Fred Blin, A-t-on toujours raison? Which witch are you? collaboration artistique de Raymond Raymondson
Fred Blin, A-t-on toujours raison? Which witch are you? collaboration artistique de Raymond Raymondson
Personnage emblématique des Chiche Capon et lunaire dans la série Scènes de ménage, il a joué aussi dans dans le film Oranges Sanguines de Jean-Christophe Meurisse, dans la série Parlement et Fêlés de Christophe Duthuron. Ce spectacle est son premier solo et il apparait en clown.
Comment réunir quelques centaines de personnes, toutes avec en signe de reconnaissance, le stigmate d’un baiser rouge sur la joue, à la sortie d’un théâtre parisien historique à 22 h, dans la joie d’une nuit printanière? Il faudrait poser la question à Fred Blin qui avait créé ce solo d’une rare intelligence au Petit Saint-Martin.
Jean Robert-Charrier a programmé pour trois représentations exceptionnelles cette performance d’acteur aux Bouffes-Parisiens, le théâtre de Jacques Offenbach. Les mots risquent d’être trop imparfaits pour dire les sensations que l’on éprouve.
Ce clown céleste commence à déconstruire avec tendresse et bouffonnerie… Fred Blin possède les codes du théâtre de rue et s’en sert avec délectation. Les rires fusent dès l’étrange prologue. Le spectacle a-t-il réellement commencé? Il nous parle de ce moment de doute. Allons-nous tous entrer dans notre rôle, lui, comme artiste de l’absurdité et nous, à priori passifs?
“Vous, vous riez, dit-il, et vous ne savez pas pourquoi.” En sabots rouges, il a une longue chevelure postiche et des lèvres outrageusement couvertes de rouge à lèvres carmin. Il se livre d’emblée à une auto-critique…à prendre avec distance: “ J’ai le sentiment qu’il y en a qui pensent que je fais n’importe quoi depuis le début”. Au milieu de la pièce, si tenté qu’il existe ici une norme de durée, un début et une fin, il incite même les spectateurs à à rentrer tranquillement chez eux. Captivés, naturellement ils ne bougent pas.
Déçu, Fred Blin lui choisit de partir, encombré d’une grosse valise jaune qu’il traîne dans un rang du parterre mais les portes du théâtre sont fermées! Il rejoint alors le plateau en se résignant à déclamer quelques nouvelles pitreries surréalistes. Entre un numéro de cirque raté et une danse improbable: « Quoi que je vive, dit-il, nous vivons tous ensemble, s’il vous plait, essayez de rester lucide ».
Il continue de demander l’heure au public de plus en plus captivé par ce qui ressemble à une improvisation: « Vous me soûlez grave ». Mais nous sommes prêts à déguster ce seul en scène jubilatoire jusqu’au bout de la nuit.
Jean Couturier
Le spectacle a été joué du 15 au 17 mai, au Théâtre des Bouffes-Parisiens, 4 rue Monsigny, Paris (II ème). T. 01 42 96 92 32. 0142969232