Valentina, texte et mise en scène de Caroline Guiela Nguyen

Valentina, texte et mise en scène de Caroline Guiela Nguyen


Créé en avril dernier au Théâtre National de Strasbourg, ce spectacle, adapté d’un conte, est fondé sur une situation bien réelle avec un thème socio-politique comme les aime son autrice. En fond de scène, une sorte d’autel avec fausses bougies, un écran où sont retransmises les images en gros plan des visages des protagonistes et un autre, celle d’un cœur humain souffrant de plusieurs pathologies. Au centre, une grande table de salle à manger, mais aussi de bureau pour la médecin à l’hôpital. Côté jardin et côté cour, cinq barres fluo blanches verticales et devant une ligne lumineuse. Mais la scène est plongée dans la pénombre.
A Valentina, une petite fille roumaine, M. Popa, un cuisinier roumain lui aussi, explique ce qu’est La Classification Européenne des Mensonges avec chacune une lettre de A à D en fonction de leur durée. Dans chaque grande ville de l’Hexagone, les établissements de santé recourent à des interprètes pour aider les exilés parlant mal ou pas du tout français à dialoguer avec les médecins qui les prennent en charge. Mais, comme pour les démarches administratives, les adolescents scolarisés et souvent doués aident aussi leurs parents…
Valentina, à seulement neuf ans, est partie de Roumanie avec sa mère qui a une grave maladie cardiaque et espère être soignée ici. Elle a vite appris à l’école maîtriser le français et va expliquer en détail la grave maladie dont souffre sa maman au médecin qui, elle, insiste pour avoir recours  à un interprète: assez peu crédible,  d’autant plus que le dossier médical complet transmis par l’hôpital roumain est sur la table. Il n’y a pour le moment aucun espoir qu’une greffe cardiaque, mais quand il y aura une possibilité et cela peut être soit dans quelques jours ou dans des années. Pour la prévenir Valentina est équipé d’un bracelet électronique et sa mère ne doit pas déplacer plus loin que trente kms.  Le père et resté là-bas pour travailler et s’occuper de l’autre enfant.
Valentina se sert d’abord de la traduction simultanée que lui propose son portable. Mais pour accompagner sa mère, elle s’absente de l’école et écrit d’incroyables mots d’excuse qui s’affichent sur l’écran et s’enfonce, de plus en plus dans le mensonge...

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Finalement la mère arrivera à surmonter ses ennuis cardiaques mais c’est Valentina qui elle, en aura aussi mais guérira. Alléluia…Alléluia!!!!  C’est un conte et on pardonnera-peut-être-les nombreuses invraisemblances et le côté mélo appuyé de ce texte que Caroline Guiela Nguyen veut mettre au service d’une revendication socio-politique: les responsabilités endossés par de jeunes exilés, quand un membre de leur famille est malade, voire hospitalisé… et qui ne sont pas de leur âge.
Et cela fonctionne? Juste grâce au talent extraordinaire de la très jeune actrice, tout à fait authentique, et à celui des comédiens professionnels comme Chloé Catrin, même si ce rôle de médecin et directrice d’école est traité de façon caricaturale, mais les non-professionnels sont aussi impeccablement dirigés. Mais on entend très mal les acteurs à cause d’une musique de fond au piano qui n’a rien à faire là…

Quant à la mise en scène, cela va aussi nettement moins bien : Caroline Guiela Nguyen a recours à des micros H.F. dont on ne voit pas une fois de plus l’utilité, à un grossissement des visages retransmis sur grand écran par cadreur omniprésent sur le plateau, à une projection d’ image de cœur souffrant de plusieurs pathologies et on l’entend aussi très amplifié. Le tout a un petit côté brechtien mal assumé avec un commentaire en voix off et des chaises sur les côtés attendent les acteurs qui ne jouent pas dans la scène présentée. Cela fait quand beaucoup de stéréotypes! et même si la metteuse en scène veut faire contemporain,  le tout a un côté vieux théâtre poussiéreux et on s’ennuie très vite!
En fait, tout se passe comme si  Caroline Guiela Nguyen avait constamment hésité entre un théâtre documentaire (après vérification, tous les termes médicaux sont bien exacts) et un conte moral. Mais l’écriture est affligeante de banalité et la dramaturgie nous a laissé perplexe: pourquoi ces personnages secondaires qui ne disent pas grand chose… ou jouent seul ou à deux un petit air de violon. Et cette fin bien gentillette ? Sortez tous vos mouchoirs! Bref, pas de quoi délirer! Cela n’a rien d’un vrai et bon moment théâtral. On vous aura prévenu enfin si cela vous tente…

Philippe du Vignal

Jusqu’au 15 juin, Théâtre de la Ville-Les Abbesses, rue des Abbesses, Paris ( XVIII ème).

Théâtre national de Strasbourg ( Bas-Rhin), du 16 septembre au 3 octobre.

Les Célestins, Théâtre de Lyon (Rhône), du 8 au 12 octobre. Romaeuropa Festival, Rome (Italie) du 16 au 19 octobre.

Théâtre de l’Union, CDN du Limousin, Limoges ( Haute-Vienne) ,du 5 au 7 novembre. Le Channel, Calais du 14 au 16 novembre, Tandem, Scène nationale Arras-Douai (Nord) du 24 au 26 novembre.

Teatre Lliure, Barcelone (Espagne), du 8 au 11 janvier 2026. La Garance, Scène Nationale de Cavaillon (Vaucluse), les 21 et 22 janvier.

Le Grand R- Scène Nationale de La Roche-sur-Yon ( Vendée), les 4 et 5 février, Piccolo Teatro, Milan (Italie) du 14 au 16 mai.

Ruhrfestspiele, Recklinghausen (Allemagne), du 3 au 5 juin.

Valentina, adaptation du conte Valentina ou la Vérité,est publié aux éditions Actes Sud-Papiers.

 

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