C’est un problème qui me hante, l’évaluation…

C’est un problème qui me hante, l’évaluation…

Le t’as aimé. T’as pas aimé?  As-tu décroché le TTTT  de Télérama ? Léa Salamé dans son émission  à la télévision Quelle époque! le samedi, invite les seul artistes qui “cartonnent”. Bizarre, cette expression! Cartonner, c’est faire une cible à la carabine à la fête foraine. Cela m’énerve. Au Théâtre de l’Unité, nous avons toujours aimé la troisième mi-temps où on retient le public avec des boissons ou une soupe pour parler du spectacle. Mais ce n’est pas toujours agréable,quand vous venez de faire une création…  Je servais la soupe après Oncle Vania et je récoltais des compliments…sur la soupe!

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Au Centre d’Art et de Plaisanterie, nous avions institué un «placotage » obligatoire. Ainsi donc, autour d’un verre de Crémant offert, le public discutait avec l’artiste. Ce soir-là, notre invité était Jérôme Savary, (mort en 2013, à soixante-et onze ans). Première réaction d’une  spectatrice : « Je me faisais une joie de voir le Magic Circus, une vraie légende dans le théâtre et j’ai vu le grand Tragic Circus.
Jérôme ne s’est pas démonté : « Des attaques, j’en ai toujours subies et voyez-vous, cela ne me touche guère.  Mais, à peine le débat terminé, il m’agresse : «Livchine, c’est un guet-apens votre machin, j’apprends que la spectatrice était une pro et qu’un journaliste de L’Est Républicain était présent, je te trouve malhonnête» Histoire de dire à quel point, le sujet est sensible…

En principe, une grande hypocrisie est de mise. Quand on n’a pas aimé, on utilise de nombreux subterfuges, du style : «Il y a de bons moments mais des petites longueurs. » Alors qu’on a dormi tout le long… Quant à moi j’aime aller vérifier quelque TTTT de Télérama ou un emballement de Fabienne Darge, une critique du Monde, avec laquelle je suis rarement d’accord. Il y a l’anecdote de critiques sérieux qui sortent d’un spectacle, et l’un dit à l’autre : « Il n’y a que le public qui a aimé.» On le sait : le goût de la critique est souvent opposé à celui du public. Comment harmoniser toutes ces contradictions ?

 

©x Jacques Livchine, Hervée de Lafond  et Claude Acquart

©x Jacques Livchine, Hervée de Lafond et Claude Acquart

Au Théâtre de l’Unité, alors que nous avions du succès, nos spectacles étaient rarement invités dans les théâtres et festivals. Notre président de l’époque Gérard Dentaux, bien introduit dans le théâtre public-il était administrateur de la maison de la Culture de la Rochelle-nous avait réunis. « Mes amis voilà, ce que l’on pense de vous chez les professionnels : de bonnes idées mais des réalisations confuses ! » Cela nous a fait mal mais nous avons aussitôt réagi et avons décidé de soigner la forme. Et nous avons sorti un bijou en 88 (scénographie et costumes de Claude Acquart), Mozart au chocolat. Moralité : ne pas en rester à l’avis des copains et chercher sans cesse l’avis des professionnels.

Depuis quelques années nous mettons un outil à destination des compagnies: la Maison Unité, avec hébergement, déjeuner, studio des Trois Oranges et éventuellement, crash-test final. Forts de nos cinquante-cinq ans de théâtre, nous donnons avis et conseils. Maintenant, Hervée de Lafond et moi, nous voilà de l’autre côté de la barrière et distribuons les bons et mauvais points. Nous disons ce que nous pensons, plus ou moins frontalement. Quand nous ne sommes pas convaincus, nous disons aussi pourquoi avec une certaine sévérité mais cherchons des solutions. Quelque quarante-six compagnies passent chaque année par la Maison Unité….

Jacques Livchine, co-directeur avec Hervée de Lafond du Théâtre de l’Unité, Audincourt ( Doubs).

 

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