Les Petits Chevaux de Séverine Cojannot, Matthieu Niango, Camille Laplanche et Jeanne Signé, mise en scène de Jeanne Signé

Les Petits Chevaux de  Séverine Cojannot, Matthieu Niango, Camille Laplanche et Jeanne Signé, mise en scène de Jeanne Signé

​La pièce créée  à la Reine Blanche il y a deux ans, est reprise dans ce théâtre nommé anciennement Théâtre de Ménilmontant, rénové par Serge Paumier et Nathalie Lucas et nommé Théâtre des Gémeaux Parisiens. C’était une ancienne salle paroissiale où avait débuté le metteur en scène Guy Rétoré, avant de diriger le Théâtre de l’Est Parisien… au lieu et place de l’actuel Théâtre de la Colline. Vous suivez toujours?
Lebensborn (de leben: vie et born : fontaine de vie en ancien allemand était une association patronnée par l’État national-socialiste pour créer et développer une  » race aryenne parfaitement pure et dominante »! Des maternités ont donc été construites depuis 1935 par  Heinrich Himmler  pour faire naître et grandir des enfants «racialement parfaits ». En Pologne, en France à Lamorlaye (Oise) près de Chantilly, Danemark, Norvège, Belgique, Luxembourg et Pays-Bas. En dix ans,y  sont nés environ 20.000 enfants.

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Les mères, surtout enceintes de S.S., y étaient admises après sélection sur critères raciaux. Quelques semaines après leur accouchement, elles devaient soit aller en Allemagne avec leur bébé, soit l’abandonner définitivement. Cette future élite serait mise plus tard au service du III ème Reich, quand Hitler aurait gagné la seconde guerre mondiale…. Ce qui, au début, dans l’esprit de nombreux Allemands, ne faisait alors aucun doute. Les Lebensborn ont inspiré  Moi qui ai servi le roi d’Angleterre de Bohumil Hrabal un roman qui a été adapté au cinéma. Il y a eu aussi un autre film germano-norvégien D’une vie à l’autre de  Georg Maas et Judith Kaufmann (2012) :l’histoire d’une enfant née en 1944 d’une mère norvégienne et d’un soldat allemand, enlevée à sa mère pour être élevée dans un Lebensborn allemand et et qui adulte s’échappe de RDA et arrive en Norvège pour y rechercher sa mère. Et  La bonne étoile d’Elsie de Sarah Mc Coy, évoque le lebensborn de Steinhöring. Et Dans le berceau de l’ennemi, cette  fiction de Sara Pennypacker  (Sarah Young), est inspirée de ces faits historiques. Max de Sarah Cohen-Scali raconte l’histoire d’un petit garçon, Konrad Von Kebnersol, né dans un lebensborn et qui croit fortement en  l’idéologie nazie.
Isabelle Maroger, elle, a traduit dans un roman graphique Lebensborn, sa vie et celle de sa mère née dans un Lebensborn en Norvège et qui vit en France; avec elle. Elles iront là-bas découvrir cousins et grandes-tantes… Dans  Lignes de faille, Nancy Huston raconte l’histoire, sur quatre générations, de la descendance d’une enfant ukrainienne, arrachée toute bébé à ses parent pour être adoptée par une famille allemande… Et ces Lebensborn figurent aussi dans  des séries comme The Man in the high castle, et X Company,
Mais Les Petits Chevaux est  inspirée de témoignages, comme celui de la mère d’un co-auteurs, née dans un Lebensborn.  La  pièce, particulièrement intéressante a été écrite à partir de témoignages et faits réels, est aussi la première  sur le sujet.  Ses autrices vont en quête des  origines de ces personnes adoptées et posent des questions universelles sur l’hérédité, la maternité et l’identité réelle  Après la capitulation de l’Allemagne, les enfants qui avaient été plus ou moins livrés à eux-même, seront découverts par les Américains,  puis trimballés, d’une maternité à l’autre et sans grande affection. Mais les S.S. avaient brûlé les archives et ces orphelins, trop jeunes pour être identifiés, seront rapatriés vers leur pays supposé d’origine, au petit bonheur, la chance. Un Belge pouvait aussi bien arriver ainsi en France et y être accueilli dans une famille. Ce sont maintenant des personnes âgées de quatre-vingt ans environ… C’est tout cela que que cette pièce écrite  par Séverine Cojannot, Camille Laplanche, Matthieu Niango et Jeanne Signé, elle retrace la quête des origines d’Hortense:Violette apprend que sa mère Hortense, une dame d’un certain âge  a été ainsi  adoptée, elle  va la pousser à rechercher ses origines. Née en 44 au Lebensborn de Lamorlaye, elle est ensuite arrivée, après-guerre, à Commercy (Vosges) où elle est adoptée. Mais, t elle découvre aussi bouleversée, qu’elle est la fille d’un S.S.S. à plus de soixante ans et qu’elle a une demi-sœur allemande.  Sur le beau plateau, des grands et plus petits cartons et à l’intérieur, quelques-uns éclairés avec les photos de visages d’enfants. La pièce a un peu de mal à commencer vraiment. Mais Florence Cabaret, Séverine Cojannot, Nadine Darmon, Samuel Debure bien dirigés, sont tous crédibles et incarnent avec sobriété et sans aucun pathos, ces personnages à la fois de tous les jours mais hors du commun. Mention spéciale à Samulel Debure dans un double rôle d’homme, âgé puis jeune.
L’ensemble du texte, inégal, sent l’écriture collective et mériterait d’être resserré. Mais comment ne pas être sensible à l’évocation bouleversante de ces vies  cassées par une guerre. L’Histoire bégaie! Durant l’invasion de l’Ukraine, le gouvernement russe a été accusé de déportations d’enfants et d’adoptions forcées.  Et  Vladimir Poutine a signé un décret visant à faciliter et accélérer l’adoption d’enfants ukrainiens réputés orphelins…
La mise en scène est sobre et efficace malgré quelques maladresses et longueurs sur la fin. Mais pourquoi Les Petits chevaux se joue-t-il seulement, les lundi et mardi à 19 h: ce qui est dissuasif! Bon, il y avait quand même une cinquantaine de spectateurs… Chapeau!

Philippe du Vignal

Jusqu’au 22 avril, Théâtre des Gémeaux Parisiens, 18 rue du Retrait, Paris (XX ème). T. : 01 87 44 61 11.

 
 

Archive pour 19 mars, 2025

Rapt de Lucie Boisdamour (Lucy Kirkwood), traduction de Louise Bartlett, mise en scène de Chloé Dabert,

Rapt de Lucie Boisdamour (Lucy Kirkwood), traduction de Louise Bartlett, mise en scène de Chloé Dabert

Le spectacle a été créé en décembre 2023 à la Comédie-Centre Dramatique National de Reims. Cela se présente comme une sorte d’énigme-supercherie permanente, avec théâtre dans le théâtre: une dramaturgie où les plus célèbres dramaturges: Shakespeare, Molière, Corneille, Pirandello  se sont essayé avec succès: ce qu’on appelle maintenant  une mise en abyme, cela fait plus chic…  Mais ici cela ne commence paq très bien avec, en guise d’avertissement, cette phrase projetée sur le décor: « Le  Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis souhaite vous présenter ses excuses : la pièce que vous allez voir est différente de celle qui a été annoncée. Le vrai titre de cette pièce est : Ravissement. Le  Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis a accepté de produire la pièce secrètement, dans l’espoir de sensibiliser le public sur cette affaire et rendre justice aux Quilter. Une grande partie de ces informations qui suivent sont sous embargo. (…) Nous ne prenons pas à la légère la décision d’enfreindre la loi. » Ouaf! Ouaf! Ouaf! Le nom de la soi-disant jeune autrice  Lucie Boisdamour, déjà sonne bidon!

 

© Victor Minelli

© Victor Minelli

Un jeune couple, Noah et Céleste Quilter (Andréa El Azanet Arthur Verret) vit ensemble depuis peu. Lui ne semble pas faire grand chose  que pianoter sur internet; un peu allumé, il s’est récemment converti aux bienfaits de l’écologie et flirte sans arrêt avec les théories conspirationnistes. Céleste, elle, est infirmière et voit chaque jour comment dans son hôpital, la dégradation des soins est patente et  comment s’installe, scandale après scandale, un profond malaise dans la société anglaise. Le couple finira par avoir un enfant mais curieusement, on ne le verra presque pas… Nous allons assister pendant une heure quarante à la persécution que ressentent Noah et Céleste Quilter. Puis à l’inexorable dégradation de leur vie: sans travail, ils s’enfonceront dans la misère et disparaîtront mystérieusement… Ce serait à la suite de manœuvres criminelles du Gouvernement…

Sur le grand plateau, une scénographie très construite de Pierre Nouvel avec, à jardin une cuisine, au centre une salle à manger-salon et à cour, la chambre du couple.Et pour isoler chaque moment,  des parois en tulle gris semi-transparent, ce qui permet aussi d’y projeter un flot de vidéos: flashbacks, images de manifs ou de ce qui passe dans l’appartement. Mais on voit mal les personnages et Chloé Dabert use de ce poncif: le grossissement des visages! Un effet de cinéma mais au théâtre? L’autrice Anne-Lise Heimburger) en Lucy Kirkwood et intervient sur le canapé du salon ou par images interposée pour faire le récit ou le commentaire de ce qui se passe. C’est compliqué?  Pas trop, mais comme dans un mauvais polar, jamais crédible.
La faute à quoi? D’abord à un scénario à peine solide et aux dialogues d’une médiocrité exemplaire. Et la metteuse en scène  qui a pourtant été élève du Conservatoire National devrait savoir ce que diction veut dire! On entend bien ses jeunes acteurs… quand ils sont filmés. Mais souvent mal, quand ils sont sur scène: là, impossible de faire une seconde prise de vue. Et croire que les micros H.F dont elle les a équipés, va arranger les choses, est assez naïf. Il y à là un manque de rigueur étonnant et la direction d’acteurs cela existe. Quant à la véracité de cette histoire, ce qu’on nous montre nous laisse indifférent… Faire du théâtre dans le théâtre, mettre la pagaille dans la représentation  et raconter les choses sans les montrer.. Pourquoi pas? Mais c’est un sport de haut niveau. Et là, cela ne fonctionne pas… comme les séries de mails répétitifs avec des réponses soi-disant censurées, à de soi-disant questions. On a envie de crier Stop! Les acteurs ne sont pas venus saluer… Pour nous faire croire à quelque chose mais à quoi?
Chloé Dabert avait mieux réussi son coup, quand elle avait remarquablement mis en scène Le Firmament (voir Le Théâtre du Blog) où les un jury de douze femmes d’âge différent, était chargées de voter la peine de mort d’une jeune domestique, Sally Poppy qui affirmait être enceinte pour éviter la peine capitale. Des personnages nettement affirmés, dans une mise en scène somptueuse. Ce qui n’est pas le cas ici Vous l’aurez compris: impossible de vous recommander ce Rapt.

Philippe du Vignal

Du 15 au 22 mars, Théâtre Gérard Philipe-Centre Dramatique National de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).

Le 9 avril , Le Grrranit-Scène nationale de Belfort.

La pièce est éditée aux éditions de L’Arche.

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