Le Menteur de Pierre Corneille, adaptation et mise en scène de Marion Bierry

Le Menteur de Pierre Corneille, adaptation et mise en scène de Marion Bierry

C’est la reprise d’un spectacle créé il y a deux ans au Théâtre de Poche-Montparnaasse ( voir Le Théâtre du Blog). Cette dernière comédie (1644) du grand auteur est au programme du baccalauréat de Première, toutes options confondues.  Ce qui expliquait l’affluence lundi dernier, devant les portes du Théâtre de la Scala.  Sa grande salle (560 places) était pleine à craquer et l’impatience sensible. Mais une fois le rideau levé, le jeune public a été remarquablement attentif. Très joli décor, signé Nicolas Sire : deux façades symétriques pourvues d’ouvertures où apparaissent et disparaissent les têtes de personnages qui ne nous ont pas encore été présentés. Bel éclairage. En toile de fond aux tons pastel, un ciel changeant…

Chez Marion Bierry, metteuse en scène avignonnaise, le théâtre est affaire de famille. Elle est issue d’une lignée de metteurs en scène. Et la tradition se poursuit. Son fils Alexandre interprète ici Dorante, le rôle- titre,  son frère Stéphane joue Géronte, un des deux pères nobles. Thème de la pièce : le retour à Paris d’un jeune homme ravi d’avoir quitté sa province, Poitiers, où il poursuivait des études de droit. À peine arrivé dans la Capitale, au jardin des Tuileries, il entreprend de conquérir deux belles. Il leur tient, enfin surtout à l’une d’elles, des discours de pure imagination. «Vous extravaguez.», lui dit son Valet Cliton. Ivre de vantardise, Dorante provoque les pires quiproquos mais les demoiselles ne sont pas en reste. Un rival vient se mêler de l’affaire. Tandis que les jeunes badinent avec l’amour, les pères, préoccupés de leur descendance, tentent de  les marier…

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Le Menteur est une comédie mais les jeunes spectateurs ont fort peu ri: en cause: la langue du XVII ème, tellement éloignée de la leur, même si ce texte est étudié en classe.  Et la diction des acteurs, malheureusement peu nette, surtout pour une si grande salle. Seul, Alcippe, le malheureux rival de Dorante, articule bien. On attend en vain la musique de l’alexandrin, sa scansion. D’où une fâcheuse impression de monotonie, car la langue est l’arme qui permet au Menteur de se sortir de toutes les situations.
Il aurait fallu aussi, pour obtenir plus d’effets comiques, avoir recours à des gags visuels, marquant les rebondissements et les retournements de situation.
Marion Bierry a choisi un autre parti-pris:  moderniser la pièce tout en conservant les costumes du Grand Siècle (façonnés par Virginie Houdinière et Laura Chenea). D’une comédie sur l’homme baroque, soucieux de paraître, confondant imaginaire et réel, elle a voulu faire un divertissement musical qui ne dépayserait pas le public d’aujourd’hui. D’où des airs de Johann Strauss, de Jacques Offenbach, et des intermèdes chantés par les comédiens eux-mêmes. Las ! il aurait fallu quelques bons cours supplémentaires de chant, car les voix, maigrelettes, ne portent absolument pas. Néanmoins, l’astuce du verfremdungseffekt  (effet de distanciation) brechtien a pris: les lycéens battaient des mains à chaque rengaine, Y’a d’la joie l’emportant largement à l’applaudimètre.
Les comédiens chantent médiocrement mais bougent bien. Chacun « s’en tire avec grâce», comme le dit l’épilogue, glissant et se faufilant dans ce jeu de cache-cache avec soi-même. Un véritable ballet ! Quant à Alexandre Bierry, beau gosse et menteur en titre, quelle prestance !

 Nicole Gabriel

Jusqu’au 7 avril, Théâtre de la Scala, 13 boulevard de Strasbourg, Paris ( X ème). T. : 01 40 03 44 30.

 

 

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