Les cloches impériales de Chine

Les Cloches impériales de Chine


Ce spectacle créé en 1983, a déjà présenté dans plus cinquante-sept pays soit 1.000 représentations avec environ un million de spectateurs et est fondé sur la musique de Chu, une civilisation florissante il y a plus de 2.500 ans.
Produit par le Hubei Provincial Performing Arts Groupe, il est interprété les artistes du Hubei Provincial Opera and dance Drama Theatre et est présenté à Paris dans le cadre d’un programme d’échanges culturels internationaux du China Arts and Entertainment Group.
Trouvés en 1978 dans la province du Hubei, et datant de 2.400 ans, ces beaux instruments en bronze sont le plus ancien ensemble d’instruments à gamme chromatique jamais identifié en Chine et probablement dans le monde. Les systèmes musicaux se limitaient souvent à des gammes pentatoniques ou heptatoniques et ce dispositif exceptionnel permettait de produire l’intégralité des demi-tons d’une octave, comme dans la musique occidentale moderne.Les célèbres cloches Bianzhong se distinguent par leur capacité à délivrer deux hauteurs différentes selon le point de percussion montrant une maîtrise acoustique remarquable au VI ème siècle avant J.C. Reproduits avec fidélité, ces instruments de scène permettent d’évoquer les batailles, danses et fêtes d’une civilisation raffinée.

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Ce spectacle d’une heure et demi alterne parties dansées et parties instrumentales avec un panel impressionnant de cloches, gongs, tambours, xylophones jouées par une quinzaine d’interprètes, entre autres au début dans Les Echos de la Chine ancienne et Chemin de quête-musique ancienne pour bianzhong et bianquing. Un groupe remarquable de précision gestuelle et impressionnant de rigueur. Comme par miracle, le temps d’un commentaire en chinois-comme la majorité du public pour cette seule soirée- tous les instruments disparaissent et laissent la place  au chapitre II: Au rythme des danses ancestrales où alternent ballets de danseurs et de danseuses, tous réglés au cm près. Là aussi très impressionnant, notamment un rituel dansé en rond de guerriers sur une musique de  percussions. De temps en temps, il y a en voix off, un commentaire mais en en chinois…
Cueillette du murier-Labourage, danses agricoles interprété par douze jeune femmes est tout aussi précis mais nous a paru plus conventionnel…
Suit le chapitre III: L’Harmonie des huit sons avec des instruments classés selon huit matériaux: métal, pierre, soie, bambou, calebasse, terre cuite, cuir et bois. A cordes comme le « se » qui en comptait autrefois cinquante, à air comme une flûte à bec en bambou, ou une flûte de pan avec vingt-quatre tubes, eux aussi en bambou. Ou le yng-xun, un ocarina en céramique.  Ou encore le Quing, un lithophone composé de pierres plates. Tous d’une beauté stupéfiante.
On ne peut tout citer mais il y a aussi un Chant de justice-Chanson, dansé par des hommes avec un texte plein d’humour: « Les fonctionnaires  cupides, bien qu’ils puissent être corrompus, pourtant peuvent être intègres, les fonctionnaires intègres, bien qu’ils puisent  être honorés, pourtant, sont souvent dédaignés. (…)
« Enfin, le spectacle se termine par Musique de banquet au palais de Chu-Le grand banquet cérémoniel avec de nombreux musiciens et toute la troupe des danseurs et danseuses jouant comme Loïe Fuller avec de grandes écharpes bleues ou roses. Côté des réserves, il y a dans ces Cloches impériales de Chine,  une scénographie parfois kitch, une musique enregistrée amplifiée souvent envahissante et des voix en play-back…comme dans toutes les superproductions  qui doivent être rentabilisées grâce à un nombreux public mais on se lasse pas de regarder l’ensemble de ces instruments d’une grande beauté et l’ensemble du spectacle est une grande leçon de professionnalisme artistique.  Si vous en avez l’occasion, cela vaut le coup d’aller le voir.

Philippe du Vignal 

Spectacle vu le  20 mai au Théâtre Mogador, Paris ( VIII ème).
Tournée en France et en Europe.


Archive de l'auteur

Louise conception, mise en scène et chorégraphie de Martin Zimmermann

Louise conception, mise en scène et chorégraphie de Martin Zimmermann

Bérengère Bodin, Methinee Wongtrakoon, Marianna De Sanctis, et Rosalba Torres Guerrero réalisent en une heure quinze une performance bousculant les codes conventionnels du spectacle.. En hommage à Louise Bourgeois. «Notre pièce est un dialogue avec elle, dit le chorégraphe. Elle était une exploratrice incessante des sculptures et des matériaux mais aussi d’elle-même. Notre Louise partage ce même esprit.
Comme Louise Bourgeois, nous travaillons de l’intérieur vers l’extérieur. Comme elle, nous cherchons la vérité. Une telle quête demande de pénétrer en profondeur, retirer des couches, être agressif et désordonné, mais aussi intuitif. Pour elle, le médium était la pierre ; et pour nous, ce sont les corps sur scène. » Plusieurs modes d’expression permettent aux corps de s’exprimer : le cirque, la danse et la comédie. Cela fonctionne parfaitement comme le jeu avec les cerceaux roses mais on reste parfois extérieur à cette folle énergie physique et on s’ennuie, entre autres, à cette caricature d’une chanson de NTM…

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Les artistes se meuvent dans ce que le chorégraphe appelle la scène : « une sorte de laboratoire, un atelier scientifique, un lieu de recherche et d’expérimentation. Louiseest une sculpture en mouvement ou un poème vivant ».
Cette analyse ne manque pas d’ambition et le dispositif scénique avec portes mobiles, chaises, potences amovibles sur trois plateaux tournants est bien conçu. Mais ce théâtre d’images avec humour à la clé, manque de fil conducteur.
« Avec les quatre interprètes de différents âges, dit le metteur en scène, nous avons exploré les tabous qui entourent la naissance, la mort, la sexualité, le genre, et les inégalités persistantes.» Cette interprétation n’est pas du tout évidente. On pense aux films de Jacques Tati et aux spectacles de Macha Makeïeff et Jérôme Deschamps mais il manque ici une véritable dimension onirique. De belles images attisent les regards et intriguent mais nous laissent, dommage ! au bord du chemin….

Jean Couturier

Jusqu’au 24 mai, Théâtre du Rond-Point 2 bis avenue Franklin D. Roosevelt, Paris (VIII ème). T. : 01 44 95 98 21.

Histoire d’un Cid, d’après Le Cid de Pierre Corneille, mise en scène de Jean Bellorini

Histoire d’un Cid, d’après Le Cid de Pierre Corneille, mise en scène de Jean Bellorini


Sur le plateau, une grande toile qui va assez vite, en gonflant, devenir un château blanc à quatre tours (très laid) avec un sol-matelas où on peut rebondir. Il y aussi des jouets, eux bien trouvés : un petit voilier pour enfants, un cheval à bascule et une vierge à l’enfant en bois transportée sur un chariot. Dans le fond côté cour, Clément Griffault est aux claviers et Benoit Prisset  aux percussions.

Il n’y a pas tromperie sur la marchandise et le titre du spectacle indique bien : d’après Le Cid. Il s’agit ici d’une sorte de relecture personnelle du chef-d’œuvre, imaginée par Jean Bellorini qui a essayé de le transformer en une petite chose ludique, en gommant le tragique. Il fait reprendre par les spectateurs certains des fameux alexandrins que nous avons tous encore dans l’oreille : « Ô rage, ô désespoir, ô vieillesse ennemie/ N’ai-je donc tant tant vécu que pour cette infamie ? » « Aux âmes bien nées, La valeur n’attend point le nombre des années. » « Et le combat cessa faute de combattants. » « A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. » « Aux âmes bien nées, La valeur n’attend point le nombre des années »….
Mais Corneille en a vu d’autres et se venge comme ses personnages. Il nous souvient d’une matinée scolaire catastrophique dans ce même théâtre des Amandiers où les acteurs mal mis en scène par Pierre Debauche avaient dû plusieurs fois s’arrêter de jouer: les collégiens envoyaient des billes sur le plateau!
On connait la célèbre histoire :
Don Gomes, père de Chimène ne supporte pas que Don Diègue (Federico Vanni qui joue aussi d’autres rôles à peine travesti dont la suivante de l’Infante), père de Rodrigue, ait été choisi à sa place pour être précepteur du jeune prince, va le gifler. Don Diègue, âgé, demande à son fils de venger son honneur et Rodrigue (François Deblock)  va tuer à l’épée, le père de sa fiancée qui, elle aussi demande vengeance. Mais l’amour finira par l’emporter. Toujours amoureuse de Rodrigue devenu un guerrier national, Chimène obtient du roi un duel entre don Sanche qui l’aime aussi, et Rodrigue. Elle promet d’épouser le vainqueur: ce sera Rodrigue qui reçoit du Roi la main de Chimène et ils se marieront…

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Cela commence assez bien et on peut admettre que Jean Bellorini ait pu vouloir rendre plus accessible cette célèbre pièce écrite il y a quatre siècles. Mais très vite, on sent le spectacle dériver vers la facilité quand le château se met en place. Même si l’Infante (Caryll Elgrichi) a ici le beau rôle… La parodie, pourquoi pas? Encore, faudrait-il s’en donner les moyens! François Deblock en clown-clone de Rodrigue (pardon pour le jeu de mots) réussit par moments à faire rire et grâce à lui il y a quelques belles images. Mais Cindy Almeida de Brito, pourtant sortie du Conservatoire National! a le plus grand mal à dire correctement les alexandrins de Chimène: il y a quand même des limites et en plus, malgré un miro H.F. dont on l’a appareillé comme ses camarades, on l’entend mal!
Les spectateurs, peu nombreux en ce dimanche ensoleillé, ont applaudi très très mollement cette adaptation créée au château de Grignan (Drôme) l’été 24 et bien  rodée mais sans projet artistique qui tienne la route. On comprend mal que Christophe Rauck l’ait accueillie. Jean Bellorini directeur du T.N.P. à Villeurbanne a un métier incontestable mais aurait mieux fait de mettre en scène Le Cid en version originale avec des acteurs jouant les vrais personnages. Ce spectacle n’a rien de vraiment drôle ni de séduisant et vous pouvez épargner votre temps et votre argent…

Philippe du Vignal

Jusqu’au 15 juin, Théâtre Nanterre-Amandiers, 7 avenue Pablo Picasso, Nanterre  (Hauts-de-Seine). T. :01 46 14 70 00.


Wonnangatta d’Angus Cerini, traduction de Dominique Hollier, mise en scène de Jacques Vincey

Wonnangatta d’Angus Cerini, traduction de Dominique Hollier, mise en scène de Jacques Vincey

Chaque mois, Harry apporte son courrier à son ami Jim, un éleveur dans une région montagneuse et isolée… Mais il n’est pas là et il y a juste écrit à la craie : Serai là ce soir sur la porte d’entrée. Au départ, l’histoire vraie d’un crime non élucidé, début XX ème siècle en Australie.  Ici, Harry passera la nuit sur place mais sans aucune nouvelle de Jim, il va signaler la chose aux autorités de la ville, quand il rencontre Riggall. Et ils essayent de percer le mystère de cette disparition. Ils voient dans la chambre de Jim, un lit défait, les draps et ses vêtements de travail par terre et, curieusement, son fusil appuyé contre une commode. C’est tout…
Baron, le chien de Jim est là, affamé et ils lui donnent un peu de bacon. Il les emmènera dans une prairie au bord d’une rivière. Et ils
découvrent ce qui reste de cet ami, enterré dans le lit de la rivière : « la tête arrachée bouffée jusqu’à l’os ». Sans doute par des chiens ou des animaux sauvages. Harry va vite soupçonner Bamford, un valet que Jim avait engagé mais ils ne le trouvent pas. Riggal et Harry iront de longues journées à cheval dans une nature hostile, à la recherche du meurtrier. Des personnages assez crédibles et pas très loin de ceux de John Steinbeck et William Fauklner…

© Christophe Raynaud de Lage

© Christophe Raynaud de Lage


Comment traduire sur un plateau cette nature australienne? Pas facile de résoudre de vrai problème de scénographie, Caty Olive et Jacques Vincey ont voulu avec des centaines de cubes noirs de mousse dense,  figurer la terre de cette rivière et Harry et Riggall vont les retirer un à un. l’ensemble est Plus proche d’une sculpture d’art minimal mais en rien convaincant 

Il y a aussi, surtout à la fin, d’épais torrents de fumigènes (la manie actuelle : trois pour nous, en une semaine!) et une dizaine de tubes fluo blancs horizontaux qui, à un moment, basculeront.

… Histoire sans doute pour Jacques Vincey de dire que, sur un plateau, on ne peut pas représenter la Nature et ce désert australien inimaginable pour nous et qu’on peut au mieux, la suggérer. Mais l’ensemble reste trop sage et trop sec, d’autant plus qu’il a condamné Vincent Winterhalter (Harry) et Serge Hazanavicius (Riggall) à nous raconter et à jouer la plupart du temps, de façon très statique et face public ce Wonnangatta.
Ils ont une belle présence et font tout ce qu’ils peuvent pour incarner ces personnages hors du commun mais, sauf à de rares moments, cela ne fonctionne pas et la direction d’acteurs semble être aux abonnés absents. Difficile de vous conseiller ce spectacle, sinon pour découvrir la langue de ce dramaturge peu connu chez nous mais qui a obtenu de nombreux prix en Australie.

 Philippe du Vignal

Jusqu’au 24 mai, Les Plateaux sauvages, 5 rue des Plâtrières, Paris (XX ème). T. : 01 83 75 55 70.

 

Passages Transfestival édition 2025

Passages Transfestival  à Metz 2025

«Libérons l’avenir ! dit Benoît Bradel, directeur artistique et général, le monde change à toute allure et même si nos cauchemars devenaient réalité, nous n’allons pas renoncer et nous proposons un autre futur, celui des possibles. Avec cette année, un projet autour du Brésil qui correspond aussi aux goût du public pour la trans-culture et des auteurs inconnus, un public de Metz mais aussi venu de Paris, de Strasbourg et du Luxembourg voisin.
Libérer l’avenir, comme le propose la journaliste brésilienne Eliane Brum, est un vaste programme : « Lutter pour la forêt amazonienne, dit-elle, c’est lutter contre le patriarcat, les féminicides, le racisme… et l’idée que l’être humain est au centre de tout.
« Comment nous nous en sortons, me demande-t-on souvent? D’abord, j’ai la chance d’avoir une très bonne administratrice et aussi de nombreux partenaires: entre autres, le festival Perspectives à Sarrebruck en Allemagne, les festivals d’Automne à Paris et de Santarcangelo (Italie). Et nous avons des projets communs avec le Centre culturel suisse de Paris.
Nous sommes sept permanents pendant l’année et quinze sur le festival avec cinquante techniciens et une trentaine de bénévoles indispensables. Et des troupes comme Les Guaranis sont logées chez des particuliers, amis de Passages…
Le festival était, avant que je n’arrive il y a cinq ans était une Biennale mais c’était trop complexe à gérer et il est devenu annuel. Passages est la partie visible de l’iceberg mais c’est aussi sur l’année de nombreux ateliers pour professionnels et amateurs… »

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© Diego Arista Soliloquio 

 

 

Cette édition de Passages Transfestival s’inscrit dans une démarche éco-résistante et dans la saison croisée France/Brésil de l’Institut français en lien avec la Casa do Povo à São Paulo qui revendique la diversité comme moteur, et la mémoire comme levier, en accueillant une vingtaine de collectifs engagés.  Ici, les artistes dont nombre de femmes, sont venus de Belém, Manaus, Bruxelles, Genève, Jérusalem, Talange, São Paulo, l’île Maurice… sont à découvrir dans la ville et au quartier général situé dans l’ancien Arsenal.

Mais le budget a été plus serré pour cette édition, donc pas de grand spectacle final mais en ouverture, le 15 mai Soliloqio a été une invitation à suivre son auteur argentin Tiziano Cruz, dans les rues, jusqu’à la scène. Il dénonce la discrimination des autochtones établie par le Pouvoir et questionne la place des minorités et de l’ensemble des communautés marginalisées.

Hollanda ( part I) d’Avildseen Bheekhoo (France/Île Maurice)

Le solo de cet artiste d’origine mauricienne a été créé dans le cadre du projet GRACE, cofinancé par l’Union Européenne, via le programme Interreg Grande Région 2021/2027.Un cyclone a balayé toute l’île Maurice et Nirvan est déraciné. Cette catastrophe naturelle est pour lui, l’occasion d’un réflexion sur l’identité. Seul sur scène devant un grand écran où il y a l’image projetée d’une grande plage au borde la mer avec cocotier et ciel bleu de publicité pour vacances au bout du monde. Côté jardin et côté cour, deux petits écrans où défilent extraits de sitcoms indiennes kitsch, étranges bulletins météo…

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© Bohumil Kostrohryz

 

 

Avildseen Bheekhoo, seul en scène, est face à Touni Minwi, un loup-garou né des peurs et de tabous collectifs. Réalité et fantasme, on ne sait plus trop… Cet artiste mauricien bouge bien et esquisse quelques pas de danse très réussis : il a une singulière présence et crée de belles images mais on ne comprend pas toujours bien ce qu’il dit. Bref,  il aurait besoin d’être vraiment dirigé et mis en scène. Les éclairages stroboscopiques et, comme partout actuellement, des jets de fumigène, n’ont rien à faire là… C’était une avant-première, donc à voir comme telle. Un artiste à suivre.

 

Cosmos co-écriture et jeu dAshtar Muallem, co-écriture et mise en scène de Clément Dazin

C’est aussi un solo sur la vaste et belle scène de l’espace Koltès-Metz mais cette fois déjà joué et bien rodé, entre autres, au Caire et en France. Cette jeune acrobate palestinienne qui a été élève  au Centre national des arts du cirque à Châlons-en-Champagne, a vécu enfant à Ramallah ( Gaza) ses parents étaient acteurs et metteurs en scène. Puis à Jérusalem, « cette « ville gruyère », dit-elle, où coexistent plusieurs religions. Elle habite maintenant six mois Marseille et six autres par an en Palestine, « pour essayer, dit-elle, de trouver son équilibre ».

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© Lilia Zanetti Pssage/Transfestival

Sur le plateau nu, Ashtar Muallem joue avec un long tissu aérien accroché aux cintres. Elle revisite et raconte en français mais elle peut aussi en anglais, ce qu’a été sa vie, entre l’enfance et ses dix-huit ans, le rapport qu’elle a avec la Palestine et la tragédie actuelle.  Mais toujours, avec un certain humour et une grande pudeur.
Elle joue au sol avec son corps élastique comme les sangles qui tendent ses jambes ou ses bras. Puis elle monte tout en continuant son récit, dans cette spirale de tissu blanc: une performance  impressionnante toute  en grâce et légèreté.

Ashtar Muallem possède une maîtrise exceptionnelle de son corps,  à la fois sujet et objet dans cette performance, et à la base d’un questionnement sur son identité devenue multiple. Mais toujours avec une dimension artistique fondée à la fois sur une impeccable gestuelle et sur le récit de son histoire personnelle reliée à celle de son pays. Il n’y a pas ici de cérémonie orgiaque comme chez les actionnistes viennois dans les années soixante mais une sorte de rituel très émouvant où on sent cette jeune artiste à la recherche d’une spiritualité dans un monde bouleversé… Il faut espérer que Cosmos soit joué davantage en France…


Philippe du Vignal

Spectacles  vus le 16 mai. Le festival Passages se poursuit jusqu’au 25 mai. T. : 07 49 79 04 58.

Cosmos sera joué au Rise Festival, Écosse, le 24 mai et au Propellen Teater, Trondheim (Norvège) le 30 juillet.

Le Prato, Lille  (Nord), le 24 mars 2026.

 

 

Fred Blin, A-t-on toujours raison? Which witch are you? collaboration artistique de Raymond Raymondson

Fred Blin, A-t-on toujours raison? Which witch are you? collaboration artistique de Raymond Raymondson

Personnage emblématique des Chiche Capon et lunaire dans la série Scènes de ménage, il a joué aussi dans dans le film Oranges Sanguines de Jean-Christophe Meurisse, dans la série Parlement et Fêlés de Christophe Duthuron. Ce spectacle est son premier solo et il apparait en clown.
Comment réunir quelques centaines de personnes, toutes avec en signe de reconnaissance, le stigmate d’un baiser rouge sur la joue, à la sortie d’un théâtre parisien historique à 22 h, dans la joie d’une nuit printanière? Il faudrait poser la question à Fred Blin qui avait créé ce solo d’une rare intelligence au Petit Saint-Martin.
Jean Robert-Charrier a programmé pour trois représentations exceptionnelles cette performance d’acteur aux Bouffes-Parisiens, le théâtre de Jacques Offenbach. Les mots risquent d’être trop imparfaits pour dire les sensations que l’on éprouve.
Ce clown céleste commence à déconstruire avec tendresse et bouffonnerie… Fred Blin possède les codes du théâtre de rue et s’en sert avec délectation. Les rires fusent dès l’étrange prologue. Le spectacle a-t-il réellement commencé? Il nous parle de ce moment de doute. Allons-nous tous entrer dans notre rôle, lui, comme artiste de l’absurdité et nous, à priori passifs?

© Jean Couturier

© Jean Couturier

“Vous, vous riez, dit-il, et vous ne savez pas pourquoi.” En sabots rouges, il a une longue chevelure postiche et des lèvres outrageusement couvertes de rouge à lèvres carmin. Il se livre d’emblée à une auto-critique…à prendre avec distance: “ J’ai le sentiment qu’il y en a qui pensent que je fais n’importe quoi depuis le début”. Au milieu de la pièce, si tenté qu’il existe ici une norme de durée, un début et une fin, il incite même les spectateurs à à rentrer tranquillement chez eux. Captivés, naturellement ils ne bougent pas.
Déçu, Fred Blin lui choisit de partir, encombré d’une grosse valise jaune qu’il traîne dans un rang du parterre mais les portes du théâtre sont fermées!  Il rejoint alors le plateau en se résignant à déclamer quelques nouvelles pitreries surréalistes. Entre un numéro de cirque raté et une danse improbable: « Quoi que je vive, dit-il, nous vivons tous ensemble, s’il vous plait, essayez de rester lucide ».
Il continue de demander l’heure au public de plus en plus captivé par ce qui ressemble à une improvisation: « Vous me soûlez grave ». Mais nous sommes prêts à déguster ce seul en scène jubilatoire jusqu’au bout de la nuit.

Jean Couturier

Le spectacle a été joué du 15 au 17 mai, au Théâtre des Bouffes-Parisiens, 4 rue Monsigny, Paris (II ème). T. 01 42 96 92 32. 0142969232

A Sec, texte de Marcos Caramés-Blanco, mise en scène de Sarah Delaby-Rochette

A Sec, texte de Marcos Caramés-Blanco, mise en scène de Sarah Delaby-Rochette

Un lundi sous la canicule dans un hameau français du Sud où il n’y a plus grand-monde mais où sévit un rationnement drastique de l’eau. Flo arrive pour s’y installer. Cette jeune « néo-rurale » comme on dit maintenant, va travailler dans l’entreprise de Fab et Max, « exploitants agricoles », comme on ne le dit plus trop. Leur grand-mère, mutique, est assise en permanence dans un rocking-chair.
Soit cinq humains, moins nombreux ici que les moutons. Sur le plateau, des cadres en fer carré, une table pliante et au fond, une quinzaine de sacs remplis de laine. Derniers habitants  Fab et Max travaillent donc les terres dont Mirèio, leur grand-mère, toujours un fusil à la main, est propriétaire.
Et il y a aussi Gigi, leur employée avec laquelle Flo devient amie, et une enquêtrice pour faire semblant de sauver ce qui peut l’être encore et aussi une gendarme. Le tout sur fond de vols d’eau… sur l’exploitation de Fab et Max. Et un drone plane.  La canicule met tout le monde à cran.
« J’étais, dit la metteuse en scène, dans ce marasme de faits, de connaissances théoriques et d’envie d’en parler, d’échanger, de confronter ce que j’avais pu glaner comme informations avec d’autres personnes sensibles ou non à ces questions. Très vite, m’est apparu ce que je voulais éviter: une pièce à thèse qui viendrait faire état d’un présent que je ne suis même pas sûre d’avoir saisi. J’ai donc eu envie de proposer à Marcos Caramés-Blanco, avec qui je travaillais déjà sur la mise en scène de son texte Gloria Gloria, de m’accompagner dans ce chemin, et d’écrire une pièce autour de ces questions. De là, est née À sec. »

Au départ, pourquoi pas? Et un scénario possible mais cela commence mal: les dialogues, médiocres, flirtent avec l’écriture de plateau. Flo-Je suis sûre qu’on va être amies. Gigi–Ouais. silence Flo. –Quoi? Ggi. –Rien. Flo. –Tu penses pas qu’on va être copines. Gigi.–Si si,carrément –Flo. –Quoi? Gigi. –Mais rien. Flo. –Ta tête. Silence Gigi. –Le prends pas mal Flo ce que je vais te dire.Flo –Dis-moi.silence Gigi –T’es pas d’ici. Tu sauras jamais ce que c’est. Flo. –Je vais le découvrir. (…) Et vrai de vrai, ici si t’es pas un riche proprio au bout d’un moment tu prends un flingue et tu vises la tempe. »

« En empruntant aux codes du western, du mélodrame ou de la science-fiction hollywoodienne, dit Sarah Delaby-Rochette, A Sec investit une langue crue, plurielle et incarnée pour faire entendre la réalité des agriculteurs, pris en étau entre les exigences de productivité capitaliste et les dérèglements écologiques, mais aussi l’abandon de l’État et l’arrivée de néo-ruraux pleins de bonnes intentions. »
Mais on est loin du compte…Le thème de la ruralité et d’une paysannerie en révolte a déjà été souvent traitée au théâtre, surtout depuis l’occupation du Larzac (Aveyron) où l’armée française voulait s’approprier encore plus de terres agricoles…Des moutons, pas de dragons,  texte et mise en scène de Georges Bonnaud avait été créé à Rodez en 1980. Cette ambition du ministre des armées avait heureusement vite été gommée par François Mitterrand en 81 quand il était devenu Président de la République.
Et plus récemment, on a vu surgir des pièces de théâtre-documentaire sur la vie des agriculteurs survivant grâce aux aides de l’Europe mais en butte à une transmission souvent impossible, à un productivisme conseillé, voire imposé par l’Etat. Et avec à la clé, un conflit permanent entre les tenants d’une agriculture biologique et les grands propriétaires de centaines d’hectares indispensables pour alimenter les usines à lait robotisées et dopées à l’informatique. Et la récente guerre des méga-bassines pour faire pousser un maïs très rentable, et d’un autre côté, le manque d’eau pour de nombreuses petites exploitations, surtout dans le Sud… Tout cela a souvent été évoqué,  entre autres, dans Vacarme(s) ou Comment l’Homme marche sur la Terre de François Pérache et Thomas Pouget.
Si on a bien compris, A sec parle à la fois de la canicule quand les agriculteurs qui doivent continuer à travailler, en souffrent (on l’a vite oublié mais elle avait déjà sévi dans l’Aveyron, la Lozère, le Lot, le Cantal Sud et les prés étaient restés longtemps jaunes vers les années soixante-dix. Le texte évoque aussi malgré tout le besoin de faire la fête mais aussi les amours homosexuels, masculins comme féminins…

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On décroche assez vite de cet A sec, trop long et bavard: deux heures quinze! et qui va dans tous les sens. Avec des personnages seulement esquissés. Et dire qu’il possède une « langue crue, plurielle et incarnée » est quand même assez prétentieux… Ce texte semble plutôt issu d’improvisations et la dramaturgie n’est pas au rendez-vous… Marie Depoorter, Sandrine Juglair, Benoît Moreira da Silva, Gaïa Oliarj-Inés, Mikaël Treguer et Catherine Vuillez ont une énergie incontestable mais on les comprend mal à cause d’une diction approximative.


La mise en scène aussi approximative-n’arrange rien  Quant à la scénographie, faite de cadres en tubes carrés, on ne voit pas trop quels services, elle peut rendre au jeu.  Bref, ce spectacle  manque singulièrement d’unité et en ce soir de première, rien n’était vraiment dans l’axe et A Sec ressemble trop à un essai qui aurait sans doute une place comme travail de fin d’année dans une école de comédiens mais pas vraiment sur le plateau d’un Centre Dramatique National. Enfin, il y a une belle image (mais attendue): à la presque fin, les comédiens déversent la laine de mouton entassée dans les sacs posés en fond de scène, ce qui fait un gros tas blanc. Le spectacle se termine enfin, plutôt qu’il ne finit vraiment et le public n’a guère applaudi.

C’était une première mais au théâtre, il n’y a jamais d’excuses! Sarah Delaby-Rochette peine à faire exister ce semblant de pièce qui avait pourtant déjà été joué sous une première forme. Une note d’espoir? Peut-être avec des ciseaux bien affutés, faudrait-il commencer par élaguer sérieusement ce texte et lui donner une coloration d’agit-prop, ce qui manque cruellement ici, mais aussi revoir en urgence le jeu des acteurs.  Il y a donc encore beaucoup de travail…

Philippe du Vignal

Jusqu’au  17 mai, Comédie de Valence-Centre Dramatique National (au Théâtre de la Ville) (Drôme). T. : 04 75 78 41 70.

 

 


Avec:
Costumes: Mélody Cheyrou
Lumière: Alice Nédélec
Scénographie: Camille Allain-Dulondel
Son: Thibaut Farineau

Sarah Delaby-Rochette est membre de l’Ensemble artistique de La Comédie de Valence.


Carte blanche à Gaël Faye au musée du Louvre

Carte blanche à Gaël Faye au musée du Louvre

Cela fait de nombreuses années que ce musée collabore avec des artistes. Avec Gaël Faye, il reçoit à la fois l’écrivain mais aussi le chanteur-compositeur et interprète. Une carte blanche avec randonnée nocturne en mars dernier dans le Louvre. «On ressent les choses différemment, quand la ville se calme.» dit-il. Le public est en petit comité et il y a des artistes invités comme Gaël Kamilindi, de la Comédie Française.
La conférence de Maxime Froissant à laquelle nous avons assisté, avait pour thème le processus de création artistique à l’occasion de la sortie de Jacaranda de Gaël Faye (prix Renaudot 2024, Grasset).

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Un concert (malheureusement complet) aura lieu le 20 mai en dialogue avec Le Radeau de la méduse de Théodore Géricault et finira en beauté cette collaboration, en forme de métissage entre tableaux et artistes vivants.
La redécouverte du musée est liée au regard de ces jeunes filles qui tenaient dans un premier temps, à découvrir les seules œuvres représentant des chats ou des chiens. Lui, partage sa vie entre les mots des créations liées à l’enfance et la musique.
Petit Pays (prix Goncourt des lycéens 2016, Grasset) et Jacaranda, sans être vraiment autobiographiques, sont fondés sur ses souvenirs du génocide au Rwanda et le traumatisme de la guerre qu’il a vécue: «Les mots en disent plus que les images. (…) «Tout est écriture ». Et ces romans débutent par un retour à l’enfance mais il n’oppose en rien musique et écriture.
Ecrire lui demande beaucoup de temps et un effort physique qu’il ressent dans son corps. Il nous lit un extrait de Jacaranda et évoque le personnage de Stella. « Elle a grandi auprès de son arbre mystique, son ami et confident, une présence rassurante dans une époque tourmentée, une balise fixe dans les remous du temps qui passe.» Il dit « ressentir son histoire sans savoir au départ comment il va la raconter.»
Stella symbolise la jeunesse rwandaise actuelle qu’il a rencontrée. «Je construis mes romans par tableaux, dit-il, à travers une écriture non linéaire, comme un montage de film. Je finis par parler à mes personnages ; je suis à leur disposition. » Gaël Faye essaye de s’effacer et de leur laisser la place. Et en écrivant, il tente aussi de sauver tout ce qui disparait, comme une soirée banale chez sa grand-mère: une façon de sauver par les mots, tout un univers : « Rendre le passé, présent, est aussi la raison d’être d’un musée ! »

Jean Couturier

Le 20 mai, concert Gaël Faye, musée du Louvre (entrée par la Pyramide) 34 quai François Mitterrand, Paris (Ier).

Festival d’Avignon, Gahugu Gato, d’après Petit pays de Gaël Faye du 17 au 22 juillet, (relâche le 19), cloître des Célestins.

 

Au Nom du père et du fils, texte et mise en scène de Mohamed El Mazzouji

Au Nom du père et du fils, texte et mise en scène de Mohamed El Mazzouji

Un titre repris de l’Evangile de Saint-Matthieu comme pour de  nombreux livres et films dont celui  de Marco Bellocchio  Au Nom du père (1972). Sur fond autobiographique, ici l’auteur-acteur, marocain d’origine, nous conte ses mésaventures avec la Justice mais aussi avec sa belle-famille françaises. Après une séparation douloureuse avec sa compagne, il a été séparé de son très jeune fils. Il se bat et va d’audience en audience, sans jamais rien lâcher…pour essayer d’avoir une garde alternée, malgré les délais inévitables qui le démoralisent..

© Christophe Raynaud de Lage

© Christophe Raynaud de Lage


Sur la petite scène, juste deux cubes noirs et il joue tous les personnages: juge, avocat ou belle-mère en travesti avec juste quelques accessoires, costumes et perruques qu’il enfile vite fait, derrière un rideau de fils.

L’auteur-acteur raconte son aventure avec une diction et une gestuelle parfaites. Le tout sur des musiques françaises et arabes, comme pour symboliser l’écart entre deux cultures: celle du Maroc, son pays natal où il appris le théâtre, et la France: il a pu acquérir la nationalité et en est fier.
C’est tout cela qu’il met en scène avec, à la presque fin, une allusion au fameux Cercle de craie caucasien, une pièce de Bertolt Brecht où un juge doit dire à laquelle de deux mères, appartient un enfant et que Jean Dasté créa à la Comédie de Saint-Etienne avec un grand succès populaire en 56 et où débutait la grande Delphine Seyrig…

La réalisation est encore brute de décoffrage et donc à affiner, et le texte, inégal mais ce jeune acteur s’en empare avec déjà un bon métier. Flavie Fontaine depuis six ans aux manettes de La Flèche, a une fois de plus visé juste et ce petit théâtre d’essai est un tremplin efficace pour aider de jeunes metteurs en scène et acteurs à se faire connaître. Les spectacles ici se jouent une fois par semaine mais le solo de Mohamed El Mazzouji mérite amplement d’être présenté ailleurs.

Philippe du Vignal

Jusqu’au 4 juin, le mercredi à 19 h, Théâtre La Flèche, 77 rue de Charonne, Paris (XI ème). T. : 01 41 09 70 40.

 

 

Le Temps des fins, texte et mise en scène de Guillaume Cayet

Le Temps des fins, texte et mise en scène de Guillaume Cayet


Cela se passe en trois épisodes dans une forêt. D’abord, l’adieu d’un chasseur dans un long monologue, à un bois qu’on va raser, et à toute la vie animale et végétale qu’il abritait.Sans doute une peu long mais le plus juste des textes. Puis arrivent deux militantes écologistes mais la Police s’apprête à démanteler le camp. Enfin une famille cherche à se protéger avant la tempête qui menace de tout dévaster. Mais la Nature aura le dernier mot et la flore comme la faune renaîtront. Alleluia….
Le long monologue se passe dans une forêt, très bien scénographiée par Cécile Léna  (voir Le Théâtre du Blog) sous les lumières sépulcrales de Kevin Briard. Dans cette première partie, Vincent Dissez est exemplaire dans le rôle de ce chasseur déjà un peu âgé ; sans crier un instant, il raconte ce que fut longtemps sa passion…La chasse dans ce bois qu’il connait si bien.
Dans le volet suivant, des femmes (Marie-Sohna Condé et Mathilde Weil)  se retrouvent. On les entend même si on ne voit pas bien une fois de plus ce que les micros H.F. apportent sur une scène pas si grande. Elles parlent beaucoup d’écologie, de menaces sur la bio-diversité mais le texte va un peu dans tous les sens…

©x

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Puis, le père la mère et leur ado se retrouvent dans une pauvre cuisine autour de la table en stratifié. Le père, sans emploi, ne semble guère faire d’effort pour en trouver. Mais il achète par internet une cabane démontable pour se protéger d’une tempête annoncée. L’ado dit sans arrêt qu’elle va aller dîner seule dans sa chambre.
Et un court épilogue fera allusion à une nature renaissante.

« Le Temps des fins sera donc un spectacle autour de l’écologie politique, ou plutôt de l’écologie radicale, dit l’auteur et metteur en scène. Ce ne sera pas du tout un spectacle sur l’effondrement, sur la collapsologie, mais sur toutes ces brèches de possibles qui s’ouvrent dans notre société actuelle et qui sont refermées par l’ordre, par l’État, le plus souvent violemment.
Ce sont ces brèches-là qui m’intéressent. Ces brèches-là qui pensent déjà, (sic) à l’intérieur de notre monde vieillissant, un monde plus habitable. En filigrane du temps des fins, expression empruntée au philosophe allemand Günther Anders, cette pensée : « il semble plus facile d’imaginer la fin du monde. Si la fin du monde nous semble plus préhensible, parce que nous en possédons des images et des représentations, il nous reste justement à produire des images et des imaginaires de ce que pourrait-être la fin du capitalisme. Le Temps des fins, à sa toute petite échelle, tente d’en offrir une représentation.  » Il faut toujours se méfier des notes d’intention aussi mal écrites…

Le monologue du début, un peu laborieux, aurait amplement suffi à la démonstration et ces deux heures sont interminables. Le texte, même s’il évoque des thèmes actuels, n’apporte rien et la réflexion ne va pas loin. Quant aux dialogues de la dernière partie, ils  ne volent pas plus haut, que ceux de Plus belle la vie.
Les jeunes gens d’une classe de lycée s’ennuyaient et regardaient leur portable. Et les nombreuses vidéos tout format, avec, entre autres, le grossissement du visage des acteurs (un stéréotype actuel que les jeunes metteurs en scène ont enfin abandonné)  n’arrivent pas à soutenir un texte aussi faible. Et comme ces deux heures se passent dans la pénombre, on décroche vite.

L’ensemble, sans doute paré des meilleures intentions, mais jusqu’au bout d’un ennui pesant, est sans aucun espoir, malgré l’impeccable travail des acteurs. Vous pouvez vous épargner ce Temps des fins…

Philippe du Vignal

 Jusqu’au 17 mai, Théâtre de la Cité Internationale, 17 boulevard Jourdan, Paris (XIV ème). T. : 01 85 53 53 85.

Le texte est publié aux éditions Théâtrales (2024).

 

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