Come Bach d’Anne Baquet, Claude Collet, Amandine Dehant, Anne Regnier et Ariane Bacquet, mise en scène de Gérard Robert
Come Bach d’Anne Baquet, Claude Collet, Amandine Dehant, Anne Regnier (en alternance ave Ariane Bacquet), mise en scène de Gérard Robert
Les voici de retour après le succès d’ABCD’airs, avec Jean-Sébastien Bach dans leurs bagages. Piano, contrebasse, cor anglais, hautbois et voix pour toccatas, fugues et contrepoints qui n’ont pas de secret pour ces virtuoses, ni les nombreuses variations qu’a inspirées l’œuvre du compositeur. En jazz ( Contre, tout contre, Bach, de Jean-Philippe Viret), en classique ( La Bacchanale extraite de Samson et Dalila de Camille Saint-Saëns) mais aussi dans les variétés et au cinéma. Le quatuor revisite un vaste répertoire et nous découvrons ce que de nombreux airs d’hier et d’aujourd’hui doivent à cette musique intemporelle.
Anne Baquet, formée au conservatoire de Saint-Petersbourg ( Russie), à l’aise en chant baroque et contemporain, nous donne une version émouvante de La Petite Fugue, un tube (1969) de Maxime et Catherine Le Forestier. Puis, son interprétation parodique à la Johnny Hallyday de Si j’avais un marteau de Hays Lee et Peter Seeger) ravit le public. Elle entraîne, de sa voix chaude et flexible, ses coéquipières et toutes les quatre entonnent a capella l’irrésistible D’abord ton Bach de Bernard Joyet qui, sur une musique du maître, joue sur les mots : « Passe ton Bach d’abord/ Fais un effort/ Tu veux faire table rase/ Avec le jazz / T’as pas les bases… » Rires garantis.
La pianiste Claude Collet soliste, chambriste ou musicienne dans les orchestres de Radio-France, Suisse romande… donne sa touche avec brio, à B-A-C-H (1964) d’Arvo Pärt, dont chaque lettre correspond à une note selon la gamme anglo-saxonne ( La Si Do Ré ), à Circus Waltz que Nino Rota a écrit pour Huit et demi de Federico Fellini ) et à la Toccatina op. 40/3 de Nikolaï Kapoustine.
Amandine Dehant à la contrebasse, se lance en solo dans le Menuet 2 de la troisième Suite pour violoncelle. Membre de l’orchestre de l’Opéra de Paris depuis 2005, elle n’hésite pas à monter sur le piano avec son instrument pour accompagner ses amies, toutes aussi mutines, gambadant, se contorsionnant… Ariane Bacquet et Anne Regnier (en alternance), se donnent à fond au hautbois et au cor anglais dont elles tirent des notes à souffle continu. La première joue régulièrement dans de grandes formations (orchestre de Bretagne, Opéra de Paris…) et avec les ensembles Liken et Art Sonic, les répertoires improvisés, amplifiés et contemporains. L’autre, soliste à l’Opéra de Paris depuis 1996, interprète le répertoire de musique de chambre avec l’ensemble Sur Mesure, et les œuvres actuelles avec Ars Nova.
Ces grandes interprètes souvent primées, ne se prennent pas sérieux et, sous la houlette de Gérard Robert, investissent joyeusement la scène, avec le plaisir évident de faire la fête. Elles écornent Jean-Sébastien Bach patriarche, en s’amusant à compter les nombreux enfants qu’il fit à Anna-Magdalena, une grande musicienne qu’il mit en sourdine, et dont on entend Musette. Elles osent la fantaisie quand, à la manière de charmeuses de serpent, elles soufflent en chœur dans des mélodicas, ces claviers portatifs à anches libres et tuyau latéral. À huit mains, elles font sonner l’air le plus connu du compositeur allemand comme sur un orgue.
Un spectacle musical, à la fois savant et populaire, comme on en voudrait beaucoup et qui séduit petits et grands.
Mireille Davidovici
Jusqu’au 26 mai , Le Lucernaire, 53 rue Notre-Dame-des-Champs, Paris, (VI ème) T. : 01 45 44 57 34.