Festival d’Avignon Every-body-knows-what-tomorrow-brings-and-we-all-know-what-happened-yesterday, concept et chorégraphie de Mohamed Toukabri
Festival d’Avignon
Every-body-knows-what-tomorrow-brings-and-we-all-know-what-happened-yesterday, concept et chorégraphie de Mohamed Toukabri
En partenariat avec Les Hivernales-C.D.C.N. d’Avignon, un surprenant solo… «Le titre joue sur une dualité: Everybody, tout le monde, et every body, chaque corps, dit son auteur et interprète. Il y a cette tension entre l’individu et le collectif, entre les corps qui dansent aujourd’hui et ceux qui les ont précédés. C’est surtout cette épaisseur temporelle qui m’intéresse »
L’autrice nigériane Himamanda Ngozi Adichie, présente au festival 2023, écrivait: «Le passé ne dit pas seulement ce qui s’est passé hier, mais il éclaire aussi ce qui se passe aujourd’hui. L’Histoire est là, inscrite en nous, dans nos gestes, nos postures, nos mémoires. Nos corps sont des archives. Ils portent des héritages visibles et invisibles, des transmissions parfois légitimes, d’autres marginalisées. Ce sont des questionnements que j’ai tout particulièrement ressentis lorsque j’étais étudiante en danse. Dans de nombreux cours, il était demandé aux élèves de laisser leurs bagages personnels au vestiaire. L’apprentissage institutionnel tend à lisser ces traces, à nous délester de nos histoires. »
Mohamed Toukabri, beau et bon danseur, a fait un autre choix: durant une heure, il occupe les moindres recoins du plateau et son corps en mouvement répond à la voix off qui l’accompagne. Même s’il revendique le « silence”: inscrit sur un panneau à la fin du spectacle, cette accompagnatrice est très présente. « C’est curieux chez les marins, ce besoin de faire des phrases.» disait Maître Folace, joué par Francis Blanche, dans Les Tontons Flingueurs réalisé par Georges Lautner et sorti en 1963. Cette réflexion pourrait illustrer les propos de nombreux chorégraphes: depuis quelques années, ils ne cessent de parler de leur art.
Cette pièce reprend les mots d’une grande intelligence, avec une pointe d’humour, de l’artiste tunisienne Essia Jaïbi: « Je ne suis pas Mohamed, je suis juste une voix… Ceci n’est pas un exercice de compréhension mais une invitation à écouter autrement. … Où sont les sous-titres, le corps n’en n’a jamais eu. Et enfin, la danse est une langue à part entière ou plutôt des langues. »
Une chorégraphie rapide et fluide : le danseur est ici en perpétuel mouvement. Et même si le spectacle a quelques longueurs, nous avons assisté à un belle défense de cet art historique de la danse.
Jean Couturier
Jusqu’au 20 juillet, Les Hivernales-C.D.C.N. d’Avignon.


