Les Mystères de Paris d’après l’œuvre d’Eugène Sue, adaptation de Patrick Alluin, Eric Chantelauze et Didier Bailly, mise en scène de Patrick Alluin

Les Mystères de Paris d’après l’œuvre d’Eugène Sue, adaptation de Patrick Alluin, Eric Chantelauze et Didier Bailly, livret d’Éric Chantelauze, musique de Didier Bailly, mise en scène de Patrick Alluin

Paris en 1850, c’est à dire il y a presque deux siècles, celui d’Eugène Sue mais aussi d’Honoré de Balzac, infesté d’ordures et de rats dans le centre même où la nuit régnait la pègre… Et où les ouvrières devaient faire le trottoir pour compléter leur salaire dérisoire. Le baron Haussman n’avait pas encore transformé Paris: Montmartre, Passy ou Auteuil étaient encore des villages et dans les ruelles mal éclairées de la Capitale, les agressions étaient fréquentes mais les bourgeois, eux, prenaient des fiacres, les ancêtres de nos taxis… Rodolphe, un grand-duc allemand, déguisé en ouvrier, veut aider les pauvres, souvent victimes d’injustice. Comme Eugène Sue qui,  ira, en blouse rapiécée et casquette d’ouvrier, fréquenter les zones les plus misérables de Paris pour écrire son feuilleton sur les bas-fonds. Et ce sera vite un grand succès!

Dans les ruelles de l’île de la Cité, Rodolphe assiste à une dispute entre une orpheline de seize ans, Fleur de Marie  qui se prostitue et un homme. Il la protège et a le dessus  mais lui offrira un verre. Le Chourineur lui raconte que d’abord apprenti boucher, il tuera un sergent et passera quinze ans au bagne. Rodolphe veut lui offrir une chance et lui demande de l’aider.La jeune fille a une belle voix et chante, surnommée la Goualeuse. Au service d’une vieille femme qui la battait, elle lui a arraché une dent et s’est enfuie. Considérée comme une vagabonde et mise en prison, elle en sort à seize ans avec un pécule qu’elle prêtera à une amie de taule. Vite démunie et en proie d’une cafetière qui lui fait faire le trottoir, elle a des dettes que Rodolphe rachète. Il l’envoie se reposer chez une brave fermière. En fait il cherche des informations sur François Germain,le fils de cette femme mais sera enlevé par des malfrats. Il sera sauvé par le Chourineur.

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Pour retrouver François Germain, il rencontre Rigolette, une amie de prison de la jeune fille qui aide une famille d’ouvriers encore plus dans le besoin.Lui a dû emprunter une grosse somme à un notaire véreux qui veut la forcer à coucher avec lui. Elle résistera mais il veut faire arrêter son père pour dettes mais là aussi Rodolphe payera les créanciers. Pourtant la jeune fille arrivera avec la somme que vient de lui remettre François Germain: il l’a volée au notaire en pensant la remettre le lendemain car il a aussi des économies.
Le notaire s’aperçoit du vol, porte plainte, vu la somme bien plus forte qu’en réalité… François Germain sera jeté en prison où Rigolette qui ira le voir, en tombera amoureuse. Rodolphe cherche à le faire sortir de prison mais il faudrait que le notaire retire sa plainte et qu’il réussisse à le faire payer pour toutes les malversations et les crimes qu’il a commis… Rodolphe, il y a dix-sept ans, a eu une enfant avec une jeune fille qui cherchait à l’épouser. Mais le père du jeune homme l’a confiée au notaire pour qu’il l’élève. Il espère s’en servir plus tard pour faire pression sur son fils. Mais elle veut épouser Rodolphe-en réalité un  grand-duc allemand très riche.
Le notaire véreux avait fait passer l’enfant pour morte quand elle avait six ans, pour garder la rente. Puis il l’a vendue à la Chouette mais elle s’est enfuie. Pour éviter que son crime soit dévoilé, il a demandé à des complices de la noyer. C’est bien sûr, la Goualeuse…Elle sera sauvée par une ancienne compagne de prison. Rodolphe aide une jeune femme mariée et lui dit qu’au lieu de vouloir prendre un amant, elle peut, comme lui, faire le bien autour d’elle. Il lui révèlera son amour et épousera celle qui a été veuve quelques mois plus tard. Il retrouve aussi la jeune fille en bonne santé mais veut rentrer dans son pays pour qu’elle puisse y être heureuse. Quand un jeune noble en tombe amoureux d’elle, elle le repousse, entre au couvent et y mourra de maladie.
Sortez tous vos mouchoirs…  

Le célèbre roman a été adapté tout de suite au théâtre-tiens déjà!-en 1844. Puis souvent ensuite  au cinéma, entre autres, par Jacques de Baroncelli, juste un siècle plus tard. Et par André Hunebelle, en 62  et à la télévision en 61 par Marcel Cravenne. Mais qui lit encore Eugène Sue? Les auteurs de ce spectacle ont osé en faire une adaptation en comédie musicale « de poche » avec dialogue chantés, récitatifs et scènes jouées sur un très petit plateau, alors que le genre très populaire (voir le succès permanent des Misérables) nécessite de grands espaces. Sur la façade du théâtre de la Huchette-un diminutif aussi approprié aux dimensions du lieu  est mentionné sur une plaque de marbre que là, furent jouées sans interruption ou presque, depuis 1957, La Leçon et La Cantatrice chauve d’Eugène Ionesco: un fait exceptionnel dans toute l’histoire du théâtre.
Ici,  c’est une version forcément  condensée du roman mais bien dirigée par Patrick Alluin. Lara Pegliasco, Simon Heulle, Olivier Breitman ou Arnaud Léonard  créent  avec précision et ce qui n’est pas incompatible, avec une grande sensibilité, une quinzaine de personnages, changeant de costume à toute vitesse… Mention spéciale à la jeune actrice-chanteuse, qui enfile robe après robe et, au besoin, met une perruque.  Mieux, ils arrivent à rendre crédibles ces hommes et femmes venues d’un autre temps, les quelques minutes qu’ils restent sur le plateau, avant d’en incarner d’autres. Chapeau! Aucun décor que des toiles grises, quelques éclairages  et juste un petit canapé muni d’une tablette pour écrire.
La dramaturgie; une fois de plus, quand il s’agit d’adapter un long roman comme celui-ci, n’est pas toujours au point et les scène sont souvent trop courtes. Et les entrées et sorties incessantes des acteurs par l’issue de secours dans la salle, parasitent l’action. Mais il n’y avait sans doute pas d’autre moyen pour que Lara Pegliasco puisse se changer aussi vite.
Quant à l’histoire un peu trop touffue, il faut s’accrocher pour suivre et ce texte mériterait quelques coups de rabot! Mais quelle vie, quel jeu, quelle maîtrise des chansons! Patrick Alluin, Eric Chantelauze et Didier Bailly ont eu aussi  la bonne idée de mettre une touche de parodie et d’humour, pour aérer les choses. La mise en scène est encore un peu brute de décoffrage: le rythme ne suit pas toujours  et il y a une fausse fin. Mais la salle est pleine et le public toutes générations confondues, a, longuement et avec raison, applaudi ses interprètes qui chantent bien  sur des musiques enregistrées.
Eugène Sue,plus d’un siècle et demi après la publication de ce feuilleton, serait sans doute étonné qu’on s’intéresse encore à son œuvre… La société française a sans doute bien changé, Paris aussi. Mais la misère dans les banlieues et les campagnes, l’incroyable suffisance des énarques, des puissants et des banquiers, le luxe incroyable des riches familles voyageant en jet privé à l’autre bout du monde,  alors qu’on empêche de circuler les possesseurs de voitures critère quatre, les injustices flagrantes faites aux handicapés, les arnaques en tout genre, maintenant informatiques, les humiliations des « personnes modestes » avec entre autres, la célèbre connerie d’Emmanuel Macron à un jeune horticulteur au chômage en 2018: « Je traverse la rue et je vous trouve un emploi. » Oui, Eugène Sue, écrivain de romans sociaux mort à cinquante-trois ans, a encore quelque chose à nous dire et aurait apprécié ce remarquable travail.C’est la bonne surprise en ce début d’année un peu morose… A part la belle leçon inaugurale au Collège de France de Wajdi Mouwad, auteur-metteur en scène et directeur du Théâtre de la Colline, et dont Chrsitine Friedel vous parlera.

Philippe du Vignal

Théâtre de la Huchette, 23 rue de la Huchette, Paris ( Vème). T. :  01 43 26 38 99.


Archive pour 13 février, 2025

Les Mystères de Paris d’après l’œuvre d’Eugène Sue, adaptation de Patrick Alluin, Eric Chantelauze et Didier Bailly, mise en scène de Patrick Alluin

Les Mystères de Paris d’après l’œuvre d’Eugène Sue, adaptation de Patrick Alluin, Eric Chantelauze et Didier Bailly, livret d’Éric Chantelauze, musique de Didier Bailly, mise en scène de Patrick Alluin

Paris en 1850, c’est à dire il y a presque deux siècles, celui d’Eugène Sue mais aussi d’Honoré de Balzac, infesté d’ordures et de rats dans le centre même où la nuit régnait la pègre… Et où les ouvrières devaient faire le trottoir pour compléter leur salaire dérisoire. Le baron Haussman n’avait pas encore transformé Paris: Montmartre, Passy ou Auteuil étaient encore des villages et dans les ruelles mal éclairées de la Capitale, les agressions étaient fréquentes mais les bourgeois, eux, prenaient des fiacres, les ancêtres de nos taxis… Rodolphe, un grand-duc allemand, déguisé en ouvrier, veut aider les pauvres, souvent victimes d’injustice. Comme Eugène Sue qui,  ira, en blouse rapiécée et casquette d’ouvrier, fréquenter les zones les plus misérables de Paris pour écrire son feuilleton sur les bas-fonds. Et ce sera vite un grand succès!

Dans les ruelles de l’île de la Cité, Rodolphe assiste à une dispute entre une orpheline de seize ans, Fleur de Marie  qui se prostitue et un homme. Il la protège et a le dessus  mais lui offrira un verre. Le Chourineur lui raconte que d’abord apprenti boucher, il tuera un sergent et passera quinze ans au bagne. Rodolphe veut lui offrir une chance et lui demande de l’aider.La jeune fille a une belle voix et chante, surnommée la Goualeuse. Au service d’une vieille femme qui la battait, elle lui a arraché une dent et s’est enfuie. Considérée comme une vagabonde et mise en prison, elle en sort à seize ans avec un pécule qu’elle prêtera à une amie de taule. Vite démunie et en proie d’une cafetière qui lui fait faire le trottoir, elle a des dettes que Rodolphe rachète. Il l’envoie se reposer chez une brave fermière. En fait il cherche des informations sur François Germain,le fils de cette femme mais sera enlevé par des malfrats. Il sera sauvé par le Chourineur.

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Pour retrouver François Germain, il rencontre Rigolette, une amie de prison de la jeune fille qui aide une famille d’ouvriers encore plus dans le besoin.Lui a dû emprunter une grosse somme à un notaire véreux qui veut la forcer à coucher avec lui. Elle résistera mais il veut faire arrêter son père pour dettes mais là aussi Rodolphe payera les créanciers. Pourtant la jeune fille arrivera avec la somme que vient de lui remettre François Germain: il l’a volée au notaire en pensant la remettre le lendemain car il a aussi des économies.
Le notaire s’aperçoit du vol, porte plainte, vu la somme bien plus forte qu’en réalité… François Germain sera jeté en prison où Rigolette qui ira le voir, en tombera amoureuse. Rodolphe cherche à le faire sortir de prison mais il faudrait que le notaire retire sa plainte et qu’il réussisse à le faire payer pour toutes les malversations et les crimes qu’il a commis… Rodolphe, il y a dix-sept ans, a eu une enfant avec une jeune fille qui cherchait à l’épouser. Mais le père du jeune homme l’a confiée au notaire pour qu’il l’élève. Il espère s’en servir plus tard pour faire pression sur son fils. Mais elle veut épouser Rodolphe-en réalité un  grand-duc allemand très riche.
Le notaire véreux avait fait passer l’enfant pour morte quand elle avait six ans, pour garder la rente. Puis il l’a vendue à la Chouette mais elle s’est enfuie. Pour éviter que son crime soit dévoilé, il a demandé à des complices de la noyer. C’est bien sûr, la Goualeuse…Elle sera sauvée par une ancienne compagne de prison. Rodolphe aide une jeune femme mariée et lui dit qu’au lieu de vouloir prendre un amant, elle peut, comme lui, faire le bien autour d’elle. Il lui révèlera son amour et épousera celle qui a été veuve quelques mois plus tard. Il retrouve aussi la jeune fille en bonne santé mais veut rentrer dans son pays pour qu’elle puisse y être heureuse. Quand un jeune noble en tombe amoureux d’elle, elle le repousse, entre au couvent et y mourra de maladie.
Sortez tous vos mouchoirs…  

Le célèbre roman a été adapté tout de suite au théâtre-tiens déjà!-en 1844. Puis souvent ensuite  au cinéma, entre autres, par Jacques de Baroncelli, juste un siècle plus tard. Et par André Hunebelle, en 62  et à la télévision en 61 par Marcel Cravenne. Mais qui lit encore Eugène Sue? Les auteurs de ce spectacle ont osé en faire une adaptation en comédie musicale « de poche » avec dialogue chantés, récitatifs et scènes jouées sur un très petit plateau, alors que le genre très populaire (voir le succès permanent des Misérables) nécessite de grands espaces. Sur la façade du théâtre de la Huchette-un diminutif aussi approprié aux dimensions du lieu  est mentionné sur une plaque de marbre que là, furent jouées sans interruption ou presque, depuis 1957, La Leçon et La Cantatrice chauve d’Eugène Ionesco: un fait exceptionnel dans toute l’histoire du théâtre.
Ici,  c’est une version forcément  condensée du roman mais bien dirigée par Patrick Alluin. Lara Pegliasco, Simon Heulle, Olivier Breitman ou Arnaud Léonard  créent  avec précision et ce qui n’est pas incompatible, avec une grande sensibilité, une quinzaine de personnages, changeant de costume à toute vitesse… Mention spéciale à la jeune actrice-chanteuse, qui enfile robe après robe et, au besoin, met une perruque.  Mieux, ils arrivent à rendre crédibles ces hommes et femmes venues d’un autre temps, les quelques minutes qu’ils restent sur le plateau, avant d’en incarner d’autres. Chapeau! Aucun décor que des toiles grises, quelques éclairages  et juste un petit canapé muni d’une tablette pour écrire.
La dramaturgie; une fois de plus, quand il s’agit d’adapter un long roman comme celui-ci, n’est pas toujours au point et les scène sont souvent trop courtes. Et les entrées et sorties incessantes des acteurs par l’issue de secours dans la salle, parasitent l’action. Mais il n’y avait sans doute pas d’autre moyen pour que Lara Pegliasco puisse se changer aussi vite.
Quant à l’histoire un peu trop touffue, il faut s’accrocher pour suivre et ce texte mériterait quelques coups de rabot! Mais quelle vie, quel jeu, quelle maîtrise des chansons! Patrick Alluin, Eric Chantelauze et Didier Bailly ont eu aussi  la bonne idée de mettre une touche de parodie et d’humour, pour aérer les choses. La mise en scène est encore un peu brute de décoffrage: le rythme ne suit pas toujours  et il y a une fausse fin. Mais la salle est pleine et le public toutes générations confondues, a, longuement et avec raison, applaudi ses interprètes qui chantent bien  sur des musiques enregistrées.
Eugène Sue,plus d’un siècle et demi après la publication de ce feuilleton, serait sans doute étonné qu’on s’intéresse encore à son œuvre… La société française a sans doute bien changé, Paris aussi. Mais la misère dans les banlieues et les campagnes, l’incroyable suffisance des énarques, des puissants et des banquiers, le luxe incroyable des riches familles voyageant en jet privé à l’autre bout du monde,  alors qu’on empêche de circuler les possesseurs de voitures critère quatre, les injustices flagrantes faites aux handicapés, les arnaques en tout genre, maintenant informatiques, les humiliations des « personnes modestes » avec entre autres, la célèbre connerie d’Emmanuel Macron à un jeune horticulteur au chômage en 2018: « Je traverse la rue et je vous trouve un emploi. » Oui, Eugène Sue, écrivain de romans sociaux mort à cinquante-trois ans, a encore quelque chose à nous dire et aurait apprécié ce remarquable travail.C’est la bonne surprise en ce début d’année un peu morose… A part la belle leçon inaugurale au Collège de France de Wajdi Mouwad, auteur-metteur en scène et directeur du Théâtre de la Colline, et dont Chrsitine Friedel vous parlera.

Philippe du Vignal

Théâtre de la Huchette, 23 rue de la Huchette, Paris ( Vème). T. :  01 43 26 38 99.

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