Les cloches impériales de Chine
Les Cloches impériales de Chine
Ce spectacle créé en 1983, a déjà présenté dans plus cinquante-sept pays soit 1.000 représentations avec environ un million de spectateurs et est fondé sur la musique de Chu, une civilisation florissante il y a plus de 2.500 ans. Produit par le Hubei Provincial Performing Arts Groupe, il est interprété les artistes du Hubei Provincial Opera and dance Drama Theatre et est présenté à Paris dans le cadre d’un programme d’échanges culturels internationaux du China Arts and Entertainment Group.
Trouvés en 1978 dans la province du Hubei, et datant de 2.400 ans, ces beaux instruments en bronze sont le plus ancien ensemble d’instruments à gamme chromatique jamais identifié en Chine et probablement dans le monde. Les systèmes musicaux se limitaient souvent à des gammes pentatoniques ou heptatoniques et ce dispositif exceptionnel permettait de produire l’intégralité des demi-tons d’une octave, comme dans la musique occidentale moderne.Les célèbres cloches Bianzhong se distinguent par leur capacité à délivrer deux hauteurs différentes selon le point de percussion montrant une maîtrise acoustique remarquable au VI ème siècle avant J.C. Reproduits avec fidélité, ces instruments de scène permettent d’évoquer les batailles, danses et fêtes d’une civilisation raffinée.
Ce spectacle d’une heure et demi alterne parties dansées et parties instrumentales avec un panel impressionnant de cloches, gongs, tambours, xylophones jouées par une quinzaine d’interprètes, entre autres au début dans Les Echos de la Chine ancienne et Chemin de quête-musique ancienne pour bianzhong et bianquing. Un groupe remarquable de précision gestuelle et impressionnant de rigueur. Comme par miracle, le temps d’un commentaire en chinois-comme la majorité du public pour cette seule soirée- tous les instruments disparaissent et laissent la place au chapitre II: Au rythme des danses ancestrales où alternent ballets de danseurs et de danseuses, tous réglés au cm près. Là aussi très impressionnant, notamment un rituel dansé en rond de guerriers sur une musique de percussions. De temps en temps, il y a en voix off, un commentaire mais en en chinois…
Cueillette du murier-Labourage, danses agricoles interprété par douze jeune femmes est tout aussi précis mais nous a paru plus conventionnel…
Suit le chapitre III: L’Harmonie des huit sons avec des instruments classés selon huit matériaux: métal, pierre, soie, bambou, calebasse, terre cuite, cuir et bois. A cordes comme le « se » qui en comptait autrefois cinquante, à air comme une flûte à bec en bambou, ou une flûte de pan avec vingt-quatre tubes, eux aussi en bambou. Ou le yng-xun, un ocarina en céramique. Ou encore le Quing, un lithophone composé de pierres plates. Tous d’une beauté stupéfiante.
On ne peut tout citer mais il y a aussi un Chant de justice-Chanson, dansé par des hommes avec un texte plein d’humour: « Les fonctionnaires cupides, bien qu’ils puissent être corrompus, pourtant peuvent être intègres, les fonctionnaires intègres, bien qu’ils puisent être honorés, pourtant, sont souvent dédaignés. (…)
« Enfin, le spectacle se termine par Musique de banquet au palais de Chu-Le grand banquet cérémoniel avec de nombreux musiciens et toute la troupe des danseurs et danseuses jouant comme Loïe Fuller avec de grandes écharpes bleues ou roses. Côté des réserves, il y a dans ces Cloches impériales de Chine, une scénographie parfois kitch, une musique enregistrée amplifiée souvent envahissante et des voix en play-back…comme dans toutes les superproductions qui doivent être rentabilisées grâce à un nombreux public mais on se lasse pas de regarder l’ensemble de ces instruments d’une grande beauté et l’ensemble du spectacle est une grande leçon de professionnalisme artistique. Si vous en avez l’occasion, cela vaut le coup d’aller le voir.
Philippe du Vignal
Spectacle vu le 20 mai au Théâtre Mogador, Paris ( VIII ème).
Tournée en France et en Europe.