Festival Les Zébrures d’automne 2025 à Limoges

Festival Les Zébrures d’automne 2025 à Limoges chapitre I  et à suivre

Iqtibas, Allumer son feu au foyer d’un autreécriture et mise en scène de Sarah M., création musicale d’Hussam Aliwat ( spectacle en français et en arabe marocain, surtitré en français et en arabe)

Les Zébrures d’Automne cette année ont été consacrées à des créations au Moyen-Orient et au Maghreb. Iqtibas a été joué au Centre culturel de Saint-Junien (12.000 habitants), pas très loin de Limoges dans ‘une très belle salle avec un grand plateau. Quatrième création de la compagnie Beïna (en arabe: entre) où Sarah M. parle de l’héritage colonial par le biais d’une histoire amoureuse que vont vivre une Marocaine, Balkis (Hayet Darwich) et un Français, Abel (Maxime Lévêque). Lui est enseignant, et elle, veut revenir au Maroc, pays de ses ancêtres où vient d’avoir lieu un terrible séisme. Abel, des jours et des jours sans nouvelles, se retrouvera face à lui-même…

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Sur fond d’un passé que personne ne veut voir, celui de la colonisation du Maghreb et ensuite de la guerre d’indépendance en Algérie qui n’a jamais été nommée comme telle pendant très longtemps mais qui a marqué des millions d’Algériens et de Français.
Sarah M. parle aussi de ce tremblement de terre et de cet héritage colonial bien embarrassant pour la jeunesse actuelle du pays de ses ancêtres.
Les deux langues-arabe et français- se croisent ici. Mais est-on dans le récit d’une fable politique ou au théâtre, avec un véritable dialogue entre ces jeunes gens qui voient leur amour se fracturer ?

Le dialogue entre ces personnages peine à émerger sur ce trop grand plateau absolument nu et peu éclairé et que la musique d’Hussam Aliwat à la console, ne parvient pas à soutenir. Et les micros H.F. une fois de plus comme les indispensables surtitrages, n’arrangent rien,.. Malgré la belle présence des interprètes, nous sommes restés sur notre faim…

Philippe du Vignal

Spectacle vu le 3 octobre au Centre culturel de la Mégisserie, Saint-Junien (Haute-Vienne).

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Sogra, Une étoile dans le ciel
, co-auteur et mise en scène : Hatem Derbel, musique de Wadah Ouni

Hatem Derbal, metteur en scène et acteur tunisien, a présidé la trente-neuvième édition du festival international d’Ezzahra 2.016 et a été le directeur des Journées Théâtrales de Carthage de 2017 à 2019. Il crée des pièces de théâtre pour jeune public ou adultes.
Cela se passe dans un futur proche ; deux femmes sont en quête désespérée de la légendaire Sogra, une cité futuriste promise, une sorte de refuge où elles pourraient se réfugier contre les tourments du monde. On pense bien sûr, à Neom, une gigantesque ville nouvelle d’Arabie saoudite, actuellement en construction depuis sept ans à l’Est de l’Égypte, sur 26.500 km² (soit le double de l’Ile-de-France!) avec complexe industriel flottant, centre commercial mondial, stations touristiques et une ville, où des robots assumeraient sécurité, logistique, livraison à domicile, soins. Cette cité serait alimentée uniquement par l’énergie éolienne et solaire. Le tout à l’horizon 2.030…

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Ici, ces femmes, sous le poids de leur passé, craignent pour leur avenir mais guidées par les étoiles, elles rencontreront un vieil homme et ensemble, confrontent leurs souvenirs, désirs et peurs. L’intelligence artificielle devrait régler tous les problèmes de cette ville refuge où existerait réellement » un pays d’amour, sans douleur sans maladie, sans souffrance sans pleurs, sans peur sans tristesse, Personne n’est fatigué, personne ne vieillit, ne s’affaiblit, ne dépérit. »
Ce spectacle reprend le vieux mythe souvent exploité dans le théâtre pour enfants, d’un long voyage aux multiples épreuves avant d’arriver à la terre promise : « La route est tracée dans ma tête, toute la carte. J’en connais les risques, j’en connais les raccourcis et les voies de traverse. Mais la prudence reste de mise… la route est dangereuse et tu n’en imagines pas les dangers. Les chemins qui t’ont menée ici, game, spel, gioco, youxi, Sogra les dépasse d’un niveau. Tu ne verras que ce qu’ils voudront que tu voies. Nous verrons des bêtes dont tu n’imaginais pas l’existence. Tu seras transie de peur, c’est normal. Mais attention, il est interdit de crier, parler haut est ton ennemi, ça réveille les bêtes. Il faut que tu aies une confiance aveugle en moi et quand je te demande de marcher, tu marches ; De te baisser, tu te baisses ; de courir, tu cours ; Tu rampes, tu t’aplatis, tu t’arrêtes, tu retiens ton souffle et si on en arrive là, je te dirais de tuer, tu tueras (…) Lama : ta route est dangereuse. J’ai vu la mort de mes propres yeux. J’ai dû prendre des décisions qui ne me ressemblent pas pour y parvenir Zaouak : Je ne suis pas responsable du chaos et de la violence. Notre accord s’arrête 1 km avant la ville. Je ne vais pas plus loin. »

Une recherche souvent couronnée de succès vers un avenir meilleur où liberté et dignité leur seront enfin offertes.. Mais ici la voix de la graine s’accapare l’écran.  » Je suis là, j’emprunte votre langue pour vous dire que je sèmerai le chaos Le chaos va déferler sur vous et engloutir Sogra votre ville-mensonge Aujourd’hui ou demain. Vous avez peur, je vous fais peur, je m’en réjouis. Cette même peur que vous avez utilisé contre les êtres pour diviser et contrôler. Moi la graine, graine de la honte, graine de Kali, monstre mythique coupe les têtes suce le sang jusqu’à ce que les veines s’assèchent Kali est à la porte de Sogra, elle n’entrera pas. Elle attend sa ville « Kallipolis », son rêve, je le lui ai promis. Moi, la graine, j’ai hérité du savoir du ciel de ses étoiles, de ses constellations, de son pouvoir pour qu’Argos advienne, une étoile qui illumine un ciel sombre et veille sur l’humanité. Argos pas Sogra.. Vous avez changé les codes d’accès mais je reviendrai après le chaos pour écrire un futur sans mensonge.Je ne suis pas un humain, Je ne saigne pas. »
La remarquable réalisation vidéo de Sergio Gazzo est sans doute envahissante mais, sur la musique de Wadah Ouni, Senda Ahmadi, Taoufik El Ayeb et Basma El Euchi donnent vie à cette quête poétique. Même s’il y a comme souvent, des longueurs et un trop plein d’informations : texte, images, musique, jeu…  le spectacle mérite d’être vu.

Philippe du Vignal

Spectacle vu le 4 octobre au Centre Culturel Municipal Jean Gagnant, Limoges ( Haute-Vienne


Archive pour 7 octobre, 2025

Thikra : Night of Remembering, chorégraphie d’Akram Khan, concept narratif de Manal AlDowayan et Akram Khan

Thikra : Night of Remembering, chorégraphie d’Akram Khan, concept narratif de Manal AlDowayan et Akram Khan

Ce spectacle a été créé sur le site archéologique Madā’īn Ṣāliḥ (I er siècle av J. C.) à vingt-trois kms d’Al-Ula en Arabie Saoudite. Classé au patrimoine mondial par l’Unesco, il abrite des vestiges d’époques lihyanitedadanitenabatéenne puis romaine. Le prince Mohammed ben Salmane, veut y créer un parc naturel, touristique, archéologique et culturel d’une superficie équivalente à la Belgique et une annexe du Centre Pompidou ouvrira en 2028 à Al-Ula.
Pour ce spectacle
qui a ouvert la quarante-cinquième édition du festival Montpellier-Danse, le chorégraphe a travaillé avec une artiste saoudienne et les quatorze danseuses évoluent dans un décor suggérant Madā’īn Ṣāliḥ où on peut voir des tombeaux taillés dans la roche, les ruelles de la vieille ville et les montagnes. La scénographie de Manal Al Dowayan suggère ce désert avec une formation rocheuse, une grotte et les amples costumes permettent de vastes mouvements.
Parmi les danseuses, Azusa Seyama, du Tanztheater de Wuppertal et Ching-Ying Chien, que nous avions vue dans Room de James Thierrée et dans Outwitting the Devil, chef-d’œuvre du chorégraphe, présenté au festival d’Avignon 2019 (voir Le Théâtre du Blog). Avec Thikra (en arabe : souvenir), Akram Khan représente ici un passé révolu.

© AKC_Thikra

© AKC_Thikra

Les mouvements de groupe sont d’une grande beauté et les gestes précis et harmonieux. Mais la grotte, trop imposante, limite la mobilité des danseuses aux deux tiers de la profondeur du plateau! Azusa Seyama joue une sorte de prêtresse en robe pourpre apparaissant en haut du rocher. Ching-Ying Chien, vêtue de blanc, semble être le symbole de l’innocence et de la pureté. Deux danseuses en costume noir interprètent des sorcières mais la chorégraphie manque de lisibilité et il n’est pas facile de comprendre les liens unissant ces personnages, notamment les danseuses en sari. Chaque déplacement de cette communauté est rythmé par une musique assourdissante d’Aditya Prakash. (Prudence : mettre les protections d’oreille distribuées à l’entrée). Un très beau jeu unit les danseuses aux  longues chevelures dans des postures sophistiquées mais les tableaux se succèdent de façon inégale et hypnotique en une heure. Nous sommes ressortis déçus par cette chorégraphie qui nous a laissé un peu perdu dans ce lointain désert…

Jean Couturier

Jusqu’au 18 octobre, Théâtre de la Ville-Sarah Bernhardt, 2 place du Châtelet, Paris (IVème). T. : 01 42 74 22 77.

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