Vertige, conception de Rachid Ouramdane, en collaboration avec Nathan Paulin, musique de Christophe Chassol

Vertige, conception de Rachid Ouramdane, en collaboration avec Nathan Paulin, musique de Christophe Chassol

Rachid Ouramdane collabore à nouveau avec Nathan Paulin, un funambule qui aime travailler dans des sites prestigieux : la Tour Eiffel, le Palais des Papes à Avignon, le Pain de Sucre à Rio-de-Janeiro. Il a engagé sept funambules pour dormir avec lui sur des câbles tendus à plus d’une vingtaine de mètres de hauteur,. Comme ces animaux les paresseux. Bien  avant que ce spectacle d’une heure commence. La musique de Christophe Chassol, interprétée par lui même, par Mathieu Edouard et Jocelyn Mienniel, est accompagné par le chœur d’enfants de la maîtrise de Radio France. S’y associent des dizaines d’acrobates au sol, habillés en blanc.

© Quentin Chevrier

© Quentin Chevrier


Pour une deuxième représentation, ils feront corps avec les spectacles de La Nuit blanche. Et avec un mélange de musiques nouvelles, traditionnelles et des chœurs. A la tombée de la nuit, le Grand Palais a un aspect féerique… Le public allongé sur des tatamis ou assis dans les gradins, regarde souvent vers la coupole et cela nous rappelle les grandes heures des Arts Sauts où nous étions sur des transats. Au rythme de la musique, sur des câbles tendus, les huit artistes créent un ballet aérien en nous en faisant oublier sa dangerosité. Des deux grands escaliers, arrivent le chœur et les acrobates au sol qui rejoignent le terre-plein central et entament des figures individuelles ou en groupe.

Il y a un très beau beau moment, quand un fildefériste vient toucher la main d’une acrobate montée du sol grâce à une pyramide humaine. En haut des grands escaliers d’honneur, une constellation d’étoiles en vidéo fait écho à l’ancien Planétarium au Palais de la découverte voisin.
Les figures acrobatiques se succèdent… Un moment calme de poésie aérienne, loin des rugissements du public aux compétitions d’escrime et de taekwondo ici même, il y a déjà un an.


Jean Couturier

Spectacle créé du 6 au 8 juin, Grand Palais, 3 avenue du Général Eisenhower, Paris (VIII ème). T. : 01 44 13 17 42.

 


Archive pour 10 juin, 2025

Grand Palais d’été

Grand Palais d’été

Des chiffres qui donnent le vertige… . Le Grand Palais avait été construit en 1894 en seulement trois ans! La grande nef: un structure de 6.000 tonnes d’acier, plus que la Tour Eiffel- soit un total de 8. 500 avec le Palais d’Antin. 10% en a été remplacé pendant une première phase des travaux et la surface de la structure de 110.000 m 2, a été repeinte avec soixante tonnes de vert léger réséda fournies par l’entreprise Ripolin! comme à l’origine. Surface au sol : 13. 500 m2 . La verrière, de toute beauté, est la plus vaste en Europe: 17.500 m 2! a, elle, été remplacée. D’où une exceptionnelle lumière zénithale…

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Le ministre de la Culture et de la Communication Renaud Donnedieu de Vabres, avait voulu qu’au lieu d’en confier gestion et programmation à des organismes privés, on mette en place un « établissement public», ce qui a été fait depuis. Et le Grand Palais a fusionné avec la Réunion des Musées nationaux. Puis une restauration de grande ampleur a eu lieu de 2021 à 2023 et l’an passé, ont pu s’y dérouler les épreuves d’escrime des Jeux olympiques. Coût : 466 millions d’€, financé en partie par un emprunt et par un mécénat de Chanel. Maintenant la totalité du bâtiment a été remise à neuf. Didier Fusillier, qui a été nommé président du Grand Palais, a annoncé la programmation inaugurée le 6 juin dans la Nef et ses abords. Avec spectacles de danse, expositions, spectacles, DJ sets, performances et parades festives sous la verrière de la nef répartie en trois espaces dont un consacré au spectacle. Au programme de cette première édition, Balloon Museum invité par Didier FusillierEuphoria,une exposition conçue par les équipes du Balloon Museum né en 2021 en Italie et par Valentino Catricala, commissaire. Avec des œuvres de Philippe Parreno, Hyperstudio, Rafael Lozano-Hemmer, Ryan Gander, A.A. Murakami, Karina Smigla-Bobinski, Cyril Lancelin, Camille Walala, Quiet Ensemble, SpY, Nils Völker, Sun Yitian, MOTOREFISICO, Alex Schweder. Cette exposition itinérante a réuni plus de soixante artistes à Berlin, Singapour, San Francisco, Los Angeles, Rome et arrive en France pour la première fois. «Véritable phénomène immersif, l’exposition dévoile une multitude d’environnements aériens Il cultive les ponts entre l’art et le divertissement, en repoussant toujours plus loin les limites de formats et d’interactions. Une exposition qui ne manquera pas d’émerveiller petits et grands ! » (sic)

Bon, mais pas de quoi être  si émerveillé …Il y a, entre autres des œuvres de Philippe Parreno, des « quasi-objets », une notion empruntée à Michel Serres. Dans une grande salle, les poissons de différentes races- baudruches gonflées à l’hélium, assez réalistes et poétiques à la fois, se baladent, mus par le souffle produit par les allées et venues des visiteurs.

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De Nils Völker, artiste allemand, connu par entre autres pour Fuchsia, Orange et Bleu Royal créée pour la M.A.D Galerie en Belgique. Ici, cent-vingt sacs-poubelle noirs se gonflent et se rétractent sans cesse comme un humain qui respire, de part et d’autre d’un long couloir. Un peu anxiogène mais impressionnant. A l’extérieur, une sorte de grand échelle en tissu plastique gonflé aux couleurs vives…d’environ dix huit m. Une « œuvre » gonflée en permanence mais pas vraiment convaincante. Et sous  la verrière, cinq gros ballons argentés qui bougent au-dessus de centaines de baudruches blanches accrochées aux balustrades des galeries.  Il y a aussi plus drôles, de grosses boules suspendues par des fils de couleur et magnifiquement éclairées qui font le bonheur des enfants. Mais beaucoup de plastique dépensé… à l’heure des économies d’énergie! Exposition payante, du lundi au vendredi.

© Joana Linda

© Joana Linda

Côté droit de la nef, à voir gratuitement, il y a une belle installation d’Ernesto Noto :  Nosso Barco Tambor Terra (Notre Barque Tambour Terre), une œuvre monumentale avec une grande voûte faite au crochet, un tapis d’écorce brune au sol et des  épices, du riz… dans de petits sacs suspendus et des instruments de percussion: gongs, tambours… Conçu pour être parcouru sans chaussures, cet environnement est fondé sur une relation fondamentale à la nature et veut «explorer la continuité entre notre propre corps et celui de la Terre, à travers la fabrication manuelle, les matériaux organiques et les techniques ancestrales. » L’œuvre, avec ses grands pans faits au crochet, suspendus par des cordes aux poutres de la grande verrière, s’inspire de l’influence de la voile et de la navigation sur les relations entre les peuples. A voir, et en plus, c’est gratuit.

Aussi gratuite: l’exposition Horizontes peintures brésiliennes, sur les balcons de la nef : une manifestation organisée dans le cadre de la saison Brésil-France 2025 avec des œuvres d’artistes contemporains de ce grand pays. Des pratiques entre mémoire collective et résonances intimes. Agrade Camíz s’inspire de l’architecture des banlieues et favelas de Rio-de-Janeiro et construit des univers colorés évoquant des espaces domestiques avec des thèmes comme la sexualité, l’oppression féminine, le corps et l’enfance. Dans les toiles de Vinicius Gerheim, la nature se mêle aux figures animales et humaines, entre sensualité et spiritualité.

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Antonio Obá, lui, étudie la culture du Brésil et ses contradictions. Sa peinture est fondée sur un acte de résistance : érotisation du corps de l’homme noir et construction de sa propre identité. Banhistas n° 3 – Espreita (Bathers no. 3-Peeking), 2020 est une œuvre étonnante où dans une belle piscine nagent deux hommes noirs ; on ne voit que leurs visages, une petite fille et… un crocodile noir. Les univers non figuratifs de Marina Perez Simão évoquent à la fois des paysages naturels, géologiques mais aussi intérieurs.

A aussi été annoncée Vertige, une expérience alliant acrobatie, musique et architecture de Rachid Ouramdane, chorégraphe et directeur de Chaillot-Théâtre national de la Danse, Chassol et Nathan Paulin, avec la compagnie de Chaillot et la maîtrise de Radio France. Un spectacle dont vous parlera Jean Couturier.

Philippe du Vignal 

Grand Palais 25 avenue du Général Eisenhower, Paris (VIII ème). T. : 01 44 13 17 17. 

Le Penseur-Au cœur de l’atelier de Rodin, adaptation, mise en scène et interprétation de Jean-Baptiste Seckler

Le Penseur-Au cœur de l’atelier de Rodin, adaptation, mise en scène et interprétation de Jean-Baptiste Seckler

Cela se passe l’atelier du célèbre sculpteur avec, côté jardin, un modèle réduit en plâtre de La Vénus de Milo, un buste grec d’homme, un petit poële en fonte, une chaise… et côté cour, quelques sellettes et une réplique du fameux et imposant Penseur (1902). Au commencement de cette «performance » donc à mi-chemin entre arts plastiques et représentation théâtrale, Auguste Rodin-Jean-Baptiste Seckler sculpte remarquablement le visage de Camille Claudel. Fascinant. Mais en voix off, on entend son amoureuse lui dire son amour mais  le prévenir: « Et surtout, ne me me trompe pas.»
Il sculpte vite et bien en silence avec le métier qui est le sien-le visage en terre de Camille, plus jeune de vingt-quatre ans… Très impressionnant.  Puis il fait plusieurs grands dessins et défend aussi avec passion sa statue d’Honoré de Balzac qui fut l’objet de virulentes critiques et qu’on peut voir boulevard Raspail… à une centaine de mètres du Lucernaire…

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Il raconte un peu de son voyage en Italie et sa passion pour ses artistes, comme Lorenzo Ghiberti qui réalisa entre 1425 et 1452 la Porte du Paradis dorés à l’est du baptistère de Florence, une des œuvres les plus célèbres de la Renaissance. Le sculpteur nous parle aussi de L’Age d’Airain qu’il créa sous l’influence de Michel-Ange (1475-1564) qui l’a tellement inspiré. Il voulait rendre le vrai avec cet homme nu, au genou droit, un peu fléchi et au bras droit levé et plié… comme L’Esclave mourant de ce génie.
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n 1877, c’était sa première statue en bronze et il avait trente-sept ans: cette œuvre  lui apporta enfin la reconnaissance et des commandes de l’État puis de particuliers. Auguste Rodin qui en avait été très blessé, dénonce aussi l’accusation de moulage sur nature qu’on lui avait faite

Il raconte aussi qu’il réalisa en 1883 un buste en plâtre du grand écrivain qui avait quatre-vingt un ans et était réfractaire aux séances de pose exigées, même quand il posait chez lui ! Il dit aussi son admiration pour Rembrandt et des écrivains comme ou Charles Baudelaire ou Dante : l‘État lui commandera La Porte de l’enfer, inspirée par la Divine Comédie. 
Cette plongée au cœur de la vie d’un grand sculpteur auquel Jean-Baptiste Seckler ressemble physiquement, ne manque pas d’intérêt. Après plusieurs films et documentaires sur lui :
Camille Claudel (1988) de Bruno Nuytten avec Gérard Depardieu et Isabelle Adjani. Et Rodin de Jacques Doillon (2017).
Mais Jean-Baptiste Seckler qui avait déjà joué ce spectacle à l’Essaïon en 2019, est tout à fait à l’aise dans ce double rôle, à la fois sculpteur in vivo et comédien incarnant Auguste Rodin avec tact. Il y a aussi quelques belles images de sculptures et de modèles projetés sur un simple drap blanc.
Mais le plateau mériterait d’être désencombré : une réplique
du Penseur occupe une trop grande place et ce court spectacle gagnerait à être dirigé par un metteur en scène… Jean-Baptiste Seckler est presque toujours face public côté jardin ! Ou il joue de dos. Tant pis, pour ceux comme nous qui sommes assis côté cour.
Enfin, ces soixante minutes passent très vite et on assiste-ce qui est rarissime-au travail d’un sculpteur à quelques mètres de nous et les textes d’Auguste Rodin méritent d’être connus.
Mais il faut monter par un escalier en spirale pour atteindre ce Paradis situé au troisième étage! L’ouvreuse a beau nous dire avant la représentation, qu’il y a aussi une sortie de secours en fond de scène, quid, en cas de pépin, si les spectateurs-en général pas très jeunes dont certains ont une canne-essayaient de descendre en vitesse par ce foutu escalier? Reste l’autre qu’il faudrait atteindre malgré tout ce bric-à-brac sur le plateau! La commission de sécurité est sans doute passée mais cela fait quand même froid dans le dos. 

 Philippe du Vignal

 Jusqu’au 27 juillet, Le Lucernaire, 53 rue Notre-Dame des Champs, Paris (VI ème). T. : 01 45 44 57 14.

 

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