On ne jouait pas à la pétanque dans le ghetto de Varsovie d’Éric Feldman, mise en scène d’Olivier Veillon

 

 On ne jouait pas à la pétanque dans le ghetto de Varsovie d’Éric Feldman, mise en scène d’Olivier Veillon

 Ce récit intime auto-fictionnel évoque avec singularité, l’horreur de l’holocauste et ses conséquences dans la grande Histoire et dans la propre existence de l’auteur et interprète, Éric Feldman. Célibataire et sans descendance, il fait le bilan de sa vie et explore avec humour et gravité les traumatismes des «enfants cachés »,  survivants de la Shoah : ses parents, ses oncles et tantes, son grand-père Moshé.

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Le spectacle s’ouvre avec légèreté et décalage sur le thème de la relaxation. Un début surprenant et plein d’humour, pour une pièce sur la Shoah… Le narrateur-personnage a de quoi s’occuper : carnet de notes, tasse, théière, téléphone portable.Dans la salle encore éclairée, il s’adresse à nous : « Je disais la détente… La détente, c’est pas évident. Être détendu, c’est pas évident, mine de rien. » Eric Feldman nous fascine, passant d’une humeur enjouée à un état dépressif, avec ironie et drôlerie personnelles, très communicatives. Le rythme de sa voix, tout en nuances, ses regards, et un sourire complice, tendre ou malicieux, la rareté des déplacements font de ce spectacle une véritable performance d’acteur et un devoir de mémoire, à la profonde efficacité.
Recourir à l’humour pour nous rappeler l’atrocité et l’innommable des camps nazis, est un tour de force. Peut-on s’amuser de tout? Oui, dans cette pièce plus proche d’un récit-témoignage, que d’un solo, aucun pathos, aucune morale mais des paroles qui nous touchent et nous surprennent… Éric Feldman passe d’un registre grave, à ceux de la vie ordinaire : la psychanalyse, le yoga… La langue expressive, riche de théâtralité et l’humour juif, parviennent à nous fait rire et simultanément à penser toujours et encore : « Plus jamais ça.  » C’est aussi notre destin à chacun ici posé, face aux tragédies de l’Histoire qui s’abattent sur la vie des hommes. Une grande émotion s’empare du public, face à l’injustice sans limite ! Les souvenirs d’Éric Feldman comme ceux de ses ancêtres, semblent surgir en sa mémoire au fil des mots et créent une temporalité de l’instant-même, donnent un remarquable  sentiment de véracité au récit et à ce moment tragique de l’Histoire.
 Le spectacle original, sobre et vif comme une alerte, ravive en ce XXI ème siècle, notre conscience, et éclaire, espérons-le, celle des jeunes générations : ne jamais oublier malgré le temps qui passe. Surprise, à la fin de la représentation et face à l’atrocité, un souffle nous traverse l’esprit : le miracle d’être vivant !

 Elisabeth Naud

 Spectacle vu le 29 juin, au Théâtre du Rond-Point, Paris ( VIII ème).


A partir du 6 septembre, Théâtre du Petit Saint-Martin, 17 rue René Boulanger, Paris ( Xème). T. : 01 42 08 00 32

 

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