Fila Fila Manana de Tidiani Ndiaye et Thumette Léon (en langue des signes)

Fila Fila Manana de Tidiani Ndiaye et Thumette Léon (en langue des signes)

FILA FILA MANANI (la cabane)(2023)

Tidiani NDaye © Berpa

L’Atelier de Paris-Centre de national de danse contemporaine organise pour la deuxième année, des représentations dans les établissements scolaires, centres médicaux sociaux et bibliothèques d’Ile-de-France pour enfants sourds ou malentendants. Il a passé commande de ce duo bilingue Langue des Signes  Française/français qui va se jouer seize fois et plus, s’il y a des programmateurs.

Tel un oiseau des îles, vêtu de lambeaux de plastique froufroutants, Tidiani Ndiaye se fraie un chemin dans un monceau de sacs multicolores, ramassés au hasard des poubelles de Paris, Genève, Bamako… Sa partenaire et lui manipulent ce tas qui a envahi la salle. Ils y plongent avec volupté comme dans une mer bruissante, s’y roulent dangereusement, en bourrent leurs vêtements jusqu’à les faire exploser, se les jettent à la figure. Puis lancent ces légers projectiles à la volée. « Nager, plonger, marcher…», dit une voix off traduite par Thumette Léon en langue des signes. «Les couleurs se balancent, s’entassent et font semblant d’être légères… Elles pèsent le poids de la pollution. On croit emballer le monde, c’est le monde qui s’est emballé. »

Tidiani Ndiaye a imaginé ce spectacle en voyant l’envahissement du plastique dans le centre-ville de Bamako où il travaille avec des danseurs sourds: selon lui, Paris et les pays européens font encore plus de déchets… qu’ils envoient dans les pays pauvres pour être recyclés. «Au Mali, dit-il, le plastique vole dans le vent. Le plastique nous tue.»

Cette immersion gracieuse des corps dans les couleurs pour le plus grand plaisir des yeux, amène les enfants, au terme de ce spectacle ludique, à prendre conscience du problème écologique. La bibliothèque Saint-Eloi est un partenaire idéal pour ce spectacle: elle développe des activités pour sourds et malentendants, comme des ateliers de tango bilingues. Et, le 13 mai, elle propose une journée sur l’avenir de notre planète et la transition écologique, avec une performance littéraire bilingue L.S.F. et français, des spectacles, un film…

 Mireille Davidovici

Spectacle vu le 29 mars, à la Bibliothèque Saint-Eloi, 23 rue du colonel Rozanoff, Paris (XII ème).

15 juin Atelier de Paris, Cartoucherie de Vincennes, route du Champ de Manœuvre. Métro : Château de Vincennes + navette gratuite. T. 01 41 74 17 07.


Archives pour la catégorie jeune public

Le Théorème du pissenlit de Yann Verburgh mise en scène d’Olivier Letellier

Le Théorème du pissenlit de Yann Verburgh mise en scène d’Olivier Letellier

 Cette fleur des champs qui sème à tout vent ensemence ce conte à cinq voix et nous embarque dans une histoire où un garçon de chez nous, qui pourrait être n’importe lequel des jeunes spectateurs, reçoit pour son anniversaire ; un cadeau.
Dans la boîte, il trouve quelques graines de pissenlit et une lettre, écrite par Li-Na, qui a fabriqué son jouet et lui raconte son triste destin. A sa lecture, le garçon se mobilise pour aider Li-Na, mais en même temps lutte face aux adultes. L’auteur nous emmène au Pays-de-la-Fabrique-des-Objets-du-Monde, sur les traces de Tao et Li-Na qui habitent le village du rocher. Leurs parents sont partis travailler à la ville et ces enfants vivent avec les anciens, libres de jouer et découvrir la nature.
Mais le jour de ses treize ans, Tao doit quitter le village. Li-Na part à la recherche de son ami et, au terme d’un périlleux voyage, le retrouve dans une usine, exploité et abruti. Il souffre de «la maladie de l’oubli» et ne la reconnaît pas Elle le rejoint à la chaîne et rencontre d’autres gamins, tout aussi déshumanisés : «Ne pas parler, ne pas s’arrêter, ne pas se tromper» dit la lettre, sous peine d’être broyé par « la grande gueule ». Dans sa lettre ,la fillette dénonce le travail illégal des enfants.

 Les acteurs nous guident dans ce double récit de facture contrastée. Le monde d’ici est familier et celui de Li-Na et Tao relève d’un imaginaire un peu exotique et nous plonge dans une autre réalité. Li-Na brise la chaîne de l’usine, elle va là où le vent mène les aigrettes des pissenlits, ce vent qui portera la révolte des enfants…Mais après bien des efforts, la lettre sera enfin portée au grand jour et rendue publique.

© Christophe Raynaud de Lage

© Christophe Raynaud de Lage


Au centre du plateau nu, un mystérieux cube bleuté. Les comédiens vont le démonter et, au gré du récit, emboîter comme des pièces de lego, des casiers à bouteilles (scénographie de Cerise Guyon). Ils  évoqueront maisons, montagnes, radeau pour descendre le fleuve, arches, portiques immeubles, postes de travail à la chaîne, forêt…. A ce décor, répond une fluidité des déplacements, réglés par Thierry Thieû Niang. La pièce s’est construite avec toute l’équipe. « Yann a écrit avec les interprètes en puisant dans leurs improvisations, dit Olivier Letellier qui  a donné à Fiona Chauvin, Anton Euzenat, Perrine Livache, Alexandre Prince, Antoine Prud’homme de la Boussinière, la liberté d’incarner plusieurs personnages, indifféremment fille ou garçon…
Ils forment un chœur alternant récits et micro-scènes et en une heure, nous embarquent dans une histoire à la fois réaliste et imaginaire. «Yann et moi souhaitons poser, depuis l’enfance, un regard critique sur le monde adulte et lui inspirer le souffle d’une révolte aussi candide qu’engagée.», dit le metteur en scène. Avec douceur et poésie, l’équipe se pose en lanceuse d’alerte. La graine est semée. Au jeune public de la replanter, comme les héros de ce Théorème du Pissenlit

Ce spectacle est promis à une belle tournée comme les dix spectacles au répertoire du Théâtre du Phare, une compagnie créée en 2000 par Olivier Letellier. Récompensé en 2010 par le Molière du spectacle Jeune Public pour Oh! Boy, il a, l’année dernière, été nommé à la direction des Tréteaux de France-Centre Dramatique National itinérant, avec un projet tourné vers la jeunesse et les écritures contemporaines. Il faudra suivre ses créations sur les routes de l’Hexagone et au-delà.

Mireille Davidovici

 Jusqu’au 18 mars, Théâtre de la Ville-Les Abbesses, 31 rue des Abbesses, Paris (XVIII ème). T. 01 42 74 22.

Du 23 au 25 mars,Théâtre de la Manufacture, Nancy (Meurthe-et-Moselle) ; les 29 et 30 mars,Espace des Arts, Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) ; du 5 au 7 avrilLe Grand T, Nantes (Loire-Atlantique) ; du 12 au 14 avril,Maison des Arts, Créteil (Val-de Marne).

Du 19 au 21 avril,Théâtre de Sartrouville (Yvelines).

Les 4 et 5 mai, Le Quai, Angers( Maine-et-Loire) ; les 11 et 12 mai, Le Canal, Théâtre du pays de Redon (Ille-et-Vilaine); les 15 et 16 mai, Scène nationale du Sud-Aquitaine, Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) ; les 25 et 26 mai,Théâtre d’Angoulême (Charente).

Du 1er au 3 juin, Théâtre de Lorient (Morbihan).

Festival La Tête dans les nuages (suite)

Festival La Tête dans les nuages (suite)

En onze jours avec treize propositions, ce festival offre de belles découvertes, preuve une fois de plus  que de théâtre jeune public n’est pas un art mineur comme certains le croient, Ces spectacles font écho à l’esprit d’Angoulême, ville de la bande dessinée et de l’image. (voir Le Théâtre du Blog).

Cartoon de Mike Kenny, traduction de Séverine Magois, mise en scène d’Odile Grosset-Grange

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© Christophe Raynaud de Lage

 Dans un paysage urbain de carton-pâte, à l’avant-scène, deux châssis figurent une maison ordinaire. Nous sommes à Normal-Ville, Normal Street, chez la Famille Normal. Il y a la mère, Norma, le père, Norman, la fille, Dorothy et le fils, Jimmy qui sera un peu le fil rouge de la pièce. Et une bébé, un chien et un poisson rouge qui parle.

En costumes colorés style années soixante-dix, tranchant avec l’univers monochrome du décor, ils se présentent en chantant: «Pas des gens à faire des histoires/On ne fait pas de vagues… » Mais il ne faut pas se fier aux apparences : ces gens «normaux» n’ont rien d’ordinaire.  La scénographie de Stephan Zimmerli, pourrait passer comme une convention théâtrale mais se révèle être le lieu d’un dessin animé où les personnages sont voués à suivre éternellement le même scénario. «Tout peut arriver, dit l’un d’eux, on est des cartoons, des dessins animés … On ne ressent jamais la douleur (…) on est accompagnés de musique (…) On ne vieillit jamais et jamais on ne meurt… »Sans passé ni futur, ils vont d’épisode en épisode: explosion, course-poursuite, bagarres, escalades vertigineuses, ils sortent toujours indemnes des dangers et l’espace se transforme, s’ouvre et se referme, en créant un grand nombre d’images…

Mais un jour, la vie de Jimmy bascule: Norma Normal, une grande scientifique, confond le biberon de Bébé avec une potion qu’elle a inventée : Bébé devient alors invisible et Jimmy qui a goûté au breuvage, se met à grandir, à souffrir… Craig -la petite brute du quartier qui martyrise toujours notre héros- se rend compte de l’anormalité des Normal… Traquée par les médias, la famille devra déménager une fois encore et recommencer à zéro ses sempiternelles aventures.

Jimmy, lui, renonce à son destin de cartoon en trois dimensions et à ses super-pouvoirs, pour devenir un simple mortel. Il sortira définitivement du cadre lumineux bordant l’avant-scène, indiqué par Mike Kenny pour symboliser le dedans et le dehors mais aussi l’écran de télévision ou de cinéma que nos héros choisissent, ou non de traverser.

Odile Grosset-Grange met en scène et en images avec maestria cette pièce inédite de l’auteur britannique dont elle a déjà monté cinq autres. Elle transpose avec les moyens artisanaux du théâtre, les effets spéciaux des cartoons d’autrefois. François Chary, Julien Cigana, Antonin Dufeutrelle, Delphine Lamand, Pierre Lefebvre-Adrien, et Pauline Vaubaillon jouent avec rythme et rigueur ces figures archétypales de la famille américaine moyenne, figées dans une permanente bonne humeur : ils courent, volent, passent à travers les murs grâce à la magie des trucages. La marionnette du chien est hilarante et les répliques du poisson rouge à la mémoire trouée font merveille: le jeune public réagit au quart de tour.
Les prouesses techniques, des gags à la Tex Avery ou Walter Lantz, la drôlerie des situations font vibrer les cinq cents enfants dans la grande salle du Théâtre. 
Mike Kenny traite de la douloureuse mutation d’un corps pour accéder à l’humanité -comme La Petite Sirène, en moins dramatique-  ou plus simplement de la transformation du corps adolescent et de l’adieu à l’enfance, et son message s’insinue en filigrane dans ce spectacle grand format réjouissant de vitalité. `

Avion Papier d’Arthur Delaval, mise en scène de Laura Dahan

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Avion Papier ©Pierre ACOBAS

Une vieille caravane installée sur la place, le temps d’un ciné-concert abrite un théâtre miniature accueillant jusqu’à dix-huit spectateurs.  Tout petits et grands- vont passer vingt minutes d’enchantement visuel et sonore. Un musicien et bruiteur joue d’instruments pour enfants (piano, saxophone, percussions) sur des boucles enregistrées en direct avec les moyens du bord. A la fois projectionniste, régisseur-lumière, accessoiriste… il fait tintinnabuler des objets au plafond et le long des murs. Sur plusieurs écrans, une voyageuse intrépide marche dans des paysages urbains,  croise d’étranges humains, tombe dans des gouffres, gravit de hautes tours ou s’envole en ballon dans un ciel traversé d’avions en papier et parfois d’oiseaux.

Le dessin animé d’Arthur Delaval au graphisme nous transporte dans un univers mélancolique en noir et blanc, aux arbres dénudés et où les cheminées crachent des fumées grisâtres. Ses habitants se désagrègent, perdent leur tête, s’aplatissent, puis se relèvent. Après une série de chutes vertigineuses et d’ascensions délicates, la petite dame à la valise trouve enfin un passage vers le haut, en couleurs.

Guilhem Bréard a repris ce beau spectacle ambulant qui  tourne depuis sept ans. Son auteur, lui, travaille à un nouvel opus: Fantôme, à La Méandre, à Châlon-sur-Saône, un collectif de théâtre de rue: «La réunion d’initiatives artistiques porte sur quelques axes: chatouiller l’espace public, titiller la rue, terrain fort de jeux et d’enjeux.» On attend avec impatience cette création le 2 juin pour le festival Tous dehors, à la Scène Nationale de Gap (Hautes-Alpes).

 Mireille Davidovici

 Spectacles vus les 1er et 2 mars; 

le festival La tête dans les nuages se poursuit jusqu’au 11 mars. Théâtre d’Angoulême-Scène Nationale, avenue des Maréchaux, Angoulême (Charente). T. :05 45 38 61 62.

 Cartoon, les 10 et 11 mars à L’Azimut Scène Nationale-Théâtre La Piscine, Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine) ; les 21 et 22 mars, Comédie de Valence, Valence (Drôme)

Du 4 au 6 avril, La Coursive, La Rochelle (Charente-Maritime); du 14 au 16 avril, La Ferme du Buisson, Noisiel (Seine-et-Marne).

Les 4 et 5 mai, Gallia Théâtre, Saintes (Charente-Maritime); le 26 mai, Théâtre de Gascogne-Le Pôle, Mont-de-Marsan (Landes).

Et si tu danses,texte de Mariette Navarro, chorégraphie de Marion Lévy (à partir de quatre ans)

Et si tu dansestexte de Mariette Navarro, chorégraphie de Marion Lévy (à partir de quatre ans)

 C’est la première fois que la chorégraphe crée une pièce pour de très jeunes spectateurs et elle a imaginé avec l’autrice un spectacle interactif : une invitation à danser…Un promeneur entre lentement et se délestant de ses godillots et de son sac à dos, va ramasser des cailloux qui jonchent le plateau. Il est ramasseur de pierres, dit-il, et son histoire a commencé ici. Il s’appelle Poucet et explique comment ces cailloux l’ont aidé à traverser son enfance. Il s’adresse directement aux enfants : comme eux, quand il était petit, il lui est arrivé de se perdre dans un supermarché ou de se couronner les genoux en tombant de vélo… Autant de petits bobos ou chagrins qui ont laissé des cicatrices en souvenir et les très jeunes spectateurs sont invités à s’y reconnaître.

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© Julie Mouton

Le danseur leur demande par exemple de se souvenir de leurs peurs, d’en parler, ou les incite à imiter sa gestuelle ou à lui montrer un mouvement qu’il intègrera à la chorégraphie …. «J’ai grandi encore./ Je suis devenu plus grand que mes parents,/ Le vent n’arrivait plus à me soulever/ Mais il avait encore envie de jouer avec moi. /Il m’a appris la Danse des sept lieues./Comment c’était ?/ Comment il fait déjà le vent ? / Tu peux m’aider ?»

Pour écrire ce solo, Mariette Navarro s’est inspirée des anecdotes d’enfance racontées par le danseur Stanislas Siwiorek. L’histoire du Petit Poucet court en filigrane mais ici, pas de parents « abandonneurs », ni d’ogre… Juste de minuscules dangers à affronter et Poucet ne ramasse des pierres que pour aider les autres à retrouver le chemin de leurs réminiscences. «C’était toujours la même histoire avec moi : toujours je me perdais, toujours je me retrouvais. Un coup de vent : perdu. Un deuxième coup de vent : retrouvé. »
Au fil du texte, un peu trop abondant par rapport aux moments dansés, Stanislas Siwiorek nous offre un solo léger  et il s’envole comme plume au vent, tout à son bonheur de bouger et partager son histoire et ses sensations…

Marion Lévy est, entre autres, directrice du Rebond, un lieu de création artistique à Pommerit-le-Vicomte (Côtes-d’Armor). Depuis quelques années, elle mène un travail régulier avec Mariette Navarro, pour réaliser des spectacles qui mêlent danse et texte. Et si tu danses créé au festival Odyssées en Yvelines, est une petite forme à jouer partout, sans lumière ni décor. La présence des enfants suffit à faire advenir la pièce: « Vous êtes une jolie forêt de visages, leur dit Stanislas Siwiorek. C’est plus joli avec vous, ici. Je suis content que tu sois là, petite forêt d’enfants. Tu es comme une forêt d’arbres, en mieux. » Et la petite forêt de bouger avec lui, mue par ce désir spontané de courir et danser propre à l’enfance et que bien des adultes semblent avoir oublier.

 Mireille Davidovici

Du 25 au 29 janvier, Théâtre de la Ville-Espace Cardin, 1 avenue Gabriel, Paris (VIII ème). T. 01 42 74 22 77.

Du 8 au 10 février, Festival Nijinskid, Saint-Herblain et en Loire-Atlantique ;  du 14 au 17 février, L’Orange bleue, Eaubonne (Val-d’Oise) ; du 20 février au 4 mars, Côté Cour, Besançon (Doubs) et dans la région.

Du 13 au 17 mars, L’Empreinte, Brive (Corrèze) ;  du 20 au 24 mars, La Passerelle, Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) ; les 24 et 25 mars, Centre Houdremont, La Courneuve (Seine-Saint-Denis) ; du 29 au 31 mars, Théâtre de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne). 

Du 3 au 5 avril, Le Totem, Avignon (Vaucluse); du 12 au 15 avril, Opéra de Paris (Paris XII ème)) ; du 17 au 20 avril, Théâtre-Sénart, Lieusaint (Seine-et-Marne) ; du 24 au 28 avril, Le Moulin du Roc, Niort (Deux-Sèvres).

Du 2 au 5 mai, Paimpol, Programmation du Théâtre du Champ au Roy, Guingamp (Côtes-d’Armor) ; du 9 au 12 mai, La Passerelle, Saint-Brieuc et du 16 au 17 mai, Théâtre du Champ au Roy, Guingamp (Côtes- d’Armor) ; du 23 au 27 mai ,Très tôt théâtre, Quimper (Finistère)

Balestra, écriture et mise en scène de Marie Molliens (recommandé à partir de sept ans)

Balestra, écriture et mise en scène de Marie Molliens (recommandé à partir de sept ans)

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Peggy Donck, la nouvelle directrice du Centre national des Arts du Cirque, a confié la mise en scène du spectacle de fin d’études à Marie Molliens, autrice maintenant bien connue dans le milieu circassien avec sa compagnie Rasposo, qui a donc dirigé cette trente-quatrième promotion. Et cette année exceptionnellement, Balestra a été joué sous le chapiteau du Centre à Châlons-en-Champagne. Lequel très bien conçu, ira ensuite en tournée. «Avec ce travail de création, j’aimerais,dit-elle, que les jeunes gens de cette promotion du C.N.A.C. s’emparent du cirque-théâtre de Rasposo:(…) Ils ont une jeunesse à inventer et à vivre.» Marie Molliens  veut que Balestra parle aussi de cet espoir-là.

Le spectacle commence par une fabuleuse image : tous les élèves en Pierrots blancs sagement assis sur les gradins du chapiteau… Suivront les numéros individuels comme cette jeune acrobate qui ouvre la fête. Ou collectifs comme ces garçons à la bascule coréenne, prenant de grands risques, malgré de très épais matelas pour les recevoir. Il y a, dans tous les cas, une belle solidarité et une réelle unité dans cette mise en espace réglée par Marie Molliens.
Difficile de privilégier certains numéros plutôt que d’autres… mais cette trente-quatrième promotion nous a paru être d’un haut niveau et d’un grand professionnalisme. Nombre de ces artistes venus de plusieurs pays donc de culture différente mais qui visiblement ont une réelle solidarité entre eux, savent aussi jouer d’un instrument -ce qui est toujours un plus dans une carrière artistique- et, par moments, nous offrent un petit air de musique.
Il faut tous les citer: Noa Aubry à la roue allemande (une double roue Cyr), Alice Binando à la corde lisse,
Tomás Denis Venezuela) et Yannis Gilbert (France) en acrodanse, Jef Everaert (Belgique) et Marisol Lucht (Allemagne-Chili) à la roue Cyr, Julien Ladenburger (France), jongleur, Elena Mengoni (Belgique) au trapèze ballant, Carolina Moreira Dos Santos (Brésil) tissus, Matiss Nourly(France), corde tendue, Pauline Olivier de Sardan (France) au mât chinois et ces garçons belges Niels Mertens, Thales Peetermans et Tiemen Praats, à la bascule coréenne.

Il y a parfois quelques redites  et des numéros plus séduisants que d’autres, comme ceux qui se passent dans les airs mais l’ensemble, remarquablement bien coordonné et mis en scène avec rigueur mais aussi avec poésie par Marie Molliens, fait preuve d’une grand professionnalisme. Ce spectacle de fin d’études montre à l’évidence que ces quatorze jeunes gens auront bénéficié d’un solide enseignement.  N’en déplaise encore une fois à M. Laurent Wauquiez, ancien ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche,qui avait annoncé sans état d’âme, vouloir « fermer les formations fantaisistes comme celles des métiers du cirque et des marionnettistes », pour privilégier « des formations débouchant sur des vrais jobs ». Bravo! Mais il devrait savoir que c’est tout à l’honneur de la France de faire vivre et prospérer le C.N.A.C., établissement supérieur, oui, comme Normale Sup, et ceux où nombre de ces jeunes artistes ont d’abord fait leurs classes…
La Région Grand-Est leur
offre la possibilité d’un épanouissement professionnel mais aussi personnel sans lequel un spectacle comme celui-ci n’existerait même pas  et il y a toute une équipe derrière… Le partenariat engagé il y a plus de vingt ans avec le Centre National à Châlons-en-Champagne, est d’une grande importance, à la fois pour le rayonnement national mais aussi international, des arts du cirque…

 Philippe du Vignal

Spectacle vu le 30 novembre sous le chapiteau du Centre National des Arts du Cirque à Châlons-en-Champagne (Marne).

La Villette-Espace Chapiteaux, Paris ( XIX ème), du 25 janvier au 19 février.

Théâtre d’Elbœuf, Pôle national-Cirque de Normandie, dans le cadre du festival Spring, du 7 au 9 avril. Le Manège, Scène nationale, Parc de la Patte d’oie, Reims ( Marne), du 21 au 23 avril.

Uto-Pistes, en partenariat avec Les Nuits de Fourvière, festival international de la métropole de Lyon ( Rhône), Parc de Parilly, les 10 et 11 juin.

Et à la compagnie Rasposo
, 36 rue des Orfèvres, Moroges (Saône-et-Loire), un spectacle co-accueilli avec les Scènes nationales de l’ Espace des Arts-Chalon-sur-Saône, de l »Arc-Le Creusot et du Théâtre-Mâcon, les 30 juin, 1er et 2 juillet.

Les Fables d’après Jean de La Fontaine, mise en scène de Philippe Car

Les Fables d’après Jean de La Fontaine, mise en scène de Philippe Car 

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La Fête de la Cigale ©Elian Bachini

L’Agence de voyages imaginaires, une compagnie marseillaise installée dans le quartier de l’Estaque, a su créer avec succès depuis des années, sous la houlette de Philippe Car, des adaptations populaires de textes classiques et les jouer aussi en tournée dans la région. Ici, un cabaret festif, impertinent et imagé, avec pour chaque tableau, un décor, souvent kitch, installé à vue, au rythme du petit orchestre que forment cinq acteurs et musiciens aussi habiles à interpréter les animaux qu’à joue d’un instrument. Sous les lumières de Julio Etiévant, les compostions de Jean-Luc Tourné et Yann Norry accompagnent aimablement ces courtes séquences, conçues comme des sketches.

Un rideau de scène chatoyant tendu ss s’ouvre parfois sur un écran où sont projetés des paysages bucoliques. Au fronton de ce petit théâtre, une inscription : «Aimez, aimez tout le reste n’est rien», clin d’œil aux Amours de Psyché et de Cupidon. Sur tout le plateau, ou à l’avant-scène, cette joyeuse compagnie commente, plus qu’elle n’illustre, vingt fables, plus ou moins connues. Elle reste fidèle à leur esprit, tout en faisant fi des morales de l’auteur qu’elle juge dépassées.

Ainsi la Cigale, en costume de majorette, entraîne la fourmi dans la danse, et la voisine peu prêteuse, au lieu de la tancer, la suit volontiers au son des tambours. L’Agneau, sous la menace d’un revolver brandi par le loup, se rebelle contre son rôle d’animal sacrificiel, égratignant au passage, la religion chrétienne. Le Corbeau, lui, est ravi de se débarrasser d’un gros fromage en polystyrène… Parfois, les comédiens se conforment à leur modèle, avec ironie : le temps d’une courte chanson, le Bûcheron repousse la Mort et passe son chemin. Les deux Pigeons devient une parodie. Nous avons apprécié le concert des grenouilles quand la plus vaniteuse se gonfle pour se faire aussi grosse que le bœuf, interprété, lui, par un guitariste coiffé d’énormes cornes…

 Ces morceaux choisis s’articulent selon un fil conducteur : Gaïa (la Terre) ,dans une splendide robe rouge à crinoline, préside et nous sert une fable écologique de son cru, prédisant la fin de la Planète souillée par les hommes. Et joignant le geste à ses prophéties, elle répand un gaz mortel sur le plateau… Mais était-il nécessaire d’alourdir cette comédie humaine par un discours moralisateur pas très bien écrit, quand ce spectacle détourne déjà le moralisme de La Fontaine? Malgré cette réserve, le spectacle, bien enlevé, ravit petits et grands… Dans le hall du théâtre, l’Agence de voyages imaginaires offre un bonus: une exposition sur toutes les Fables ! Deux cent quarante-six créateurs ont illustré ces histoires, chacun à partir d’une fable tirée au sort. Soit une panoplie de textes, chansons, vidéos, dessins, installations à voir, avant ou après la représentation…

 Mireille Davidovici

 Spectacle vu le 1er avril, à Bonlieu-Scène nationale, 1 rue Jean Jaurès, Annecy (Savoie). T. : 04 50 51 45 40.

Les 12 et 13 mai, Théâtre du Parc, Adrezieux- Bouthéon (Loire).

Le 1er juin, CIRCA Pôle national du Cirque, Auch (Gers)

Histoire(s), de France texte et mise en scène d’Amine Adjina

Histoire(s) de France, texte et mise en scène d’Amine Adjina« `

Visuel 1 © Géraldine Aresteanu

© Géraldine Aresteanu

  La compagnie du Double a été créée en 2012 à Saint-Ay (Loiret) par Amine Adjina et Émilie Prévosteau. «Ce spectacle est né de l’envie d’interroger mon rapport à la France, dit l’auteur, et par là, les histoires qu’on nous raconte pour établir un socle commun.» Après le succès d’Arthur et Ibrahim, sur le thème d’une amitié impossible entre deux jeunes- l’un étant d’origine arabe- cet auteur écrit sa troisième pièce pour la jeunesse à l’aune de sa double appartenance : il est né en France de parents algériens. Il aborde ici de façon très ludique l’enseignement de l’Histoire de France au collège, vu par trois élèves à qui la professeure a demandé de mettre en scène certains épisodes… 

 Autre épisode : la Révolution française sème la révolte dans l’école, un moment où les trois compères dans l’esprit de 1789 vont exprimer les doléances des élèves pour changer la vie scolaire, de l’enseignement à la cantine. Ces revendications, lues par les acteurs ou diffusées en voix off, ont été collectées auprès de plusieurs classes par le compagnie. Le troisième et dernier tableau, pour la plus grande joie des jeunes spectateurs, évoque la coupe du monde de football de 1998, Zidane et la liesse populaire d’une France black blanc beur.

A travers des reconstitutions parodiques, l’auteur interroge les origines, le politique, la question de l’identité quand certains agitateurs d’opinion se servent actuellement de l’Histoire pour attiser les haines raciales et diviser les populations. Entre les séquences «historiques» en train de se construire, des relations plus intimes se tissent entre les trois enfants Amine Adjina a conçu une mise en scène simple, avec accessoires et costumes de fortune tombés sous la main et il décortique les signes et codes du jeu dramatique.

Ce théâtre d’agit-prop, qui se place du point de vue des jeunes, pourrait paraître un brin démagogue. Mais ici, on les prend les enfants au sérieux et on leur renvoie une parole exprimée avec leurs mots. Ils ne s’y trompent pas et se sentent concernés par cette pièce drôle qui ouvre aussi une réflexion sur les conflits et préjugés sociaux qui s’immiscent dans les écoles. Cette parodie de l’Histoire canonique donne une belle occasion d’éveiller l’esprit critique des nouvelles générations. Avis à l’Education Nationale…

 Mireille Davidovici

Jusqu’au 12 février, Théâtre 71, 3 place du 11 novembre, Malakoff (Hauts-de-Seine)

Du 16 au 18 février, Théâtre Jean Vilar, Montpellier (Hérault).
Du 7 au 10 mars, Tangram, Evreux  (Eure) ; les 22 et 23 mars, Agora Robert Desnos, Evry (Essonne).
Du 6 au 12 avril, Théâtre 13 Seine, Paris (Xlll ème).

 Histoire(s) de France est publié aux éditions Actes Sud, collection Heyoka jeunesse.

 

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