Xavier Constantine, magicien

Xavier Constantine, magicien


-Vos premiers pas ?

-Petit, j’ai été attiré par la scène et j’ai été musicien dans un orchestre harmonique. Puis, un jour, j’ai vu un spectacle de magie avec mes parents pendant les vacances et j’ai été fasciné. Je voulais absolument, moi aussi, en faire. J’ai appris mon premier tour juste après l’avoir vu: je devais avoir quatorze ans.Puis j’ai découvert les bases grâce à des VHS et DVD, aux livres, et aux démonstrations trouvées sur Magicaplanet. J’ai aussi passé du temps dans les clubs de ma ville pour assister aux conférences et parler avec les artistes.

© Alexandre Ollier

© Alexandre Ollier


Les concours m’ont aidé à me fixer des objectifs et à présenter mon travail.. À l’époque, j’avais vint ans et un numéro avec des colombes: c’était à double tranchant et pouvait encourager mais aussi décourager. Cela a été mon cas. Je perdais le sens de ce que je faisais, mais j’ai eu la chance de suivre une formation en magie nouvelle au C.N.A.C.
Un vrai moteur pour moi : j’ai découvert que cet art n’a pas de limites et que nous ne sommes pas obligés d’être formatés. Et grâce à l’enseignement de Raphaël Navarro et d’Étienne Saglio, j’ai pu me remettre en question et cela a ouvert de nouvelles portes à mon imaginaire.
Je travaille essentiellement sur scène: ce que préfère…(je peux ainsi développer un thème )mais aussi en close-up.

-Et vos créations ?

Mon spectacle I.A. : Intelligence Artificielle-Magie Réelle est le résultat de quelque dix ans de réflexions, notes prises à la volée… J’ai voulu parler de ce qui, pour moi, est déjà magique: la science, et surtout le temps et la physique quantique. J’ai dû me tordre l’esprit mille fois pour rendre mon propos accessible et drôle, tout en y intégrant de la magie.
Il fallait donc surtout que je rende visible, l’invisible. Certaines particularités de ce que nous appelons: le temps, ne sont pas perceptibles à notre échelle et j’ai dû trouver comment les matérialiser. Je voulais que la mise en abyme du personnage soit la plus forte possible et que je puisse le jouer avec sincérité. Ainsi, un conférencier venu parler du temps, de sa peur de la mort et qui va devoir s’y opposer, était ce qui m’intéressait le plus.

L’I.A. est arrivée comme une évidence. Je voulais avoir un binôme sur scène et les interactions entre l’homme et la machine me fascinent. Mon I.A., nommée MIA (Mon Intelligence Artificielle) est une partie de moi : froide mais factuelle, elle dit ce qu’il est quelquefois impossible d’exprimer en société. Je crée ainsi situations et dialogues absurdes qui, à titre personnel, me font beaucoup rire.
J’aime beaucoup l’ensemble des spectacles d’Étienne Saglio; pour moi, c’est de la vraie magie… J’apprécie le travail de Klek Entos qui a su créer un univers très riche et j’étais fan de Lance Burton, avec une magie très propre et chic. Il a une classe folle ! Sinon, aucun style particulier ne m’attire. Je suis surtout captivé par un personnage singulier ou une approche que je vais trouver très «intelligente». Entre autres chez Tana Manga, Markobi ou Luc Langevin.
Mais ce qui m’inspire le plus, est le cinéma. Matrix, Black Mirror ou Doctor Strange. Que ce soit la narration ou les thèmes abordés, ces films ouvrent des portes à des univers immenses, avec des moyens colossaux : leurs auteurs peuvent ainsi faire exactement ce qu’ils veulent.

-Et à un débutant, que diriez-vous ?

-J’ai commencé la magie vers 2000 mais depuis le milieu a beaucoup changé, entre autres, avec l’accessibilité aux secrets. Je dirais : surtout ne pas écouter les gens. Chacun a son avis et vous ne pouvez pas plaire à tout le monde! Et tant que vous avancez, continuez  et gardez toujours en tête le bonheur qu’il y a à faire votre travail. Si vous voulez plaire mais que cela ne vous correspond pas, tôt ou tard, vous perdrez. Testez des choses et n’ayez pas peur d’échouer: si cela arrive, passez vite à autre chose.
Je regarde ce qui est faisable ou non, du point de vue des spectateurs. À une époque où la technologie progresse si vite, ils imaginent de plus en plus des trucages sophistiqués qui leur donnent l’impression d’avoir compris, alors que ce n’est pas le cas: certaines lévitations d’objets leur font quelquefois dire qu’on utilise un drone… Ou ils interprètent un simple «forçage de carte »comme un jeu connecté! Cela existe mais ne se pratique jamais. Dès qu’il y a une brèche technologique, le public s’y engouffre, même si c’est faux. Et une fois cette explication est ancrée dans leur esprit, la sensation de magie s’efface.
Côté divertissements personnels, j’ai découvert, il y a peu, l’équitation: j’avais envie d’apaisement et sérénité… Ce que j’y ai trouvé. Les chevaux sont très sensibles et à l’écoute. Ils ont la force d’un bulldozer mais, avec nous, la tendresse d’un chaton. On doit les en remercier.

Sébastien Bazou

Interview réalisée à Dijon, le 24 mars.

Sébastien Bazou

www.xavierconstantine.com

 


Archives pour la catégorie Magie

Exposition au Musée Français de la Carte à jouer d’Issy-les-Moulineaux

Exposition au Musée Français de la Carte à jouer d’Issy-les-Moulineaux

 

 

©© Musée Français de la Carte à Jouer Ville d’Issy-les-Moulineaux - David Cochard

© Musée Français de la Carte à jouer Ville d’Issy-les-Moulineaux – David Cochard

Une exposition à l’initiative de son directeur, Denis Butaye, grand passionné de magie, avec une partie de la collection personnelle de Georges Proust qui en assure le commissariat : objets, accessoires, affiches, jouets optiques, automates, matériels de grandes illusions…Serge Dubuc a signé une scénographie volontairement mystérieuse et nimbée de rouge pour les faire ressortir.
Les espaces sont organisés par thématiques et certaines grandes illusions sont accompagnées de leur démonstration en vidéo par leur créateur : Thurston, Harbin… sur trois écrans . Un bonimenteur (l’acteur et magicien Sylvain Solustri, ce jour-là) guide les visiteurs en évoquant les histoires d’Howard Thurston, J.E. Robert-Houdin, Houdini… et présente l’entresort » de La Femme fleur en réalisant avec elle un numéro de divination d’une carte choisie par un visiteur.

 Georges Proust (soixante-dix neuf ans) né à Constantine, se passionna enfant pour la magie et les arts du cirque. Quelques années plus tard, il achète son premier tour au marché à Annecy. Il débute ainsi une exceptionnelle collection. En 71, il fonda le Ring 191, la branche française de l’International Brotherhood of Magicians, réunissant amateurs et professionnels autour de leur passion commune.
Parallèlement, il commence à se produire, accumulant une expérience de scène, tout en développant son style. Il rassemble aussi livres, objets anciens, accessoires de prestidigitation et affiches. En 78, il fait l’acquisition d’une importante collection en Bretagne : objets rares, automates et accessoires d’illusions. C’est le début d’une série d’expositions itinérantes en France et en Europe pour faire partager sa passion.

 À partir de 78, le producteur de cinéma et collectionneur Christian Fechner transforme sa vision de la magie, devenant éditeur et gardien du patrimoine, avec plusieurs ouvrages consacrés à J.E. Robert-Houdin, contribuant ainsi à sa reconnaissance internationale. Sa bibliothèque personnelle compte plus de 68.000 ouvrages, ce qui en fait l’une des plus grandes collections de littérature magique au monde. En 81, Georges Proust fonde l’Académie de la Magie, 47 rue Notre-Dame-de-Lorette à Paris et l’année suivante crée les éditions Georges Proust qui ont publié plus de 150 livres. En 84, son exposition Le Monde Merveilleux des Magiciens présentée à Boulogne-Billancourt, connaît un succès retentissant. Il sera invité en 89 par le KaDeWe grand magasin berlinois,pour y présenter une exposition de 1.500 m2, attirant des milliers de visiteurs et consacrant sa renommée internationale. En 93, Georges Proust crée le Musée de la curiosité et de la magie à Paris, un espace unique en son genre avec une partie de sa collection d’objets et d’automates. En parallèle, il s’investit dans la création de la Maison de la magie Robert-Houdin à Blois, un musée consacré au célèbre illusionniste français, père de la magie moderne.

 

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Personnalité incontournable, Georges Proust continue à enrichir sa collection et à promouvoir cet art avec le Musée de la Magie et ses publications. Son parcours témoigne d’une vie animée par la passion de transmettre. Grâce à lui la magie est reconnue comme un divertissement mais aussi comme un art à part entière, avec une histoire, un héritage précieux à préserver et un langage universel, capable de rassembler et faire rêver. Robert Houdin (1805-1871) opéra une révolution : en 1845, il ouvre au Palais-Royal à Paris, le Théâtre des soirées fantastiques, avec des numéros inédits comme La Bouteille inépuisable ou la Suspension éthéréenne. Après avoir fait fortune en quelques années, Il se retire à Blois. Parallèlement, le Théâtre Robert Houdin s’installe en 1853, boulevard des Italiens. Son dernier directeur, Georges Méliès, peintre, magicien et pionnier du cinéma, y montra ses premiers films. Haut-lieu de la prestidigitation, le lieu vit passer les meilleurs illusionnistes français.
Et ensuite des festivals ponctuels attirent le public vers des plateaux de manipulateurs, ventriloques, créateurs de numéros de « double vue », etc.. En France, parmi tant d’autres : Jean Valton pour les cartes  et Marc Albert, Odips, Li King Si, Dany Ray, Keith Clarck, Freddy Fah. Sous des chapiteaux, Yanco, Mireldo, Mir et Myroska, De Rocroy, Al Rex…Aux États-Unis, un jeune magicien prend le nom d’Harry Houdini (1874-1926) en référence à Houdin. Avec sa réputation d’évadé perpétuel, il devient en quelques années le plus célèbre de son pays. L’arrivée du chemin de fer permet à Alexander Herrmann, Chung Ling Soo, Harry Kellar, Howard Thurston, puis Charles Carter, Dante, George, Harry Blackstone… d’aller de ville en ville. Ils se rendront célèbres avec de fastueux spectacles
En Angleterre, la famille Maskelyne, présente dans son Egyptian Hall, des spectacles inventifs jusqu’en 49 avec Jasper, le dernier des Maskelyne. Pendant la seconde guerre mondiale, étaient nés des cabarets où des artistes étonnants présentaient avec un matériel restreint, des numéros de manipulation. L’Anglais Cardini en fut le plus représentatif. Au XIX ème siècle, avec la lithographie, l’affiche se développe et devient le principal support publicitaire et cela jusqu’au milieu du XX ème siècle où radio et télévision s’imposent. De grands imprimeurs et graphistes conçoivent des affiches avec portraits et images de spectacles. Ils suggèrent le merveilleux et s’efforcent de faire rêver le public comme les Français Charles Lévy (1880) Parrot et Cie (1889), Émile Levy, Louis Galice (1900), Harfort (1940). Et Pepermans et Marcy en Belgique, James Hupton en Angleterre, Mercy en Autriche et Adolph Friedlander en Allemagne ont aussi créé de splendides affiches.

 

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A Paris, il y a plusieurs fabricants chez qui se fournissent les professionnels, et les riches amateurs de « physique amusante », toujours à la recherche d’appareils coûteux, somptueusement décorés et souvent fabriqués à la pièce.  Crée en 1808!  la maison Aubert  8,rue des Carmes, Paris (Vème), maintenant Mayette (de la famille de Muriel Mayette, actrice et metteuse en scène) proposait dans son catalogue vers 1853 outre les classiques objets en bois tourné, de nombreux appareils en métal. Ceux de son concurrent Voisin, lui-même magicien, furent aussi très recherchés pour leur raffinement luxueux. A Paris, aussi, il y avait Roujol, Fournay, Devaux, Delion et Couthier et la maison Giroux pour laquelle Robert Houdin fabriqua des automates. Certains en métal peint  typiques du Second Empire  et reconnaissables à leurs décors dorés sur fond rouge ou noir.

 Dans cette exposition, les objets sont regroupés par époque. Come celle de Robert-Houdin  Dictionnaire encyclopédique des récréations et amusements scientifiques (éditions Pancoucke, (1972) Bouteille inépuisable – Quille au verre bleu – Vase à la tabatière – Plateau à apparition – Pistolet, cible et montre par Voisin. La physique amusante : Sacs à apparitions-Boîtes de Physique amusante dont une par Jullien éditeur à Paris, avec tours, coquetiers, gobelets et autres accessoires de magiciens en buis et métal – couvercle de boîte de magie Nouvel apparat d’escamoteur Allemagne – Gravure L’Arracheur de dents.

 La magie en 1900 : La Boule aux foulards – La Cage à apparition – Gobelet à production – Trépied à la carte – Quêteuse – Casserole aux tourterelles – Présentoir à boules – Éventail à apparition de cartes – Miroir représentant un escamoteur – Baguette en métal à apparition de foulards – Vase au millet. Il y a aussi deux formidables «tubes de production» d’Howard Thurston (1869-1936). Peints en noir avec anneaux en laiton à chaque extrémité sécurisant les couvertures en soie noire, et merveilleusement brochées en fil d’or avec dragons et nuages. L’un d’eux, grâce à une illusion d’optique, semble parfaitement vide alors qu’une cache y a été aménagée pour y dissimuler, entre autres, d’innombrables foulards qu’on pourras sortir comme par enchantement.

Les Grandes illusions appartiennent à la magie de scène. Développées au XIXème siècle, elles utilisent un matériel plus imposant et exigent une ou plusieurs personnes aux côtés de l’artiste. Les effets impressionnants, sont faits pour être visibles par un large public. En 1847, Robert-Houdin inaugure La Suspension éthéréenne avec son fils Émile, une grande illusion ingénieuse où le corps humain semble flotter en l’air.
Une chaise, inventée en 1886 par Joseph Buatier de Kolta, fait disparaître instantanément une jeune femme assise et couverte d’un tissu. Vers 1910, Charles de Vere fait apparaître sa fille, lonia l’Enchanteresse, dans un très grand vase qui se transforme en splendide buisson de fleurs.
Le célèbre tour de La Femme sciée est réalisé pour la première fois par le Britannique P.T. Selbit, en 1921 à Londres, avant d’être perfectionné par l’Américain Horace Goldin.  Georges Proust possède une version richement décorée (1923) de La Femme coupée en deux du célèbre Américain Howard Thurston. Une seconde version, plus élaborée, se sépare en deux parties.

 Ici, parmi les Grandes illusions présentées, L’Égyptienne d’après Wolfgang von Kempelen (1734-1804). Le magicien fait apporter, sur un socle semblant avoir un mécanisme compliqué, le buste d’une énigmatique Egyptienne. Chacune des deux parties de cet étrange appareil est trop petite pour contenir une personne vivante. Aussitôt le buste posé sur son socle, on en ouvre les portes : rien à l’intérieur sinon le mécanisme. Dès les portes closes, l’automate s’anime et deux mains sortent du buste et rédigent horoscopes et réponses aux questions posées par le public. L’appareil dissimulant un assistant est dérivé du célèbre Joueur d’échecs, imaginé par von Kempelen.

Clémentine de Vère (1888-1973), fille du grand artiste anglais Charles de Vère qui avait ouvert en France un magasin d’articles de magie réputé pour leur qualité, débuta en 1910. Son Vase aux fleurs, de style égyptien, se caractérise par son luxe et son élégance. Des assistants y versent de nombreux seaux d’eau puis elle tire un coup de pistolet sur le vase qui se disloque aussitôt, laissant apparaître des centaines de fleurs et une jolie jeune femme.
La Femme-Fleurde Yanco de Jean-Louis Conte (1928-1990). Dans les métiers de la fête foraine, les entresorts sont des baraques où, attirés par un bonimenteur, les gens venaientt découvrir un phénomène unique ou un personnage hors du commun. La Femme-fleur est dérivé du Décapité parlant montré pour la première fois en France vers 1900.
Les goûts du public moderne, les conditions économiques ont fait disparaître ces courts spectacles au profit des manèges, Grand-huit, etc. Le Chaudron de Steens (Fernand Brisbarre (1881-1939) est un numéro dérivé du Pot à lait d’Houdini : on met l’artiste dans un chaudron. Ses assistants et des spectateurs le remplissent d’eau et y fixent un couvercle en métal avec de solides cadenas. Ce chaudron est masqué quelques secondes par un rideau et qui une fois  relevé, laisse  voir Steens assis sur le couvercle du chaudron.

© Sébastien Bazou)

© Sébastien Bazou

 La Chaise à porteurs d’Howard Thurston (1869-1936). Succédant au célèbre Américain Harry Kellar (1849-1922) et connu jusque-là pour être un manipulateur exceptionnel,il présentera un spectacle de grandes illusions : La Femme coupée en deux, La Corde indienne…). Au cours de son fastueux spectacle, Thurston arrive sur une chaise à porteurs. Il descend ,s’avance et se retourne vers la chaise. Le rideau qui l’entourait est levé. L’actrice sort de la chaise vide et s’avance vers le public et fait sa révérence.
Dans son fabuleux spectacle de grandes illusions, il avait intégré Le Panier hindou,un tour  créé en 1865 par l’Anglais John Jack Alfred Inglis (1831-1866). Il enfermait une jeune femme dans un panier qu’il transperçait avec des sabres. Il en ôtait le couvercle et poait un voile sur l’ouverture. Il y montait, entraînant le voile à l’intérieur : la jeune femme s’était volatilisée. Le magicien sortait du panier et enlevait les sabres. Il faisait un geste et le voile se gonflait comme animé par un fantôme. Jack Alfred Inglis arrachait alors le voile et la jeune femme était là, indemne.
Le Sarcophage de Dicksonn (Paul-Alfred de Saint-Génois de Saint-Breucq (1857-1939). Le directeur du théâtre Robert-Houdin, créa ensuite son propre lieu où il présenta ce numéro. Une assistante, costumée en Egyptienne, était enfermée dans un sarcophage et il tirait un coup de pistolet. Aussitôt, il était montré vide et l’Egyptienne réapparaissait parmi les spectateurs

La Femme Zig Zag de Robert Harbin (1908-1978), un de premiers à présenter des numéros à la télévision anglaise, fut un grand créateur. Cette illusion, créé en 53, a été  unee des plus copiées. Tous les professionnels furent mystifiés par cette femme coupée en trois dont la partie centrale se décalait de façon impossible.
Les Tonneaux de Selbit (Percy Thomas Tibbles (1879-1938). Magicien inventif et directeur du périodique mensuel The Wizard (1905-1910), il créa Par le chas d’une aiguille. Il faisait passer son assistante d’un tonneau à un autre, alors qu’ils étaient séparés par une plaque métallique percée d’un trou minuscule.
Ce tour énigmatique, créé en 1924 à New York, bluffa le public et les magiciens de l’époque. Howard Thurston le reprit pendant de nombreuses années dans son grand spectacle d’illusions.

Sébastien Bazou

 

Exposition Magique ! Musée français de la carte à jouer, Issy-les Moulineaux ( Hauts-de Seine) jusqu’au 14 août.


 

 

 

 

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Lior Manor, mentaliste, conférencier et créateur d’illusions

Lior Manor, mentaliste, conférencier et créateur d’illusions

 

-Quand vous étiez  très jeune, vous adoriez voir des magiciens?

© Nati Levi

© Nati Levi


Oui, mais il y en avait peu en Israël: nous étions isolés, loin de l’Europe et des États-Unis.Seulement une fois par an, nous y avions accès. La magie que je voyais était très basique et il n’y avait pas de close-up.
Ensuite, j’ai découvert de plus en plus de magiciens, puis, avec mon père nous avons fondé un magasin où nous avons vendu quelques tours,  ce qui nous permettait de gagner un peu d’argent. J’appréciais cet art mais je n’aimais pas le pratiquer… J’aimais seulement comprendre comment cela fonctionnait et mes autres passions étaient l’électronique, les maths, l’innovation et les sciences.

Puis j’ai acheté quelques tours et à douze ans, j’ai présenté un spectacle dans ma classe. L’année suivante, j’en ai de nouveau monté un pour ma classe de musique mais j’avais toujours le trac. Puis j’ai arrêté et, à seulement vingt-quatre ans, quand je suis entré à l’Université les sciences informatiques, j’ai rencontré un magicien. J’ai alors découvert la convention israélienne. Après plusieurs années à suivre des conférences, j’ai pu rencontrer de nombreux illusionnistes de close-up, scène, etc. Comme Roni Shachnaey, fondateur de la Société Israélienne pour la Promotion de l’Art Magique, devenu mon professeur et mentor.

J’espérais finir mes études pour intégrer une entreprise de haute technologie mais je m’intéressais de plus en plus à la magie. Et Roni Shachnaey m’a encouragé à lire des livres dans sa bibliothèque, puis j’ai commencé à voir des vidéos de Patrick Page, Fred Kaps faisant des manipulations, Shimada… Très vite j’ai senti que je ne ressemblais pas à Richard Ross, Gérard Majax et autres manipulateurs et j’ai commencé à faire de la magie/stand up humoristique, avec gags. Puis, très vite, j’ai présenté du mentalisme, une discipline populaire et très demandée à l’époque ..

J’ai validé un premier, puis un second diplôme en sciences, mathématiques, informatique. En parallèle, je gagnais bien ma vie avec des spectacles: j’ai alors décidé de continuer la magie, puis rapidement la plus importante entreprise d’Israël m’a sollicité pour faire des conférences et être maître de cérémonie pour de nombreuses conventions de technologie. J’intervenais cinq minutes avant chaque présentation pour mettre en avant un logiciel, du matériel informatique, etc. J’ai commencé à développer beaucoup d’effets magiques, qui avaient un sens bien particulier, dans ces rencontres et salons professionnels.
Je peux dire que j’ai influencé beaucoup de gens à faire des conférences pour entreprise et du sur-mesure en magie avec d
es effets comme Talk To The Screen, The Selfie Card Trick, The Big Trivia Game, The Mobile Opener et bien évidemment, ma routine Invisible touches (PK Touch), reprise notamment par David Blaine et Derren Brown. Comme toutes les plus grandes entreprises le souhaitent, vers leurs employés et clients. J’ai développé un style de magie et de mentalisme adapté. Ce que je fais et enseigne à mon équipe. J’ai aussi animé beaucoup d’ateliers de vingt personnes, souvent pour des professionnels de haut niveau mais aussi pour des amateurs.
J’ai aussi d’abord présenté une émission d’une heureà la télévision . En 93, je passais cinq minutes quand un producteur m’a proposé d’être l’invité principal d’un «talk-show » hebdomadaire.Auparavant, personne ne faisait ce genre de choses : à l’époque, il y avait deux chaînes en Israël et grâce à cette médiatisation, je suis devenu célèbre.

Début 94, j’ai été reconnu comme la révélation de la loterie à une émission de télévision très connue car il y avait de gros prix à gagner. Un jour avant le tirage, j’ai donné ma prédiction à un avocat, puis mon enveloppe a été ouverte en direct avec le numéro que j’avais choisi, correspondait à celui du jour. Très rapidement, mes cachets ont alors été multipliés par dix, du seul fait que j’apparaissais à la télévision. J’ai ensuite mis deux ans pour créer ma propre émission et j’en ai produire quatorze d’une demi-heure avec un mélange de magie, de mentalisme et où il y avait des invités spéciaux. Jusqu’en 2000, puis j’ai arrêté : cela faisait six ans que j’étais presque chaque semaine à l’écran !

-Parlez-nous de vos interventions dans le monde entier comme conférencier pour des entreprises ?

Ma période préférée a commencé en 97 quand j’ai pu voyager dans le monde entier, à l’invitation d’entreprises de haute technologie comme HP, IBM, Checkpoint, Abbot, MSD, Applied Materials, etc., pour des salons et séminaires de lancement de produits. Je voyageais parfois deux fois dans la même semaine! Une fois en Chine pour une conférence sur la robotique, puis de Shanghai, j’ai pris un vol pour aller à New York. Puis  à Houston. Et huit jours après, je suis rentré à Tel Aviv!
J’ai aussi participé à Marrakech à une conférence de l’entreprise ConverseNow, spécialisée dans le courrier vocal . Et à Chicago pour présenter les presses numériques HP Indigo. Je suis aussi allé
à un conférence de l’Union européenne à Londres. Tout ceci en une semaine, avant de revenir en Israël… Aujourd’hui, cela fait vingt-sept ans que je voyage partout et j’ai mon siège d’avion réservé au nom de 1A all the way.

-Quels magiciens ou artistes qui vous ont marqué ?

Longtemps, j’ai fait l’impasse sur les conventions mais je vais régulièrement à la P.E.A, Psychic Entertainers Association, fondée en 78. J’y ai rencontré Ken Weber, Bob Baker, Tim Conover, Gary Kurtz, Anthony Blake, Brett Barry… Tous devenus amis très proches, dans ma vie quotidienne. J’ai été beaucoup influencé par l’humour de Juan Tamariz et par Tom Mullica: j’aime leur travail mais la plupart du temps, je pratique le mentalisme. Et j’aime regarder Dani Da Ortiz faire ses tours de cartes, ce que je ne fais pas.

Quels conseils à un débutant ? Aujourd’hui à soixante-deux ans, je commence à faire de plus en plus de conventions  et depuis six ans, je préside la Société de magie israélienne. Nous sommes maintenant deux-cent quarante, et nous organisons chaque mois une réunion avec environ cent participants. Nous faisons généralement venir un collègue d’Europe ou des États-Unis, ce qui permet de rencontrer tous les grands noms de notre métier. Il y a aussi quelques vendeurs de matériel et un marché de l’occasion. Nous conseillons aussi les débutants pour leurs achats Mais aujourd’hui tout a changé: ils voient beaucoup de tours sur YouTube… Nous avons donc créé une section pour qu’ils progressent, améliorent leur présentation, etc. Et ils sont invités à cet événement, ce qui leur permet d’apprendre beaucoup plus vite.

-Quel regard avez-vous sur la magie actuelle ?

De nos jours, les jeunes lisent peu.  Mais chaque jour, un nouveau tour est vendu dans le monde entier, ce qui est vraiment incroyable! Il y a vingt ans,  paraissait un catalogue avec presque les mêmes choses. Puis, il y a eu de nombreux nouveaux tours sur Internet. J’ai définitivement arrêté de faire de l’électronique. A part cela, j’adore le piano et les puzzles. J’aime aussi aller au musée, prendre l’avion, voyager…

Sébastien Bazou

Interview réalisée à Dijon ( Côte-d’Or), le 31 décembre 2024.

Lior Manor https://1amagic.com/

 

Festival Odyssées en Yvelines

Odyssées en Yvelines: quatorzième festival pour l’enfance et la jeunesse

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Abdelwahed Sefsaf

Une nouvelle édition conçue par Abdelwaheb Sefsaf, metteur en scène et musicien, nommé directeur il y a un an, du Théâtre de Sartrouville-Centre Dramatique National.  «A l’école, dit-il, j’ai découvert le  théâtre et à celui-ci, ma découverte du monde. En CM2, je suis fasciné par une représentation scolaire et au collège, je m’inscris au club théâtre et joue Calchas dans La Belle Hélène de Jacques Offenbach. Aujourd’hui artiste, je sais ce que je dois à l’éducation populaire et à l’action culturelle.»
Pendant trois mois, six petites formes créées pour l’occasion, essaimeront dans une quarantaine de communes. des Yvelines: théâtres, centres sociaux, conservatoires, bibliothèques, collèges, salles municipales avec  séances scolaires, ou tout public.
Il y en a pour tous les âges à partir de quatre ans : Le Chat sur la photo d’Odile Grosset-Grange, jusqu’aux adolescents, et des styles et univers contrastés, du réalisme au poétique. Mais une préoccupation commune chez les artistes: parler d’aujourd’hui aux enfants, en abordant des thèmes comme l’immigration  avec Esquif (à fleur d’eau) d’Anaïs Allais Benbouali; l’adoption: Malik le Magnifik d’Abdelwaheb Sefsaf; la sexualité: Love à Gogo de Marion Aeshchlimann et Benjamin Villemagne, ou encore l’exil: Cette note qui commence au fond de ma gorge de Fabrice Melquiot. L’heure n’est plus aux bisounours

Le Chat sur la photo d’Antonio Carmona, mise en scène d’Odile Grosset-Grange

Après Cartoon plébiscité l’an dernier au festival La Tête dans les nuages à Angoulême et actuellement en tournée, (voir Le Théâtre du blog), la metteuse en scène quitte l’univers des ados et s’adresse aux tout petits. Anya va nous raconter l’histoire du « pire samedi où elle s’est réveillée au milieu de la nuit et a rassemblé ses quatre ans et demi de courage». Tout a commencé quand elle a perdu son chat. Ce compagnon de jeu avec qui elle partageait l’exploration de la maison lui manque et son doudou, Froussard est son nouvel adjoint détective. Qui fait disparaître les objets de la maison comme la photo d’elle avec son chat? D’où viennent les craquements qu’elle entend la nuit: ce  ne sont pas les disputes de ses parents ni les bruits incessants de la circulation? Anya mène l’enquête avec Froussard, jusqu’au grenier et imagine une invasion par les sorciers de la forêt voisine:   ses parents ne s’aiment plus, croit-elle, et vont peut être divorcer,… Quand la lumière s’éteint et qu’ils voient passer dans les couloirs des inconnus chargés de cartons, le doudou n’en mène pas large, Anya non plus…

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© Christophe Raynaud De Lage

 

Odile Grosset-Grange a passé commande à Antonio Carmona, auteur de pièces et de romans pour la jeunesse. Il avait envie de parler de la peur, elle voulait une héroïne. Cette histoire inverse les stéréotypes de genre et le doudou (Guillaume Riant) un peu emprunté a la trouille, la petite fille (Marie-Camille Le Baccon, intrépide et sautillante) va de l’avant.

La scénographe Cerise Guyon a conçu une charmante maison miniature dont les différents niveaux s’ouvrent comme autant de mystérieux tiroirs à explorer. Et les objets apparaissent et disparaissent entre les mains des acteurs comme par enchantement, grâce aux tours de magie enseignés par Père Alex. La metteuse en scène traite ce mini-polar avec élégance, légèreté et humour. Les comédiens ne surjouent pas la peur et un texte écrit au passé et  que se partagent les protagonistes entre les scènes dialoguées, apporte à la pièce la distance d’une histoire qu’on raconte.

Esquif (à fleur d’eau) texte et mise en scène d’Anaïs Allais Benbouali

Près de Lampedusa  des migrants© Reuters J. Medina

Près de Lampedusa, des migrants © Reuters J. Medina

La Méditerranée en a gros sur le cœur: elle déborde de tous les noyés qui gisent  au fond de l’eau. Incarnée par une actrice, elle va parler en leur nom. Pour connaître leur histoire, elle invite le public à se masquer les yeux d’un bandeau et à se laisser guider jusqu’à eux «  de l’autre côté ». De très nombreuses voix prient alors les  enfants de ne pas les oublier, et, en leur nom, de parler d’eux aux parents, responsables de ces tragédies.
Amandine Dolé, actrice et musicienne explique aux enfants comment la Méditerranée, autrefois lieu d’échange entre l’Europe et l’Afrique, est devenue une frontière absurde et un tombeau pour les migrants. Après ces préliminaires un peu didactiques, elle laisse la parole à la Méditerranée qui a les traits d’une jeune femme enceinte (Anissa Kaki). Elle a un petit flacon rempli d’eau et investit délicatement l’air de jeu: une légère bâche en plastique bleu ciel qui gonfle parfois sous l’effet d’un ventilateur….Une scénographie simple et très lisible de Lise Abbadie.
L’actrice raconte les requins, raies mantra, et bébés pieuvres, leurs jeux et leurs chants, puis laisse la place aux voix des disparus : Vinia, Sarah, Kadi, Adama, Asha, Ousman, Neba, Moussa, Abi, Jahia, Ibrahim, Samuel, Mubarak, Asante, Emilie, Sekou, Sabtou, Yasmine, Samy, Esther, Yussif, Maïmouna, Nanomi, Abdo, Peter, Saïd, Hamid …Venant de Guinée, Ghana, Syrie, Cameroun, Afghanistan, Irak, Somalie… « Ils auraient pu venir de France, Espagne, Belgique, Italie, Suisse ou Allemagne si le monde était inversé. Et pour ça, il suffit juste de retourner une carte et ceux du bas seront en haut,  et ceux d’en haut, en bas. »

Esquif ┬0472

® C. Raynaud de Lage_

 

La mer se retire après ce voyage dans les abysses et revenus sur la terre ferme, nous ouvrons les yeux et découvrons une maquette de bateau: le navire ambulance Océan Viking qui sauve chaque année des milliers d’hommes, femmes et enfants du naufrage. La musicienne qui a accompagné le spectacle sur son violoncelle évoque alors l’action de S.O.S. Méditerranée, avec chiffres et récits des sauveteurs…

Anaïs Allais Benbouali a construit Esquif (à fleur d’eau), une « immersion à l’aveugle pour une mer et un violoncelle », à partir de témoignages enregistrés de rescapés recueillis par l’Océan Viking. «Grâce au récit de leurs histoires, nous pourrons sortir d’un profond sommeil collectif »dit  la metteuse en scène  qui envoie ce S.O.S.« à la jeunesse porteuse de changement ». Chaque enfant ou adulte repart avec un prénom inscrit sur un papier dans une enveloppe en guise d’In Memoriam ».

Ce documentaire de trente-cinq minutes, en forme de conte poétique, s’adresse avec beaucoup de tact aux enfants à partir de huit ans. Il peut s’accompagner de sensibilisation scolaire faite par les bénévoles de S.O.S. Méditerranée. L’alerte est lancée: aux programmateurs et éducateurs de l’entendre.
La metteuse en scène, comédienne et directrice artistique de la compagnie la Grange aux Belles est aussi l’autrice de nombreux textes comme Au milieu de l’hiver j’ai découvert en moi un invincible été chez Actes-Sud Papiers et Par la mer (quitte à être noyées)  aux éditions Koïnè. Elle a réalisé avec Isabelle Mandin son premier documentaire, À regarder les poissons, autour de notre rapport à l’empathie. Restons attentifs à ses prochaines réalisations.

(À suivre)

Mireille Davidovici

 Jusqu’au 23 mars, Théâtre de Sartrouville et des Yvelines, place Jacques Brel, Sartrouville. T. 01 30 86 77 79.

 

Mehdi Ait Elhocine

© Xavier Bogenschutz

© Xavier Bogenschutz

 Mehdi Ait Elhocine

Il avait huit ans quand son frère qui en avait dix-neuf, lui montra un tour: sans jamais regarder le jeu, il devait deviner la carte qui lui faisait face. Avec plusieurs techniques: au début, il touchait la carte et la devinait, mettait le paquet sur sa tête et il devinait à nouveau! Un moment incroyable pour le petit garçon qu’il était… Mais le grand frère refuse de lui indiquer comment cela marche et lui dit de trouver par lui-même.
Mehdi cherche donc, s’entraîne encore et encore, trouve une solution et veut bien révéler son secret, à condition qu’il lui révèle le sien. Il le fait, son frère aussi mais ce n’est pas la même technique et il trouve ça tout aussi incroyable…

A seize ans, pour impressionner une fille, il lui montre les tours qu’il a appris, plus jeune. Elle adore et se met à en chercher des nouveaux. Heureusement, c’est Noël et il va au marché de Noël à la Défense où se trouve un stand de magie tenu par Paul Techer (MagicLandes) qui y fait des démonstrations incroyables.
Mais le matériel a un coût et Mehdi Ait Elhocineva faire des anniversaires pour financer ses tours. Trois ans plus tard, il entre dans l’animation et crée ses premiers spectacles pour enfants… A vingt-et un ans, il en réalise un pour adultes et commence à s’exercer à l’hypnose. Apprentissage de nombreuses techniques, lecture de nombreux livres spécialisés…. Puis il entre dans Les 78 Tours, une association d’échanges entre magiciens où il peut tester ses spectacles en public lors d’événements et festivals…

 

« Max de Magic Dream, dit-il, m’a aidé : une personne en or et le cœur sur la main qui m’a toujours parfaitement conseillé et accompagné dans mes choix. Comme Faïd Lecame, un artiste incroyable qui critique toujours de manière objective et constructive. Il a su élever ma magie, m’encourage dans mes nouvelles actions et me soutient. Mehdi Ait Elhocine, dit-il, a une famille et des amis d’une valeur inestimable, présents à chaque instant. Son épouse a vu ses premiers tours et ils font maintenant des spectacles ensemble. «M’ont aussi aidé à grandir: le fait d’avoir joué à Gaveau à Paris, devant l’ambassadeur de Chine. La salle était pleine et c’était impressionnant pour le jeune magicien que j’étais. Et maintenant, je gère mieux mon stress et je m’adapte aux différentes situations et toujours, je trouve vite une solution aux imprévus.
Mais il y a aussi des évènements qui m’ont fait perdre confiance en moi pour m’intégrer. J’avais été harcelé au collège… Et être devenu magicien a un lien avec ça. Dans ce rôle, je suis une autre personne et je peux m’exprimer. Après en avoir pris conscience, il y a trois ans, j’ai créé mon action de sensibilisation au harcèlement scolaire et tout mis en œuvre et là, j’ai découvert une autre influence de la magie. »
Il aime, en particulier, celle pour enfants. «Que ce soit sur scène, dans un gymnase, à domicile., etc. je sais que tout va bien se passer. Mais j’apprécie aussi le mentalisme, le mystère et la magie avec les adultes pour créer une émotion, les accompagner dans mon monde, les faire réfléchir et poser des questions sur ce qu’ils viennent de voir. Que ce soit sur scène, pour un mariage, pour des événements, soirées. « 

Mehdi Ait Elhocine admire, entre autres, Derren Brown : «La psychologie qu’il y a derrière, est incroyable et il sait créer des émotions fortes. Mais l’artiste qui m’a véritablement marqué est Yann Frisch. J’ai eu la chance d’assister à son spectacle Le Syndrome de Cassandre que j’ai adoré. Ce mélange de clown, magie, histoire… tout est bon. A voir pour la technique comme pour l’écriture. J’ai aussi vu Personne, dans la même veine. Un spectacle déroutant où il joue des gens aux fortes personnalités. Avec une énergie folle et les tours inclus dans l’histoire, sont dingues.
Et j’ai eu la chance de le voir en conférence avec son numéro Baltass. Encore plus folle que le numéro : on voit le travail de précision qu’il y a eu en amont et tout est calculé : rires, temps faibles, temps forts. Bref, aucun hasard et il n’est pas champion du monde pour rien !Enfin, il y a les livres de Jacques Delord qui m’accompagnent encore. »

 Attiré par le mentalisme, les techniques psychologiques, la magie avec des objets quotidiens : billets, rubicube, cartes…. il dit avoir aussi  été influencé par des films comme Jumanji, Hook… qui ont stimulé son imaginaire : « Quand je suis devenu magicien, j’ai créé mes spectacles autour d’histoires.  Celui que j’ai en tête, un personnage qui a marqué l’histoire, j’aimerais qu’il voit le jour. J’aime beaucoup dire un conte au public et l’amener dans mon univers. 

Et la magie actuelle ? Il pense ne pouvoir la juger. « Les temps changent et il faut s’adapter. J’ai du mal avec les réseaux sociaux mais il faut y être présent. J’ai du mal aussi avec cette magie commerciale où, chaque jour « Le Tour de l’année » va sortir.
Mais je vois des magiciens créant des effets incroyables avec les nouvelles technologies qui changent la vision de leur art comme Kévin Micoud ou Étienne Saglio…
Il faut savoir se renouveler, chercher tout ce qui parle au public et qui le touche… Et bien vérifier nos informations. Il est très à l’écoute et nos mots ont un poids. Chaque personne a une culture différente et je dois prendre cela en compte dans mes choix de tours et mon discours. De fortes croyances peuvent créer un climat gênant après un tour. Je dois donc faire attention à mon style et aux histoires que je choisis. Mais je suis curieux, j’aime apprendre, découvrir… cela influence mon travail. » 

A part son métier, il aime les sorties, le théâtre, l’improvisation théâtrale, les jeux vidéo et de société, surtout ceux de stratégie. Il lit aussi Stephen King et jouer aux playmobil avec ses fils, voyager en restant sur place. Et dit-il, « si vous avez des univers imaginaires à me proposer, je suis preneur. »

 Sébastien Bazou

Interview réalisée le 3 juin.

https://mehdillusion.fr/
Et sur l’action de sensibilisation au harcèlement scolaire: https://youtu.be/XbvEimG3xl0

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