Peu importe de Marius von Mayenburg, traduction et mise en scène de Robin Ormond
Peu importe de Marius von Mayenburg, traduction et mise en scène de Robin Ormon
Cet écrivain allemand (cinquante-trois ans) aussi traducteur, notamment de Sarah Kane, est dramaturge pour le théâtre de la Schaubühne à Berlin et ses pièces ont été créées, entre autres, par Thomas Ostermeier. Depuis une vingtaine d’années, ses pièces sont maintenant bien connues en France,comme L’Enfant froid, créée par Christophe Perton (2005), Eldorado par Olivier Lopez (2008). Mikaël Serre a mis en scène Parasites (2004) et deux ans plus tard L’Enfant froid, puis Cible mouvante. Visage de feu a été créée par Alain Françon en 2001… On avait pu aussi voir cette année Le Moche, mise en scène d’Aurélien Hamard-Padis ( voir Le Théâtre du Blog) Ou Plastiques.
Cela se passe un dimanche soir chez Simone et Erik. Elle travaille dans le secteur automobile et lui, dans l’édition. Les enfants sont couchés, tout est paisible, ou apparemment… sinon, il n’y aurait pas de pièce. Simone revient d’un voyage professionnel avec un cadeau enveloppé dans du papier doré. Mais assez vite, le dialogue entres les époux révèle les non-dits..
Et les phrase d’abord banales, ont quelque chose d’ironique. Une guerre larvée va commencer… Et sans doute est-ce la fin d’une relation amoureuse dans ce couple, jusque là, uni et les reproches commencent à pleuvoir (classique!). Lui admet mal qu’elle s’absente.
Simone admet tout aussi mal qu’il le lui reproche, alors qu’elle fait vivre la famille et qu’elle n’a en rien à se justifier. Mais où tout d’un coup cela s’inverse dans ce couple. Marius von Mayenburg sait y faire et brouille les cartes avec habileté… On sent qu’ il n’y a aucune issue possible… Sur la petite scène, de nombreux cadeaux enveloppés dans de beaux papiers. ( Mais il y en a trop et cela pollue la vision et ne facilite pas le jeu des acteurs.) Robin Ormon a su recréer cette situation tendue où lui s’occupe de la maison et elle gagne l’essentiel de l’argent pour faire vivre la famille. Assane Timbo, excellent incarne avec une grande précision, ce mari toujours sous tension toujours sous tension et Maryline Fontaine est aussi juste dans son personnage mais elle boule trop souvent son texte et on la comprend mal surtout quand elle est dos au public.
Elle et lui sont comme à bout de souffle, usés par le temps qui les a changés… sans leur demander leur avis. A la toute fin, un téléphone sonne longuement mais personne ne décrochera et on ne saura jamais la suite. Pas de grand choix possible. Séparation du couple annoncée, ou accord de paix bancal -chacun faisant des concessions- qui aurait au moins le mérite d’exister, pour retrouver un quotidien supportable… Comment arriver à continuer à vivre ensemble? Seule possibilité: gommer indifférence, rancœur, amertume, regrets, fermeture sur soi-même et l’auteur sait habilement nous renvoyer à nous-même… C’est le grand mérite de cette pièce et une bonne occasion d’aller retrouver ou découvrir cet auteur. Dans la montagne de spectacles approximatifs, le plus souvent adaptés de romans, il y a d’heureuses exceptions comme cet Peu importe avec la peinture d’un couple actuel, faite avec lucidité et un certain humour..
Philippe du Vignal
Jusqu’au 4 janvier, La Scala, 13 boulevard de Strasbourg, Paris (X ème). T : 01 40 03 44 30.
Les textes de Marius von Mayenburg sont publiées sont publiées par L’Arche Editeur.

