Boléro , chorégraphie Sidi Larbi Cherkaoui et Damien Jalet, Busk, chorégraphie Aszure Barton et Strong, chorégraphie Sharon Eyal par le Ballet du Grand Théâtre de Genève.
Boléro, chorégraphie de Sidi Larbi Cherkaoui et Damien Jalet, Busk, chorégraphie d’Aszure Barton et Strong, chorégraphie Sharon Eyal par le Ballet du Grand Théâtre de Genève.
Superbe programme avec des interprètes exceptionnels mais pour seulement… quatre représentations. A Paris, les amateurs de danse contemporaine ont vécu une belle semaine (voir Le Théâtre du Blog): ils pouvaient assister à Helikopter et Licht d’Angelin Preljocaj au Théâtre de la Ville, à une reprise du ballet-culte Out of Context-for Pina d’Alain Platel au Cent-Quatre, à Vers la Mort de Sharon Eyal ou encore à Appartement de Mats Ek à l’Opéra Garnier.
Et enfin on pouvait voir ce triptyque commençant par Boléro dont la scénographie de Marina Abramović nous avait émerveillé à sa création en 2013 à l’Opéra de Paris: un miroir incliné au-dessus des danseurs double leur image et les costumes sont d’une grande beauté. «Riccardo Tiscia les a conçu en trois couches, disait Sidi Larbi Cherkaoui: une cape, une robe transparente et un justaucorps dont les broderies soulignent le squelette.» Les artistes créent des ondes circulaires qui vont croissant: effet hypnotique garanti avec la célèbre musique répétitive du Boléro de Maurice Ravel.
Busk surprend : ce deuxième programme de la Canadienne Aszure Barton qui l’a créé en 2009 en Californie, est une belle découverte. Un danseur en gants blancs réalise des pantomimes rappelant les grandes heures de Marcel Marceau: un chapeau mou est posé à l’avant-scène sous un rayon de lumière, avant qu’il ne s’en empare. Vite rejoint par ses camarades, l’artiste fusionne avec le groupe.
Cette quasi-cérémonie religieuse est faite de mouvements complexes où sont mobilisés yeux, langue orteils… To busk (en anglais : se produire dans la rue ou autres lieux publics avec musique chant, jonglage ou prestidigitation avant de faire la manche).
Strong, en dernière partie, sans doute une des plus belles pièces de Sharon Eyal, est dansée presque toujours sur la pointe des pieds avec, entre autres, des alignements de groupe ou des individualités qui se détachent, toujours d’une grande beauté. Parfois avec des mouvements saccadés et asynchrones qui rappellent les premières créations de Sharon Eyal.
Créé en 2019 au Staatsballett à Berlin, ce ballet est envoûtant. Ses dix-sept interprètes, en collant noir transparent, ont sur le visage, des tatouages ressemblant à ceux des Maoris néo-zélandais. Cette meute pleine d’énergie capte l’attention du public et le Ballet du Grand Théâtre de Genève, dirigé par Sidi Larbi Cherkaoui, est d’une exceptionnelle qualité.
Jean Couturier
Spectacle présenté du 10 au 13 avril, au Théâtre du Châtelet, Place du Châtelet, Paris (I er).
T. : 01 40 28 28 28.