Nous les héros, version avec le père, de Jean-Luc Lagarce, mise en scène deClément Hervieu-Léger

Nous les héros, version avec le Père, de Jean-Luc Lagarce, mise en scène de Clément Hervieu-Léger

 «Lorsqu’ils sortent de scène, dans les coulisses, les acteurs de la troupe commencent leur vie, recommencent leur vie, leur vraie vie disait le l’auteur. Ils sont à nouveau eux-mêmes, c’est ce qu’ils veulent croire. Mais nous fêtons un événement important, avec soirée particulière. La fille aînée des patrons de la troupe se fiancera, dans les coulisses, avec le jeune premier de la fin de l’acte I.
Elle l’épousera puis ils seront chefs du théâtre et joueront le répertoire de la compagnie, contre tous les aléas de l’existence, les hôtels mal chauffés, le petit personnel agressif des salles des fêtes en province et l’indifférence narquoise du public et des enfants imbéciles ».
Clément Hervieu-Léger réussit à capter  l’élan vital des artistes qui jouent ici avec un naturel désarmant. La vie d’une troupe, ils l’ont tous vécue, avec amours, conflits, galères, espoirs… Cette pièce chorale nous transporte dans l’envers du décor. Un plateau vu des coulisses fermé par un rideau gris-vert à cour. Quelques éléments mobiles, des chaises, des tables pliantes, des portants avec costumes témoignant de la vie d’une troupe ambulante (belle scénographie de Camille Duchemin).

 

©x

©xJuliette Parisot

 

L’auteur situe l’histoire en Europe centrale au début du XX ème siècle, juste avant la première guerre mondiale mais le metteur en scène la transpose avant la chute du mur de Berlin. Avec des transitions jouées et chantées par les acteurs alternant musique classique et musique des années quatre-vingt. Il y a une certaine nostalgie chez les spectateurs de cette génération. C’est aussi l’histoire d’une famille de théâtre avec «pièces rapportées ». Un couple de comédiens : Mme Tschissik, une diva est chargée d’apporter plus de public à une tournée qui s’essouffle. Rôle interprété par l’exceptionnelle Elsa Lepoivre, toujours aussi juste. Mais tous sont engagés pleinement dans leurs rôles. Mention spéciale à Daniel San Pedro, chef de troupe autoritaire et plein de doutes: «C’est chez moi, c’est mon entreprise. Nous devons respecter les règles minimales dans une mise en scène cohérente. Je suis inquiet au sujet de la vie que nous menons… »
Autre personnage remarquable; Joséphine (Aymeline Alix), promise au jeune premier et malmenée par ses partenaires. La comédienne vient d’être engagée comme pensionnaire de la Comédie-Française. En deux heures vont se succéder confessions et rêves inaccessibles. Clément Hervieu-Léger porte un regard tendre sur ce concentré d’humanité fragile. Le public ne s’y trompe pas et, aux saluts, est en totale empathie avec artistes. Le metteur en scène va quitter la compagnie des Petits-Champs qu’il dirigeait avec Daniel San Pedro, pour se concentrer à sa fonction : administrateur de la Comédie-Française.

Jean Couturier

Spectacle vu au Théâtre des Bouffes du Nord, 37 bis boulevard de la Chapelle, Paris (X ème). T. :01 46 07 34 50.

Le 14 novembre au Théâtre de Rungis, Val-de-Marne). Le 18 novembre, Espace Jean Legendre, Compiègne (Oise).

Les 3 et 4 décembre, Théâtre de Caen ( Calvados).

 


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