La mystique des échauffements au théâtre, la mort d’un enfant, une opération, les vingt-cinq ans de Vincent, Jean-Luc Godard…

La mystique des  échauffements au théâtre,  la mort d’un enfant,  une opération, les vingt-cinq ans de Vincent, Jean-Luc Godard…

 
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Je doute  de la pertinence des échauffements. Il y a longtemps, mon professeur d’expression corporelle au Théâtre Gérard Philipe à Saint Denis, était Jean-Marie Binoche, mime, sculpteur de masques, metteur en scène, pédagogue (1933-2019) et père de Juliette Binoche. J’étais allé le voir jouer et j’ai remarqué que ses fastidieux exercices ne servaient à rien: il n’avait aucune présence sur scène. Et depuis, j’ai toujours noté que l’on pouvait être très bon en échauffements physiques, vocaux, etc. Mais qu’ils n’étaient jamais applicables à la scène. Peter Brook, lui, faisait faire des échauffements frôlant le ridicule: on s’envoyait des ballons ou on jouait à la chandelle. Je lui posais la question. «   On apprend, dit-il, aux gens à jouer ensemble mais c’est tout, c’est ludique et décontractant ».
J’ai vu d’excellents acteurs au bistrot cinq minutes avant de jouer, d’autres pratiquaient des positions de yoga, d’autres enfin chauffaient leur voix en récitant les jours de la semaine. Personnellement,  j’aimais ne rien faire et être présent au moins deux heures avant de jouer, pour me concentrer. Mais une fois arrivé à la dernière minute, cela pouvait être une catastrophe avec des oublis… 

 
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©x Marcel Djondo

La mort d’un enfant, il n’y a rien de pire. Samedi 19 octobre.  Celle du fils de Marcel,  vingt-cinq ans , nous fait du mal. Marcel Djondo, c’est trente ans ensemble. Venu du Togo pour un stage, il  est revenu et a été un de nos Dom Juan et la Nounou dans Oncle Vania etc. Jamais une seule dispute, entre nous. Un jour, cinglante nouvelle.  Kenji (vingt-cinq ans) s’est pendu. La semaine d’avant, disparaissait Irène, encore une proche : cancer généralisé!( ….)

 Le jour où il n’y aura plus d’hier, le jour où il y aura une parfaite égalité entre tous les hommes,  le jour où il y aura de la fraternité, le jour il n’y aura plus de jalousie, le jour où hommes et femmes vivront paisiblement leurs amours, le jour où les enfants pousseront droit et feront des bonnes études. Le jour où il n’y aura plus de travail pénible, le jour où il n’y aura plus d’accident de la route ni de train ni  d’avion, le jour où les pays pauvres deviendront riches et où les plus riches deviendront normaux, le jour où la pollution ne sera plus la pollution.
Le jour où on aura jugulé le réchauffement climatique, le jour où il n’y aura plus de vol de bijoux,  plus de féminicide, plus de mot en -isme,  le jour où il n’y aura plus de guerre. Si ce jour-là arrive, eh! bien il n’y aura plus besoin d’artistes. On n’aura plus rien à dire et peut-être même, faudra-t-il régler de plus graves problèmes, et le mal de vivre dans l’excellence et la perfection.

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Le 24 octobre. 9 h 30.  à l’hôpital Saint-Joseph  à Paris.  Je suis stressé, mon cœur bat trop vite. Je suis sur la table d’opération et l’anesthésiste repère une arythmie du cœur. Donc, stop. « Monsieur, il y a risque d’AVC et on remet donc la pyéloplastie à plus tard. On me remet une nouvelle sonde JJ et on ne prend pas de risque. Opération courte mais réveil très long. J’étouffe après deux heures d’attente, trois heures d’attente, quatre heures d’attente. Je dois aller consulter le cardiologue au plus vite. On me prévient:  un AVC arrive assez rapidement si je ne prends pas des anti-coagulants ou si on ne me met pas un stent.  Le 25 octobre, je vais récupérer chez ma sœur Ketty à Meudon. L’escalier, un chemin de croix mais enfin rencontrer du monde, cela fait du bien. Nous allons voir Nouvelle Vague au cinéma, le « making off « d‘A bout de Souffle de Jean-Luc Godard. Etait-il vraiment comme cela pendant les tournages?  Si c’est vrai,  c’est incroyable. Il a toujours été un de nos maîtres.
 
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Les vingt-cinq ans de Vincent, notre petit-fils. Le soir, on fête son anniversaire avec des plats indiens. Sympa. Vincent est tromboniste dans l’orchestre de l’Opéra de Paris et ailleurs. Son père est très fier. Il est encore au C.N.S.M. et son professeur lui dit:  » Tu as la technique mais il te manque la Culture » Alors, il est allé voir La Mouette à la Comédie-Française, et a ouvert un livre d’Arthur Schopenhauer. (…)  La Vie est derrière moi, cela c’est sûr et certain: derrière moi…

Jacques  Livchine, co-directeur avec Hervée de Lafond, du Théâtre de l’Unité à Audincourt ( Doubs).
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


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