprètes étant d’abord en costumes de ville, puis en grandes jupes blanches pour les femmes, comme pour les hommes. Et la fin est de toute beauté avec un grand mât où sont accrochées de longs et minces rubans que danseuses et danseurs vont tresser tout autour. Une ronde très rapide avec une énergie fascinante, et sans aucun doute issue de la zinta dantza basque dansée autrefois par les hommes, aujourd’hui par des femmes. Pour célébrer le printemps et le renouveau de la nature, garantir la fertilité de la terre, des animaux et des humains. Le poteau symbolisant l’arbre de vie avec ces rubans-symboles de cordons ombilicaux. Daniel San Pedro aurait pu nous épargner ces giclées de fumigène, même s’il y a souvent de la brume au Pays Basque et dommage, on voit parfois mal, à cause d’une lumière souvent crépusculaire, ces excellents musiciens, cantonnés en fond de scène. A ces réserves près, c’est vraiment un beau spectacle- encore un peu brut de décoffrage dans les quelques parties de texte- mais qui mérite d’être vu.

Philippe du Vignal
Jusqu’au 29 janvier, Théâtre Michel Portal-Scène nationale de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques).

Le 4 février, Théâtre des Quatre Saisons, Gradignan (Gironde); le 6 février, T.A.P.-Scène nationale du Grand Poitiers (Haute-Vienne). Le 12 février, Théâtre des Abbesses-Théâtre de la Ville, Paris (XVIII ème). Le 19 février, Espaces Pluriels-Le Foirail, Pau (Hautes-Pyrénées ) et le 21 février, Barakaldo Antzokia Teatro, Barakaldo (Espagne). Le 13 septembre, Festival Le Temps d’aimer la danse, Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) et le 20 septembre, Usurbe Antzokia, Beasain ( Espagne). Le  18 novembre, Scènes de Territoire, Bressuire (Deux-Sèvres) et le 20 novembre, Les 3 T- Scène conventionnée de Châtellerault (Vienne).

Archive pour 26 janvier, 2025

Los Guardiola, Fantaisie en sept rêves et demi de Marcelo Guardiola, Giorgia Marchiori, mise en scène e Marcelo Guardiola, chorégraphie de Giorgia Marchiori.

Los Guardiola,  Fantaisie en sept rêves et demi dMarcelo Guardiola et Giorgia Marchiori, mise en scène  de Marcelo Guardiola, chorégraphie de Giorgia Marchiori

 

© Nicolas Villodre

© Nicolas Villodre

Après la défaite cuisante de Pep Guardiola et du Manchester City football Club, face au P.S.G., Los Guardiola, eux, danseurs et mimes argentins font briller ce nom avec ce spectacle éponyme. Un couple, à la ville et sur les planches depuis vingt ans: Marcelo Guardiola, est comédien, danseur, musicien et metteur en scène. Giorgia Marchiori, elle, est danseuse, chorégraphe, actrice et… docteure en philosophie.
Leur spectacle est d’autant plus remarquable qu’il paraît hors du temps, ce qu’ils reconnaissent volontiers. Ils ont mis au point une forme très personnelle de ce qu’ils appellent: tango-théâtre.  Un théâtre du silence, s’entend-si on peut dire-inspiré par les thèmes et lyrics de tangos signés de grands poètes que Giorgia Marchiori qualifie de: «nocturnes, maudits ».
De fait, on retrouve ici l’ironie, l’humour et les situations de ces textes ou pré-textes, dans les tableaux de cette comédie musicale, offerte sans le moindre temps mort, par l’un et l’autre, ensemble ou séparément, pendant une heure dix. Leur maîtrise technique en danse et le mime, leur sens ou science du show, la qualité artistique de l’une et de l’autre se retrouvent dans chaque saynète mise en valeur grâce à une scénographie limitée à des images numériques et contrastes de couleur signés Gabriele Smiriglia​​.
Dans le premier numéro, Marcelo Guardiola porte un chapeau orné d’une fleur comme celui qu’arborait Bip, la créature du mime Marcel Marceau. Il fait semblant de quêter quelque pièces en fixant le public. La pièce est rythmée par des chansons, thèmes musicaux et intertitres où il est question d’aller-simple, garçonnière, nuits d’opéra, fortune, rêve et trahison… Avec, en conclusion: « Qu’est-ce que la vie, sinon un songe ? »
Les Guardiola restent dans le répertoire tanguero et milonguero tradi. Avec quelques morceaux archaïques repiqués dans les disques soixante-dix huit tours du bon vieux temps, comme ce tango Qu’avez-vous fait de mon amour? de Tibor Barczi chanté par Tino Rossi. Tango à l’ancienne et tango revisité par Astor Piazzolla s’opposent et séparent les interprètes dans quelques danses de couple. Interrompues par une version de Libertango passée au crible du reggae par Jean-Paul Goude et chantée par Grace Jones, intitulée I’ve seen that face before.
Ici, comme dans tout le spectacle, l’humour le partage à la tendresse et à la mélancolie. Deux temps forts ponctuent une suite ininterrompue de pantomimes et danses de salon: le solo de La Mort du cygne, créé en 1905 par Fokine pour Anna Pavlova. Ici, interprété sur pointes par Giorgia Marchiori en tutu noir. Elle fait ensuite un numéro au trapèze sur cerceau pivotant symbolisant la lune, et au sol, Marcelo Guardiola joue un Pierrot façon mime Jean-Gaspard Debureau (1796-1846), immortalisé par Jean-Louis Barrault dans Les Enfants du paradis (1945).
Le public d’aficionados, accouru en nombre, a longuement rappelé les artistes.

 

Nicolas Villodre

Jusqu’au 29 mars, Théâtre des Gémeaux parisiens, 15 rue du Retrait, Paris (XX ème). T. : 01 87 44 61 11.

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