Même si le monde meurt de Laurent Gaudé, mise en scène de Laëtitia Guédon
Même si le monde meurt de Laurent Gaudé, mise en scène de Laëtitia Guédon
C’est une reprise du spectacle créé il y a deux ans au Théâtre de la Cité à Toulouse (voir Le Théâtre du Blog). une dystopie comme on dit maintenant… « 17 août, 17 h 58 : c’est la date et l’heure de la fin du monde, annoncée par les scientifiques. Au milieu du chaos provoqué par cette prédiction, une femme attend un enfant qui ne naîtra pas. Vient alors pour elle l’urgence de le mettre au monde et pour lui de vivre toute une vie en seulement quelques jours. » (…)
Que ferions-nous si cette fin du monde était annoncée pour dans quelques heures. Laurent Gaudé, est un dramaturge maintenant reconnu C’est une sorte de cérémonie autour de la vie à donner et de la mort, sur le thème de: et nous que ferions-nous s’il ne nous restait plus que quelques heures à vivre ?
On sent parfois dans ce texte comme un souffle, celui de la tragédie et de l’épopée grecques. Des tables basse en fer grillagé avec sur chacune, un jarre d’eau: côté jardin, un beau cercle de gros morceaux de bois noirs très minimal art et côté cour, un grand disque suspendu avec images vidéos de Benoît Lahoz qui fait penser à la disparition notre planète mais aussi à d’autres: une vraie réussite… Comme si nous assistions à une plongée dans l’espace. Reste à passer à l’oralité sur un plateau …
Et là, cela va beaucoup moins bien. Laëititia Guédon a cru bon, pour que les flots de musique électronique ne couvrent pas les voix de jeune acteurs, de recourir aux micros H.F. D’abord c’est totalement inefficace et très laid quand les indispensables boîties forment de protubérances sous les costumes (assez laids: ceux du quotidien!) ou sont bien visibles sur le torse nu d’un comédien et sauf à de rares moments, nous sommes obligés d’écouter une soupe sonore, loin du texte poétique de Laurent Gaudé.
Et la metteuse en scène utilise encore les poncifs actuels: fumigènes à dose intense, lumières latérales rasantes, atmosphère crépusculaire, phrases projetées en blanc sur fond de scène noir difficiles à lire, jeu statique face public style Stanislas Nordey. Les jeunes acteurs: Marine Déchelette, Mathieu Fernandez, Élise Friha, Marine Guez, Alice Jalleau, Thomas Ribière, Julien Salignon et Jean Schabel font ce qu’ils peuvent mais ce spectacle -en soixante-dix minutes assez ennuyeuses-ressemble trop à un travail d’école qui n’aurait jamais dû être joué en public et que vous pouvez vous épargner.
Et on se demande pourquoi le Théâtre de la Tempête l’a programmé. Les applaudissements ont été bien frileux: cela se comprend.
Philippe du Vignal
Jusqu’au 6 avril, Théâtre de la Tempête, Cartoucherie de Vincennes. Métro: Château de Vincennes+navette gratuite. . T. : 01 43 26 36 36.