Au Nom du père et du fils, texte et mise en scène de Mohamed El Mazzouji
Au Nom du père et du fils, texte et mise en scène de Mohamed El Mazzouji
Un titre repris de l’Evangile de Saint-Matthieu comme pour de nombreux livres et films dont celui de Marco Bellocchio Au Nom du père (1972). Sur fond autobiographique, ici l’auteur-acteur, marocain d’origine, nous conte ses mésaventures avec la Justice mais aussi avec sa belle-famille françaises. Après une séparation douloureuse avec sa compagne, il a été séparé de son très jeune fils. Il se bat et va d’audience en audience, sans jamais rien lâcher…pour essayer d’avoir une garde alternée, malgré les délais inévitables qui le démoralisent..
Sur la petite scène, juste deux cubes noirs et il joue tous les personnages: juge, avocat ou belle-mère en travesti avec juste quelques accessoires, costumes et perruques qu’il enfile vite fait, derrière un rideau de fils.
L’auteur-acteur raconte son aventure avec une diction et une gestuelle parfaites. Le tout sur des musiques françaises et arabes, comme pour symboliser l’écart entre deux cultures: celle du Maroc, son pays natal où il appris le théâtre, et la France: il a pu acquérir la nationalité et en est fier.
C’est tout cela qu’il met en scène avec, à la presque fin, une allusion au fameux Cercle de craie caucasien, une pièce de Bertolt Brecht où un juge doit dire à laquelle de deux mères, appartient un enfant et que Jean Dasté créa à la Comédie de Saint-Etienne avec un grand succès populaire en 56 et où débutait la grande Delphine Seyrig…
La réalisation est encore brute de décoffrage et donc à affiner, et le texte, inégal mais ce jeune acteur s’en empare avec déjà un bon métier. Flavie Fontaine depuis six ans aux manettes de La Flèche, a une fois de plus visé juste et ce petit théâtre d’essai est un tremplin efficace pour aider de jeunes metteurs en scène et acteurs à se faire connaître. Les spectacles ici se jouent une fois par semaine mais le solo de Mohamed El Mazzouji mérite amplement d’être présenté ailleurs.
Philippe du Vignal
Jusqu’au 4 juin, le mercredi à 19 h, Théâtre La Flèche, 77 rue de Charonne, Paris (XI ème). T. : 01 41 09 70 40.