Les Producteurs de Mel Brooks et Thomas Meehan, mise en scène d’Alexis Michalik

Les Producteurs de Mel Brooks et Thomas Meehan, mise en scène d’Alexis Michalik

©x Mel Brooks sur le tournage des Producteurs

© x Mel Brooks sur le tournage des Producteurs

Avec Le Porteur d’histoire il y a déjà treize ans, le spectacle qui l’avait fait connaître,  Le Cercle des illusionnistes, 2014, Edmond, 2016, Passeport, 2024 (voir Le Théâtre du Blog),  le metteur en scène est maintenant reconnu et a su fidéliser un public qui n’allait pas beaucoup au théâtre. Le célèbre film satirique (1967) de Mel Brooks deviendra ensuite un spectacle joué 2. 500 fois à Broadway, avec  douze Tony Awards au compteur. Les Producteurs avait été adapté et mi en scène  pour la première fois en France il y a quatre ans par Alexis Michalik. Une grosse machine dont il remet le couvert avec une nouvelle troupe de seize artistes et sept musiciens, autant de techniciens sur scène et d’invisibles mais nécessaires habilleuses en coulisse…

C’est une adaptation du film de Mel Brooks qui a fêté son quatre-vingt-dix neuvième anniversaire cette année… Max Bialystock (Florent Peyre) était le roi de Broadway mais ses derniers spectacles ont fait un bide complet et qui l’ont presque ruiné. Il mène pourtant une vie luxueuse, grâce à l’argent de vieilles dames très riches…et portées sur le sexe. Un jour, un expert comptable du fisc, Leopold Bloom (Alexandre Faitrouni) vient vérifier les comptes du théâtre. Il manque 2.0 00 $! que le producteur reconnait avoir dépensés pour son usage personnel et il lui demande de truquer les chiffres.
Leopold Bloom accepte mais lui dit que 
monter la plus médiocre comédie musicale possible et ensuite tout faire pour qu’elle fasse un bide,  serait bien plus rentable qu’un succès.…Cela permettrait en effet de garder le maximum d’argent pas investi. Séduit, Max Bialystock n’a pas trop de scrupules et va essayer de trouver une pièce qui mènerait à un échec complet et embarque avec lui, ce Léopold  timide, mal dans sa peau et un peu affolé… C’est totalement foldingue mais très drôle. Même si on ne comprend pas très bien cette stratégie géniale mais qu’importe, c’est le moteur de l’intrigue.. 

© Alessandro Pina

© Alessandro Pina

Max Bialystock et Léo Bloom cherchent donc un livret écrasant de nullité et finissent par en trouver un, Des fleurs pour Hitler, un texte glorifiant le Führer et le troisième Reich, écrit par Franz Liebkind, un ancien nazi bavarois en culotte de cuir auquel tient compagnie une dizaine de pigeons… Le producteur obtient vite de ses chères vieilles dames au moins un million de dollars. L’argent coule à flots et il fait repeindre son bureau et engage une secrétaire suédoise en mini robe blanche très sexy,  recrute Roger de Bris, un metteur en scène inconnu mais garanti sans aucun talent et fait passer des auditions. Lorenzo Saint Dubois, dit LSD, un acteur qui s’était trompé de théâtre, est choisi pour incarner Hitler. Quelques mois plus tard, a lieu une avant-première avec d’abord, un semblant de comédie musicale dont le thème -la glorification d’Hitler- évidemment, choque le public. Mais cela ne se passera pas comme prévu.  Quand LSD entre  en scène, les rires fusent dans le public !Roger de Bris a transformé sa pièce en une satire très efficace. Franz Liebkind, absolument furieux, va essayer mais en vain, d’interrompre les représentations. Et ce succès commercial ruinera Max et Leopold.
Et l’ auteur 
 veut les tuer. Max le persuade qu’à trois, ils pourront arrêter le désastre. Ils essayeront de faire exploser le théâtre mais finissent sous les décombres! Arrêté et jugé coupable, Leopold expliquera à la Juge que Max a changé sa vie et celles de beaucoup de gens. L’ancien producteur, lui, estime avoir retenu la leçon. En taule, Max, Leo et Franz, ce trio de bras cassés, travaillent à une nouvelle pièce Prisonniers de l’amour qu’ils espèrent, cette fois, être un succès. Mais incorrigibles, ils se remettent à vendre plus d’actions que nécessaire, aux prisonniers et aux gardiens….

© Alessandro Pina

© Alessandro Pina

Ce spectacle a été élu Molière 2022 du meilleur spectacle musical mais ici, comme souvent, Alexis Michalik ne fait pas dans le léger:  les vieilles dames richissimes sont jouées par de jeunes actrices emperruquées de blanc et marchant avec un déambulateur, la nouvelle secrétaire est d’une bêtise crasse mais ultra-sexy, les danseurs recrutés, homos et ridicules, se tortillent et adorent se faire remarquer, en poussant de grands cris. Un artiste noir arbore sous son collant vert un sexe énorme. Tous aux abris… Le début où les sept musiciens jouent sur scène avant de disparaître dans des loges vitrées, côté jardin et côté cour, fêtent l’anniversaire d’une des jeunes actrice, en jouant Happy birthday to you et font chauffer la salle et applaudir le public. C’est du genre pénible et l’ensemble avec dix-sept interprètes a bien du mal à prendre son envol !
Surjeu permanent, manque de rythme, chansons trop souvent criées avec l’aide de micros H.F., et sur le plateau nu, nombreux décors descendant souvent pour quelques minutes, incessants déménagements de canapé, bureau, escaliers… manipulés à vue par les techniciens et les acteurs (la marque de fabrique d’Alexis Michalik!). Et on ne sait jamais si on est au deuxième degré, voire au troisième. On n’échappe pas non plus à un clin d’œil à Charlie Chaplin avec un gros globe terrestre, comme celui du
 Dictateur. Il y a heureusement, assez exceptionnels et toujours justes: Florent Peyre, Alexandre Faitrouni presque toujours en scène et Roxane Le Texier, dans le rôle de Ulla Inga Hansen, la jeune secrétaire suédoise.
Mais bien entendu, rassurez-vous, braves gens, il y a des jets de fumigène à gogo! Et à la fin, des bombes à paillettes envoyées vers le public, comme dans les cabarets minables! Mel Brooks savait être beaucoup plus raffiné et inventif en loufoqueries, que cet encore jeune metteur en scène. On s’ennuie ? Oui, un peu… Comme il se passe toujours quelque chose, on regarde mais ces deux heures sont longues (le film dure lui quatre vingt-dix minutes).
Malgré la réelle maîtrise du plateau dont fait preuve Alexis Michalik, l’ensemble ne fonctionne pas bien, et son 
Edmond (voir Le Théâtre du Blog) avait une autre force… Il y a ici quelque chose de vulgaire, sec et facile, sans une once de véritable poésie dans la mise en scène, la scénographie et les costumes. Malgré le prix des places :c
arré Or: 80 €, cat. 1: 65 € , cat 2:45 €), la salle est pleine…
Chose rassurante : les applaudissements manquaient de chaleur. Un bon spectacle? Pas vraiment et nous n’avons pas été convaincus… Même si, « en France, dit -assez prétentieusement- Alexis Michalik, on n’a pas de Broadway, mais on a des idées. Nous tâcherons de les employer à amener un public français à découvrir ce classique de la comédie musicale américaine, pour son divertissement et, j’espère, son émerveillement.» Et cette production lourdingue a un vrai succès! Ainsi va la vie du spectacle contemporain. A voir? Peut-être mais soyons clairs: à condition de n’être vraiment pas exigeant sur le plan artistique. Encore une fois, Edmond était d’une autre veine et d’une autre qualité…. Dommage.

Philippe du Vignal

Jusqu’au 11 janvier, Théâtre de Paris, 15 rue Blanche, Paris (IX ème). T. : 01 86 47 72 49.

 

 


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