Port-au-Prince et sa douce nuit de Gaëlle Bien-Aimé, mise en scène de Lucie Berelowitsch

Port-au-Prince et sa douce nuit de Gaëlle Bien-Aimé, mise en scène de Lucie Berelowitsch

L’autrice, comédienne haïtienne, très politiquement engagée et membre de l’organisation féministe Nègès Mawon, a cofondé en 2018,Acte, une école de théâtre où elle enseigne le travail du corps et de la voix.Haïti et Port-au-Prince, la Capitale sont en proie depuis une quarantaine d’années à des fléaux en série: instabilité politique permanente, grande misère, catastrophes naturelles et impuissance des gouvernements successifs, face aux chefs de gang arrivés à imposer leur loi sur tout le pays.
Dans une chambre de Port-au-Prince, Zily, une belle jeune femme veut quitter Haïti avec Ferah, son amoureux, qui travaille dans un hôpital. Mais lui ne veut pas, malgré les assassinats par centaines, les émeutes, et le climat de violences quotidien, la misère permanente qui sévit dans la capitale…Ils s’aiment et se déchirent à la fois dans la nuit, sur l’air du « jamais sans toi et sans doute jamais avec toi ». Mais ils sentent bien-et se le disent- que la séparation, pour être douloureuse, va devenir inévitable…

© Samuel Kirszenbaum

© Samuel Kirszenbaum

Le texte de Gaëlle Bien-Aimé (Prix R.F.I. Théâtre 2022), en partie autobiographique sonne juste : « Il m’a toujours semblé que le fait de poser les mots, permettait de faire la paix avec les choses. Mais non. L’écriture sublime ma blessure. Peint réalistement avec une pointe de folie pour digérer l’amertume. J’ai de l’humour pourtant, je vous l’assure ! Mais mon théâtre vient puiser au fond d’une détresse que mon sourire cache divinement bien. Là d’où je viens, le théâtre, c’est faire communauté.(…) Jouer pour ne pas succomber aux blessures inutiles. »
Adapté pour la scène et d’une belle langue musicale, ce poème est interprété par Sonia Bonny et Lawrence Davis, impeccables et toujours en scène, très concentrés. Sur le petit plateau, une moquette blanche avec, au fond un grand lit, et côté cour, un peu de sable blanc et une baie coulissante. Sur les deux côtés de cette chambre en angle, de hauts murs avec des vues en noir et blanc de Port-au-Prince, accentuant l’inquiétude qui y règne encore plus la nuit.
Lucie Berelowitsch maîtrise l’oralité et la poésie de ce texte et que les acteurs interprètent avec une excellente diction. Mais la metteuse en scène a plus de mal avec la gestuelle. Et pourquoi nous imposer cette sonorisation par micros H.F (la manie actuelle!) dans une aussi petite salle! Ce qui, par moments, dénature les voix et les uniforme. Et pourquoi la mise en scène est-elle aussi statique? Deux points à revoir d’urgence…
A ces réserves près, cela vaut le coup d’aller découvrir une autrice de cette île où la langue française est celle de nombreux écrivains comme Lyonel Trouillot, romancier et poète haïtien d’expressions créole et française, Guy Régis Jr. ,
écrivain, acteur et metteur en scène dont Les cinq fois où j’ai vu mon père avait été monté à Théâtre Ouvert/Nanterre-Amandiers, il y a trois ans. Ou encore Yanick Lahens, prix Fémina 2014 pour son roman
Bain de lune…

Philippe du Vignal

Jusqu’au 22 mars 25, Théâtre 14, avenue Marc Sangnier, Paris (XIV ème). T : 01 42 74 22 77.

Scène nationale du Sud-Aquitain-Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), les 15 et 16 avril; Théâtre du Préau-Centre Dramatique National de Vire (Calvados) les 24 et 25 avril.

 

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