KATA, chorégraphie et interprétation d’Anna Chirescu

KATA, chorégraphie et interprétation d’Anna Chirescu

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©Julien Benhamou

A l’Etoile du Nord, le festival Immersion Danse s’ouvre avec un solo dansé autobiographique d’Anna Chirescu, prix de la révélation chorégraphique 2024 du Syndicat professionnel de la Critique de théâtre, musique et Danse. Cela commence étrangement avec un récit plein d’humour dit par la danseuse, à l’abri des regards, à propos d’un fruit : le coing, un élément de la tarte traditionnelle en Roumanie. Un fruit un peu négligé en France mais emblématique de ce pays.
Puis Anna Chirescu entame vingt-six suites de mouvements de kata, certaines rythmées par ses vocalises. Ensuite nous entendons et découvrons en fond de scène, le récit de la mort médiatisée de Nicolae Ceaușescu, dictateur au pouvoir en Roumanie de 74 à 89.
Au même moment, elle apparaît, méconnaissable, en costume de danse traditionnelle et entame une danse rituelle ancestrale. Cette première partie n’est pas toujours lisible, malgré son engagement physique et sa belle occupation de l’espace. Le soleil se lève enfin à l’Est, même si le roumain est une langue latine,et quand Anna Chirescu nous parle de son père, tout devient clair.
En 2020, elle a reçu une vidéo de lui, filmé en tenue blanche de karatéka, avec ses partenaires. Ils s’entraînaient sur une plage et les images, d’une grande beauté en noir et blanc, sont de 1980, année où son père va fuir le régime totalitaire à l’occasion d’un voyage en France. Il
avait obtenu un « passeport de compétition ».
Nous comprenons alors mieux la signification de ce solo… Anna Chirescu a remonté le fil du temps et, aux saluts, l’émotion était perceptible dans son regard. En cinquante minutes, nous sommes devenus les témoins d’un parcours intime. Quand les frontières sont devenues instables et que la folie masculine est au plus haut degré, ce témoignage prend un autre sens! L’Histoire est un éternel recommencement et ce solo illustre bien le sous-titre de ce festival : Pour que la danse ne vous laisse pas indifférent!

Jean Couturier

Les 19 et 20 mars, Théâtre de l’Etoile du Nord, 6 rue Georgette Agutte, Paris ( XVIII ème). T. : 0142 26 47 47.
Les 2 et 3 juin, Pavillon de Romainville, dans le cadre des Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine Saint Denis.   

75018 Paris


Archive pour 21 mars, 2025

L’exposition Louvre Couture

L’exposition Louvre Couture

Le mariage entre musées et haute-couture a toujours été favorable à ces entités. On se souvient, entre autres, des très belles expositions du passé, Azzedine Alaïa à la Villa Médicis à Rome ou Balenciaga au musée Bourdelle à Paris, (voir Le Théâtre du Blog). Aujourd’hui, le plus grand musée d’art du monde, le Louvre accueille dans son Département : Objets d’art, la haute- couture française et européenne.

© Jean Couturier

© Jean Couturier

« Il y a une attente du public, dit Olivier Gabet, son directeur, pour que l’exposition de mode s’ouvre à d’autres sujets qu’elle-même. La mode s’adressant à la mode, c’est sympathique mais peut vite être stérile : cela, même fait avec subtilité, tourne autour d’une marque. Les musées ouvrent d’autres perspectives aux créateurs des maisons de mode qui sont aussi des lieux de patrimoine et conservation d’archives sur leur histoire institutionnelle.”
En 1949, Christian Dior avait appelé Musée du Louvre, une de ses robes du soir,  courte, en faille de soie et brodée noir et blanc. Ici, présentée à l’entrée de l’exposition dans le pavillon Richelieu.“Composer et jouer avec les objets d’art a été un véritable défi, précise Nathalie Crinière, scénographe de l’exposition. Le placement des robes découlant aussi de l’endroit où se trouvent les œuvres, il a fallu vraiment les loger là où on pouvait mais en donnant l’impression qu’elles ont toujours été là. »

Impressionnante est ici l’adéquation des robes avec l’espace où elles sont présentées. Karl Lagerfeld avait créé pour Chanel en 2019, une veste avec un motif décoratif inspiré d’une commode du XVIII ème siècle, ici placée en arrière de cette robe. Une autre : Bambi (2010) est surmontée d’une coiffe en fourrure synthétique représentant des bois de cerf créée par Jean-Charles de Castelbajac répond tout à fait à la tapisserie de Bayeux montrant les chasses de la Renaissance. Toutes sont remarquablement mises en valeur dans les collections permanentes. Une robe de bal en velours contrecollé de sa collection Prêt-à-Porter printemps/été 2020 semble attendre l’invitation pour une valse dans la salle-à-manger des appartements Napoléon III. Le public aura aussi l’occasion de redécouvrir ce musée exceptionnel. Il faut vite aller voir ces chefs-d’œuvre et ne pas hésiter à revenir: la richesse artistique de cette exposition dans ce Louvre en majesté est exceptionnelle.

Jean Couturier

Le Louvre, Paris (Ier) jusqu’au 21 juillet. Exposition accessible en réservant un billet Musée du Louvre-collections permanentes. www.louvre.fr

 

Même si le monde meurt de Laurent Gaudé, mise en scène de Laëtitia Guédon

Même si le monde meurt de Laurent Gaudé, mise en scène de Laëtitia Guédon

C’est  une reprise du spectacle créé il y a deux ans au Théâtre de la Cité à Toulouse (voir Le Théâtre du Blog). une dystopie comme on dit maintenant… « 17 août, 17 h 58 : c’est la date et l’heure de la fin du monde, annoncée par les scientifiques. Au milieu du chaos provoqué par cette prédiction, une femme attend un enfant qui ne naîtra pas. Vient alors pour elle l’urgence de le mettre au monde et pour lui de vivre toute une vie en seulement quelques jours. » (…)
Que ferions-nous si cette fin du monde était annoncée pour dans quelques heures.  Laurent Gaudé, est un dramaturge maintenant reconnu   C’est une sorte de cérémonie autour de la vie à donner et de la mort, sur le thème de: et nous que ferions-nous s’il ne nous restait plus que quelques heures à vivre ?

© Christophe Raynaud de Lage

© Christophe Raynaud de Lage

On sent parfois dans ce texte comme un souffle, celui de la tragédie et de l’épopée grecques. Des tables basse en fer grillagé avec sur chacune, un jarre d’eau: côté jardin, un beau cercle de gros morceaux de bois noirs  très minimal art et côté cour, un grand disque suspendu avec images vidéos de Benoît Lahoz qui fait penser à la disparition notre planète mais aussi à d’autres: une vraie réussite… Comme si nous assistions à une plongée dans l’espace. Reste à passer à l’oralité sur un plateau …
Et là, cela va beaucoup moins bien. Laëititia Guédon a cru bon, pour que les flots de  musique électronique ne couvrent pas les voix  de jeune acteurs, de recourir aux micros H.F. D’abord c’est totalement inefficace et  très laid quand les indispensables boîties forment de protubérances sous les costumes (assez laids: ceux du quotidien!) ou sont bien visibles sur le torse nu d’un comédien et sauf à de rares moments, nous sommes obligés d’écouter une soupe sonore, loin du texte poétique de Laurent Gaudé.
Et la metteuse en scène utilise encore les poncifs actuels: fumigènes à dose intense, lumières latérales rasantes, atmosphère crépusculaire, phrases projetées en blanc sur fond de scène noir difficiles à lire, jeu statique face public style Stanislas Nordey. Les jeunes acteurs: Marine Déchelette, Mathieu Fernandez, Élise Friha, Marine Guez, Alice Jalleau, Thomas Ribière, Julien Salignon et Jean Schabel font ce qu’ils peuvent mais ce spectacle -en soixante-dix minutes assez ennuyeuses-ressemble trop à un travail d’école qui n’aurait jamais dû  être joué en public et que vous pouvez vous épargner.
Et on se demande pourquoi  le Théâtre de la Tempête l’a programmé. Les applaudissements ont été bien frileux: cela se comprend.

Philippe du Vignal

Jusqu’au 6 avril, Théâtre de la Tempête, Cartoucherie de Vincennes. Métro: Château de Vincennes+navette gratuite. . T. : 01 43 26 36 36.

 

 

 

 

 

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