Un Fil à la patte de Georges Feydeau, mis en scène de Florence Le Corre et Philippe Person

Un Fil à la patte de Georges Feydeau, mis en scène de Florence Le Corre et Philippe Person

Cette comédie en trois actes créée en 1894 avec grand succès, est très souvent montée, notamment à la Comédie Française avec un Robert Hirsch, exceptionnel dans le rôle de Bouzin. C’était il y a déjà soixante-quatre ans! Il en reste une vidéo en noir pas très bonne mais enfin… Ou, dans ce même personnage, Christian Hecq,  dans une formidable réalisation de Jérôme Deschamps.
L »histoire est aussi compliquée qu’invraisemblable mais cela fait tout le charme des pièces de cet auteur français… et polonais par sa mère… 
Après le déjeuner, Fernand de Bois-d’Enghien doit annoncer à la chanteuse Lucette Gautier qu’il rompt avec elle une longue liaison mais a bien du mal à le lui dire. Il se marie en effet avec Viviane, fille de la baronne Duverger comme annoncé dans Le Figaro du jour. Ce qu’il découvre et il va tout faire pour cacher ce journal… Sont aussi là, Gontran de Chenneviette, père d’un enfant de Lucette, Ignace de Fontanet, un ami de la famille qui a une haleine repoussante, Marceline la sœur de Lucette et Nini Galant, une jeune prostituée mondaine.

Pendant le déjeuner, Bouzin, minable clerc de notaire et auteur de chansons médiocres sonne à la porte. Il en apporte justement une à Lucette qui refuse de le recevoir. Resté seul, il glisse sa carte de visite dans un très beau bouquet pour faire croire que ce cadeau est de lui… Par ailleurs,  la baronne Duverger a demandé à Lucette de venir chanter au mariage. Elle accepte, sans savoir, bien entendu, que le futur époux est… son amant. Le valet rend sa chanson à Bouzin et lui dit que Lucette la trouve stupide. Très vexé, s’en va. Et sans aucun scrupule, la chanteuse se laisse aussi draguer par Irrigua, un général argentin réfugié en France à cause de malversations.Très amoureux de Lucette, c’est lui qui a offert ce bouquet (anonyme) accompagné d’une superbe bague. Lucette ne sait pas, bien sûr, que ce cadeau lui a été fait par le général Irrigua.. et découvre la carte de Bouzin! Elle le fait aussitôt rappeler et lui dit qu’il a malentendu et qu’elle trouve ses chansons très intéressantes…  Mais quand très en colère, elle découvre la supercherie, elle le chassera une fois de plus. Le général veut tuer Bois-d’Enghien, son rival qui lui ment : Bouzin, dit-il, est l’amant de Lucette. Il le provoque alors en duel mais Bouzin s’enfuit…
Arrivée chez la baronne Duverger, Lucette découvre son amant caché dans une armoire. Il lui dit alors qu’il y a un vent coulis dans le salon… Affolée, elle affirme qu’elle ne pourra donc pas chanter. Mais la baronne fait vérifier: il n’y a aucun courant d’air. Bois-d’Enghien explique alors la situation à Gontran de Chenneviette qui va emmener Lucette sentir le vent coulis… Bois-d’Enghien chuchote à la baronne et à Viviane de ne surtout jamais prononcer les mots : fiancé et futur gendre, sinon Lucette se sentirait mal aussitôt. Bien entendu, c’est ce que fera la baronne! Lucette s’évanouit puis dit qu’elle se suicidera. Bois-d’Enghien la persuade qu’il l’aime toujours, pour qu’elle ne se tue pas. Ils se réconcilient mais Lucette lui a glissé un épi dans le dos. Pendant qu’il se déshabille pour l’enlever, elle rouvre les portes. Tout le monde qui va à un mariage, se trompe d’étage et voit donc Fernand avec Lucette!
Mais la porte a claqué et il se retrouve seul en caleçon sur le palier. Il prend de force le pantalon et la veste de Bouzin qui est venu le voir. Viviane veut se marier avec Bois-d’Enghien et Lucette épousera finalement le général Irrigua. Bouzin, toujours victime expiatoire, sera arrêté pour nudité dans un lieu public.

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©x Ignace de Fontanet, Lucette et Bois-d’Enghien.

Une des meilleures pièces de cet auteur malgré une fin un peu difficile. Philippe Person l’a adaptée en éliminant les nombreux personnages secondaires et a fait des coupes dans ce texte ici joué en une heure quarante, au lieu de quelque deux heures ! Cela est donc parfois un peu cahotant… Quant aux éléments scéniques décrits avec précision par Georges Feydeau dans les nombreuses didascalies, ici les metteurs en scène ont  réduit le mobilier au strict nécessaire : un canapé, une petite table ronde, une malle au lieu d’une armoire, un paravent, deux portes et quelques guirlandes lumineuses…
Et cela fonctionne? Oui, malgré une distribution inégale, des ruptures de rythme et une direction d’acteurs approximative: pourquoi faire crier presque sans cesse ces jeunes acteurs? Crier oui mais exceptionnellement: ce qu’on apprend dans n’importe quel cours de théâtre. Il faudrait faire quelque choses d’urgence et Feydeau mérite mieux que cela.
Mais ils arrivent à donner une belle énergie à ces personnages habillés en costumes actuels. Tous pas moins intelligents que d’autres, mais emportés par un vent de folie qui va bousculer leur vie. Selma Hubert est une Lucette tout à fait crédible et brillante. Toujours en scène, elle porte le spectacle sur ses épaules : de la graine de bonne comédienne… Clément Ternisien (Bois-d’Enghien), Théo Brugnans (Bouzin) sont aussi très bien comme Dushan Dellic llien (Ignace de Fontanet) et Jean-Gérard Dupau ( le Général Irrigua).
Ce projet est né à l’Ecole du Lucernaire… et cela se sent. Le spectacle, encore très brut de décoffrage, aurait  besoin d’une sérieuse révision mais cela peut valoir vaut le coup d’aller rire à ce Feydeau emmené par ces jeunes acteurs qui s’en donnent à cœur joie: le public qui rit sans cesse, les a longuement applaudis… Il y a là au moins une véritable vie, loin de la prétentieuse et médiocre mise en scène par Stanislas Nordey de
L’Hôtel du Libre Echange écrit la même année 1894 par Georges Feydeau. A vous de voir si cela vaut le coup: au moins, on ne s’ennuie pas… et dans le théâtre actuel, ce n’est pas si fréquent!

Philippe du Vignal

Jusqu’au 28 juin, Le Lucernaire, 53 rue Notre-Dame des Champs, Paris ( VI ème). T. : 01 45 44 57 34.

 

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