Boléro , chorégraphie Sidi Larbi Cherkaoui et Damien Jalet, Busk, chorégraphie Aszure Barton et Strong, chorégraphie Sharon Eyal par le Ballet du Grand Théâtre de Genève.

Boléro, chorégraphie de Sidi Larbi Cherkaoui et Damien Jalet, Busk, chorégraphie d’Aszure Barton et Strong, chorégraphie Sharon Eyal par le Ballet du Grand Théâtre de Genève.

Superbe programme avec des interprètes exceptionnels mais pour seulement… quatre représentations. A Paris, les amateurs de danse contemporaine ont vécu une belle semaine (voir Le Théâtre du Blog): ils pouvaient assister à Helikopter et Licht d’Angelin Preljocaj au Théâtre de la Ville, à une reprise du ballet-culte Out of Context-for Pina d’Alain Platel au Cent-Quatre, à Vers la Mort de Sharon Eyal ou encore à Appartement de Mats Ek à l’Opéra Garnier.

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Et enfin on pouvait voir ce triptyque commençant par Boléro  dont  la scénographie de Marina Abramović nous avait émerveillé à sa création en 2013 à l’Opéra de Paris: un miroir incliné au-dessus des danseurs double leur image et les costumes sont d’une grande beauté. «Riccardo Tiscia les a conçu en trois couches, disait Sidi Larbi Cherkaoui: une cape, une robe transparente et un justaucorps dont les broderies soulignent le squelette.»  Les artistes créent des ondes circulaires qui vont croissant: effet hypnotique garanti avec la célèbre musique répétitive du Boléro de Maurice Ravel.

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Busk surprend : ce deuxième programme de la Canadienne Aszure Barton qui l’a créé en 2009 en Californie, est une belle découverte. Un danseur en gants blancs réalise des pantomimes rappelant les grandes heures de Marcel Marceau: un chapeau mou est posé à l’avant-scène sous un rayon de lumière, avant qu’il ne s’en empare. Vite rejoint par ses camarades, l’artiste fusionne avec le groupe.
Cette quasi-cérémonie religieuse est faite de mouvements complexes où sont mobilisés yeux, langue orteils… To busk (en anglais : se produire dans la rue ou autres lieux publics avec musique chant, jonglage ou prestidigitation avant de faire la manche).

© Grégory Baraton

© Grégory Batardon

Strong, en dernière partie, sans doute une des plus belles pièces de Sharon Eyal, est dansée presque toujours sur la pointe des pieds avec, entre autres, des alignements de groupe ou des individualités qui se détachent, toujours d’une grande beauté. Parfois avec des mouvements saccadés et asynchrones qui rappellent les premières créations de Sharon Eyal.
Créé en 2019 au Staatsballett à Berlin, ce ballet est envoûtant. Ses dix-sept interprètes, en collant noir transparent, ont sur le visage, des tatouages ressemblant à ceux des Maoris néo-zélandais. Cette meute pleine d’énergie capte l’attention du public et le Ballet du Grand Théâtre de Genève, dirigé par Sidi Larbi Cherkaoui, est d’une exceptionnelle qualité.

 Jean Couturier

Spectacle présenté du 10 au 13 avril, au Théâtre du Châtelet, Place du Châtelet, Paris (I er).
T. : 01 40 28 28 28.


Archives pour la catégorie Danse

Last Work chorégraphie d’Ohad Naharin

Last Work, chorégraphie d’Ohad Naharin

 La dernière œuvre (2015) de ce chorégraphe n’était pas dansée à Lyon par sa compagnie la Batsheva fondée par Martha Graham à Tel Aviv en 1964, mais par le Ballet de la capitale des gones, à l’occasion de l’entrée de cette œuvre à son répertoire. La troupe lyonnaise, successivement dirigée par Françoise Adret, Yorgos Loukos, Julie Guibert, avant de l’être aujourd’hui par Cédric Andrieux, a prouvé, une fois de plus, qu’elle peut tout danser. C’est selon nous, une des raisons pour lesquelles le spectacle a été applaudi à tout rompre par une salle comble et comblée.

Le lever de rideau est extraordinaire. Nous assistons-et admirerons plus d’une heure durant- la course infinie d’Almudena Maldonado portant élégamment une robe bleue; en arrière-plan, elle essaye en vain d’aller de cour à jardin, contrainte au surplace par un tapis roulant masqué par une plate-forme. Les éclairages limpides d’Avi Yona Bueno, les murs latéraux en accordéon traçant la perspective, dessinés par Zohar Shoef, les costumes sexy d’Eri Nakamura, les plages de la bande originale de Grishka Lichtenberger, les danseurs entrant et sortant au compte-goutte, agissant ou s’agitant de manière saugrenue, produisent leur effet.

© Alice Brazzit

© Alice Brazzit

Si l’absolue abstraction s’estompera et si pointe l’anecdote, on finit, qu’on le veuille ou non, par s’habituer à la bizarrerie gestuelle, la suite vaut d’être vécue. La structure progresse par à-coups, jets discontinus, intermittence, petits pas et demi-pointes. Nul recours à l’effet de canon, que ce soit sur le plan musical ou chorégraphique ; nul usage du procédé à la Trisha Brown, d’accumulation et nulle impression de gradation rythmique ou de cheminement dramaturgique. La pièce change de nature, et nous avec. Au moment où nous nous étions accoutumés aux variations, pas de deux et, tout au plus, de six, déboule la troupe entière, engagée pour la représentation: dix-neuf danseurs, si l’on compte la marathonienne…

 De la singularité, de l’originalité et de l’insolite, nous passons en deuxième partie au travail à l’unisson, à la synchronie, à l’harmonie. Aussi bien en position debout, le corps de ballet distribué aux quatre coins du plateau, qu’au sol où les danseurs sont accroupis comme des grenouilles, agenouillés, allongés. Après avoir brillé en solitaire, les interprètes se fondent dans le groupe, font foule, créent grappes et mêlées, forment bataillon. Le signe devient symbole, et la danse: théâtre. Pas celui, expressionniste, d’un Kurt Jooss ; celui, plus précisément, d’une Martha Graham. Après s’être déshabillés et rhabillés à vue, les danseuses sont vêtues de clair comme des bébés, et les hommes, en tenue noire.

Une interprète se livre à des mouvements suggestifs, érotiques, contrôlée par un individu en soutane rappelant le prêtre d’Appalachian Spring de Martha Graham (1944). Un gaillard, de dos, semble s’auto-satisfaire façon Onan. Quand il se retourne, on s’aperçoit qu’il astiquait, en réalité, un fusil-mitrailleur. Allusion faite à la guerre en général, mais non à celle de Sécession à laquelle pensait Martha Graham, ni au conflit actuel à Gaza. Quoique…

Nicolas Villodre

Jusqu’au 17 avril, Opéra de Lyon, 1 place de la Comédie, Lyon (Rhône). T. : 04 69 85 54 54.

 

Vers la Mort, chorégraphie de Sharon Eyal et Appartement,chorégraphie de Mats Ek

Vers la Mort, chorégraphie de Sharon Eyal et Appartement, chorégraphie de Mats Ek

C’est une création de Sharon Eyal pour le Ballet de l’Opéra national de Paris, d’après l’original OCD Love. Nous avions été impressionnés-il y a sept ans déjà- par la violence et l’animalité des danseurs à Chaillot (voir Le Théâtre du Blog).
La musique d’Ori Lichtik est toujours aussi présente et envoûtante mais la chorégraphie est plus esthétisante. Les interprètes, avec des mouvements a-synchroniques, semblaient sortir d’un service de neurologie… Ceux de l’Opéra,avec une gestuelle plus harmonieuse, apparaissent comme de magnifiques sculptures échappées du Louvre. Parfois, on découvre une rébellion envers l’harmonie du groupe: un corps s’exprime, se dissocie mais tout rentre vite dans l’ordre .
Sharon Eyal dont les pièces sont reprises dans le monde entier, a réécrit cette pièce mais le parti-pris adopté ici est moins fort que dans la version originale d’OCD love qui avait été présentée en dispositif bi-frontal dans le grand foyer de Chaillot. Mais les interprètes sont en parfait accord avec cette nouvelle esthétique.

Ici une grande partie du spectacle a lieu à jardin, ce qui prive d’une bonne visibilité, les spectateurs placés à cour ! Aucun souci de ce type avec Appartement de Mats Ek, surtout dansé à l’avant-scène et accompagné sur scène par les musiciens de Fleshquartet. José Carlos Martínez directeur de la danse à l’Opéra national, y a créé un des rôles emblématiques dans la séquence de la télévision… il y a vingt-cinq ans ici même. Il est remplacé aujourd’hui par Hugo Vigliotti. Cette pièce devenue presque classique et qui appartient à l’histoire de la danse, a été reprise avec brio il y a dix ans par Mariko Aoyama, assistée d’Ana Laguna et de Mats Ek pour le ballet du Bolchoï  (voir Le Théâtre du Blog).

 ©Yonathan Kellerman

Les tableaux rythmés par les ouvertures du rideau de scène comme, entre autres, ce curieux et réussi solo d’ouverture de Roxane Stojanov, avec un bidet, dévoilent l’intimité d’un appartement et surprennent toujours autant le public. Ou la séquence de La Cuisine, où dans un four se calcine un bébé,  qui est dansée par Léonore Baulac et Alexandre Gasse, choque toujours autant le public !
Deux tableaux sont un peu datés: celui de l’écran de télévision devant lequel le danseur sommeille, ou ce ballet de cinq danseuses avec aspirateurs. La troupe du Bolchoï transformait ces moments de vie quotidienne, en une performance athlétique et le Ballet de l’Opéra donne une dimension plus humaine et plus théâtrale aux personnages: cela confirme la qualité de ces interprètes de danse contemporaine.
A l’occasion de la reprise d’Appartement et des quatre-vingt ans de Mats Ek, une exposition lui est consacrée au Palais Garnier.Pour célébrer aussi le travail, et les liens privilégiés que Mats Ek entretient avec l’Opéra national, les costumes iconiques et accessoires de ses grands ballets:  Carmen, Giselle, La Maison de Bernarda, Boléro… sont exposés dans ses espaces publics.

Jean Couturier

Jusqu’au 18 avril, Opéra de Paris, Palais Garnier, Paris (VIII ème). T. : 08 92 89 90 90.

 

Sculpture et Poésie, chorégraphie d’Alice Psaroudaki

Sculpture et Poésie, chorégraphie d’Alice Psaroudaki

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©Patrick Herrera

Un spectacle avec le Ballet de l’Ouest parisien. Nous connaissions le goût d’Auguste Rodin pour la danse, les danseurs et, surtout, les danseuses… En 1900, le célèbre résident de Meudon, à l’Ouest de Paris, une ville limitrophe de Clamart, tomba sous le charme des danseuses cambodgiennes dont il fit ensuite plus de cent croquis (ci-dessous

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©x Auguste Rodin dessinant une danseuse cambodgienne


Ami d’Isadora Duncan et Loïe Fuller, Auguste Rodin s’enticha d’une protégée de cette dernière : Hanako, actrice de kabuki (1868-1945)  lui inspira des dizaines de masques en terre cuite. Il avait aussi été fasciné par Alda Moreno, un modèle posant déshabillée qui était aussi danseuse et contorsionniste de cabaret.

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Les spécialistes du sculpteur ont enfin identifié, il y a peu, une petite sculpture de Vaslav Nijinski qui lui avait accordé une brève et unique séance de pose. À Clamart, se fixèrent en 1928, Jean Arp et sa femme Sophie Taeuber, sculptrice comme lui. Elle avait été formée vers 1910 à la danse d’expression par Rudolf Laban et contribua à l’animation des soirées Dada au Cabaret Voltaire.

Alice Psaroudaki se réfère, elle, aux œuvres de Cris Pereby et Auria, alias Patricia Maze, des sculptrices contemporaines. La chorégraphe a voulu par la danse, «donner vie à leurs œuvres». Le spectacle entremêle poésie du mouvement dansé, et poésie tout court, à partir de deux textes d’Annik Merlin écrits spécialement pour la compagnie, et de Mignonne, allons voir si la rose de Pierre de Ronsard.

Un programme, disons néo-classique, avec des thèmes musicaux du répertoire baroque et classique. Le langage reste académique mais, percent, ici et là, de belles échappées de danse contemporaine. Certains  interprètes sont pieds nus et s’habillent « 
casual«  mais la plupart ont des chaussons et certaines dames osent aussi le tutu. Cette chorégraphie alterne variations, pas de deux et pas de trois dans des tableaux assez courts, sauf le plat de résistance final qui dépasse les vingt minutes. Les interprètes sont excellents, techniquement et artistiquement.

Auria (2023) rend hommage à la sculptrice éponyme sous forme de cinq variations se référant à ses œuvres: L’Envolée, Angha, Sagarika, La Vague, L’Extase etLâcher prise. Dans la première partie, une vidéo détaille les sculptures par inserts et très gros plans, sans du tout nuire à la danse vivante. Cloé Alexandre, en longue robe rouge bordeaux dessinée par la chorégraphe et réalisée par Natalia Maciel, inaugure la séance sur demi-pointes, soutenue par une aria: L’Envolée de Vivaldi. Les poses de cette danseuse élégante, fluide et concentrée sont classiques et animées de sauts extrêmement légers.

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©Patrick Herrera

Vient ensuite sur le Concerto pour piano n°2 de Rachmaninov, un pas de trois avec Athina Klironomou (Angha), Madeleine Bell (Sagarika, La Vague) et Serge Mouawad (L’Extase). Et Lâcher prise-étonnante prestation d’Olga Totukhova-détourne avec malice les clichés de la danse classique. Cette velléité libertaire sur une musique sacrée de Vivaldi est amorcée par la danseuse chaussée de godillots, portant machinalement un tutu, les genoux en dedans. Réjouissant à voir…

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©Patrick Herrera

 De la sculpture, on passe à la poésie avec Mignonne, allons voir si la Rose (2018), toujours sur du Vivaldi, avec un duo vu à sa création au théâtre de Boulogne-Billancourt. Interprété ici par Emilia Sambor (La Jeune Fille) et Justine Foiret (La Rose) qui mettent en valeur le travail sur pointes. L’art du mime est convoqué pour illustrer les vers de Pierre de Ronsard.
Première lecture de Marie Perruchet (2014) que nous avons découverte trois ans plus tard au Tarmac à Paris, est inspirée des Nourritures terrestres (1897) d’André Gide; illustrée par un extrait de Didon et Énée (1689) d’Henry Purcell, elle est interprétée par Athina Klironomou et Kabba Jallow, tous deux en pantalon. Et somme toute, plus moderne de facture : un peu béjartienne sur les bords mais sans recherche du geste compliqué ou virtuose. Le Poète (2019), sur une musique de Vivaldi, permet au vigoureux Aurélien Magnan de briller, et relève quasiment du mimodrame.

Retour à la sculpture avec, cette fois, de courtes pièces se référant au travail de Cris Pereby. Rêve de Pygmalion (2015) illustre à sa façon La Pudique et La Sauvageonne, la première étant incarnée par Madeleine Bell, la deuxième, par Camille Savy.
Après les poèmes
d’Annick Merlin, dits en voix off par Jacques Gay, on reste dans le baroque avec un concerto d’Alessandro Marcello. Costumes conçus par Alice Psaroudaki et réalisés par Hisako Tanaka. Rêverie (2019) s’appuie sur un extrait de Thaïs de Massenet et met en lumière la subtile interprète qu’est Cloé Alexandre.

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© Patrick Herrera


Timides?
(2016) sur le grandiose Concerto pour piano et orchestre n° 1 de Tchaïkovski, réunit Emilia Sambor et Serge Mouawad. Dans ce long pas de deux, la chorégraphe donne libre cours à son inspiration et multiplie les difficultés techniques : sauts, pirouettes, portés…
Elle dose temps forts et faibles, tous les tempi du compositeur et nous offre une grande variété d’enchaînements : un
perpetuum mobile
La troupe a été rappelée plusieurs fois.


Nicolas Villodre

Spectacle présenté le 6 avril au Théâtre Jean Arp de Clamart (Hauts-de-Seine).

Coup fatal, musicales de Rodriguez Vangama et Fabrizio Cassol, direction : Rodriguez Vangama, mise en scène d’Alain Platel

Coup fatal, musicales de Rodriguez Vangama et Fabrizio Cassol, direction : Rodriguez Vangama, mise en scène d’Alain Platel

Une reprise de la pièce jouée au festival d’Avignon 2014 et mêlant avec brio jeu , musique et danse qui « ne font qu’un, dit Fabrizio Cassol. J’essaie de créer partout des liens entre chants baroques et polyphonies congolaises. Comme, entre le morceau baroque initial et les propositions souvent incroyables que les musiciens africains apportent en réponse. Ces langages sont polyphoniques mais de façon différente.»
Rodriguez Vangama dirige avec une belle dextérité, les treize chanteurs, danseurs et interprètes d’un ou plusieurs instruments. Haendel, Vivaldi, Bach, Monteverdi et Gluck se marient parfaitement avec les rythmes de Kinshasa.
Le contre-ténor Coco Diaz nous emporte avec douceur vers les performances vocales que la musique instrumentale traditionnelle  du Congo-Kinshasa et les airs classiques magnifient ensemble. Les danseurs et chanteurs Russel Kadima, Boule Mpanya et Fredy Massamba que nous avions remarqués dans Requiem pour L à Chaillot (voir Le Théâtre du blog) ont une présence exceptionnelle.

 

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©Zoé Aubry

La danse prend naturellement sa place dans cette cérémonie à la gloire de notre élan vital. Un véritable traitement antidépresseur en une heure cinquante Devant trois rideaux en douilles de balles dorées évoquant les conflits qui règnent sur ce pays, ces vingt artistes ne laissent aucun temps mort à cette farandole musicale pleine de gaité. Après un bref moment où le plateau est vide, ils reviennent tous en costumes excentriques multicolores: «Paris est la capitale de la mode et moi, je suis le roi de la S.A.P.E. dit l’un. Kinshasa est la patrie de la Société des Ambianceurs et Personnes Elégantes. »
L’humour est aussi un des moteurs de cette création. Après avoir chanté et dansé avec beaucoup d’émotion To be young, gifted and black, une chanson de Nina Simone, ils entament Lascia ch’io pianga, l’aria de Georg Friedrich Haendel, adapté ici par Fabrizio Cassol… Un final qui restera longtemps dans nos mémoires.

Jean Couturier

Spectacle joué du 28 mars au 5 avril au Théâtre du Rond-Point, 2 bis avenue Franklin D. Roosevelt, Paris (VIII ème). T. : 01 44 95 98 21.

Théâtre de Namur (Belgique), du 5 au 7 juin.

 

On achève bien les chevaux, d’après le roman d’Horace Mc Coy, mise en scène d’Hervé Bouché, Daniel Clément Hervieu-Léger et Daniel San Pedro

On achève bien les chevaux,  d’après le roman d’Horace Mc Coy, mise en scène d’Hervé Bouché, Daniel Clément Hervieu-Léger et Daniel San Pedro

Le spectacle avait été créé à Bayonne en 2023 (voir Le Théâtre du Blog): le Ballet de l’Opéra national du Rhin s’est associé à la compagnie théâtrale des Petits Champs et ces  troupes ont réalisé une adaptation du célèbre roman (1935)  qui a inspiré Sydney Pollack  pour They Shoot Horses, Don’t They?  (1969) avec Jan Fonda.
Cela se passe vers 1930, donc il y a presque un siècle! en Californie, quand les Etats-Unis s’enfonçaient dans une crise économique à partir du krach boursier de 29, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. 
Il y a nombreux marathons de danse où les participants peuvent gagner quelquefois une prime importante. Mais il fallait tenir le coup jusqu’au bout et même s’il y avait chaque heure des pauses avec infirmières et trousse de secours, lits de repos, eau à volonté et sandwichs gratuits, les règles étaient implacables: en cas d’arrêt, élimination immédiate. Robert et Gloria, les vedettes font partie des candidats tous jeunes mais chutes et bagarres sont fréquentes.

Sur la vaste scène du Théâtre de la Ville, a lieu cette compétition dans un grand gymnase avec, au fond, un espalier et sur les côtés, gradins, vestiaires… Et partout des marquages de couleur  au sol pour les matchs.  

©C. de Otero

©C. de Otero

Daniel San Pedro, codirecteur de la compagnie des Petits Champs, joue le patron de cette  machine à achever les participants qui veulent malgré tout aller jusqu’au bout, comme cette femme enceinte… La plupart des jeunes gens, à la limite de craquer, résistent pourtant… Il y a parmi les danses de salon imposées, ces monstrueux « derbys » où les couples, déjà épuisés, doivent courir en rond. Ils peuvent aussi créer des figures pour gagner quelques points en plus.  Ou se marier contre cinq cent dollars! histoire de pimenter les choses. Et plus grave, tout un public  va voir ce marathon dont sortira gagnant un seul couple. Mais tous lutteront jusqu’au bout, pour essayer de sortir de la misère. Pathétique! Et Horace Mc Coy sait y faire…

Ici, seize couples de danseurs de l’Opéra national du Rhin, huit acteurs des Petits Champs et quatre musiciens pour représenter ce marathon fondé sur une réalité sociale bien réelle et sur cette lutte pour survivre à cette crise qui gangrène toutes les villes des Etats-Unis… Mais coup de théâtre, une ligue de moralité, représentée par trois femmes munies de pancartes, réussit à le faire interdire! Le directeur renverra donc sans aucun état d’âme les participants qui auront tout perdu…
 Oui, mais voilà, comment adapter un tel roman à la scène en une heure et demi? Mission  mission impossible et rares sont les metteurs en scène qui s’y risquent… Pourtant Micheline Kahn, une jeune metteuse en scène aujourd’hui disparue, avait eu en 87, une idée brillante: investir le Cirque d’hiver pour que le public soit au plus près de ce marathon.
Ici, les  metteurs en scène réussissent à faire circuler avec fluidité les quarante interprètes avec fluidité: ce n’est déjà pas rien. Mais la scénographie est peu adaptée, nous sommes loin et à quelques moments, l’ennui commence à guetter… Les meilleurs moments? Ceux de ces derbys où ces jeunes interprètes tous très crédibles, courent autour d’un cercle de sable. Les moins bons: les pauses où-logique-il ne se passe pas grand-chose…
Et dans ce théâtre-danse, les acteurs ont quelque mal lancer leurs répliques et la fin va  cahotant.. Mais le public-impressionné-voit bien, que, même après un siècle, l’emperruqué au visage maquillé d’orange pourrait aussi imaginer ce genre de conneries…
Allez, le concours est ouvert… Exemples: faire courir dans New York toute une armée de fonctionnaires, un marathon par couples pour essayer de garder son emploi, courir en solitaire à Gaza pour gagner un hectare de terre et s’y établir, élever pendant un mois puis tester à mains nues et en plein soleil, un second et très haut mur contre une prime de 2.00 $ et ainsi décourager les Mexicains à entrer aux Etats-Unis. Aller construire en un mois (voyage en avion-cargo payé, tente et sandwichs offerts) une maison au Groenland (seulement cinquante à gagner) après son achat forcé au Danemark par les Etats-Unis. Le texte d’Horace Mc Coy reste aussi juste qu’il y a un siècle et peut encore faire froid dans le dos…

Philippe du Vignal

Le spectacle a été joué du 1er au 5 avril au Théâtre de la Ville, 2 place du Châtelet, Paris ( IV ème). T. : 01 42 74 22 77.

Four New Works , conception et chorégraphie de Lucinda Childs, musique de Johann Sebastian Bach, Philip Glass, Hildur Guðnadóttir

Four New Works, conception et chorégraphie de Lucinda Childs, musique de Johann Sebastian Bach, Philip Glass, Hildur Guðnadóttir

 La compagnie Lucinda Childs vient de présenter à Chaillot quatre pièces, étrennées le 7 août dernier à Hambourg : Actus, Geranium (un solo créé par la chorégraphe en 65, puis recréé l’an passé), Timeline et Distant Figure.  Sept danseurs aguerris forment actuellement la Lucinda Childs dance Company: Robert Mark Burke, Katie Dorn, Kyle Gerry, Sharon Milanese, Map Pardo, Lonnie Poupard Jr. et Caitlin Scranton. L’ensemble trouve à s’exprimer après l’entracte, dans Timeline et, pour six d’entre eux, à briller dans Distant Figure, une magnifique composition, gardée pour la bonne bouche…

@ Alexandra Polina

@ Alexandra Polina

Les clignotements du lumiériste Sergio Pessanha permettent de voir pour une fois le grill de la salle Gémier qui avait été entièrement reconstruite par l’architecte Vincent Brossy en 2017, à la fin du mandat de Didier Dechamps et le font participer à la scénographie. Plus loin, un très grand écran–plus large que l’actuel 16/9 ème; ou le cinémascope d’autrefois, couvre l’ouverture du plateau- rectangle gris Malevitch, enrichi d’images de sport en noir et blanc. Détournées/surimprimées par le vidéaste Anri Sala, elles font office de toile de fond. Le scénographe n’étant pas crédité dans la feuille de salle, on peut penser que la chorégraphe, par ailleurs excellente plasticienne, occupe aussi cette fonction. Les costumes beige clair, sobres et fonctionnels, sont signés Nile Baker.

 La musique va du baroque, au minimalisme, de Bach.. à Bach rabâché, ressassé, répété ad libitum, autrement dit jusqu’à  Phil Glass, superbement joué par le pianiste et compositeur moscovite Anton Botagov. Le style de Lucinda Childs est d’ailleurs plus proche qu’on croit de la «belle danse» du XVII ème siècle. Un même geste, un même motif, une même cellule, dessinés ou décidés a priori, arbitrairement, subjectivement, froidement, varié à l’infini et décalé à l’excès, enrichi de peu d’autres, a pour effet de fasciner ou, au contraire,, d’exaspérer le spectateur. Comme cela avait pu l’être en 76, quand l’interprète de post-modern danse prit le relais du mevlevi (derviche tourneur) Andy de Groat dans Einstein in the Beach, le célèbre opéra de de Bob Wilson.

Avant de trouver sa voie, son style, sa marque de fabrique, Lucinda Childs est passée par une étape dada-surréaliste, comme Merce Cunningham, Trisha Brown, Pina Bausch… D’où cet humour pince-sans-rire à la Buster Keaton, froid, usant de gestes quotidiens et d’éléments prosaïques. Un esprit difficilement perceptible par le public dans le solo Géranium où elle prouve aussi, son talent de comédienne en incarnant avec ironie et conviction, un joueur de football américain (sans doute Johnny Unitas, des Colts de Baltimore opposés aux Cleveland Browns), sisyphe en pays plat, luttant contre la pesanteur. Empêché d’atteindre la zone d’en-but par un métaphorique harnais. Cette situation d’inquiétante étrangeté en rappelle d’autres, plus cocasses, comme le solo Carnation (1964).

De la structure toute simple (A-B-A ou A1-B-A2), aux reflets symétriques produits par de canoniques accumulations et d’infimes discordances qu’est Actus avec Caitlin Scranton et Sharon Milanese, danseuses très différentes par leur style, leur technique et leur gabarit, aux agencements de groupe fondés sur le langage académique, le pas de sept Timeline et le pas de six Distant Figure nous ont permis d’apprécier la subtile prestation de Katie Dorn), en passant par Geranium, une performance « arty» (rebaptisée en français avec un accent aigu, Géranium ’64), résume en à peine plus d’une heure, soixante ans de travail  et quelque cinquante œuvres à son actif….

Nicolas Villodre

Ce spectacle a été présenté au Théâtre National de Chaillot, 1 place du Trocadéro, Paris (XVI ème), du 19 au 22 mars.

KATA, chorégraphie et interprétation d’Anna Chirescu

KATA, chorégraphie et interprétation d’Anna Chirescu

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©Julien Benhamou

A l’Etoile du Nord, le festival Immersion Danse s’ouvre avec un solo dansé autobiographique d’Anna Chirescu, prix de la révélation chorégraphique 2024 du Syndicat professionnel de la Critique de théâtre, musique et Danse. Cela commence étrangement avec un récit plein d’humour dit par la danseuse, à l’abri des regards, à propos d’un fruit : le coing, un élément de la tarte traditionnelle en Roumanie. Un fruit un peu négligé en France mais emblématique de ce pays.
Puis Anna Chirescu entame vingt-six suites de mouvements de kata, certaines rythmées par ses vocalises. Ensuite nous entendons et découvrons en fond de scène, le récit de la mort médiatisée de Nicolae Ceaușescu, dictateur au pouvoir en Roumanie de 74 à 89.
Au même moment, elle apparaît, méconnaissable, en costume de danse traditionnelle et entame une danse rituelle ancestrale. Cette première partie n’est pas toujours lisible, malgré son engagement physique et sa belle occupation de l’espace. Le soleil se lève enfin à l’Est, même si le roumain est une langue latine,et quand Anna Chirescu nous parle de son père, tout devient clair.
En 2020, elle a reçu une vidéo de lui, filmé en tenue blanche de karatéka, avec ses partenaires. Ils s’entraînaient sur une plage et les images, d’une grande beauté en noir et blanc, sont de 1980, année où son père va fuir le régime totalitaire à l’occasion d’un voyage en France. Il
avait obtenu un « passeport de compétition ».
Nous comprenons alors mieux la signification de ce solo… Anna Chirescu a remonté le fil du temps et, aux saluts, l’émotion était perceptible dans son regard. En cinquante minutes, nous sommes devenus les témoins d’un parcours intime. Quand les frontières sont devenues instables et que la folie masculine est au plus haut degré, ce témoignage prend un autre sens! L’Histoire est un éternel recommencement et ce solo illustre bien le sous-titre de ce festival : Pour que la danse ne vous laisse pas indifférent!

Jean Couturier

Les 19 et 20 mars, Théâtre de l’Etoile du Nord, 6 rue Georgette Agutte, Paris ( XVIII ème). T. : 0142 26 47 47.
Les 2 et 3 juin, Pavillon de Romainville, dans le cadre des Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine Saint Denis.   

75018 Paris

Antoine et Cléopâtre, texte et mise en scène de Tiago Rodrigues, avec quelques citations de la pièce éponyme de William Shakespeare (traduction Jean-Michel Desprats)

Antoine et Cléopâtre, texte et mise en scène de Tiago Rodrigues, avec quelques citations de la pièce éponyme de William Shakespeare (traduction Jean-Michel Desprats)

 Des noms, emmêlés, cognés, liés, inséparables, inusables : Antoine et Cléopâtre. Tout est là, dans ce duo amoureux mythique, dansé, parlé et ordonné par Sofia Dias et Vitor Roriz. C’est l’histoire d’un amour tellement fusionnel qu’il abolit tout : ils ne sont ni reine ni général, tout est fondu autour d’eux. Il n’y a plus d’histoire… L’Histoire, la grande, la politique surnage parfois dans le flot de la passion comme un noyé qui remonterait à la surface, presque intact, mais déjà très éloigné d’une forme consistante ; ou comme ces statues antiques trouvées dans le golfe d’Alexandrie et remontées ruisselantes par des grues anachroniques…
On entendra le nom d’Octavie, l’épouse diplomatique et romaine, de Marc-Antoine. Ici, elle n’est que «l’autre femme », l’objet des fureurs de l’Égyptienne, pourtant la préférée. On parle de guerre et Marc Antoine, pour ainsi dire, se trompe de navire et suit celui de Cléopâtre, « Égypte », abandonnant sa flotte, égaré dans le présent de la passion.

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L’histoire est reléguée derrière une brume, on entend quelques fragments de Shakespeare comme un écho lointain. Pour son Antoine et Cléopâtre, Tiago Rodrigues a inventé un langage dramatique particulier. L’effet produit par son texte ressemble à celui de la musique répétitive : toujours semblable et jamais pareil, comme l’eau d’une rivière, disait l’un de ses pionniers, Steve Reich. Antoine, Cléopâtre : les deux noms s’attirent, se répètent de façon obsessionnelle. Non pas comme dans Roméo et Juliette : « ton nom seul est mon ennemi », mais plutôt ton nom seul abolit l’ennemi qui est en toi, il est le monde entier, il est toi… Antoine raconte, instant par instant, ce que fait Cléopâtre et vice versa (que l’auteur songeait à prendre comme titre de la pièce), dans un récit étroitement tricoté, en même temps que les danseurs s’éloignent l’un de l’autre, se rapprochent, dessinent modestement l’espace, toujours s’adressant à nous, puisque c’est un récit…Récit particulier, on le voit : émietté, s’écoulant comme autant de grains de sable, lassant, berceur, drôle parfois, avec la grâce parfaite (c’est-à-dire sans effets) de ses interprètes, dont le jeu se reflète sur les disques colorés d’un mobile léger. Tiago Rodrigues, dès l’écriture de sa pièce (2014) voulait faire travailler le spectateur : on peut dire qu’il y arrive. La forme obsessionnelle du spectacle l’éloigne de nous, le temps de découvrir cette singularité et d’entrer dans son fonctionnement.
On s’en échappe parfois, ou elle nous échappe, mais une fois sorti de la salle, se produit comme une décantation, et le récit masqué se dégage de ses voiles. Antoine, Cléopâtre : dans le temps suspendu de la passion, l’histoire continue… On pense à un autre texte de Tiago Rodrigues, Le Chœur des amants : osez parler de l’amour. Nous sommes prévenus : c’est toute une expédition de les accompagner.

Christine Friedel

Un spectacle créé il y a onze ans à Lisbonne et repris en 2016 dans ce meme théâtre de la Bastille ( voir Le Théâtre du Blog)et l’an passé au festival d’Avignon que son auteur dirige maintenant.C’est une sorte de paraphrase poétique où Tiago Rodrigues reprend à son compte l’histoire politico-sentimentale des célèbres amants qui voulaient bâtir un immense empire en réunissant leur cœur et leur pays. A noter : Shakespeare semblait aimer ces titres avec deux prénoms. Troilus et Cressida, Roméo et Juliette… Ici, aucun véritable décor sinon une toile partant des cintres et allant jusqu’au bord de scène comme celles qu’utilisent les photographes dans leur studio.. Dans le fond, sans doute pour dire (pléonastiquement!) l’instabilité des amours et des vies humaines, un mobile façon Calder mais sans poésie et laid, avec deux grands disques en plastique ocre et deux autres plus petits, bleu foncé accrochés à de minces barres en inox!

Un banc en bois avec un électrophone pour disques trente-trois tours dont la pochette est bien placée verticalement pour qu’on puisse la voir et on entendra quelques courts extraits de la bande-son originale composée par Alex North pour Mankiewicz Cléopâtre avec cet autre couple mythique que formaient Elisabeth Taylor et Richard Burton, Et sans doute Tiago Rodrigndu tiutues a-t-il voulu à partir de ce texte répétitif, créer une osmose entre le public et Sofia DiasVitor Roriz. Il insiste même un peu lourdement : «Cette collaboration artistique inspirée par l’idée d’une collaboration amoureuse. Nous collaborons aussi avec l’histoire, avec Plutarque, avec Shakespeare. Et, finalement, nous collaborons avec le public, cet indispensable et ultime collaborateur. » Et cela fonctionne? Pas bien du tout, malgré la présence indéniable de ce couple: on comprend mal certaines phrases (le français n’est pas leur langue maternelle et ces chorégraphes ne sont pas des acteurs.) le récit coule bien lentement: « Sofia, dit Tiago Rodrigues, parle obsessionnellement d’un Antoine et Vítor avec la même minutie, de Cléopâtre. Sofia décrit tous les faits et gestes d’un Antoine vivant. »

Mais ce spectacle qui participe à la fois d’une chorégraphie, surtout des mains, mais aussi d’une performance orale avec une distance et une reprise incessante et systématique des mêmes termes, est trop long: Antoine dit, Cléopâtre dit… Il aurait sans doute fallu aérer les choses et ce qui est  évoqué ici, pourrait l’être en quarante-cinq minutes, au lieu de quarante-vingt dix. Il y a comme une sorte de volonté systématique de déconstruction du langage, assez  laborieuse et vite exaspérante, avec un usage systématique de la troisième personne, et un côté provoc un peu facile, du genre performance pour les nuls. Bref, on a connu Tiago Rodrigues mieux inspiré… Ce texte, parfois délicat mais estouffadou: trop fabriqué et fondé sur la répétition du langage, manque d’épaisseur… Malgré quelques belles images reprises plusieurs fois sur le vin et les fruits, les plaisirs de la vie et de l’amour au bord de la Méditerranée, qui font par moments penser à Justine de Laurence Durell, nous sommes resté sur notre faim. Et le public? Mon voisin s’est vite endormi, d’autres somnolaient mais la salle était divisée: certains ont applaudi fortement mais des spectateurs, comme un jeune couple, sont restés les bras croisés… Donc à vous de décider.

 Philippe du Vignal

 Théâtre de la Bastille, 76 rue de la Roquette, Paris (XI ème). T. : 01 43 57 42 14.

 

Le paysage théâtral français au Japon

Le Paysage théâtral français au Japon

Japonismes 2018 qui accueillait en France des manifestations culturelles selon plusieurs  modes d’expressions artistiques de l’archipel est déjà loin dans nos souvenirs. Initiées par son gouvernement, ces manifestations hors du pays avaient vues comme des dépenses inutiles aux yeux de nombreux japonais. Puis, de 2019 à 2020, le covid 19 a bouleversé l’équilibre du monde entier, en particulier les échanges culturels. Ce n’est rien comparé à ce qui risque d’arriver en Europe, prise entre le marteau russe et l’enclume des Etas-Unis. Mais au pays du Soleil levant, comme nous venons de le voir en février, la Culture française se porte bien: avec le théâtre et la danse mais aussi à travers la mode, la haute-couture, et notre éternelle cuisine…  Le spectacle européen a lui aussi une belle visibilité à Tokyo et dans ces environs. Les chorégraphies Promise de Sharon Eyal dont la compagnie est maintenant implantée en France, se joue fin février début mars et Jungle Book d’Akram Khan, notre voisin londonien,y sera présenté en juin prochain.

 

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A Shizuoka, une ville au pied du mont Fuji (700.000 habitants), le festival mondial de théâtre dirigé par Satoshi Miyagi accueillera en avril les équipes françaises de Lacrima de Caroline Guila Nguyen, un spectacle qui vient d’être joué au Théâtre de l’Odéon à Paris et Dans la mesure de l’impossible de Tiago Rodrigues. Une version japonaise d’Edmond, texte et mise en scène d’Alexis Michalik qui reprend l’histoire de la création de Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand et qui s’est joué longtemps au Théâtre du Palais-Royal à Paris et en régions (voir pour tous ces spectacles, Le Théâtre du Blog) va être jouée trois semaines! en avril au Parco, une salle mythique de Tokyo.

Enfin l’Opéra de Paris est invité en moyenne tous les deux ans, à venir danser un ballet de son répertoire, au Bunka Kaikan, un centre culturel à Tokyo avec une salle de 2.300 places et une autre de 649. Particularité  récente à signaler et que nous avons pu constater: avant chaque représentation: on distribue une petite feuille avec dessins explicatifs et code de bonne conduite: «Eteindre son téléphone, rester assis confortablement mais sans se pencher pour ne pas gêner la personne derrière soi. Il faut être silencieux, et surtout ne pas manger, ne pas chercher dans son sac quelque chose !» Il faut signaler que tous ces spectacles affichent complet, le plus souvent, au début des réservations!

Jean Couturier

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