Les Cordonniers

Les Cordonniers  de Tadeusz Kantor, ouvrage collectif édité en polonais et en français sous la direction de Karolina Czerska.

 

Comme le dit Kantor lui-même (1915-1990), Les Cordonniers de Witkiewciz est la cinquième des pièces  qu’il créa après  Le Retour d’Ulysse, La Poule d’eau, Les Mignons et les Guenons, Le Fou et la nonne).  Autant d’étapes successives  dans le développement de ses idées théâtrales depuis Cricot 2 qu’il avait fondé en 1955 à Cracovie.
Les Cordonniers , c’est à la fois une pièce politique  où Witkiewicz (qui était né en 1885 et qui s’est suicidé en 39 quand les troupes soviétiques envahirent son pays) mêle , dans un joyeux fourre-tout, opinions philosophiques, érotisme et cruauté. L’auteur poloniais qui fut aussi peintre, a construit toute une œuvre théâtrale (quelque trente pièces jamais jouées de son vivant) sans aucun préjugé artistique, et  Kantor s’en est servi plutôt qu’il ne l’a réellement mise en scène:  » Je ne joue pas Witkiewicz, je joue avec Wikiewicz », disait-t-il.

Kantor était déjà un peu connu en France où il était venu avec La Poule d’eau d’abord au Festival de Nancy en 71, puis la même année au Théâtre de Malakoff, invité par Guy Kayat qui le réinvitera en 1972, pour y  créer Les Cordonniers , avec ses acteurs  dont les frères jumeaux Janicki, sa femme Maria Stangret, et des comédiens français : Michelle Oppenot , Claude Merlin, Paule Annen.
Kantor avait quelque peu modifié le texte en ajoutant des personnages qui deviendront des figures caractéristiques de son théâtre comme un général, un évèque et un ministre.
Il trouvait  sa mise en scène excellente mais la vérité oblige à dire qu’elle  n’était pas de la qualité de celle de La Poule d’eau: manque de clarté, manque d’unité dans le jeu ,et pièce assez complexe.. Le spectacle avait donc été  fraîchement accueilli par les quelques  critiques qui avaient bien voulu se déplacer.
On était sorti assez déçu, surtout après le coup de tonnerre magistral qu’avait été La Poule d’eau qui rénovait complètement les principes théâtraux et se situait plutôt dans la lignée des happenings et performances en vigueur dans les milieux avant-gardistes parisiens, et surtout américains et et polonais.
Probablement, à cause d’une salle  mal et peu éclairée , où l’on n’entendait pas bien  les paroles des comédiens. Et Kantor n’avait pas son équipe habituelle, ce qui est toujours un handicap pour un metteur en scène; assez furieux devant ce semi-échec, il avait toujours pris soin d’ effacer ces Cordonniers  de la liste de ses créations…
 Le livre, publié à la fois en polonais et en français, qui a sans  doute représenté un gros travail, constitue cependant un bon témoignage de ce que pouvait être le théâtre de recherche de l’époque, avec le texte de la pièce, des articles de Leslaw et Waclaw Janicki, d’André Gintzburger, de Bertrand Poirot-Delpech, Claude Merlin. et une importante iconographie, dessins de Kantor et photos.Bref, toute une époque qui appartient déjà à l’histoire du théâtre contemporain. qui s’est construit aussi grâce des mises en scène pas totalement abouties comme celle-ci.
Vous pouvez voir ci-dessous un extrait d’un petit spectacle Où sont les neiges d’antan? qu’il avait présenté au centre Pompidou et où on entend les commentaires  de Kantor  avec sa belle voix rocailleuse  et dans un français parfait.

Philippe du Vignal

Cet ouvrage  a été édité par la Cricoteka de Cracovie,lieu de conservation  d’une richesse exceptionnelle, puisqu’il  rassemble tous  les éléments de décor, accessoires, et documents du Théâtre Cricot de Tadeusz Kantor….Il  fera l’objet d’une deuxième édition plus complète.

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Archive de l'auteur

Tsunami et demain

Théâtre du Rond-Point

 

 

Soirée exceptionnelle :

 

« Tsunami et demain..

 

lundi 11 avril à 20h

 

 

Des artistes français

et japonais en soutien aux


sinistrés du tsunami

 

 

avec la participation de Jane Birkin, Jun Miyake, Camille, Pierre Barouh,

Nicole Croisille, Francis Lai, Maïa Barouh, La Caravane passe, Salvatore Adamo, Sanseverino, Sublime,

Les Guignols de l’info... et de nombreuses personnalités.


Musique, lecture de Haïku en français et en japonais, vidéo (programmation musicale et artistique en cours)


Le Japon est aujourd’hui touché par une crise humanitaire gigantesque. Les besoins sont énormes et, par nos dons, nous pouvons faire beaucoup.
L’ampleur du cataclysme auquel il doit faire face aujourd’hui est telle qu’une aide d’urgence est impérative. Le Nord-Est du Japon abrite une population rurale, modeste, et souvent âgée. Les sinistrés ont tout perdu, ils survivent dans des abris de fortune et manquent de vivres, d’eau, d’essence, et d’accès aux médicaments. La réalité va au-delà des images qui nous parviennent.

 

L’attraction culturelle entre la France et le Japon existe depuis longtemps et elle est toujours aussi vivante. Chaque année, nombre d’artistes français de toutes disciplines vont se produire avec succès au Japon. 23 000 japonais vivent aujourd’hui en France. Ils sont dans l’angoisse et la frustration de ne pas pouvoir être auprès de leurs proches.
Cette soirée est aussi pour eux.
Elle est est organisée à l’initiative de Maïa Barouh et Guillaume Diamant-Berger, avec le soutien de Jean-Michel Ribes et du Théâtre du Rond-Point.
Le prix de la place est fixé à 35 euros et 350 euros en tarif soutien.
Le bénéfice des ventes de billets sera entièrement reversé aux organismes humanitaires déjà sur le terrain : la Croix Rouge et l’association « Kokkyô naki Kodomo » (KnK = Enfants sans frontières).

Réservations au : 01 44 95 98 21 ou sur www.theatredurondpoint.fr

Please kill me

Please kill me, d’après Legs McNeil et Gillian McCain, mise en scène Mathieu Bauer et Sylvain Cartigny

 

kill2.jpgThéâtre et rock’n’roll. Si le mélange semble à priori improbable, il n’est pourtant pas insoluble. La preuve ? Please kill me, l’éclatant et très réussi spectacle proposé par Mathieu Bauer et son groupe Sentimental Bourreau  Pendant près d’une heure et demie que l’on ne sent pas passer, c’est tout un pan de l’histoire du rock’n’roll qui défile sous nos yeux, celui des années 60 et 70.
Dès le début du spectacle, nous sommes  prévenus : pendant que le public s’installe, quatre interprètes portant lunettes noirs et jeans serrés, dos au mur, chantonnent: She’s a punk rocker . À cour, une chaise et une table sur laquelle reposent plusieurs exemplaires de
Please kill me de Legs McNeil et Gillian McCain. À jardin,  Sylvain Cartigny à la guitare, Mathieu Bauer à la batterie et Lazare Boghossian au piano. Partout, des micros où viendront s’époumoner le jeune et talentueux Matthias Girbig, chanteur et comédien, ou Kate Strong, souple danseuse et interprète qui n’est pas sans évoquer Kim Gordon de Sonic Youth. Ces deux-là campent les plus grands noms de l’histoire du rock et leur (re)donnent vie : des Sex Pistols aux Ramones, d’Iggy and the Stogges aux fondateurs du magazine Punk
Entre Londres et New York, une piqûre d’héroïne et une cannette de bière, un T-shirt déchiré avec une épingle et un perfecto noir, un grand écart et un maquillage provocant, souvenirs et anecdotes se font plus drôles et croustillants les uns que les autres. Les aventures acadabrantesques des groupes de rock, vous l’aurez compris, le disputent aux interprétations d’excellents tubes (oserions-nous dire anthologiques ?),  autant chantées que dansées.
Portrait d’une génération disparue mais ô combien regrettée, évoquée aussi par des projections habiles de textes et d’images sur écran. Nostalgie, quand tu nous tiens ! Enthousiasmés, nous ne pouvons que vous recommander d’aller voir ce spectacle nerveux, rythmé, captivant, original, étincelant, décoiffant…
Bref, c’est enfin le printemps qui arrive !

 

Barbara Petit

Théâtre de la Bastille jusqu’au 22 mars à 19h30. www.theatre-bastille.com

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Harper Regan

Harper Regan de Simon Stephens,traduction de Dominique Hollier, mise en scène de Lukas Hemleb.

      harper.jpgSimon Stephens, quarante ans cette année, est un dramaturge anglais qui a déjà écrit une quinzaine de pièces parmi lesquelles One Minute qui  est sans doute la plus connue. Mais l’an passé, Laurent Gutman avait monté au Théâtre de la Colline Pornographie dont avait rendu compte Barbara Petit ( voir Le Théâtre du Blog 24 novembre 2010) qui était une sorte de plongée dans les actes terroristes qui avaient endeuillé Londres.
Ici, le propos est différent, puisqu’il s’agit  d’un moment de la vie d’Harper Regan.
C’est une femme de quarante ans, mariée, qui a une fille de seize ans en plein crise d’adolescence, et dont le quotidien va soudain basculer dans l’étrange réalité  d’un mone qui n’est pas du tout le sien. D’abord , son mari a été accusé de pédophilie- à tort ou a raison, on ne le saura jamais -parce qu’il a fait des photos  d’enfants dans un square , ce qui entraînera son licenciement. Elle  a donc la responsabilité d’entretenir seule sa famille Et son patron à elle, dans la première scène de la pièce, lui fait comprendre que ce ne serait pas du tout, mais pas du  tout dans l’axe , de prendre quelques jours de congé, vu la somme de travail à abattre. Même si son père est très gravement malade et,  semble-t-il, risque de mourir d’un jour à l’autre.
Harper va quand même partir mais ne reverra  jamais son père vivant. Son père qu’elle adorait mais que sa mère divorcée de lui depuis longtemps,  mais dont on comprend qu’il a été pour quelque chose dans le licenciement du  mari de  Harper,  quand elle reverra sa mère qu’elle n’avait pas rencontrée depuis deux ans. Harper est depuis le début dans une sorte d’errance, comme si elle avait absolument besoin de larguer les amarres et de quitter un temps, un patron dont les sentiments semblent assez ambigüs à son égard,  un mari qui ne fait rien,  et sa fille qu’elle ne comprend plus.
Elle rencontre ainsi un jeune collégien dans la rue pour lequel elle semble éprouver une sympathie réelle, puis un soi-disant journaliste, assez glauque  qui la drague dans  un bar minable; il lui offre sa veste de cuir noir mais, pour tout remerciement, elle lui casse un verre rempli d’alcool sur le crâne, dans une sorte de pulsion libératrice qui la pousse à affronter l’inconnu, elle, la brave employée et mère de famille. Puis ,elle rencontre à l’hôpital, la cadre de santé, comme on dit maintenant, qui lui parle des derniers moments de son père dans une salle d’attente un peu glauque comme seuls les hôpitaux en possèdent avec des rangées de sièges et un éclairage blafard. Et, pour ce faire, Simon Stephens ne s’attaque nullement à une peinture de la quotidienneté mais installe avec beaucoup d’intelligence scénique un univers où les mot sont d’une rare banalité mais où les silences, un peu comme chez Pinter , disent à peu près tout des personnages qu’il met en scène avec des dialogues parfois assez brefs mais chargé sd’une force émotionnelle incontestable. Et il y a une scène magnifique où Harper se retrouve dans la chambre d’un hôtel luxueux avec un homme beaucoup plus âgé qu’elle, qu’elle a trouvé par le bais d’Internet. Ils se parlent longuement, avec une tendresse évidente, se  découvrent avec beaucoup de pudeur, avant  de  se déshabiller pour faire l’amour.
Puis Harper regagnera la maison familiale où elle retrouve sa fille et son mari à qui elle racontera sa brève rencontre avec cet homme, comme s’il s’agissait de quelque chose de tout à fait anodin. Le petit déjeuner est servi sur la terrasse de la maison; l’adolescente arrive à moitié endormie, et se prépare son bol de  céréales sans dire un mot à ses parents. Ce n’est pas franchement drôle , même si la situation peut paraître comique; ce n’est pas non plus sordide ou glauque.
Harper  a simplement besoin de raconter ce voyage  de quelques jours au bout d’elle-même qui a sûrement duré  beaucoup plus longtemps dans sa conscience de femme déchirée par la mort  de son père, et ce concentré de vie . Le temps chez Stephens n’est pas le temps normal mais celui de séquences exceptionnelles qui marquent une vie à jamais.  Csaba Antal a conçu une tournette avec, à chaque nouvelle séquence, un élément de décor différent; c’est assez bien vu mais , comme les ses séquences sont quand même  nombreuses, et qu’à chaque fois, on installe un noir pour préparer le nouveau décor, il y a comme une rupture de rythme, ce qui est  dommageable. Malgré cela, Lucas Hemleb a su réunir et diriger de main de maître  une très solide  distribution : Caroline Chaniolleau, Alice et Louis-Do de Lencquesaing, Pierre Moure mais surtout Gérard Desarthe, absolument exceptionnel dans des petits rôles et surtout Marina Foïs qui reste sur le plateau pendant deux heures,  et qui possède une présence de tout premier ordre. Elle parait beaucoup plus jeune que son personnage mais pourtant elle elle en fait aujourd’hui l’âge exact de son personnage.. . Oui, vraiment exceptionnelle de charme et d’intelligence; elle irradie quelque chose à peine entrée en scène. Seul petit bémol: les comédiens ont un peu de mal à se faire entendre dans la grande salle du Rond-Point mais cela devrait s’améliorer.Alors à voir? Oui, absolument.
Philippe du Vignal

Spectacle créé à la Maison de la Culture d’Amiens et au Théâtre du Rond-Point jusqu’au 19 février.

11ème FESTIVAL DE THÉÂTRE IRANIEN EN EXIL

PROGRAMME

 

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L’Association Art en Exil présente

 

La 11ème édition du  Festival du théâtre iranien en exil du 16 septembre au 03 octobre 2010

 

 

Espace Quartier Latin 

37, rue de Tournefort   75005 Paris 

Métro : Place Monge (ligne 7)

 

Cette année encore, le festival s’engage aux côtés d’auteurs, de metteurs en scène, de comédiens, d’artistes  et des musiciens vivant en exil.

Cette année encore, notre festival est dédié aux femmes et hommes, combattants de la liberté.

 22 spectacles permettront de découvrir des œuvres théâtrales, musicales et poétiques interprétées en persan, en français ou dans les deux langues.

En marge des représentations, le festival proposera des conférences sur l’Art en exil et la transmission des « cultures déracinées ».

Le festival accueillera une exposition collective de huit femmes artistes (peintres, sculpteurs, photographes..)

Participation aux frais par spectacle : 14 euros : plein tarif,
7 euros : enfants, étudiants et groupes (10 personnes). Conférences et débats : Entrée libre. Forfait 4 spectacles Tarif Normal 35 euros Tarif Réduit 25 euros

Sous réserve de changement de programme.

Réservations:
Par téléphone: 01 45 42 20 16 / 06 09 12 68 07
Par mail: artenexil@free.fr

Informations sur le festival: http://www.artenexil.net
Avec le soutien de: l’ACSE, Conseil Régional d’IIe-de-France, La Mairie de Paris,  Radio FPP, Art Studio Théâtre, Paris CADECS,  MEO – Maison d’Europe et d’Orient, Association Les Périphériques vous parlent,  Association Elea, Association Les Ateliers Voyageurs, Association Réseau 2000,  LA LOCAL TELEVISION

 

Denis Podalydès en une de Théâtral magazine (n°25, juillet-août 2010)

Théâtral magazine : A la Une du n°25 :
Denis Podalydès joue La tragédie de Richard II dans la Cour d’Honneur à Avignon, mise en scène par Jean-Baptiste Sastre. Ce numéro présente les festivals d’été :
Denis Lavant à Grignan dans Le roi s’amuse de Victor Hugo, Romane Bohringer à Avignon dans Un privé à Babylone, Pierre Cardin créateur du festival de Lacoste, Sarah et William Mesguich mis en scène par leur père dans Agatha à Avignon, Claire Chazalcontinue les lectures au festival de la Correspondance de Grignan, Frédéric Potymonte Les enfants du Paradis à Villeneuve en scène, Olivier Sitruk joue le Che à Avignon, Bernard Menez fait de la mise en scène à Bussang…
A Paris, François Marthouret à la Madeleine dans Le Solitaire mis en scène parJean-Louis Martinelli, Guillaume Gallienne, Alain Françon, Marcel Bozonnet, Daniel Colas, Stéphane Cottin, Pierre-Olivier Scotto… et aussi : Daniel Pennac, Jérôme Savary, Jean-Hervé Appéré, Benjamin Lazar, Alexis Michalik, Bruno Schnebelin, Jean-Paul Tribout.
Il y a aussi un dossier sur le  In d’Avignon : Olivier Cadiot et Ludovic Lagarde, Laurent Poitrenaux, Valérie Dashwood, Clotilde Hesme mise en scène par François Orsoni, Stanislas Nordey et Laurent Sauvage, Valérie Dréville, Boris Charmatz, Massimo Furlan, et Hortense Archambault.

King Kong Theorie


King Kong Theorie de Virginie Despentes mis en scène de Cécile Backès.

On connaît depuis longtemps Virginie Despentes et ses revendications féministes déclinées jusqu’à plus soif; ce King Kong Theorie, paru en 2006, en  est le nouvel opus; et c’est Cécile Backès qui en fait un solo: une jeune femme réfléchit à haute voix sur la place que la société contemporaine veut bien lui accorder plus et donc en faire un être à part, les hommes, gardant pour eux le pouvoir, et bien entendu l’argent,  nerf absolu de la guerre entre les sexes . Virgine Despentes rappelle avec cruauté les rôles attribués à chacun des deux sexes et dénonce avec férocité ce consensus mou, universellement admis. Exemple entre mille: le linge sale que Sartre confie gentiment à son  castor préféré.
Et il y a de belles phrases cinglantes d’ironie, notamment à propos d’un viol collectif dans une voiture. Habile dialecticienne, Virginie Despentes fait flêche de tout bois et appelle une chatte une chatte. C’est évidemment très cru mais jamais vulgaire, souvent drôle, même si Virginie Despentes ne se lasse pas de répéter en boucle ce que l’on a bien compris au bout d’une quinzaine de minutes. mais on écoute, même dans la torpeur d’un fin d’après-midi Qu’elle se rassure, ses collègues écrivains masculins en font souvent autant.
Du côté de la mise en scène, on comprend mal où Cécile Backlès veut aller, et l’ensemble reste assez approximatif: on a l’impression qu’il y a un surlignage permanent dans la direction d’acteurs, comme si le public n’était pas tout à fait capable de comprendre intégralement la pensée de Madame Despentes, où il y a désolé, quand même  pas mal de facilités et de lieux communs.  Salima Boutebal  possède un beau phrasé mais débite parfois son texte sans beaucoup de conviction. Et le spectacle va ainsi cahin-caha pendant une petite heure avec des moments  où le texte est dit au micro, on se demande bien pourquoi vu la dimension de la salle… et puis s’arrête subitement!  Quant au costumes enfilés les uns sur les autres d’une laideur provocante, et les poils de trente centimètres sous les aisselles de l’actrice, mieux vaut oublier…. Alors à voir? Si vous avez un vieux reste de passion attendrie pour Virginie Despentes, pourquoi pas? Mais il y avait sûrement une façon plus fine et plus radicale à la fois d’adapter pour la scène ce  King Kong Theorie ( sans accent sic). Voilà vous êtres prévenus. Prenez soin de vous et buvez beaucoup d’eau. Ce soir, nous allons voir le spectacle de Jean Lambert-wild puis  , dans la cour d’Honneur, celui de Marthaler tant décrié: donc à suivre. Et merci de votre fidélité, à la fin de la semaine Edith Rappoport prendra le relais avec Evenyne Loew et Christine Friedel.
Philippe du Vignal

La manufacture, 2 rue des Ecoles Avignon  jusqu’au 27 juillet

WARUM WARUM

WARUM WARUM  mise en scène de Peter Brook  

Texte de Peter Brook et Marie Hélène Estienne d’après des textes d’Artaud, Craig, Dullin, Meyerhold, Motokiyo et Shakespeare.
Miriam Goldschmidt, énergique et séduisante actrice, coiffure afro en courte robe noire drapée dans une écharpe sanglante, fait irruption sur le plateau, elle appelle Francesco Agnello et son han, étrange tambour issu des steel bands du carnaval de Trinidad. Seule en scène, elle entame un beau dialogue en allemand ( pour une fois, la lecture de la traduction projetée à sa hauteur, de part et d’autre de ce beau plateau ocre est naturelle) autour de grands textes de ces artistes qui ont ouvert de nouvelles pistes, avec la complicité musicale de Francesco Agnello. “Le théâtre est une arme dangereuse avec laquelle il ne faut pas jouer (…), sprechen verboten (…), cher public les acteurs sont remplacés par des poupées de cire, vive Staline (…), théâtral faire comme si foutaises (…), jeune homme ouvre bien tes oreilles, tu es toujours trop lent (…), warum” ! Pourquoi, c’est le mot de la fin.
Miriam Goldschmidt a participé aux premières aventures de Peter Brook en France au sein du Centre international de création théâtrale, elle a été du voyage fondateur en Afrique en 1971, joué dans les Iks, le Mahabarrata  et bien d’autres spectacles bouleversants de Peter Brook. On se prend à rêver que ce Warum warum se joue encore longtemps. Puisse Peter Brook se poser encore de nouvelles questions dans ces merveilleuses Bouffes du Nord !
Francesco Agnello travaille par ailleurs depuis 3 ans avec Eugenio Barba et ses comédiens de l’Odin Teatret. On pourra le voir avec son Hang Solo au Festival d’Avignon Chapelle de l’Oratoire à 22 h 30 du 8 au 31 juillet aircac@free.fr

Edithe Rappoport

Théâtre des Bouffes du Nord

CHEZ LES NÔTRES d’après La mère de Gorki

CHEZ LES NÔTRES d’après La mère de Gorki, m e s Olivier Coulon-Jablonka

Impatience festival de jeunes compagnies
D’après La Mère de Maxime Gorki, des paroles documentaires, des textes du comité invisible, mise en scène Olivier Coulon-Jablonka

Six comédiens sur un grand plateau nu parlent d’aujourd’hui, de leur désarroi, de notre monde sans vertèbre sociale, sans lutte exaltante. Et de cette absence de perspectives, des scènes de Gorki jaillissent, la mère qui ne comprend pas tout d’abord l’engagement de son fils dans la grève, mais qui finit par l’approuver, puis empoignera le drapeau et s’engagera dans le combat après sa mort. On retourne à aujourd’hui “plutôt que me faire niquer par le système, je préfère y participer un peu (…), j’ai l’impression que notre génération a renoncé à quelque chose…”. Olivier Coulon-Jablonka découvert avec Des batailles, Pylade  de Pasolini autour des scènes extraites de la mythologie confrontées à notre époque, à l’Échangeur de Bagnolet  voilà deux saisons travaille dans la veine dynamique du théâtre documentaire, il est un héritier de Peter Weiss. Il ira loin avec son équipe si les institutions daignent lui prêter attention.

Edith Rappoport

Odéon Berthier

Toby ou le Saut du Chien

Toby ou le Saut du Chien, texte et mise en scène de Frédéric Sonntag.

toby.jpg  Frédéric Sonntag n’est pas inconnu au bataillon des jeunes auteurs-metteurs en scène, puisque Nous étions jeunes alors, a déjà été jouée à Théâtre Ouvert ( voir Le Théâtre du Blog/ Christine Friedel) et que ce Toby ou Le Saut du chien a déjà été jouée à plusieurs reprises.
   Plateau nu avec, de chaque côté, et dans le fond des sièges coques en plastique anonymes et gris comme on en voir dans n’importe quelle salle d’attente…
  Il s’agit des aventures d’un jeune homme, plutôt beau garçon, costume noir et chemise blanche, et du genre star internationale qui s’en va dans une sorte de quête identitaire d’abord dans un club de nuit, puis dans un hôpital et enfin sur un plateau de télévision. Mais ce qu’il vit ressemble à une fuite en avant, désespérée où il essaye d’échapper à son destin. Les rencontres avec de nombreuses jeunes femmes se soldent à chaque fois par un échec. Jusqu’à la rencontre avec son double- un assez beau moment dramatique -jusqu’à la mort de Toby.
 Frédéric Sonntag  dirige ses comédiens de façon très sûre mais on ne voit pas très bien où il veut nous emmener; il a l’art et la technique de réaliser de belles images avec peu de moyens, mais il tombe dans les stéréotypes à la mode: jet de fumigènes et, bien entendu, un petit coup de vidéo avec la retransmission en noir et blanc du visage de Toby, puis de sa loge, intervention d’une chorale de jeunes femmes pendant quelques minutes… Tout cela sent le déjà mille fois vu!
  Mais il y a une certain ton, une certaine envie de prendre le théâtre à bras le corps qui suscite curiosité et  sympathie, d’autant plus que les acteurs savent ce qu’est un plateau et s’en servent avec beaucoup d’ habileté. Et ce ballet presque permanent- soutenu par deux musiciens- de ces douze jeunes comédiens,  autour de Toby harcelé par son destin, ne laisse pas indifférent.
  Mais le spectacle qui tient à la fois du théâtre, du chant et de la musique dure deux heures! Et aurait mérité un sérieux élagage; en fait, tout se passe comme si l’auteur/ metteur en scène avait voulu d’abord se faire  plaisir à lui-même. Et l’éternité, c’est un peu long surtout vers la fin: il faudrait que Frédéric Sonntag ait davantage le sens de la mesure et de la dramaturgie, ce qu’on ne lui a peut-être pas suffisamment enseigné au Conservatoire: ce qu’il dit en deux heures, avec une-petite-cuiller de prétention, aurait pu l’être en soixante minutes sans difficulté.
   L’exemple de Made in Italy, qui a ouvert le festival Impatience suffirait à le prouver; cela éviterait aux jeunes comédiens de Sonntag de voir des spectateurs s’enfuir au bout d’une heure, ce qui n’est jamais bon signe… Alors à voir, oui par curiosité mais bon… C’est  dommage qu’un jeune metteur en scène doué comme l’est Sonntag ne maîtrise pas suffisamment les choses… Donc à suivre.

 

Philippe du Vignal

Ateliers Berthier, ce spectacle y  a encore lieu aujourd’hui vendredi seulement à 21 heures.
Ce soir et samedi à l’Odéon à 19 heures: Les Souffrances de Job; enfin aux Ateliers Berthier, Les Nôtres samedi à 21 heures et dimanche à 15 heures.

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