Nos âmes se reconnaîtront-elles ? texte et mise en scène de Simon Abkarian, accompagnement musical et voix de Ruşan Filiztek, et Eylül Nazlier
Nos âmes se reconnaîtront-elles? texte et mise en scène de Simon Abkarian, accompagnement musical et voix de Ruşan Filiztek et Eylül Nazlier
Comme on le sait avec Homère, les amours d’Hélène, la belle jeune femme grecque et Pâris, le Troyen, ont déclenché une guerre mythique. L’Iliade et l’Odyssée ont inspiré des centaines de pièces de théâtre- entre autres Jean Giraudoux , opéras, romans, films, bandes dessinées… Les Grecs ont battu les Troyens, pillé la ville et le roi Ménélas a massacré des dizaines d’hommes et Pâris, l’amant de son épouse Hélène.
« Détruite, elle se reconstruira dans la confrontation. Ivre de rage et de sang, Ménélas titube en lui-même. Lui se raconte par la perte d’un amour fantasmé. Un amour qu’il n’a su apprécier jusqu’à ce qu’il disparaisse.Jusqu’à ce que l’absence lui rende sa conscience.Jusqu’à ce qu’il trouve refuge dans les bras de la guerre.C’est sur un champ de ruines qu’il retrouvera Hélène. C’est face à elle, et grâce à elle, qu’il retrouvera le chemin de la parole. »
Simon Abkarian, passionné par Homère et la Grèce antique, avait déjà écrit Ménélas rebétiko rapsodie et Hélène après la chute sur la guerre de Troie, des pièces récemment créées (voir Le Théâtre du Blog) avec les personnages essentiels de la mythologie grecque. Ici, se retrouvent les anciens amoureux grecs, la belle Hélène (Marie-Sophie Ferdane) et le roi Ménélas (Simon Abkarian). L’auteur et metteur en scène les fait se croiser dans la première partie dans Nos âmes se reconnaîtront-elles?
C’est un texte aux belles fulgurances mais souvent à la limite de la logorrhée, surtout dans la première partie où dans de longs monologues, Ménélas d’abord, puis Hélène qui se sentent seuls, s’expliquent sur ce qu’ils ont vécu. Lui, ne semble pas fier de la catastrophe qu’il a provoquée! il va la ficher sa petite épée sur le praticable en bois peint en rouge situé au centre du grand plateau blanc, noyé d’un léger fumigène comme ailleurs…Pour figurer la brume marine?
Il essaye peut-être d’exorciser le sang des Troyens qu’il a tués avec cruauté: entre autres, le malheureux Pâris. Hélène, elle, dira nettement à Ménélas qu’elle se sentait abandonnée et qu’elle avait demandé à son amant de l’emmener avec lui.
Mais le grand roi grec n’en peut plus de la guerre qu’il a menée si longtemps. Il voudrait se rapprocher d’elle, dit qu’il l’aime et espère que cela pourrait être réciproque. Plus tard, ils se retrouveront. Lui, d’abord anonyme, les yeux bandés. Elle, jeune femme, libre et séductrice et pleine de sensualité. Ils arrivent quand même à se parler (sinon la pièce s’arrêterait là!). Ils sont grecs tous les deux, ont beaucoup de choses en commun mais on voit mal une possible réconciliation entre ce guerrier cruel, encore amoureux de son Hélène qu’il a récupérée comme un trésor de guerre. Mais Hélène, humiliée, reste profondément révoltée et accablée par la mort tragique de son jeune amant. Et elle va le crier à Ménélas … Le temps du patriarcat a vécu et elle veut rester libre. Là, le vainqueur de Troie a perdu la guerre
Et cela donne quoi? Un spectacle aux belles fulgurances, un peu bavard, voire même parfois laborieux… Simon Abkarian, au début, boule son texte, et on l’entend mal mais il danse bien. Dès qu’elle entre sur le petit plateau, Marie-Sophie Ferdane, simple et vraie, magnifiquement juste et à l’impeccable diction, fascine le public. Autre atout, aussi efficace que discret: les luths et autres instruments à cordes, les magnifiques chansons des musiciens kurdes Ruşan Filiztek et Eylül Nazlie; comme à Marie-Sophie Ferdane, le spectacle leur doit beaucoup…
Philippe du Vignal
Le spectacle a été joué au Théâtre Nanterre-Amandiers-Centre Dramatique National (Hauts-de Seine), du 16 janvier au 2 février.
Théâtre de Villefranche-sur-Saône (Saône), le 8 avril.
Théâtre Ducourneau, Agen (Lot-et-Garonne) le 6 mai.
Comédie de Picardie, en co-accueil avec la Maison de la Culture d’Amiens ( Somme) du 21 au 23 mai.