Red carpet, chorégraphie d’Hofesh Shechter
Red carpet, chorégraphie d’Hofesh Shechter
Nous suivons cet artiste depuis longtemps (voir Le Théâtre du Blog) au Théâtre de la Ville ou à l’Opéra de Paris dont il connait bien les danseurs avec qui il a déjà travaillé pour les entrées au répertoire de The Art of not looking back (2018) ou UprisingetIn your rooms, quatre ans plus tard.
Ici il crée en première mondiale, un spectacle d’une heure cinq pour un groupe qu’il a sélectionné. Le titre est selon lui «un clin d’œil à l’espace du Palais Garnier, avec rideau rouge et dimension glamour ». Glamour aussi les costumes de la maison Chanel…
Mais pas d’étoiles pour cette chorégraphie très réussie: ouverture d’un rideau rouge sur les danseurs en trois plans successifs, descente magique d’une réplique du lustre du Foyer de la danse (habituellement derrière le plateau) et mouvements des artistes autour. Ou encore présence de quatre musiciens sur une plate-forme en hauteur au fond de scène et encadrés, eux aussi, par des rideaux rouges.
Hofesh Shechter a réussi à établir une belle cohésion entre tous les interprètes qui semblent appartenir à sa compagnie. « Ce sont eux qui ont été ma source d’inspiration après de longues périodes de répétition, dit-il. J’ai sélectionné un groupe et non des individus. Ce qui importe est le chemin que l’on a emprunté ensemble : une forme de voyage. » Il propose des mouvements, puis laisse faire ses danseurs : donc finalement, une création collective. Il crée en même temps musique et chorégraphie.
Nous découvrons la belle création-lumière, souvent en contre-jour de Tom Visser pour cette chorégraphie. Magique presque irréelle. Enfin les costumes nous transportent dans une soirée chic à l’esthétique décadente, celle de films comme Eyes Wide Shut ( Les Yeux grand fermés ) de Stanley Kubrick (1999) ou La grande Bellezza de Paolo Sorrentino(2013).
Aussitôt, nous reconnaissons tous les codes d’Hofesh Shechter, comme cette danse saccadée et énergique, presque tribale qui laisse parfois une individualité s’extraire du groupe dans un mouvement violent. Mais les gestes deviennent plus lents, presque au ralenti. On passe d’une fête dionysiaque, à une chorégraphie moins lisible… qui s’essouffle et ennuie. Un parti-pris que nous avons du mal à suivre.
Cela n’enlève rien au talent des artistes de l’Opéra national de Paris qui vivent ici une très belle expérience. Attention, musique assourdissante : il faut donc absolument se protéger ( bouchons d’oreille distribués) sous peine de ressortir avec des acouphènes. Mieux vaut garder les images de ce spectacle qui répondent bien à l’aspect glamour de cet Opéra Garnier que les créateurs de mode adorent utiliser.
Jean Couturier
Jusqu’au 14 juillet, Opéra de Paris, Palais Garnier, Paris (VIII ème). T. : 08 92 89 90 90.