Une paréidolie

Une paréidolie…

Cette photo de la plus étonnante paréidolie que nous ayons jamais vue…
Nous avons pensé vous faire plaisir, en vous offrant ce beau visage. Une photo non retouchée de Laura Dauzonne. Elle a pu observer quelques minutes  en août dernier  près de Honfleur (Calvados).
Cette photo aurait sans doute émerveillé Charles Baudelaire: « J’aime les nuages…les nuages qui passent…là-bas…là-bas…les merveilleux nuages! » Petits poèmes en prose (1869).

Ph. du V.

 

© Laura Dauzonne

© Laura Dauzonne

 


Archive de l'auteur

Festival le Temps d’aimer la danse à Biarritz Baïna(a) par la compagnie Le G Bistaki

Festival le Temps d’aimer la danse à Biarritz

Baïna(a) par la compagnie Le G Bistaki

Une belle découverte! Cette troupe se fait aussi nommer: « Cirque chorégraphique d’investigation ». En partenariat avec la ville de Bilbao, le festival propose gratuitement cette loufoquerie devant le théâtre du casino.

© J. Couturier

© J. Couturier

Quatre Pieds nickelés dégringolent sur une transpalette, la pente qui mène à ce large espace, circonscrit par des sacs de maïs et occupé par un fauteuil, une table et des pelles à neige! Lesquels vont servir à un jeu théâtral acrobatique en cinquante minutes. Florent Bergal, Sylvain Cousin, Jive Faury et François Juliot nous surprennent par leur invention.
Ils jonglent avec les pelles à neige, glissent sur le maïs comme lors d’un programme de patinage artistique.
Ils se chamaillent, se coursent comme des gamins, improvisent un tango plein de grâce. Ces acrobates et danseurs occupent parfaitement l’espace, tout en scrutant parfois le ciel pour vérifier que des mouettes rieuses ne viennent pas manger ce maïs. Devenu un or jaune convoité par chacun
au point d’en garnir son tee-shirt, ce qui crée inévitablement des conflits.

La musique du merengue mexicain, comme celle de Piotr Ilitch Tchaikowski pour Le Lac des Cygnes, accompagnent cette folle et joyeuse équipée urbaine. Toutes les recettes du théâtre de rue fonctionnent ici à merveille et les artistes invitent le public à venir danser avec eux. Une belle parenthèse au milieu de ce festival.

Jean Couturier

Spectacle vu le 15 septembre, sur le parvis du Casino de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques).

 

La Veuve rusée de Carlo Goldoni, adaptation et mise en scène de Giancarlo Marinelli

La Veuve rusée de Carlo Goldoni, adaptation et mise en scène de Giancarlo Marinelli

 Dans ses Mémoires écrits en français en 1787, le célèbre auteur évoque son existence mouvementée entre la société vénitienne du XVIII ème siècle et Paris où il fréquente la cour de Louis XV et de Louis XVI. Observateur avisé des mœurs européennes, il écrit cette pièce en 1748 à Venise.

 ©Béatrice Livet

©Béatrice Livet

Une jeune veuve (Caterina Murino), espiègle et charmante, accompagnée d’une malicieuse servante, (excellente Sarah Biasini) est courtisée par quatre séducteurs : un Anglais, un Français, un Espagnol et un Italien. Chacun avec ses façons à lui de l’attirer. Après une première rencontre avec ces petits coqs, elle leur dit : “Je ne cherche pas la beauté mais la bonté et la fidélité.”
Arlequin, lui, est chargé de transmettre à la belle, leurs messages et cadeaux mais, comme Puck dans Le Songe d’une nuit d’été, il mélange leurs expéditeurs, d’où une série d’imbroglios et la pièce bascule alors dans une douce bouffonnerie. Arlequin (belle prestation de Tom Leeb) improvise des explications surréalistes pour corriger ses erreurs. Vincent Deniard, Vincent Desagnat, Thierry Harcourt et Pierre Rochefort sont, eux aussi, justes et crédibles.

© Béatrice Livet

© Béatrice Livet

Cette pièce est faite pour une troupe et ce collectif d’artistes s’entend à merveille. C’est toujours un pari risqué dans le théâtre privé, de faire une création avec de nombreux personnages. Et on aimerait qu’il y ait plus de rythme, plus de folie pour goûter pleinement à cette comédie légère.
Carlo Goldoni dépeint avec cruauté les travers spécifiques liés au pays de chaque séducteur : l’Italien est jaloux, le Français égocentrique (il offre un portrait de lui ! ), l’Espagnol uniquement préoccupé par sa lignée, (il lui donne un arbre généalogique ) et l’Anglais, excentrique. Seul, l’Italien semble avoir un sentiment authentique pour elle!
Avec cette pièce en trois actes, Carlo Goldoni donne vie pour la première fois à des personnages de la commedia cell’arte. Mais difficile de comprendre l’intervention de l’oncle de cette veuve, sous la figure de Pantalon, ici en voix off ( Jean Reno ) et qui apparaît comme « le Commandeur », gardien de la moralité.

La mise en scène est très cinématographique, avec des projections d’images réussies évoquant la Cité des Doges et la scénographe Fabiana Di Marco s’est intelligemment adaptée au petit plateau de ce théâtre parisien historique.
Les superbes costumes ont été fabriqués dans l’atelier vénitien de Stephano Nicolao. Un florilège de musiques un peu convenues accompagne cette création qui ira plus tard en Italie avec une équipe de comédiens de ce pays, dont Sarah Biasini et Caterina Murino. Le metteur en scène nous invite ici à un voyage dans le temps, peut-être un peu trop sage! Mais agréable à l’œil et à l’oreille. Un solide travail d’artisan du théâtre : allez découvrir cette pièce rarement jouée.

 Jean Couturier

 Théâtre des Bouffes-Parisiens, rue Monsigny, Paris (II ème) T. : 01 86 47 72 43.

Malwida de Michel Mollard, mise en scène de François Michonneau

Malwida de Michel Mollard, mise en scène de François Michonneau

En 1889, chez son maître et mentor Gabriel Monod, Romain Rolland rencontre Malwida von Meysenbug (1816-1903)* qui avait cinquante ans de plus que lui. Cette aristocrate très émancipée défend avec ardeur la cause féministe , autrice des Mémoires d’une idéaliste. et a épousé les idéaux démocratiques de son temps. Et elle aura une grande influence sur des écrivains et compositeurs comme Jules Michelet, Richard Wagner, Franz Liszt, Frédéric Nietzsche, Lou Andreas-Salomé, André Suarès…

©x

©x

Pendant quatorze ans, de 89 à sa mort, elle et l’écrivain Romain Rolland (1866-1944), grand musicologue et passionné de Beethoven, dramaturge (peu joué) et surtout auteur d’un roman-fleuve Jean-Christophe, publié de 1904 à 1912. Mais il a connu de nombreux échecs. Elle et lui vont s’écrire plus de mille cinq cents lettres. Grâce aussi à elle, il deviendra prix Nobel de littérature et lui rendra ainsi hommage: « L’ami qui vous comprend, vous crée. En ce sens, j’ai été créé par Malwida.» L’auteur de cette pièce veut fait revivre cette femme exceptionnelle et ce grand écrivain. Mais était-ce une si bonne idée d’en faire une pièce?

Sur la petite scène, un piano à queue en bois clair et quatre châssis peints à double face: l’un pour représenter les rayonnages de livres d’un bureau et l’autre pour suggérer un appartement à Venise : une porte, une porte-fenêtre, une cheminée et une petite commode.
Trois interprètes: un pianiste Ilyès Bouyenzar (Romain Rolland jeune) et Bérengère Dautun, Benoît Dugas, et la voix de Jean-Claude Drouot (Romain Rolland âgé). Le texte semble précis mais pas toujours clair!
La mise en scène, elle, reste très statique et la direction d’acteurs, aux abonnés absents. Bérangère Dautun qui a pourtant une sacrée expérience du théâtre et qui a tout joué (trente-cinq ans, sociétaire de la Comédie-Française!) s’adresse aux spectateurs du premier rang… et, sauf à de rares moments, on ne l’entend donc pas. Quant à Ilyès Bouyenzar, on l’écoute avec plaisir jouer du Bach mais dès qu’il parle, il ne semble pas être vraiment là !
Bref, pendant une heure quinze, on s’ennuie. Dommage ! Nous ne vous conseillerons donc pas ce spectacle.
*Mémoires d’une Idéaliste, préface de Gabriel Monod, traduction disponible sur Gallica


Philippe du Vignal

Spectacle vu le 15 septembre au Studio Hébertot, 78 bis boulevard des Batignolles, Paris (XVII ème).

 



L’Avare de Molière, mise en scène de Clément Poirée

L’Avare de Molière, mise en scène de Clément Poirée

Il y avait, avec l’invitation au spectacle, une liste d’objets à apporter si possible : tissus, vêtements, livres, magazines, casseroles, chaussures, gants… CD et DVD qui ne servent plus. Le but? Monter «un Avare aussi radin qu’Harpagon lui-même ». Le reste étant donné à La Petite Rockette, une association de ressourceries, avec restaurant anti-gaspilage, atelier-vélo participatif et friperie solidaire.

©x

©x

Bon, après tout, pourquoi pas ? Six grandes étagères grillagées et de grands bacs reçoivent ces dons et servent aussi d’éléments scénographiques comme un escalier sur roues, muni d’un gros projecteur d’où Harpagon menacera sa famille. Bon!
Aucun autre décor et derrière ces grilles on peut voir la compositrice 
Stéphanie Gibert créer une musique à partir d’une casserole, d’un verre… ou l’habilleuse Émilie Lechevalier, préparer les costumes ou du moins ce qui en tient lieu. Les jeunes interprètes sont en slip, short et haut blancs. Seul Harpagon ( John Arnold) est habillé façon XVII ème siècle, en strict pourpoint noir.
On retrouve ici ce célèbre avare que tout jeune élève du primaire connait au moins de nom, avec au début, une interminable liste de dépenses. Ce veuf de soixante ans (
soit au moins dix de plus que maintenant!) se méfie de ses enfants qu’il n’aime guère, parce qu’ils sont jeunes : sa fille Élise est amoureuse de son intendant Valère et Cléante, lui, est fou de la jeune Marianne. Mais Harpagon la trouve à son goût et voudrait l’épouser… Grâce à un habile chantage sur une cassette pleine d’argent qui a été dérobée à Harpagon, Cléante pourra épouser Marianne…

Le texte est respecté mais la mise en scène de Clément Poirée, fondée au départ sur une sorte de performance-mettre tous les dons du public sur les étagères- ne fonctionne pas. On attendra en vain la suite… et le début est assez laborieux. Les acteurs déplacent sans arrêt étagères et projecteurs sur roulettes… Ce qui ne sert à rien et parasite le jeu, comme les allers et retours d’Harpagon dans la salle par une passerelle casse-gueule (il y a une petite rampe à franchir!), le rythme est souvent trop lent et la distribution inégale.
John Arnold arrive à rendre crédible son personnage, comme les jeunes acteurs qui jouent Elise et Cléante. Mais quelle sotte idée de les avoir mis en caleçons et slips blancs ! Le tout manque singulièrement de folie et d’une vision socio-politique dont Clément Poirée voulait sans doute imprégner la comédie la plus connue de Molière et la plus emblématique en France.
D’argent, on en parle en ce moment et tous les théâtres officiels et les compagnies ne négligent aucune petite économie. Au Théâtre de la Tempête, un clin d’œil à L’Avare ? Plus de programme distribué mais écrit sur un grand tableau noir dans le hall. 
Cette mise en scène se bonifiera sans doute avec le temps mais ne nous a pas paru vraiment convaincante.

 Philippe du Vignal

Jusqu’au 8 novembre, Théâtre de la Tempête, Cartoucherie de Vincennes, route du Champ de manœuvre. Métro: Château de Vincennes+ navette gratuite.

Le Mage du Kremlin de Giuliano da Empoli, adaptation et mise en scène de Roland Auzet

Le Mage du Kremlin de Giuliano da Empoli, libre adaptation et mise en scène de Roland Auzet 

Dans ce roman (2022), l’auteur essaye de montrer comment fonctionne la dictature d’un pays autour de Vladimir Poutine, avec toutes les conséquences que cela peut avoir sur l’avenir de la Russie mais aussi des Etats-Unis  et des pays occidentaux.. Ou comment un seul homme et toute son équipe de courtisans, soutenus par de puissants oligarques, sont arrivés à exercer un pouvoir exorbitant.
Ce « mage du Kremlin », dans le roman, Vadim Souranov, alias Vladislav Sourkov qui a été metteur en scène de théâtre et producteur d’émissions de télé-réalité et fut le conseiller politique et éminence grise de Vladimir Poutine: «  «Je ne connais pas très bien la politique, mais je sais ce qu’est un spectacle.» Il démissionnera plus tard, après être tombé en disgrâce.
Giuliano da Empoli connait bien ce domaine qui fascine le public: il a été, lui aussi,  conseiller politique, en particulier de Matteo Renzi: « Ce roman sur la Russie offre également une réflexion sur le pouvoir en général, son influence sur les hommes et l’importance de l’expérience qu’il leur procure.(…)  L’auteur
n’essaie pas de reproduire la réalité de façon mimétique, comme le ferait un peintre classique par exemple. (…) Poutine est très à son aise dans le maniement du chaos, comme d’ailleurs son conseiller Baranov, manipulateur qui sait nourrir l’ambiguïté. Adopter un comportement illisible et se montrer imprévisible, lorsqu’on se sent affaibli est la seule façon de faire peur. C’est la stratégie de Poutine -que l’on peut voir à l’œuvre aujourd’hui. Or, c’est une stratégie à laquelle l’Occident, épris d’ordre et de discipline, est mal préparé et équipé. D’où la grande difficulté d’établir des relations stables avec le président russe. »

 
 © O' Brien

© O’ Brien


Le roman qu’adapte ici Roland Auzet, est riche en dialogues précis et monologues, tous en général très écrits, ce qui ne veut pas dire forcément: oraux et théâtraux. Rien à faire: on a vu cela, depuis qu’il y a une dizaine d’années, les metteurs en scène se sont emparés des fictions romanesques. Ce n’est pas le même vocabulaire ni la même syntaxe. Ici, ces longues conversations, paroles juxtaposées, voire narrations et discours indirects
ne peuvent pas fonctionner.
Et dans toutes les mauvaises adaptations théâtrales des romans de Gustave Flaubert, George Sand, Marcel Proust, Honoré de Balzac…, on retrouve cette  même et inévitable carence.

Pauline Bayle s’en était  très bien sortie dans Illusions perdues (voir Le Théâtre du Blog) grâce à un vrai travail dramaturgique. Ici, Roland Auzet a bien du mal à trouver un fil rouge et à donner une véritable couleur à ce livre dense et le personnage de Poutine, même remarquablement interprété par Andranic Manet, semble faible.
Cela commence bien mal avec une scénographie prétentieuse. Avant le début, ses interprètes sont là et discutent. L’un d’eux, Boris Berezovsky, très  riche propriétaire de journaux et  médias (Hervé Pierre) passe un balai à franges sur un sol en plastique noir.  Il y a aussi une table avec des verres et un flacon de vodka.
Côté jardin et côté cour, un gros canapé et deux fauteuils d’un blanc éclatant, se font face. Et un buste de Lénine. Sur le mur du fond, de grands miroirs reflétant les spectateurs, un procédé efficace il y a cinquante ans imposé par le Za Branou tchèque… mais que personne n’ose plus utiliser.

Mais aussi une lumière blanche aveuglante face public, insupportable, sans doute pour signifier la dictature de la vision ou quelque chose du même genre. Bref, une scénographie et des lumières faciles, et pas du bois dont on fait les flûtes.  S’affiche en grosses lettres noires, sur fond blanc des phrases « Cette histoire est inspirée de faits et de personnages réels, à qui nous avons prêté une vie privée et des propos imaginaires. Il s’agit néanmoins d’une véritable histoire russe. »Après quelques minutes où on voit les personnages se parler entre eux sans qu’on les entende-là aussi un vieux procédé- la pièce commence enfin: « Qu’est-ce que je peux vous dire de plus… dit alors une femme, visiblement proche de Poutine: «  La première fois que j’ai entendu parler de Vadim Baranov, c’est comme tout le monde. Par les médias. Quand on avait appris sa démission comme conseiller politique du Tsar. Il avait passé quinze ans à son service. C’est lui qui l’avait fait. C’est ce qu’on dit. » Apparaissent ensuite des personnages comme Berezovsky, en disgrâce depuis que Boris Elstine a disparu, et qui a tout fait pour installer au pouvoir ce Poutine, chef du F.S.B., l’ex K.G.B. efficace et redoutable police secrète. Un homme, dit-il, qui a « transformé la Russie en ce qu’elle a toujours été : une putain de prison ! » remarquablement joué par Andranic Manet  mais qu’on verra finalement peu. Dommage…
Il y a parfois de bons mais courts moments: comme le récit du naufrage du Koursk, le sous-marin nucléaire qui explosa mystérieusement avec 118 hommes en 2000, de la guerre en Tchétchénie, et de  l’invasion de l’Ukraine. Ou encore cette discussion entre Baranov (excellent Philippe Girard) et Limonov, un écrivain dissident qui sera pro-Poutine quand ce dernier annexera la Crimée et le Donbass.

©x

©Thomas O’Brien

Mais Roland Auzet nous inflige de nombreuses projections d’images non figuratives: lignes noires embrouillées ou plans rouges vif très grand format sur le mur du fond, qui n’ont rien à faire là. Inutiles, voire pléonastiques.
Elles parasitent même le jeu des acteurs! Comme ces bombardements d’immeubles ou de Prigogine, parlant dans un cimetière à l’abandon…
Tous ces clichés et artifices relèvent d’un vieux théâtre, même et surtout quand il est fabriqué par des metteurs en scène contemporains.


A la fin, deux jeunes rappeuses en pantalon et blouson noir, chantent en russe. Enfin un peu de vie… Il y a aussi un terroriste, lui aussi tout en noir, qui arrive par la salle et menace le public: il faut se pincer très fort pour y croire, même une seconde!

L’ensemble du spectacle est bien long (deux heures) voire confus! Et difficile parfois de se repérer dans les personnages pour ceux qui n’ont pas lu le roman, . Et pourquoi avoir fait dire de courtes répliques en russe, sur-titrées? Pour faire plus juste, plus authentique? Evidemment, cela sonne faux!
Dans tout cela, reste l’interprétation magistrale de Philippe Girard ( Le Mage) et d’Hervé Pierre en oligarque. Mais cela ne suffit pas! Le public qu’on sentait friand de connaître les coulisses du Kremlin et de la vie de Vladimir Poutine, a semblé déçu et a applaudi frileusement-on le comprend- un spectacle décevant et que vous pouvez vous épargner…

Philippe du Vignal
 Jusqu’au 3 novembre, La Scala, 13 boulevard de Strasbourg, Paris (X ème). 
 

Journées du Matrimoine au Théâtre du Peuple de Bussang

Journées du Matrimoine au Théâtre du Peuple de Bussang

 Avec Julie Delille, première femme nommée à sa tête, le Théâtre du Peuple -célèbre patrimoine du théâtre- met en lumière les femmes artistes en ces journées du Matrimoine.
Cette manifestation, imaginée en 2015 par l’association H/F Île-de-France fait écho aux Journées du Patrimoine, pour faire émerger « l’héritage des mères » et rendre visibles leurs œuvres (voir le Théâtre du blog). Elle se déroule cette année dans onze régions de France, jusqu’à la Réunion, et en Belgique, Espagne, Royaume-Uni, Italie…).
Avec le Théâtre du Peuple à Bussang, la région Grand Est rejoint désormais ce mouvement visant à donner plus de visibilité aux créatrices, en particulier celles que l’Histoire a effacées.
Entre hommes et femmes, l’inégalité reste flagrante sur le front intellectuel et artistique. Selon les statistiques* : 63% d’étudiantes dans les écoles d’art mais 45% des actives en moyenne dans les professions culturelles, 20% en moyenne des œuvres programmées créées par des femmes et 16% des opéras mis en scène par des femmes …

 

Tombe de Tante Camm et Maurice Pottecher © M Davidovici

Tombe de Tante Camm et Maurice Pottecher © M Davidovici

La saison d’été où nous avons découvert avec plaisir la première création de Julie Delille à Bussang, Le Conte d’hiver (voir Le Théâtre du Blog), se clôt sur ce week-end de découvertes au féminin. La metteuse en scène les envisage en cohérence avec l’utopie proposée par Maurice Pottecher, un homme en avance sur son temps. Ce patron humaniste, écrivain et son épouse, ont pensé ce théâtre comme lieu de transmission entre artistes et population, en rassemblant sur scène amateurs et professionnels.
« Par l’art » et « Pour l’humanité » sont les devises inscrites au fronton de la scène qui s’ouvre à chaque représentation sur les collines boisées, comme regardant vers l’avenir. Cette utopie perdure grâce à l‘association en charge du lieu et aux directeurs artistiques successifs nommés à la tête d’une équipe permanente. Et aussi grâce à la fidélité d’un public diversifié : 30. 000 spectateurs cet été.

 

© M . Davidovici

© M . Davidovici

« Cet héritage est une manière de penser le monde très juste par rapport à ce qu’on traverse » dit Julie Delille. Celle qui joua avec grande sensibilité Méline, l’enfant sauvage de Je suis la bête (voir le Théâtre du blog) se met à l’écoute de ce lieu, où Fagus, le plus vieux hêtre de la forêt, règne sur le théâtre de bois, plus jeune que lui. Elle consacrera la saison prochaine à la célébration de ses cent trente ans.
Les artistes associés Alix Fournier-Pittaluga et Paul Francesconi s’attellent à la tâche et naîtra un feuilleton théâtral autour de son histoire. Un épisode sera réservé à Camille de Saint-Maurice, alias Tante Camm.
La grande comédienne, épouse de Maurice Pottecher et cofondatrice du Théâtre du Peuple, formera des générations d’artistes amateurs et professionnels
jusqu’à sa mort en 1957. À découvrir aux prochaines Journées du Matrimoine.

 


Une promenade poétique dans la nature

Cette année, Les Journées du Matrimoine ont commencé par une marche à travers champs, ponctuée de lectures : amateurs et professionnels se sont partagé des textes de leur choix : George Sand, Virginia Woolf ou Marceline Desbordes-Valmore entraient en résonance avec Christiane Singer (Seul ce qui brûle), Lune Vuillemin (Border la bête), Maylis de Kérangal (Réparer le vivants)… Une bonne mise en jambe pour la suite.

 

Annie Ernaux par Laurence Cordier

Dans la soirée, le bar du théâtre a accueilli une plongée dans l’œuvre de la Prix Nobel de littérature 2022. Laurence Cordier qui avait réalisé en 2016 Le Quat’sous, un montage pour trois comédiennes à partir des Armoires vides, Une femme et La Honte, nous lit une version resserrée de son spectacle. Cette écriture auto-socio-biographique, selon les termes d’Annie Ernaux, apparaît à l’oral, précise et ciselée, à la surprise du public venu nombreux. Une prose travaillée au couteau entre rage et tendresse. Cette lecture sensible et incisive par Laurence Cordier laisse augurer de la qualité de sa prochaine mise en scène, en répétition au Théâtre du Peuple : Antigone d’après Sophocle, présenté comme une «performance orale », dans la traduction claire d’Irène Bonnaud et Malika Hammou.

 

© Mireille Davidovici

© Mireille Davidovici

Mary Sidney alias Shakespeare adaptation et mise en scène d’Aurore Evain, d’après l’essai de Robin P. William

Qui a écrit Shakespeare ? Telle est la question. Universitaire et femme de théâtre, initiatrice des Journées du Matrimoine, Aurore Evain s’est passionnée pour les recherches de Robin P. William. Selon l’Américaine, Mary Sidney serait l’autrice cachée des pièces de Shakespeare. À partir du livre Sweet Swan of Avon : Did a Woman Wrote Shakespeare ? ( Doux cygne d’Avon : une femme a-t-elle écrit Shakespeare ?) qu’elle a adapté et publié **, Aurore Evain réalise une conférence théâtralisée avec la comédienne Fanny Zeller.
Elles se livrent à une enquête historique, pleine de bruit et de fureur. Nous voilà catapultés dans les coulisses du théâtre élisabéthain, avec les énigmes qui entourent le grand auteur. Fils de gantier, autodidacte, comédien et propriétaire de plusieurs théâtres, homme d’affaires plutôt douteux, il n’a laissé aucune archive, aucun brouillon de ses pièces…
Et aucun de ses contemporains ne le mentionne comme écrivain, à l’exception de Ben Jonson dans la préface d’une édition posthume- et encore, on le verra, de manière ambigüe. En revanche, Mary Sidney Herbert, comtesse de Pembroke, de haute noblesse et brillante lettrée, multilingue, poétesse et traductrice, semble remplir toutes les cases en faveur de l’hypothèse de Robin P. William. Elle a côtoyé de près la cour royale, est apparentée avec nombre de personnages des pièces historiques attribuées à Shakespeare et aurait lancé la mode de ce genre en traduisant en langue anglaise
Marc-Antoine de Robert Garnier en 1578. Quant aux Sonnets de William Shakespeare, ne seraient-ils pas l’œuvre de son frère Philip ?

Dans son édition savante, truffée de preuves, croisant les sources, établissant nombre de coïncidences, Aurore Evain ne manque pas d’humour. Dans ce même esprit, elle a conçu un spectacle de deux heures, établissant une belle complicité entre la scène et le public. Il faut découvrir cette enquête qui, même si le doute persistait, reste un beau« femmage» à une grande dame du temps jadis.

 

Mireille Davidovici

 

Spectacle joué les 14 et 15 septembre, Journées du Matrimoine,Théâtre du Peuple, 40 rue du Théâtre, Bussang (Vosges). T. : 03 29 61 50 48.

 Antigone mise en scène de Laurence Cordier : 11-16 novembre, La Manufacture Nancy (Lorraine) ; les 21 et 22 novembre, Château d’Eu (Seine-Maritime) ; les 28 et 29 novembre, L’Azimut, Antony/ Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine)

Le 3 décembre, Théâtre de Chartres (Eure-et-Loir) ; le 5 décembre, Maison de la Culture de Bourges (Cher) ; les 4 et 5 février, Gallia, Saintes (Charente-Maritime)


Mary Sidney alias Shakespeare
 d’Aurore Evain : le 19 février, Glob Théâtre, Bordeaux (Gironde), Festival Cultivons notre matrimoine du 11 au 21 février.

 

*Source : Observatoire de l’égalité entre femmes et hommes dans la culture et la communication – 2023, chiffres actualisés par HF en 2023.

 ** Le livre d’Aurore Evain est publié auxéditions Talents Hauts (2024)

Illusions perdues d’après Honoré de Balzac, adaptation et mise en scène de Pauline Bayle

Illusions perdues, d’après Honoré de Balzac, adaptation et mise en scène de Pauline Bayle 

Après L’Iliade, puis L’Odyssée, courts mais brillants spectacles joués par six acteurs, (voir Le Théâtre du Blog) Pauline Bayle reprend les mêmes principes: plateau nu, ni accessoire ni décor, distribution réduite, costumes actuels soigneusement choisis, jeu sobre et précis, transitions rapides. Six interprètes  ici pour une multitude de personnages que l’on peut vite identifier, même quand des femmes jouent des hommes… D’un roman fleuve (quelque sept cent pages en trois parties, publié entre 1837 et 1843), Pauline Bayle tire un spectacle musclé de deux heures trente.  A l’aune de cette œuvre désenchantée, cette adaptation sans fioritures met en valeur l’art du dialogue et de la formule chez Honoré de Balzac, entre cruauté et humour. 

Après un début laborieux joué à l’avant-scène : le brusque départ d’Angoulême de Lucien, poète en herbe, avec sa muse, Madame de Bargeton, Illusions perdues prend sa vitesse de croisière, quand Honoré de Balzac propulse son héros à Paris dans l’arène du monde littéraire et politique. Le charme et les sonnets (fort ampoulés!) de son protégé, n’opèrent plus auprès de la noblesse parisienne et Madame de Bargeton abandonne Lucien Chardon, fils de pharmacien, pour défaut de particule. Et seul un décret du Roi pourrait lui rendre le titre de noblesse de sa mère: de Rubempré.
Dévoré d’ambition, sûr de son talent, le jeune homme va se battre et trouvera bientôt succès et fortune dans le journalisme. Le provincial idéaliste aura tôt fait de se déniaiser et d’apprendre les ficelles d’un métier corrompu. Grâce à la toute puissance de la presse, on peut arriver à ses fins, à condition de n’avoir aucun scrupule et d’être prêt à tremper dans des affaires douteuses : «Les belles âmes, écrit Balzac, arrivent difficilement à croire au mal, à l’ingratitude, il leur faut de rudes leçons avant de reconnaître l’étendue de la corruption humaine.» Autre leçon qu’apprend le littérateur en herbe: «On peut être brillant à Angoulême, mais presque insignifiant à Paris. »

©x

©Julien Gosselin

L’auteur de La Comédie humaine sait de quoi il parle, pour avoir fréquenté les milieux qu’il évoque de sa plume impitoyable : salons mondains, cénacles littéraires, cercles libéraux ou royalistes… Il met dans la bouche d’un personnage: «C’est ignoble, mais je vis de ce métier, moi comme cent autres! Ne croyez pas le monde politique beaucoup plus beau que ce monde littéraire: tout, dans ces deux mondes, est corruption, chaque homme y est ou corrupteur ou corrompu » ?
On reconnaît, dans le roman, un aréopage qu’il a sans doute côtoyé : les  gratte-papier comme Finot, Étienne Lousteau, le poète Raoul Nathan, l’éditeur Dauriat… Et bien sûr, des actrices sous les traits, ici, de la belle Coralie, l’amoureuse de Julien et l’une des causes de sa perte.  On peut lire l’amertume d’Honoré de Balzac dans une lettre à sa sœur, écrite peu avant d’entreprendre la rédaction d’Illusions perdues: « Rien, rien que l’amour et la gloire ne peut remplir la vaste place qu’offre mon cœur. » 

Faute d’avoir pu mettre le dispositif quadri-frontal de la création, au Théâtre de l’Atelier, on a installé une partie du public sur la scène pour qu’il baigne dans cette comédie humaine où les acteurs incarnent, avec vigueur et justesse, cette galerie de personnages. Ils  vont de l’un à l’autre, grâce à d’agiles changements de costumes. Rien de caricatural mais un certain humour dans leur interprétation.
Anissa Feriel en scène du début à la fin, apporte à Lucien de Rubempré, la grâce et l’enthousiasme de la jeunesse. Manon Chircen est aussi bien Madame de Bargeton que Fulgence Ridal ou Raoul Nathan.
Zoé Fauconnet compose une Madame d’Espard retorse (la cousine de Madame de Bargeton) et donne à Coralie les accents d’une tragédienne dans un monologue théâtral inspiré. Frédéric Lapinsonnière joue Monsieur de Saintot, Daniel d’Arthez, Dauriat, Canalis, Hector et Merlin. Adrien Rouyard devient Étienne Lousteau, Camusot. Enfin, Najda Bourgeois (Vautrin) intervient pour secourir un Lucien ruiné et désespéré. Tel un deus ex machina, il annonce ainsi la suite des aventures de Lucien dans Splendeur et misère des courtisanes

 « Je veux montrer, dit Pauline Bayle, comment la soif de réussite peut nous asservir et finir par nous priver de notre liberté. Dans Illusions perdues, Balzac nous tend le miroir de nos existences, entre espérance et résignation, ambition et humilité, rêve de puissance et rappel cruel de la réalité.» Pari tenu: une fois les règles du jeu de cette démarche radicale acquises, nous plongeons avec plaisir dans ce marathon théâtral. La faune du Paris de la Restauration ressemble étrangement à celle d’aujourd’hui…

 Mireille Davidovici

Du 7 septembre au 6 octobre, Théâtre de l’Atelier, 1 place Charles Dullin, Paris (XVIII ème)
T. : 01 46 06 49 24.

Les 16 et  17 octobre, Forum Meyrin, Genève (Suisse)

Le 14 novembre,  L’Entracte, Sablé-sur-Sarthe (Sarthe). Les
28 et 29 novembre, Théâtre d’Auxerre (Yonne).


Le 10 décembre, Théâtre de Cusset- Scène conventionnée Art et Création  (Allier) .

Le 21 janvier, DSN-Dieppe (Seine-Maritime).

 

 

Festival Le Temps d’aimer la danse à Biarritz

Festival Le Temps d’aimer la danse à Biarritz

La Mégère apprivoisée  de William Shakespeare, adaptation de Jean Rouaud, chorégraphie de Jean-Christophe Maillot, musique de Dimitri Chostakovitch

Cette pièce créée il a dix ans par le Ballet du Bolchoï, est entrée au répertoire de celui de Monte-Carlo et a été présentée en clôture de ce festival avec de jeunes interprètes. Le talent de Juliette Klein (Katharina) impressionne, comme celui de tous ses partenaires. Elle incarne ce personnage avec une beauté sauvage qui ne cache pas sa folie.

© MonteCarlo_CdeO-ter

© MonteCarlo_CdeO-ter

Baptista veut marier sa fille Katharina mais Bianca, sa sœur, attire tous les soupirants. Petruchio, lui aussi un peu décalé, finira par séduire et épouser la revêche. «Au lieu de faire de La Mégère apprivoisée, une sorte de manuel machiste : comment on dompte  une femme revêche, il s’agit de mettre en scène, dit Jean Rouaud, la rencontre au sommet entre deux fortes personnalités qui, enfin, se reconnaissent l’une l’autre. Leur côté asocial, ingérable, vient d’abord de leurs solitudes respectives où leur personnalité incompatible avec le genre humain ordinaire les maintient, ce qui explique leurs excès, faute d’avoir trouvé un homme ou une femme à leur démesure. Ce sont des albatros au milieu d’une volée de moineaux. Car il s’agit bien ici d’un amour hors norme.»

En ces temps où la différence par rapport à la norme est justement en vogue, Jean-Christophe Maillot offre une narration très lisible mais on  ne ressent guère d’empathie pour les personnages. Techniquement, ce ballet sur pointes est parfait et ravira les aficionados. Figures et performance physique des danseurs remarquables… mais manque ici l’émotion.

La scénographie (cubes et colonnes)  d’Ernest Pignon-Ernest est un peu datée, tout comme les costumes clinquants d’Augustin Maillot. Directeur du Ballet de Monte-Carlo depuis 1993, Jean-Christophe Maillot a vu ses chorégraphies reprises par de nombreuses compagnies. Figure remarquable de la danse, il réussit à maintenir en vie une troupe nombreuse avec un répertoire néo-classique… qui se fait de plus en plus rare aujourd’hui. Comme le Ballet de Biarritz dirigé par Thierry Malandain, que deviendra cette troupe quand il prendra sa retraite?

 Jean Couturier

Spectacle vu le 15 septembre à la Gare du Midi à Biarritz ( Pyrénées-Atlantiques).

L’Ombre de soi d’Odile Cougoule

L’Ombre de soi d’Odile Cougoule

 Nous avons revu, et mieux vu au studio Chandon, ce solo dansé par Chloé Sénéjoux et créé en juin dernier. Odile Cougoule, récompensée en 76 à Bagnolet comme Dominique Bagouet (1951-1992), au concours créé par Jaque Chaurand (1928-2017), évolue dans la danse dite libre, tendance Irène Popard, plutôt qu’Isadora Duncan.
Ici, elle a voulu ici rendre hommage à la chanteuse américaine Janis Joplin disparue en  70 et qui eut son heure de gloire au temps des chemises à fleurs. On connaît sa fin tragique, celle d’artistes accros aux drogues dures : le « club des 27″ (Jimi Hendrix, Brian Jones, Jim Morrison, Kurt Cobain, Jean-Michel Basquiat, Amy Winehouse…)

 

© Nicolas Villodre

© Nicolas Villodre

Janis Joplin,«chanteuse à voix », fit, avec un répertoire pop (on ne dit plus variétés!), des emprunts aux interprètes de jazz, blues, soul… comme Bessie Smith, Big Mama Thornton, Mahalia Jackson, Tina Turner… Odile Cougoule garde de celle qu’on surnomma « Pearl », le souvenir ému d’un concert qu’elle donna en Europe lors de sa dernière tournée internationale qui s’acheva à Woodstock où elle apparut absolument ivre et «chargée» à bloc… Et plus que l’ombre d’elle-même. Cela explique sans doute le titre de cette pièce.
La bande originale choisie par la chorégraphe comprend And the Gods made love (1968) de Jimi Hendrix, tiré de l’album Electric LadylandDark Victory, de et par le pianiste Paul Bley, accompagné en 90 par le bassiste Charlie Haden, Doing it to death (1973) de James Brown et Summertime, une chanson tirée de Porgy and Bess (1935), le fameux opéra de George Gershwin, livret d’Ira Gershwin et de DuBose Heyward, et interprétée par Janis Joplin.

 Chloé Sénéjoux exprime avec un grand talent les moments de méditation, extase, rage, spleen, évasion dans les paradis virtuels au moyen de substances. Comme les chutes et rechutes de la protagoniste. Si la pièce n’est pas narrative, elle reste, comme disait Claudine Eizykman «représentative».
Cela implique que les qualités de la danse restituent des états psychologiques bien précis. Mais la relation musique-danse ne va pas jusqu’à la subordination d’une expression sur l’autre. Humilité de la danse vis-à-vis de la musique ! Ni la chorégraphe ni son interprète n’illustrent note à note ou  pas à pas, chaque chanson. Et  elle n’a pas bridé  Chloé Sénéjoux qui a eu le champ libre pour imprimer, sa patte et sa dynamique à l’entreprise. Ici, elle enchaîne remarquablement prises de risque, torsions et distorsions, grands ponts, les déséquilibres, changements de sens… Le public en a eu pour son content et son comptant.

 Nicolas Villodre

 Spectacle vu le 15 septembre au Studio Chandon, 280 rue Lecourbe, Paris (XV ème)

 

12345...611

DAROU L ISLAM |
ENSEMBLE ET DROIT |
Faut-il considérer internet... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Le blogue a Voliere
| Cévennes : Chantiers 2013
| Centenaire de l'Ecole Privé...