Il s’en va – Portrait de Raoul (suite) de Philippe Minyana mis en scène de Marcial Di Fonzo Bo

Il s’en va – Portrait de Raoul (suite) de Philippe Minyana mise en scène de Marcial Di Fonzo Bo

La première partie de ce monologue créé il y a sept ans avait connu un beau succès (voir Le Théâtre du Blog) déjà avec Raoul Fernandez.  Costume noir pailleté, visage maquillé de blanc, il a une singulière présence. Il raconte quelques moments de sa vie et interprète quelques chansons entre autres de Carlos d’Alessio, Kurt Weill, Georges Van Parys, accompagné par un piano droit qui joue tout seulVenu du Salvador, il a été costumier pour de nombreux théâtres, avant d’être acteur et chanteur, entre autres dans L’Hôtel du Libre-Échange mise en scène par Stanislas Nordey. « 
Première et belle image: on le voit étendu dans la pénombre avec, à côté de lui, une couronne de fleurs blanches. « Le corps est cette étendue, écrivait le philosophe Jean-Luc Nancy, par lequel je touche à tout, par ce contact même je suis séparé de tout. Le corps  est ce qui me met dehors , au sens où le sujet est toujours hors de soi, c’est moi en tant qu’extériorité. »

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Raoul Fernandez sait mettre en valeur ce corps, et cela quel que soit le thème abordé. Il nous parlera de sa mère Betty, une merveilleuse couturière qui lui aura donné le goût de son métier mais aussi de son arrivée à Paris, quand il découvre le théâtre français et les comédiens. Avec quelques confidences sur sa vie privée: «Raoul, il faut que tu arrêtes toutes ces cochonneries qu’on fait avec les hommes ; sauf que l’année suivante j’étais à nouveau amoureux d’un acteur beau comme un dieu, mais l’acteur aime les dames et moi j’ai beaucoup souffert ». Il raconte aussi qu’il a rencontré Rodolf Noureev quand il travaillait aux ateliers de couture à l’Opéra de Paris. Puis les metteurs en scène Marcel Maréchal et Stanislas Nordey…

Il y a de très beaux moments dans ces confidences, entre autres, quand il parle de sa rencontre dans un café sordide avec Madame X, un travesti qui lui offre des pilules pour faire grossir ses seins mais qui lui font terriblement mal aux jambes… Il parle de lui, de ses amours mais surtout du théâtre, avec une rare élégance- diction et gestuelle impeccable, toujours souriant et drôle…
Raoul Fernandez est dirigé avec une grande précision par Marcial Di Fonzo Bo. Côté bémols : le texte n’a pas la force de celui du premier opus et accuse des faiblesses. Et on ne voit pas le pourquoi,  à la fin, de ces tombés de grands rideaux et ces jets de fumigènes (c’est devenu une fois de plus notre pain quotidien et une sorte de rituel quel que soit le type de théâtre, il faudra s’y faire!). Pas grave, reste le jeu merveilleux et la générosité de cet acteur hors-normes qui, en une heure, sait offrir le meilleur de lui-même. Et ce n’est pas si fréquent. Le public l’a chaleureusement applaudi.

Philippe du Vignal

Jusqu’au 18  octobre, Les Plateaux sauvages, 5 Rue des Plâtrières,  Paris (XX ème). T: 01 83 75 55 70.

Le texte est publié aux Solitaires Intempestifs..

 


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