Souvenirs d’un jeune homme de Gaspard Cuillé et Benjamin Romieux, d’après La Vicomtesse d’Eristal n’a pas reçu son balai mécanique et En Marge du théâtre de Jean Anouilh, mise en scène Emmanuel Gaury

Souvenirs d’un jeune homme de Gaspard Cuillé et Benjamin Romieux, d’après La Vicomtesse d’Eristal n’a pas reçu son balai mécanique et En Marge du théâtre de Jean Anouilh, mise en scène Emmanuel Gaury

©x Jean Anouilh en 1940

©x Jean Anouilh en 1940

Qui connaît encore, parmi les jeunes acteurs et metteurs en scène, cet auteur disparu en 1987 ? Jean Anouilh publie la même année juste avant de mourir La Vicomtesse d’Eristal n’a pas reçu son balai mécanique, un livre de souvenirs. Ce jeune Bordelais débarqué à Paris, ne connaissait rien au théâtre mais rencontre  Jean-Louis Barrault au lycée Chaptal,  Jean Giraudoux en 1928 à la comédie des Champs-Élysées où se jouait Siegfried. Il lit Paul ClaudelLuigi PirandelloGeorge Bernard Shaw. Il y a pire école pour un futur dramaturge…

Jean Anouilh travaille quelques semaines au bureau des réclamations des Grands Magasins du Louvre, puis deux ans à l’agence de publicité Étienne Damour, chargé de trouver des slogans pour vendre des instruments ménagers et y rencontre des poètes comme Jacques PrévertGeorges Neveux mais aussi Paul Grimault,  et Jean Aurenche, futurs réalisateurs de cinéma. Mais il a déjà l’envie d’écrire pour le théâtre et en 1932, Jean Anouilh fait représenter sa première pièce, Humulus le muet, écrite avec Jean Aurenche. Echec.
Mais il propose 
L’Hermine à Pierre Fresnay qui veut la jouer et la crée au Théâtre de l’Œuvre avec 90 représentations ! Inespéré pour un auteur inconnu… L’adaptation au cinéma lui procure un peu d’argent et il peut faire déménager ses parents «vers la banlieue de leurs rêves »
Il offre
 ensuite Le Voyageur sans bagage à Louis Jouvet dont il était devenu le secrétaire général quand le grand metteur en scène dirigeait la Comédie des Champs-Elysées,. Mais les rapports étaient difficiles entre eux… Louis Jouvet laissa traîner et finalement, Jean Anouilh donne le manuscrit à Georges Pitoeff. « il me dit simplement qu’il allait monter ma pièce de suite. Puis, il me fit asseoir et se mit à me la raconter… J’étais jeune, je ricanais (intérieurement) pensant que j’avais de bonnes raisons de la connaître. Je me trompais. Je m’étais contenté de l’écrire, avec lui, je la découvrais… (…) Ce pauvre venait de me faire un cadeau princier : il venait de me donner le théâtre. »
Grand succès
avec cent-quatre vingt dix représentations ! Ce dont le pauvre et jeune auteur devenu tout à coup célèbre lui fut éternellement reconnaissant. En 40, c’est la guerre, Jean Anouilh est mobilisé et affecté à Auxerre, comme secrétaire d’un commandant. Fait prisonnier en juin, il est libéré grâce à l’oubli d’un tampon sur son livret militaire et fait croire à son arrestation comme civil. Jean Anouilh rejoint alors à Paris, sa femme et son bébé.

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En 40 Le Bal des voleurs est repris par André Barsacq au théâtre de l’Atelier puis suivent deux nouveaux succès avec Léocadia, mise en scène de Pierre Fresnay et Le Rendez-vous de Senlis, dans ce même théâtre et toujours par André Barsacq. Chacune avec environ 170 représentations ! Très rare aujourd’hui.
Jean Anouilh raconte très bien la tragédie que fut l’invasion des troupes allemandes et l’exode des civils vers le Sud de la France. À l’été 1941, avec sa femme, ils se réfugient dans le Béarn où il travaillera à Eurydice. Ils protègent Mila, juive d’origine russe et femme d’André Barsacq et l’hébergeront plusieurs mois à leur retour à Paris.
Il fait jouer Eurydice inspirée par le célèbre mythe, une pièce qu’a mise en scène Emmanuel Gaury ici même (voir Le Théâtre du Blog). Puis en 44 donc pendant l’occupation allemande, une Antigone jouée avec grand succès. Suivirent plus tard, des comédies comme entre autres, Pauvre Bitos… Mais connu pour avoir flirté avec l’extrême droite-peut-être est-ce la raison- il n’a jamais ou très peu été joué dans les théâtres et centres dramatiques nationaux. Mais depuis quelques années, son théâtre est de nouveau mis en scène mais toujours dans les théâtres privés.
« Dans ce recueil sous-titré : Souvenirs d’un jeune homme, Jean Anouilh jette surtout un regard tendre et amusé sur ses débuts d’auteur sans le sou, dit le metteur en scène. Ces textes que nous marions à des pensées trouvées dans un autre recueil d’Anouilh, En marge du théâtre, n’ont jamais été portés à la scène. Ils racontent tous l’itinéraire d’un homme qui s’est trouvé en passant de la plume à la scène. »

Sur le plateau, une petite table, une lampe, quelques livres. C’est toute la vie d’un homme qui défile devant nous et les deux anciens élèves de Jean-Laurent Cochet, nous livrent avec plaisir et une impeccable diction, cette tranche d’histoire du théâtre. Le public, pas très jeune qui visiblement a fréquenté l’œuvre de Jean Anouilh, est réjoui, en entendant ces jeunes acteurs s’emparer de l’histoire de celui qui a toujours été en marge, qui n’a rien fait pour se rendre sympathique… Mais dont les comédies, bizarrement, ressurgissent ces derniers temps…

Philippe du Vignal

Jusqu’au 7 juillet, Théâtre de Poche-Montparnasse, 53 boulevard du Montparnasse, Paris T. : 01 45 44 50 21.

 

 

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