Tango y tango, musique de Philippe Cohen Solal, livret de Santiago Amigorena, mise en scène de Marcial di Fonzo Bo

Tango y tango, musique de  Philippe Cohen-Solal, livret de Santiago Amigorena, mise en scène de Marcial di Fonzo Bo 

Un spectacle musical avec une partition d’un fondateur avec l’Argentin Eduardo Makaroff et le Suisse Christoph H. Müller du célèbre groupe Gotan Project (gotan en verlan : tango). Ici les notes de l’électro rejoignent parfois celles du tango.  Cela se passe -remarquable scénographie d’Alban Ho Van- dans une pauvre milonga à Buenos-Aires (le mot désignant un forme musicale et/ou dansée de tango mais aussi le lieu.

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Ici, les murs gris n’ont pas été repeints depuis longtemps… Au centre, un grand espace pour la danse encerclé par un rideau de fils qui servira d’écran comme le fond de scène derrière des portes vitrées, aux belles images vidéo signées Nicolas Vesdom montrant Buenos-Aires comme on s’y était ou presque.
 A cour, une loge en hauteur pour Aurélie Gallois au violon,   Victor Villena au bandonéon, et 
un petit bar minable et quelques tables de café. Jeanne (Rebecca Marder), une jeune Française de père argentin disparu, erre dans cette milonga  et semble vouloir chercher quelqu’un et connaître ses origines. Elle rencontrera Juan (Julio Zurita), un grand homme maigre d’un certain âge, un peu triste, qui aime beaucoup le tango mais qui n’a plus guère envie de le danser. 
Ils parlent de tout et de rien, en français et en espagnol. Mais l’osmose avec le chant et la danse ne se fait pas malgré l’impeccable mise en scène de Marcial di Fonzo Bo. Nous avons peine à croire à cette rencontre qui sonne faux: les dialogues et l’intrigue de
 Santiago Amigorena sont trop minces et il aurait fallu un véritable texte pour raconter l’histoire récente et douloureuse de l’Argentine avec quatre juntes militaires successives de 76 à 83, responsables de la mort ou de la disparition de 30.000 personnes… Des millions d’Argentins se sont aussi exilés. Et ici, les images de télé de l’époque, avec ces mères réclamant leurs enfants sans doute tués par les militaires au pouvoir, font froid dans le dos. Mais le texte reste aux abonnés absents.
Reste la danse et la musique. On pense quelquefois à Pina Bausch passionnée de tango qui avait monté Bandonéon en 1980. 
Matias Tripod a chorégraphié les tangos de plusieurs couples et quelques solos avec une précision et une virtuosité remarquables. Il y a quelques mouvements qui font aussi penser à la danse contemporaine.
Les personnages esquissés deviennent, à la fin surtout, très émouvants et on sent que
Maria-Sara Richter, Sabrina Amuchástegui, Fernando Andrés Rodríguez, Estefanía Belén Gómez, Eber Burger et Sabrina Nogueira sont
heureux de nous transmettre le plaisir de danser et de vivre libres dans une Argentine qui a été, encore longtemps après, marquée par la dictature sanglante des colonels.
Cristina Vilallonga exprime en chantant une véritable mélancolie et s’impose très vite. Mais Rebecca Marder, elle, n’a pas beaucoup de grain à moudre et a donc du mal à imposer un personnage inexistant. Un spectacle très vivant en une heure vingt qui a de grandes qualités, avec des danseurs exceptionnels mais qui vaut seulement pour sa musique, sa chorégraphie et ses images. Manque à l’appel une véritable dramaturgie qui apporterait du souffle à cette pièce remarquablement dirigée mais un peu conventionnelle. Dommage…

Philippe du Vignal

Jusqu’au 27 juin, Théâtre du Rond-Point, 2 bis avenue, Franklin D. Roosevelt, Paris (VIII ème). T. : 01 44 95 98 21.

 


Archives pour la catégorie Danse

Danse dans les nymphéas par le Ballet de Lorraine

 Danse dans les nymphéas par le Ballet de Lorraine

Le ballet lorrain a été  invité avec deux courtes pièces. Un  lundi par mois, le Musée de l’Orangerie à Paris programme des chorégraphies contemporaines (répertoire et création), devant Les Nymphéas de Claude Monet:  ces huit fresques aquatiques  trouvent ainsi dans le mouvement des corps un nouvel éclairage. Avec des artistes comme François Chaignaud, Carolyn Carlson, Noé Soulier, Fabian Barba, ou des compagnies  comme le Ballet de Lorraine, le  C.N.D.C. d’Angers ou la compagnie Trisha Brown. 

 Twelve Ton Rose, chorégraphie de Trisha Brown, musique d’Anton Webern

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Réalisée en 1996 à l’Arsenal de Metz, ce ballet a été recréé l’an passé par la Trisha Brown Dance Company avec le Centre Chorégraphique National- -Ballet de Lorraine. Second opus du « cycle musical » de la chorégraphe américaine,  il se réfère, par son titre, à « twelve ton rows  » (dodécaphonisme), une forme de composition musicale empruntée par Anton Webern à Arnold Schönberg.  expérimentales, dit Kathleen Fisher, répétitrice de la compagnie Trisha Brown. »

 Sur les Cinq mouvements pour quatuor à cordes, op. 5 et sur les Quatre pièces pour violon et piano, op. 7 et le Quatuor à cordes, op. 28, dans les sobres costumes noir et rouge de Burt Barr, six danseuses et six danseurs combinent une phrase unique conçue pour cette pièce, avec des mouvements puisés dans le vaste vocabulaire de Trisha Brown.
Les positions géométriques des bras et les jeux précis de pieds et doigts, contrastent avec les arabesques glissées, les cabrioles, la décontraction mesurée de ces improvisations structurées. Soit vingt-huit minutes denses, avec ensembles, duos et solos d’une belle fluidité.
Dans ce même esprit, la chorégraphie enjambe les phrases musicales du quatuor à cordes ou du duo piano/violon en un mouvement perpétuel. Elle est comme libérée de la partition mais en résonance avec elle. Les interprètes habitent avec talent cette danse abstraite et ludique à la fois et la proximité des corps permet de distinguer la personnalité de chaque interprète.

Access to pleasure, chorégraphie et interprétation: Petter Jacobsson et Thomas Caley

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© Ballet de Lorraine

  Sur Put the blame on Mame, la fameuse chanson de Rita Hayworth dans Gilda (1946), puis sur des airs de jazz et dans le style music-hall de l’époque, ces complices dansent, en miroir l’un avec l’autre. Une rencontre ironique entre la voix féminine d’un sexe-symbole d’hier, et les corps masculins d’aujourd’hui. Décalage : «Cette imitation d’un classique de la danse est une sorte de reprise, une version très personnelle où on peut interroger les notions de beauté, âge, et genre »,  disent les auteurs de ce duo vaudevillesque. Une performance de dix minutes en forme de clin d’œil au glamour et aux clichés genrés.

 Mireille Davidovici

 Spectacle vu le 20 mai au Musée de l’Orangerie, Jardin des Tuileries, Paris (Ier).
Danse dans les Nymphéas le 19 juin: Sept vies de Nach et Ruth Rosenthal.

Le Ballet de Lorraine ouvrira le festival Paris l’été au Musée du Louvre, dans la cour Lefuel , le 10 et 11 juillet avec Static Shot de Maud Le Pladec, (voir Le Théâtre du blog). T. : 01 44 94 98 00.

Counting stars with you (musiques femmes), chorégraphie de Maud Le Pladec

Counting stars with you (Musiques femmes), chorégraphie de Maud Le Pladec

Counting stars with you (musiques femmes) - Maud Le Pladec 1

© Alexandre Haefeli

 Les six interprètes entrent en lente procession, chœur dansant et chantant: « Je pars toujours de la musique, dit la chorégraphe». Résolument féministe, elle explore ici un matrimoine musical effacé de l’Histoire, en alternance avec des créations actuelles.
Un doux Stabat Mater , les sonorités populaires des femmes de Blera (Italie) et de Giovanna Marini, les harmonies byzantines de Kassia à Constantinople, les cantates baroques de Barbara Strozzi. Mais aussi les accents de l’activiste féministe indo-américaine Madame Gandhi, la techno d’Anna Caragnano et Donato Dozzy, ou d’ Elysia Crampton… Sans oublier la classique Clara Schumann, la performeuse Laura Steenberge ou Beautiful Chorus, MT. Sims, Planningtorock et The Knife, Chloé… Sur des arrangements de Chloé Thévenin, ce labyrinthe sonore est livré en vrac, sans chronologie ni signatures, selon la dramaturgie de Maud Le Pladec et Tom Pauwels de l’Ensemble Ictus.

Comment chanter, danser et courir, en même temps? Un autre pari de la chorégraphe qui développe un langage corporel s’articulant avec la voix, le souffle, le chant et les sons. Régis Badel, Chandra Grangean, Pere Jou, Andréa Moufounda, Aure Wachter, Solène Wachter (en alternance avec Esther Bachs, Alice Lada, Margarida Marques Ramalhete, Soa Ratsifandrihana) sont à l’écoute les uns des autres. Dans les costumes sobres à dominante noir et rouge de Christelle Kocher, ces interprètes dessinent un ensemble harmonieux, avec, pour chacun, l’occasion d’avoir son propre style et se déchaîner sur les plages musicales plus agressives.

Le spectacle procède par vagues, alternant parties chorales fluides et «battles» de danse urbaine, jusqu’au climax final sur les percussions furieuses de Lucie Antunes. Les interprètes obéissent ici à une partition immuable, tout en laissant libre cours à leur énergie.On retrouve ici la structure en crescendo de Static Shot créé au Ballet de Lorraine (voir Le Théâtre du blog) et qui sera présenté cet été au Musée du Louvre dans le cadre de l’Été à Paris. 

 Créée en juillet 2021 au festival Montpellier Danse, cette pièce est un manifeste féministe pour Maud Le Pladec, directrice du Centre chorégraphique d’Orléans qui milite contre l’effacement des musiciennes, de l’Histoire, mais aussi contre l’absence criante de femmes à la tête des C.C.N. Selon une étude publiée récemment par leur Association, cette année elles ne sont trois sur dix-neuf! Il y avait parité il y a quinze ans (voir Le Théâtre du blog). A Orléans, Maud Le Pladec essaye d’inverser la tendance en soutenant en priorité des artistes comme Nina Santes.

Mireille Davidovici

 Spectacle vu le 14 avril, Le Carreau du Temple, 4 rue Eugène Spuller, Paris ( IV ème) T. : 01 83 81 93 30.

 Le 23 mai, Les Quinconces, L’Espal, Le Mans (Sarthe).

Mieux vaut partir d’un cliché que d’y arriver, chorégraphie et interprétation de Sylvain Riéjou

Mieux vaut partir d’un cliché que d’y arriver, chorégraphie et interprétation de Sylvain Riéjou

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 Le titre, emprunté à une phrase d’Alfred Hitchcock, annonce la nature facétieuse de cette pièce destinée au jeune public. « C’est l’histoire d’un monsieur seul dans un théâtre qui cherche des gestes pour illustrer les paroles d’une chanson »,  dit le danseur. Par le truchement d’une voix, puis de ses doubles projetés en vidéo, il va, en quarante minutes interpréter ce qu’il appelle une chanson de gestes, en partant de clichés et en les détournant.

Une voix sévère, son alter ego directif, lui propose de danser sur l’air de Barberine (la fille d’Antonio le jardinier du comte Almaviva), dans LesNoces de Figaro . «  L’ho perduta… me meschina…/ ah, chi sa dove sarà?/ Non la trovo… E mia cugina…/ e il padron … cosa dirà? » La pauvre fille a perdu son aiguille, la cherche, ne la trouve pas et se demande ce que dira sa cousine et son patron….

Sylvain Riéjou enchaîne des mouvements évocateurs, tancé ou encouragé par son mentor. Apparaissent à l’écran, après ce double vraiment pas commode, la cousine en tenue légère, le patron… Ces figures se démultiplient et voici notre danseur débordé par ces personnages virtuels. Puis après de multiples recherches et anicroches, il danse sur la chanson.

Suite à ce divertissant solo, l’artiste propose aux enfants d’illustrer une autre chanson, décomposant les mouvements sur les paroles de Résiste de France Gall et Michel Berger dont le refrain résonne d’une manière toute particulière aujourd’hui: « Résiste /Prouve que tu existes/  Cherche ton bonheur partout, va/ Refuse ce monde égoïste/ Résiste (…) / Bats-toi, signe et persiste/ Résiste ». Les enfants se font un plaisir d’interpréter cette courte danse.

 Inventif et drôle, Mieux vaut partir d’un cliché que d’y arriver laisse entrevoir aux jeunes quel est le travail corporel d’un danseur, et la rigueur que demande la moindre chorégraphie . Il leur expose aussi les fondamentaux du sixième art: rapport à l’espace, travail du rythme, qualité de mouvements, précision du geste, importance de l’interprétation, relation à la musique, etc. Une manière généreuse de transmettre.

 Mireille Davidovici

 Spectacle présenté dans le cadre du parcours Enfance-Jeunesse vu le 4 avril au Théâtre de la Ville, Espace Cardin, 1, avenue Gabriel, Paris ( VIII ème). T. : 01 42 74 22 77.

 

 

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Bouffées et C’est toi qu’on adore, chorégraphies de Leïla Ka

Bouffées et C’est toi qu’on adore, chorégraphies de Leïla Ka

 La jeune chorégraphe remarquée avec deux solos l’an dernier, dans ce même festival a été lauréate du concours Danse élargie, organisé par le Théâtre de la Ville et a eu le prix Révélation du Syndicat de la critique.
En piste avec quatre danseuses, Leïla Ka présente dix minutes de sa future création
Bouffées et reprend avec elles l’un de ses solos, C’est toi qu’on adore. Des pièces contrastées mais qui se répondent comme deux faces du féminin…

Bouffées et C’est toi qu’on adore, chorégraphies de Leïla Ka  dans actualites

©Nora Houguenade

Venue du hip hop, Laïla Ka a peaufiné sa danse auprès de Maguy Marin dont on retrouve la touche et l’émotion dans Bouffée. Alignées face public, sans bouger, au centre du plateau, cinq femmes en robe à fleurs commencent par incliner le buste avec lenteur. Puis, elles croisent les mains, se battent la poitrine en signe de déploration. Parfois ensemble, parfois en décalage.
Le souffle se fait court, à mesure que leurs mouvements s’accélèrent. Et leurs halètements deviennent alors la bande-son de cette pièce : sans faiblir, de plus en plus implorantes. Mais les couleurs vives de leur costume contredit le deuil qu’elles portent en elles.

Le public suspendu à leur respiration est fasciné par ces cinq suppliantes incarnant tous les malheurs des femmes. Elles s’écroulent sous le poids de la douleur mais ravalant  leurs larmes, elles se relèveront. 

Nous les retrouvons, après cinq minutes de pause, en guerrières, sur la musique imposante de Sarabande de Georg Friedrich Haendel. Pour C’est toi qu’on adore,  Laila Ka s’est calquée sur les arrangements de Stanley Kubrick pour Barry Lindon et a réduit les dernières mesures aux seules percussions.

 Sur cet air solennel, tantôt martial, tantôt funèbre, les artistes se livrent avec un bel ensemble, à des exercices d’arts martiaux. Soldates en tenue blanc écru, poings en avant, elles rampent au sol. Puis elles font des séries de pompes et roulés-boulés jusqu’à épuisement.

Une brigade valeureuse, toujours prête à repartir à l’assaut, rassemblant leurs forces quand l’énergie faiblit. La gestuelle répétitive des danseuses, sur des tempos variables, symbolise l’indéfectible endurance du sexe, dit faible…

Après avoir interprété avec succès ses solos -le tout premier Pede ser a été joué plus de cent quarante fois- Laïla Ka semble bien partie pour de grandes pièces. Nous attendons avec impatience la version longue de Bouffée, cet automne à La Garance-Scène Nationale de Cavaillon où elle est artiste associée.

 Mireille Davidovici

 Spectacle vu le 3 avril au Cent-Quatre, 5 rue Curial, Paris (XIX ème).  T.: 01 53 35 50 00. Dans le cadre de Séquence Danse 2023 jusqu’au 17 mai.

Suzanne, chorégraphie et lumière d’Emanuel Gat

Suzanne, chorégraphie et lumière d’Emanuel Gat

Un concert de Nina Simone au Philharmonic Hall de New York en 1969 constitue la bande-son de cette nouvelle création du chorégraphe israélien, sur laquelle dansent huit jeunes interprètes du Inbal Dance Theater. Parmi les titres: Suzanne de Leonard Cohen. On retrouve dans cette pièce le rapport entre musique et danse de Lovetrain 2020, une œuvre pour quatorze danseurs sur la musique du groupe de pop rock Tears For Fears (voir Le Théâtre du blog).

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En silence, Shachar Brenner, Noam Deutsch, Or Saadi, Amit Zaretsy, Ziv Besor, Eshed Weissman, Jonathan Shaal et Itay Meir  investissent en souplesse le plateau  dans les costumes clairs et fluides d’Omri Albo. La voix de Nina Simone les rejoint: avant de chanter, elle s’interroge sur le temps qui passe et enchaîne sur Who knows where time goes (Qui sait où va le temps) de Sandy Denny. Sur ce classique de la folk music britannique porté par un sentiment de nostalgie, les interprètes s’entrecroisent à deux, ou quatre dans des combinaisons infinies, jusqu’à ce que les applaudissements du Philarmonic Hall les incitent à des sautillements joyeux.

C’est à  son amie Lorraine Hansberry, journaliste et activiste disparue en 1965, que Nina Simone dédie le deuxième morceau: un hymne à la beauté noire, Black is the color of my true love’s hair (Noir est la couleur des cheveux de mon aimé). Ce fameux chant d’amour infuse une sensualité à la danse, avec mouvements au sol et pas de deux. « His face so soft and wondrous fair/ The purest eyes/ And the strongest hands/ I love the ground on where he stands/ Black is the color of my true love’s hair/ Of my true love’s hair. Of my true love’s hair ».

 Beaucoup plus enlevé, I’ve got no (Je n’ai rien) permet aux danseurs, toujours avec la même gestuelle, d’accélérer le tempo. Enfin le fameux Suzanne -mais son interprétation est bien différente de celle de Léonard Cohen-, déroule ses paroles hypnotiques: portrait d’une femme troublante au bord d’un fleuve. «A moitié folle », «vêtue de haillons et de plumes », elle offre «des oranges et du thé venus de la lointaine Chine parmi les déchets et les fleurs. » On retrouve ici l’écriture précise et fine d’Emanuel Gat: gestes et groupes se composent et recomposent en permanence en une myriade de propositions simultanées.

Le questionnement sur le temps introduit au premier chant et qui est une notion intrinsèque à la danse, résonne comme un retour aux sources pour Emanuel Gat.  C’est aussi comme un hommage au passé : la première mondiale de cette pièce a eu lieu en 2020 au centre Suzanne Dellal, à Tel Aviv, où il a fait ses débuts et travaillé pendant quinze ans…

Mireille Davidovici

Spectacle vu le 1er avril, au Cent-Quatre, 5 rue Curial, Paris (XIX ème) T.: 01 53 35 50 00. Dans le cadre de Séquence Danse 2023 jusqu’au 17 mai.

Dancefloor, chorégraphie de Michèle Murray et Acid Gems, chorégraphie d’Adam Linder, avec le Ballet national de Lorraine

Dancefloor, chorégraphie de Michèle Murray et Acid Gems, chorégraphie d’Adam Linder, avec le Ballet national de Lorraine

Ces créations, différentes mais complémentaires, révèlent une fois de plus le talent et l’invention de cette troupe dirigée par les chorégraphes qu’invitent Petter Jacobsson et Thomas Caley, les directeurs de ce Ballet. Grâce à leur connaissance intime de la danse contemporaine -ils sont passés notamment par la Merce Cunningham Dance Company- ont fait évoluer en permanence ce Centre Chorégraphique National qui a une longue histoire (voir Le Théâtre du blog).

Dancefloor, chorégraphie de Michèle Murray

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Dancefloor ©LaurentPhilippe

Sous la lumière noire, un corps réduit à un maillot blanc traverse le plateau en tous sens, avec une série de déboulés. Après cette ouverture tonique, sous une lumière rose brutale, un danseur se meut seul avec lenteur. Un à un, les membres du ballet le rejoignent. Vingt-cinq interprètes : chacun avec sa gestuelle, sans interaction avec les autres et dans sa bulle mais pourtant attentif à l’ensemble. Puis, ils esquisseront pas de deux et autres figures.

Le paysage sonore de Gérôme Nox, tout en  variations infimes, enveloppe le spectacle sans l’illustrer. De même, les éclairages diffusés par d’imposants projecteurs, changent tout à coup: violents, sourds ou colorés, indépendamment de mouvements.

Michèle Murray, formée à la danse classique mais aussi chez Merce Cunningham, est partie du travail des interprètes pour créer une partition composée de motifs chorégraphiques, tel un catalogue. A partir de ce vocabulaire commun, chacun est laissé libre de ses mouvements. Ce travail d’écriture instantanée, associant vocabulaire classique et actuel, demande aux artistes une extrême concentration mentale et corporelle. « Nous sommes sur un fil», dit l’un d’eux.

La chorégraphe franco-américaine prend le titre de sa pièce aux deux sens du terme : « Dance floor signifie un plateau ou un sol consacré à la danse mais aussi une piste de danse. Je veux, dans cette création, à la fois chercher la rigueur de ce plateau et tenir compte de la liberté des corps sur cette piste… »

Avec différents temps, rythmes, espaces et formes, la chorégraphe met ici en valeur les énergies d’un groupe qui a la même recherche, tout en rendant tangible la singularité des interprètes. Une belle expérience pour eux, mais aussi pour le public, touché par cette danse partagée.

 Acid Gems, chorégraphie d’Adam Linder

Dancefloor, chorégraphie de Michèle Murray et Acid Gems, chorégraphie d’Adam Linder, avec le Ballet national de Lorraine dans actualites acidgems-1-claurentphilippe

Acid Gems-© LaurentPhilippe

Sous la surveillance de deux mystérieux personnages voilés, juchés sur de hautes chaises d’arbitre de tennis, des corps se découpent de profil, figures hiératiques à l’arrêt dans diverses postures. Bientôt, ils s’amalgament en un enchevêtrement grouillant au sol d’où se détachent quelques danseurs risquant d’éphémères mouvements.

 Ensuite, les interprètes  se déploient en formations géométriques, quadrillant l’espace, défilant en rang ou dansant en ronde avec une belle symétrie,  puis se dispersent en débandades soigneusement structurées. La musique percussive et mécanique de Billy Bultheel infuse une rythmique implacable aux déplacements. Les lumières acidulées : vert, rose fluo… de Shahryar Nashat  habillent la pièce d’une tonalité futuriste, tout comme les costumes d’Antonin Tron, au plus près des corps mais ne les couvrant qu’en partie.

 En s’appuyant sur la technique éprouvée des seize danseurs, Adam Linder explore les rencontres possibles entre les styles classique, contemporain mais aussi théâtral, pop et techno. Il entend, avec ces interprètes bien entraînés, «aborder la danse dans sa mécanique interne» et « opérer un massage cardiaque à tous les genres pour leur donner une vie nouvelle ».

Né à Sydney il y a cinquante ans ce danseur et chorégraphe travaille aujourd’hui à Berlin. Après une formation à la Royal Ballet School à Londres, il collabore avec la Michael Clark Company. Puis, il va, avec Damaged Goods, la troupe de Meg Stuart, tirer les premiers fils d’un travail expérimental.

Ici, il poursuit sa recherche sur l’hybridation des danses,  inspiré par la démarche de George Balanchine qui, en 1967, réunissait, avec Jewels (Joyaux), les courants chorégraphiques américain, russe et français. Acid Gems (Gemmes acides) brille de tous ses éclats, porté par cette jeune troupe prête à toutes les expérimentations.

Mireille Davidovici

Jusqu’au 7 avril, Opéra National de Lorraine, place Stanislas, Nancy (Meurthe-et- Moselle). Ballet national de Lorraine, 3 rue Henri Bazin, Nancy. T. : 08 83 85 69 00.

Retrouver le Ballet de Lorraine  : 4 mai , Static Shot , chorégraphie :; Decay – chorégraphie : Tatiana Julien For Four Walls – chorégraphie : Petter Jacobsson et Thomas Caley- Le Phénix, Valenciennes (Nord) 

 22 mai : Twelve Ton Rose, chorégraphie : Trisha Brown; Access to pleasure – chorégraphie: Petter Jacobsson et Thomas Caley, Musée de l’Orangerie, Paris 8e 

28 juin,  Discofoot , chorégraphie : Petter Jacobsson et Thomas Caley,  Carreau du Temple, Paris 3e 

10-11 juillet Static Shot chorégraphie Maud Le Pladec, Musée du Louvre  – Festival Paris l’été

 

Les Ailes du désir, chorégraphie de Bruno Bouché, avec le Ballet de l’Opéra du Rhin

 

Les Ailes du désir, chorégraphie de Bruno Bouché, avec le Ballet de l’Opéra du Rhin

Pour sa première grande forme chorégraphique, le directeur artistique a réuni les danseurs pour une vaste fresque en deux actes, à partir du film-culte de Wim Wenders, Les Ailes du désir (Der Himmel über Berlin: Le Ciel au-dessus de Berlin) réalisé en 1987 quand un mur séparait encore la ville en deux. Damiel, un ange descendu sur terre pour l’amour d’une mortelle,  est fasciné par la grâce de Marion, une jeune trapéziste, et va se couper les ailes et goûter à l’existence humaine et au plaisir des sens. Aidé par Peter Falk, dans son propre rôle d’acteur hollywoodien en tournage à Berlin. «Il y a, dit Bruno Bouché, une force poétique à laquelle la danse peut offrir une énergie et une vibration: le souffle, la suspension, l’élan, la chute.» Dans la première partie, la chorégraphie essaye vainement de coller à la trame narrative du film. Plus libre, moins théâtral, le second acte s’engouffre dans la bouffée d’air laissée par le : «à suivre » qui clôt le film de Wim Wenders.

Deux anges veillent sur le théâtre et dans la pénombre, les projecteurs saisissent au poulailler et au balcon, la silhouette mythique de Damiel, en manteau gris (Bruno Ganz dans le film)… et son ami l’ange Cassiel… Aux premiers rangs du parterre, debout, une petite fille leur sourit. Puis le rideau s’ouvre sur le plateau dominé par des cubes noirs mobiles : en fond de scène, un plan de la ville, barré d’un tube fluo blanc. Dans cette grisaille, Damiel (Marwik Schmitt ou Ryo Shimizu) et Cassiel (Alain Trividic) observent une foule pressée : le corps de ballet défilant en costumes colorés : seul moment bigarré dans les tenues noir et blanc signées  Thibaud Welchlin.

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Rôde un homme en imperméable mastic (Marin Delavaud)… Mais qui n’a pas vu le film  reconnaîtra-t-il  Peter Falk, une sorte d’intermédiaire entre les invisibles et les humains ? Et  verra-t-il que le personnage errant avec un livre, est Homère? Mais qu’importe le fil narratif.  la cohorte des anges se déploie en vastes mouvements et sauts, sur Lemminkäinen Suite de Jean Sibelius. Témoins muets d’une humanité perdue qui danse sur LaValse triste du compositeur, ou qui se regroupe autour d’un avatar de Nick Cave, chantant Silence is sexy du groupe underground berlinois Einstürzende Neubaten.

«Nul ne chante plus purement, que ceux qui sont au fond de l’enfer », écrit Franz Kafka. Cette pureté apparait avec Marion (Julia Weiss ou Dongting Xing). Naîtra entre elle et l’Ange, un pas de deux fluide et lumineux… « Etre aimé ,c’est se consumer dans la flamme, aimer, c’est rayonner d’un lumière inépuisable », écrit Rainer Maria Rilke. Entre ces scènes intimes, les danseurs prennent possession de l‘espace, débordant d’énergie. Et la pièce hésite encore entre théâtre et danse narrative.

Après l’entracte, huit danseurs suspendus à des filins sortiront de longs manteaux gris pour atterrir, et pendant une heure, le ballet défiera les lois de la gravité terrestre en d’impressionnants chassés-croisés. La clarté une fois retrouvée après la lourde atmosphère du premier acte, se succèdent pas de deux tourbillonnants et portés éblouissants. Vitesse et virtuosité…

Bruno Bouché allie grammaire classique et contemporaine et met en valeur le technique imparable de ses interprètes: «Je souhaite qu’on ne se pose plus la question de savoir si ce que l’on voit est un langage classique.» Même souci pour la bande-son réalisée avec la compositrice Jamie Man, à partir de musiques de Jean Sibelius, Olivier Messiaen, John Adams, Steve Reich et de l’émouvant Nun Komm, der Heiden Land et d’Il Siciliano de Jean-Sébastien Bach, interprétés ici au piano par Bruno Anguerra Garcia.
Retentit au final, comme un hymne joyeux à la vie, Hope there’s someone du groupe folk américain Antony and the Johnsons: «Hope there’s someone Who’ll take care of me/When I die, will I go.» 

Dans l’ensemble, nous sommes restés sur notre faim, mais, emporté par tant de vigeur, le public a offert aux artistes une longue et chaleureuse ovation debout.

Mireille Davidovici

Jusqu’au 1er avril, Théâtre du Châtelet, Place du Châtelet, Paris (I er). T. : 01 40 28 28 28.

Fila Fila Manana de Tidiani Ndiaye et Thumette Léon (en langue des signes)

Fila Fila Manana de Tidiani Ndiaye et Thumette Léon (en langue des signes)

FILA FILA MANANI (la cabane)(2023)

Tidiani NDaye © Berpa

L’Atelier de Paris-Centre de national de danse contemporaine organise pour la deuxième année, des représentations dans les établissements scolaires, centres médicaux sociaux et bibliothèques d’Ile-de-France pour enfants sourds ou malentendants. Il a passé commande de ce duo bilingue Langue des Signes  Française/français qui va se jouer seize fois et plus, s’il y a des programmateurs.

Tel un oiseau des îles, vêtu de lambeaux de plastique froufroutants, Tidiani Ndiaye se fraie un chemin dans un monceau de sacs multicolores, ramassés au hasard des poubelles de Paris, Genève, Bamako… Sa partenaire et lui manipulent ce tas qui a envahi la salle. Ils y plongent avec volupté comme dans une mer bruissante, s’y roulent dangereusement, en bourrent leurs vêtements jusqu’à les faire exploser, se les jettent à la figure. Puis lancent ces légers projectiles à la volée. « Nager, plonger, marcher…», dit une voix off traduite par Thumette Léon en langue des signes. «Les couleurs se balancent, s’entassent et font semblant d’être légères… Elles pèsent le poids de la pollution. On croit emballer le monde, c’est le monde qui s’est emballé. »

Tidiani Ndiaye a imaginé ce spectacle en voyant l’envahissement du plastique dans le centre-ville de Bamako où il travaille avec des danseurs sourds: selon lui, Paris et les pays européens font encore plus de déchets… qu’ils envoient dans les pays pauvres pour être recyclés. «Au Mali, dit-il, le plastique vole dans le vent. Le plastique nous tue.»

Cette immersion gracieuse des corps dans les couleurs pour le plus grand plaisir des yeux, amène les enfants, au terme de ce spectacle ludique, à prendre conscience du problème écologique. La bibliothèque Saint-Eloi est un partenaire idéal pour ce spectacle: elle développe des activités pour sourds et malentendants, comme des ateliers de tango bilingues. Et, le 13 mai, elle propose une journée sur l’avenir de notre planète et la transition écologique, avec une performance littéraire bilingue L.S.F. et français, des spectacles, un film…

 Mireille Davidovici

Spectacle vu le 29 mars, à la Bibliothèque Saint-Eloi, 23 rue du colonel Rozanoff, Paris (XII ème).

15 juin Atelier de Paris, Cartoucherie de Vincennes, route du Champ de Manœuvre. Métro : Château de Vincennes + navette gratuite. T. 01 41 74 17 07.

Festival Everybody 2023: Forme(s) de vie d’Éric Minh Cuong Castaing

Festival Everybody 2023

Forme(s) de vie d’Éric Minh Cuong Castaing

Forme(s) de vie -  Eric Minh C uong Castaing HD 1

© Shonen

Pour sa deuxième édition, ce festival investit les vastes espaces du Carreau du Temple pendant cinq jours, avec des artistes qui ont mis le corps au centre de leurs pratiques. Le corps dans tous ses états, face aux normes et préjugés sociaux… Pour Sandrina Martins, directrice générale de cette ancienne halle convertie en lieu culturel : «Une réflexion profonde anime vivement notre société à cet endroit et suscite toujours autant les controverses, notamment quant au féminisme, aux nouveaux modèles de masculinité aux racisme, âgisme, validisme, grossophobie… » Everybody interroge les stéréotypes liés au genre, à la couleur de peau, au handicap…
Aux huit spectacles pour la plupart assez provocants, s’ajoutent des installations d’art contemporain, un battle-waacking (une danse disco-funk née dans les années soixante-dix dans les clubs gays de Los Angeles), des cours de danse… Cette manifestation affiche complet et attire un public jeune et engagé dans les questions qui font débat, comme celles du genre, que certains artistes abordent frontalement comme Rebecca Chaillon ou la Brésilienne Renata Carvalho. Sur ce thème, nous avons vu, en début de festival, une proposition plus décalée, par le biais du rêve éveillé, Onironauta de la chorégraphe portugaise Tânia Carvalho (voir Le Théâtre du blog). On peut enchaîner trois spectacles dans une soirée mais nous avons surtout retenu une émouvante «performance sensible»

 Forme(s) de vie d’Éric Minh Cuong Castaing

Ici, trois interprètes, et deux autres en perte de mobilité. Corps virtuoses et corps empêchés vivent ensemble une réappropriation des mouvements: les «valides» permettent aux autres de retrouver leurs gestes et les «non-valides» impulsent une dynamique à leurs prothèses vivantes. Tout d’abord, un film nous montre un homme avançant avec peine et projetant violemment ses poings, soutenu par deux personnes. Il s’agit de Kamal Messelleka, un ancien boxeur qui a perdu l’usage de ses jambes à la suite d’un AVC. Nous le revoyons ici sur la scène qu’il arpente à grandes enjambées jusque dans les gradins, le buste et les jambes étant activés par Aloun Marchal, le co-chorégraphe et Nans Pierson.

 Une expression de bonheur s’inscrit sur le visage du boxeur qui éprouve à nouveau la liberté de se mouvoir. Un bien-être communicatif que l’on retrouve avec Elise Argaud, une ancienne danseuse atteinte de Parkinson et aux membres en rigidification. Elle se met en route à petits pas et cette lenteur exprime l’extrême concentration que lui demande le moindre geste, augmenté par Yumiko Funaya. Ce duo féminin s’accorde et se transmet des informations non verbales, en créant ainsi une relation égalitaire. Nous voyons naître et s’épanouir, à chaque déplacement de pied, la recherche d’appui et d’équilibre. Quand on sait la difficulté pour les danseurs de travailler la lenteur, on applaudit l’intensité de ce pas de deux. De même, avec Kamal : on observe à la loupe ses coups de poing et puissantes enjambées, son corps mêlé à celui des danseurs.

«Dans ce projet particulier, dit Eric Cuong Castaing, nous avons essayé de saisir les collaborations qui pouvaient exister entre des corps « atypiques » et des corps « valides » mais aussi la relation que pouvait procurer la danse. Nous avons proposé des ateliers à la maison de Gardanne, un établissement de soins palliatifs, à des malades en perte de mobilité. A ainsi émergé une dynamique pour réactiver les désirs, entre autres, grâce à la mémoire du corps. » Kamal a servi de fil conducteur à ce projet: «Je me suis collé à lui, derrière son dos, et d’un seul coup, il s’est mis à faire des gestes, des jams, avec une précision et une puissance impressionnantes. À la fin de cette séquence, il nous a dit : “Cela faisait trente ans, que je n’avais pas fait de boxe“. À cet instant, s’est découvert l’enjeu de donner à voir ce ressenti unique d’une personne qui retrouve ses gestes.»

Avec ces interprètes, nous allons à la source du mouvement, ici décomposé et recomposé dans une dynamique partagée. «Comment faire, dit Eric Cuong Castaing, pour que je serve le geste sans me retrouver en «servitude» d’un corps?  Comment dessiner le mouvement pour déplier cette danse le temps d’une pièce ?»

La réponse est dans l’effet produit sur le public par cette performance d’une heure qui rend lisible ces ressentis partagés. Un sentiment de gravité et de liberté. Une apologie de l’effort vital. Pour compléter le spectacle, on voit de nouveau dans un film, ces corps mêlés gravir un sentier de la montagne Sainte-Victoire. Comme la métaphore du chemin que les interprètes ont traversé ensemble, avec une générosité communicative.

Les chorégraphes ont souvent fait danser des corps handicapés ou âgés, à des endroits et des milieux qui ne sont pas toujours ceux de l’art. Ils prouvaient ainsi que la danse n’était pas réservée à des corps jeunes, virtuoses et parfaits… Mais Forme(s) de vie a ceci de particulier qu’il fait revivre des gestes et sensations perdus dans des corps-à-corps harmonieux, hors d’une relation, voire d’une esthétique du soin. Loin de là:  » Le projet, dit le chorégraphe,  est de rendre lisible cette virtuosité particulière. Ce qui m’intéresse avant tout, est la création, la monstration, la réflexion sur les modalités du «rendre visible ».
Il faut aller voir et ressentir dans sa propre chair ce spectacle.

Mireille Davidovici

Vu le 20 février Carreau du Temple 4 rue Eugène Spuller, Paris (III ème). T. : 01 83 81 93 30.

Dans le cadre du festival Everybody : 17 au 21 février 2023

7 et 28 février : Dansfabrik, Le Quartz – Brest

 5 mars : CNCA – Morlaix

 

 

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