Lior Manor, mentaliste, conférencier et créateur d’illusions

Lior Manor, mentaliste, conférencier et créateur d’illusions

 

-Quand vous étiez  très jeune, vous adoriez voir des magiciens?

© Nati Levi

© Nati Levi


Oui, mais il y en avait peu en Israël: nous étions isolés, loin de l’Europe et des États-Unis.Seulement une fois par an, nous y avions accès. La magie que je voyais était très basique et il n’y avait pas de close-up.
Ensuite, j’ai découvert de plus en plus de magiciens, puis, avec mon père nous avons fondé un magasin où nous avons vendu quelques tours,  ce qui nous permettait de gagner un peu d’argent. J’appréciais cet art mais je n’aimais pas le pratiquer… J’aimais seulement comprendre comment cela fonctionnait et mes autres passions étaient l’électronique, les maths, l’innovation et les sciences.

Puis j’ai acheté quelques tours et à douze ans, j’ai présenté un spectacle dans ma classe. L’année suivante, j’en ai de nouveau monté un pour ma classe de musique mais j’avais toujours le trac. Puis j’ai arrêté et, à seulement vingt-quatre ans, quand je suis entré à l’Université les sciences informatiques, j’ai rencontré un magicien. J’ai alors découvert la convention israélienne. Après plusieurs années à suivre des conférences, j’ai pu rencontrer de nombreux illusionnistes de close-up, scène, etc. Comme Roni Shachnaey, fondateur de la Société Israélienne pour la Promotion de l’Art Magique, devenu mon professeur et mentor.

J’espérais finir mes études pour intégrer une entreprise de haute technologie mais je m’intéressais de plus en plus à la magie. Et Roni Shachnaey m’a encouragé à lire des livres dans sa bibliothèque, puis j’ai commencé à voir des vidéos de Patrick Page, Fred Kaps faisant des manipulations, Shimada… Très vite j’ai senti que je ne ressemblais pas à Richard Ross, Gérard Majax et autres manipulateurs et j’ai commencé à faire de la magie/stand up humoristique, avec gags. Puis, très vite, j’ai présenté du mentalisme, une discipline populaire et très demandée à l’époque ..

J’ai validé un premier, puis un second diplôme en sciences, mathématiques, informatique. En parallèle, je gagnais bien ma vie avec des spectacles: j’ai alors décidé de continuer la magie, puis rapidement la plus importante entreprise d’Israël m’a sollicité pour faire des conférences et être maître de cérémonie pour de nombreuses conventions de technologie. J’intervenais cinq minutes avant chaque présentation pour mettre en avant un logiciel, du matériel informatique, etc. J’ai commencé à développer beaucoup d’effets magiques, qui avaient un sens bien particulier, dans ces rencontres et salons professionnels.
Je peux dire que j’ai influencé beaucoup de gens à faire des conférences pour entreprise et du sur-mesure en magie avec d
es effets comme Talk To The Screen, The Selfie Card Trick, The Big Trivia Game, The Mobile Opener et bien évidemment, ma routine Invisible touches (PK Touch), reprise notamment par David Blaine et Derren Brown. Comme toutes les plus grandes entreprises le souhaitent, vers leurs employés et clients. J’ai développé un style de magie et de mentalisme adapté. Ce que je fais et enseigne à mon équipe. J’ai aussi animé beaucoup d’ateliers de vingt personnes, souvent pour des professionnels de haut niveau mais aussi pour des amateurs.
J’ai aussi d’abord présenté une émission d’une heureà la télévision . En 93, je passais cinq minutes quand un producteur m’a proposé d’être l’invité principal d’un «talk-show » hebdomadaire.Auparavant, personne ne faisait ce genre de choses : à l’époque, il y avait deux chaînes en Israël et grâce à cette médiatisation, je suis devenu célèbre.

Début 94, j’ai été reconnu comme la révélation de la loterie à une émission de télévision très connue car il y avait de gros prix à gagner. Un jour avant le tirage, j’ai donné ma prédiction à un avocat, puis mon enveloppe a été ouverte en direct avec le numéro que j’avais choisi, correspondait à celui du jour. Très rapidement, mes cachets ont alors été multipliés par dix, du seul fait que j’apparaissais à la télévision. J’ai ensuite mis deux ans pour créer ma propre émission et j’en ai produire quatorze d’une demi-heure avec un mélange de magie, de mentalisme et où il y avait des invités spéciaux. Jusqu’en 2000, puis j’ai arrêté : cela faisait six ans que j’étais presque chaque semaine à l’écran !

-Parlez-nous de vos interventions dans le monde entier comme conférencier pour des entreprises ?

Ma période préférée a commencé en 97 quand j’ai pu voyager dans le monde entier, à l’invitation d’entreprises de haute technologie comme HP, IBM, Checkpoint, Abbot, MSD, Applied Materials, etc., pour des salons et séminaires de lancement de produits. Je voyageais parfois deux fois dans la même semaine! Une fois en Chine pour une conférence sur la robotique, puis de Shanghai, j’ai pris un vol pour aller à New York. Puis  à Houston. Et huit jours après, je suis rentré à Tel Aviv!
J’ai aussi participé à Marrakech à une conférence de l’entreprise ConverseNow, spécialisée dans le courrier vocal . Et à Chicago pour présenter les presses numériques HP Indigo. Je suis aussi allé
à un conférence de l’Union européenne à Londres. Tout ceci en une semaine, avant de revenir en Israël… Aujourd’hui, cela fait vingt-sept ans que je voyage partout et j’ai mon siège d’avion réservé au nom de 1A all the way.

-Quels magiciens ou artistes qui vous ont marqué ?

Longtemps, j’ai fait l’impasse sur les conventions mais je vais régulièrement à la P.E.A, Psychic Entertainers Association, fondée en 78. J’y ai rencontré Ken Weber, Bob Baker, Tim Conover, Gary Kurtz, Anthony Blake, Brett Barry… Tous devenus amis très proches, dans ma vie quotidienne. J’ai été beaucoup influencé par l’humour de Juan Tamariz et par Tom Mullica: j’aime leur travail mais la plupart du temps, je pratique le mentalisme. Et j’aime regarder Dani Da Ortiz faire ses tours de cartes, ce que je ne fais pas.

Quels conseils à un débutant ? Aujourd’hui à soixante-deux ans, je commence à faire de plus en plus de conventions  et depuis six ans, je préside la Société de magie israélienne. Nous sommes maintenant deux-cent quarante, et nous organisons chaque mois une réunion avec environ cent participants. Nous faisons généralement venir un collègue d’Europe ou des États-Unis, ce qui permet de rencontrer tous les grands noms de notre métier. Il y a aussi quelques vendeurs de matériel et un marché de l’occasion. Nous conseillons aussi les débutants pour leurs achats Mais aujourd’hui tout a changé: ils voient beaucoup de tours sur YouTube… Nous avons donc créé une section pour qu’ils progressent, améliorent leur présentation, etc. Et ils sont invités à cet événement, ce qui leur permet d’apprendre beaucoup plus vite.

-Quel regard avez-vous sur la magie actuelle ?

De nos jours, les jeunes lisent peu.  Mais chaque jour, un nouveau tour est vendu dans le monde entier, ce qui est vraiment incroyable! Il y a vingt ans,  paraissait un catalogue avec presque les mêmes choses. Puis, il y a eu de nombreux nouveaux tours sur Internet. J’ai définitivement arrêté de faire de l’électronique. A part cela, j’adore le piano et les puzzles. J’aime aussi aller au musée, prendre l’avion, voyager…

Sébastien Bazou

Interview réalisée à Dijon ( Côte-d’Or), le 31 décembre 2024.

Lior Manor https://1amagic.com/

 


Archive pour janvier, 2025

Le Soulier de satin de Paul Claudel mise en scène, version scénique d’Éric Ruf

Le Soulier de satin de Paul Claudel, mise en scène, version scénique d’Éric Ruf                                 

L’histoire du théâtre est marquée par des moments magiques qu’on ne peut prévoir. Entre autres souvenirs, la découverte des spectacles de Bob Wilson, Tadeusz Kantor, Pina Bausch et Antoine Vitez avec cette fameuse intégrale en onze heures du Soulier de Satin dans la Cour d’honneur du Palais des Papes, au festival d’Avignon 87. Un spectateur attentif, Denis Lavant, était comme nous tous, fasciné par ce qui se déroulait dans ce lieu unique !
Mais il faut se laver de toute cette mémoire et penser aux spectateurs d’une époque encore plus lointaine, celle de la création à la Comédie-Française par Jean-Louis Barrault en 1943… Le texte avait été réduit à cinq heures de représentation, en accord avec l’auteur. Le metteur en scène jouait alors Don Rodrigue et Marie Bell, Doña Prouhèze. « Le sujet du Soulier de satin, écrivait Paul Claudel, c’est en somme celui de la légende chinoise, les deux amants stellaires qui chaque année après de longues pérégrinations arrivent à s’affronter, sans jamais pouvoir se rejoindre, d’un côté et de l’autre de la Voie lactée. »

 

© Jean-Louis Fernandez

© Jean-Louis Fernandez

Sami Frey et Geneviève Page reprirent ces rôles à l’Odéon-Théâtre de France en 63. Jean-Louis Barrault remontera la pièce en version intégrale en 80 au théâtre d’Orsay.  Pour Denis Podalydès : « Dans Le Soulier de satin-pectacle qui, lui, m’enchanta- Jean-Louis Barrault se promenait dans les couloirs du théâtre, deux minutes à peine avant le début de la représentation! Je n’en croyais pas mes yeux. Toujours en complet noir, et avec une chemise noire à petits pois blancs, et hop, il montait sur le plateau : “Fixez, je vous prie, mes frères, les yeux sur ce point de l’océan Atlantique, qui est à mi-chemin entre les deux mondes.” Et c’était parti. Cette liberté bonhomme, cette audace dénuée d’affectation, cette façon d’empoigner Claudel par le col me transportaient, me donnaient une gaieté toute fraîche. » 

Il faut venir ici avec un regard neuf dans cette salle Richelieu, pour assister à ce très long monument théâtral dont Sacha Guitry aurait dit en sortant de la première du Soulier de satin qui avait duré sept heures:«Heureusement qu’il n’y avait pas la paire!»  «Quand la chose semble impossible, dit Éric Ruf, on se sent plus libre quand elle est probable.» Il embarque ses dix-huit comédiens pour une longue traversée et e a signé la scénographie. Comme dans la mise en scène d’Antoine Vitez, il y a ici une double performance, celle des artistes et celle du public. «Parfois, dit aussi Éric Ruf, les spectateurs se demandent pourquoi ils sont venus et, à la fin, ils s’applaudissent autant que le spectacle lui-même. » Il y faut de la patience : huit heures trente! Avec deux entractes et une longue pause, pour aller au bout du voyage…Cette épopée se déroulant sur une trentaine d’années au temps des conquistadors et dans plusieurs parties du globe. 

Chacun des costumes de Christian Lacroix, d’une richesse exceptionnelle,est une œuvre d’art et travaillé comme ceux d’opéra. Sur un plateau nu, avec seulement quelques toiles peintes, le metteur en scène a suivi les indications de Paul Claudel dans sa préface: «Comme après tout, il n’y a pas impossibilité complète que la pièce soit jouée un jour ou l’autre, d’ici dix ou vingt ans, totalement ou en partie, autant commencer par ces quelques directions scéniques. Il est essentiel que les tableaux se suivent sans la moindre interruption. Dans le fond la toile la plus négligemment barbouillée, ou aucune, suffit. »

La lisibilité de cette histoire presque impossible à résumer, est peu facile pour les néophytes. La pièce nécessite un jeu d’acteurs convaincant et une belle cohésion de la troupe, ici parfaitement assurés. Il faut se laisser porter par l’intrigue initiale. Doña Prouhèze (exceptionnelle Marina Hands), aime Don Rodrigue (belle composition de Baptiste Chabauty). Mariée à Don Pélage, un vieux juge du roi d’Espagne (formidable Didier Sandre) qui la confie à Don Balthazar (cocasse et imprévisible Laurent Stocker). Il a pour mission de l’éloigner de Don Rodrigue, mais aussi de son machiavélique cousin Don Camille (talentueux Christophe Montenez).
Tous sont crédibles et s’engagent pleinement, tout en jouant plusieurs rôles. Les deux premières Journées sont montées avec bouffonnerie et distanciation, les deux autres, de façon plus profonde et dramatique.La part politique et théologique du texte est moins visible dans ce travail qui glorifie avant tout le théâtre. Cette dernière mise en scène d’Eric Ruf comme administrateur puisqu’il est arrivé au terme de son mandat, est une pure déclaration d’amour au théâtre et à tout ce que représente la Comédie-Française à ses yeux.  Et il en a aussi signé la scénographie.Tous les corps de métiers de cette institution ont participé à cette renaissance du Soulier de Satin.
Le plus émouvant est cette fête du théâtre auquel participent vraiment les spectateurs grâce au dispositif scénique: une passerelle traverse le parterre comme dans la mise en scène de Thomas Ostermeier pour La Nuit des rois de William Shakespeare. Les comédiens s’adressent parfois au public et le font participer aux cérémonies royales et l’invite à mettre des fraises en papier dessinées par Éric Ruf. Doña Musique (Edith Proust) arrive même à faire chanter les spectateurs… Vincent Leterme au piano, Merel Junge au violon et Ingrid Schoenlaub au violoncelle, du début à la fin, sont aussi de cette fête et accompagnent le chœur final de toute la troupe qui nous souhaite une bonne nuit après cette longue journée… Ainsi s’achève avec beaucoup d’émotion, la  représentation de la plus shakespearienne des pièces claudéliennes.

Jean Couturier                                                  

Jusqu’au 13 avril (en alternance), Comédie-Française, place Colette, Paris (Ier). T. : 01 44 58  15 15.

 

Bonne année de très bons spectacles à nos nombreux lecteurs

Bonne année de très bons spectacles à nos nombreux  lecteurs

Toute l’équipe du Théâtre du Blog et Philippe du Vignal

© Philippe du Vignal Ratapuce (Caroline Simonds)  en 1975 à Aix Ville ouverte aux saltimbanques , une opération imaginée par Jean Digne

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Ratapuce (Caroline Simonds) en 1973 à Aix, Ville ouverte aux saltimbanques , une opération imaginée par Jean Digne

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