Bretonnes de Charles Fréger

Bretonnes de Charles Fréger, nouvelle de Marie Darrieussecq, commentaire d’ Yann Guesdon, illustrations de Fred Margueron

 

bretonnes-1_large_rwdÀ l’origine, écrit Yann Guesdon qui médite avec passion sur l’histoire et le devenir des coiffes bretonnes, en épilogue à l’ouvrage Bretonnes de Charles Fréger, la coiffe sert d’une part, à protéger la tête du vent, de la pluie ou du soleil, mais aussi à cacher volontairement la chevelure pour ne pas attirer la convoitise des hommes et respecter ainsi l’ordre moral imposé par la religion.
L’étude souffre de l’absence de documents anciens qui ne permet pas de remonter avant le XVIIème siècle. Du XVIIème au XVIIIème siècle en revanche, les mentions se font plus précises, les descriptions auxquelles s’essaient les greffiers, connaisseurs en matière de diversité vestimentaire, sont éloquentes, que l’on soit en Haute ou en Basse Bretagne, qu’il s’agisse de coiffe, béguin, cornette, jobeline, capot à la mode de telle paroisse, ainsi la dénomination, «femme portant la coiffe à la mode de la paroisse de Beuzec-Cap Sizun».
Quant au XIXème siècle, c’est l’âge d’or de la coiffe bretonne, ce que révèle un recueil de planches dédiées aux différentes guises de Bretagne vers 1840 par un artiste ingénieux François-Hippolyte Lalaisse.
Et Yann Guesdon constate avec amusement : «Les coiffes sont alors dans toute leur splendeur et magnifient le visage féminin, alors qu’il est toujours interdit de montrer la chevelure ! »
Depuis 2000, Charles Fréger œuvre à travers le monde sur des séries de portraits de groupes engagés dans une démarche d’appartenance à un collectif : écoliers, sportifs, légionnaires, majorettes et… cercles celtiques de Bretagne.Ces jeunes gens pour la plupart appartiennent à des organisations qui impliquent le port d’une tenue vestimentaire codifiée : apprentis sumo, gardes royaux et républicains de l’Europe, élèves de l’Opéra de Pékin, patineuses et danseuses synchronisées finlandaises… Tous reliés à l’histoire culturelle, ethnologique et anthropologique des sociétés où ces jeunes évoluent.

Le photographe déploie aujourd’hui sur le territoire breton une nouvelle série photographique : Bretonnes, portraits de femmes vêtues de leurs costumes traditionnels qui  fait suite à d’autres photos réalisées, entre 2002 et 2013 comme (Hereros, Winner face, Short school haka, Empire, Opera, Painted Elephants) que l’on peut voir en même temps, que trente-cinq portraits de Bretonnes au Centre d’art et de recherche GwinZegal à Guingamp.
 Charles Fréger questionne ici les représentations dans la société contemporaine marquée par l’individualisation et la mondialisation des comportements. Pour Bretonnes, il a rencontré la plupart des membres des Cercles celtiques de Bretagne, afin de retrouver la très grande diversité des coiffes et costumes, et la complexité de ces identités attachées à un territoire.obtenir un rendu assez doux,  comme avec du pastel, entre le fond et la coiffe : de vivantes jeunes filles en fleur.L’inventaire des coiffes bretonnes laisse apparaître des demoiselles d’aujourd’hui, avec des coiffes de travail ou de cérémonie, en coton amidonné et dentelle, posant devant une chapelle ou une lande en bord de mer venteux.  Le personnage est accompagné à l’arrière par d’autres figures féminines, tenues à distance dans une brume cotonneuse. C’est une sorte de mise en scène de théâtre, depuis le détail de la dentelle jusqu’à la silhouette de la jeune femme dans son cadre marin ou rustique. Charles Fréger poursuit le tradition de l’imagerie de la Bretonne, et s’inspire de l’importante production de cartes postales de l’entre-deux-guerres, influencée encore par la peinture des Nabis, de Gauguin, Mathurin Méheut, Émile Bernard, Paul Sérusier, Eugène Boudin.

Dans cet opus admirable de 153 photographies en couleurs, le photographe a arpenté le territoire de la Bretagne historique. Il a utilisé un filtre donnant une texture particulière aux images. L’artiste se focalise sur le costume pour obtenir un rendu assez doux,  comme avec du pastel, entre le fond et la coiffe : de vivantes jeunes filles en fleur.

L’inventaire des coiffes bretonnes laisse apparaître des demoiselles d’aujourd’hui, avec des coiffes de travail ou de cérémonie, en coton amidonné et dentelle, posant devant une chapelle ou une lande en bord de mer venteux.  Le personnage est accompagné à l’arrière par d’autres figures féminines, tenues à distance dans une brume cotonneuse. C’est une sorte de mise en scène de théâtre, depuis le détail de la dentelle jusqu’à la silhouette de la jeune femme dans son cadre marin ou rustique. Charles Fréger poursuit le tradition de l’imagerie de la Bretonne, et s’inspire de l’importante production de cartes postales de l’entre-deux-guerres, influencée encore par la peinture des Nabis, de Gauguin, Mathurin Méheut, Émile Bernard, Paul Sérusier, Eugène Boudin.

Le photographe précise : «Je cherche des groupes de pairs, des individus qui ont fait la démarche de porter un uniforme, de grossir, de se muscler… des gens qui veulent entrer dans leur image, portés par un désir d’être.»
Un souhait collectif universel : «On croit, dit-il, que l’individu prime aujourd’hui. En fait, c’est juste qu’on affiche moins son appartenance à un groupe.»
  Charles Fréger dédie son magnifique ouvrage «aux femmes de tête », et dans sa jolie nouvelle en forme de prologue, Marie Darrieussecq met en exergue Ernest Renan (Souvenirs d’enfance et de jeunesse) : «La femme belle et vertueuse est le mirage qui peuple de lacs et d’allées de saules notre grand désert moral. »
  En circulant d’une exposition à l’autre, de Rennes à Saint-Brieuc, de Pont-l’Abbé à Guingamp, et/ou en feuilletant Bretonnes, on assiste au dévoilement de la singularité du costume en Bretagne, à son histoire, à ses savoir-faire dans la réalisation des dentelles et des broderies et à  sa représentation identitaire.
  C’est aussi une étape dans le parcours d’un artiste contemporain…

 

Véronique Hotte

 http://www.charlesfreger.com/portfolio/bretonnes/

 

L’ouvrage relié est publié aux éditions Actes-Sud. Format : 22,5 x 19cm, 264 pages, 153 photographies en couleurs, ouvrage relié.

 35 euros.
Centre d’art et de recherche GwinZegal à Guingamp : du 6 juin au 27 septembre.
Musée Bigouden de Pont-l’Abbé du 6 juin à 31 octobre.
Musée de Bretagne – Les Champs Libres à Rennes du 6 juin au 30 août.
Musée d’art et d’histoire de Saint-Brieuc du 6 juin au 27 septembre.

 


Festival interceltique de Lorient

 Festival Interceltique de Lorient du  7 au  16 août.

 Calan  et Kila

 KilaEn première partie du spectacle, le public redécouvre Calan, un jeune groupe gallois de cinq musiciens et chanteurs pétillants : violon, harpe, accordéon et guitare, qui entraînent dans son sillage un public charmé.
 Ils s’amusent des sonorités contemporaines et de leur mélange inventif avec des mélodies traditionnelles, portées par quelques danses en sabots gallois. Un témoignage artistique bien trempé, et la reconnaissance effective  d’une génération qui associe instinctivement, et avec panache, une modernité vécue à fleur de peau, à sa culture galloise d’origine.

En seconde partie, le groupe Kila, agressif et vivant et  ne déçoit pas l’attente d’un public connaisseur. Cornemuse et djembé, chants irlandais et gaéliques, Kila est un monstre sacré de sept interprètes habités, icône de la musique irlandaise contemporaine, dotés d’une énergie primitive, un dynamisme au souffle fort, des tremblements sourds et profonds qui secouent l’âme. Les trois frères O’Snodaigh mènent une danse musicale foncièrement irlandaise qui intègre en même temps, en un savant mélange et de bel arôme, aux sonorités les plus diverses venues d’Afrique, d’Europe de l’Est, d’Amérique du Sud ou du Moyen-Orient, dans un amalgame d’influences et de couleurs qui touche à l’universel.
 Rendez-vous donc avec le genre puissant du funk celtique et de ses rythmes obsédants de transe : la palette pétillante des sons et des accents miroite à l’infini : groove de basse, riffs de cordes frottées, fascination rythmique de la langue gaélique, consonances orientales et africaines.
 Ronan O’Snodaigh, figure charismatique du groupe, aux percussions, fait de son bodhran une seconde peau animale ; Rossa O’Snodaigh est multi-instrumentiste (tin et low whistles, guitare, fiddle et mandoline), de même le saxophoniste et flûtiste Colm, chanteur aussi de «sean nos » le vieux style gaélique.
 Le joueur d’uillean pipes, Eoin Dillon joue de la flûte avec classe. Deux autres frères accompagnent la fratrie initiale, Brian et Lance Hogan aux cordes et aux percussions, ainsi qu’une élégante joueuse de fiddle, Dee Armstrong.
 « Suas Sios », leur dernier album, révèle la maturité assumée du groupe. La dernière participation de Kila à la bande originale du film d’animation Le Chant de la mer de Tomm Moore donne aux musiciens une notoriété de dimension internationale.
 Le compositeur Bruno Coulais s’est entouré de ces Irlandais de choc avec lesquels il avait déjà collaboré pour  Brendan et le secret de kells .
 Le Chant de la mer de réputation internationale a reçu diverses distinctions aux Oscars et César 2015. Et quelques extraits en sont joués durant le concert, les yeux du public sont rivés à l’écran, au fil de l’interprétation de la musique sur scène.
Ce concert de world Music est une démonstration heureuse de la haute technicité de la musique irlandaise, une multiplicité de notes jouée à une rapidité folle, à un rythme emporté et contrôlé.
Kila, groupe novateur et inspiré, joue vite et brillamment, en surfant sur des contrées africaines et multi-ethniques. Ils portent, au-delà de l’Irlande et avec elle, le monde entier à leurs côtés.

Véronique Hotte

Spectacle Calan – Kila, vu le 11 août à L’Espace Marine.

 

Festival interceltique de Lorient

Festival Interceltique de Lorient, du 7 au 16 août:

 Danu (Irlande), Shooglenifty (Écosse) et The Dhol Drummers of Rajasthan (Inde)

 

Shooglenifty & The Dhol Drummers of RajasthanDanu, groupe de musique traditionnelle irlandaise est aussi ouvert au répertoire contemporain ; l’énergie et l’empathie de ses arrangements emportent l’adhésion. Il y a vingt ans, le Festival Interceltique de Lorient les accueillait sur scène pour un premier concert, et leur offrait un vrai lancement dans une carrière professionnelle.
Ils sont revenus à Lorient pour fêter ce vingtième anniversaire, après sept albums et nombre de représentations et créations à travers le monde entier. Ils sont plus rôdés que virtuoses, forts de leur technique et de leurs gestes rapides. Muireann Nic Amhloibh, la vocaliste, joue aussi du tin whistle et de la flûte irlandaise. À la flûte aussi, Tom Doorley ; à la guitare, Donald Clancy ; au violon, Oisin Mc Auley ; au bouzouki et au fiddle, Éamon Doorley ; au bodhran et aux uilleann pipes, Donnchadh Gough ; enfin, à l’accordéon à boutons, le malicieux Benny Mc Carthy.
Il manque pourtant un supplément d’âme, un souffle vital qui donnerait au concert un coup de fouet, et une véritable conviction.
En seconde partie de soirée, le groupe écossais d’Edimbourg, Shooglenifty fête de son côté, son vingt-cinquième anniversaire. Ces musiciens toniques privilégient les instruments très amplifiés à cordes : banjo,  violon,  guitares et basses  et percussions. Ce qui produit un folk urbain très rock, mêlant des influences orientales et latinos. C’est une musique à danser plus qu’à écouter.
Mais le concert trouve la grâce et un envol puissant, avec les Dhol drummers of Rajasthan, musiciens traditionnels et précis. Derrière deux gros tambours colorés et à lourds pompons rouges, ils jouent avec de fines baguettes, et battent vivement des mains.

Les drummers du Rajasthan impulsent au rythme scénique une acuité et une vibration singulières. Et la chanteuse écossaise de Shooglenifty, Kaela Rowan, offre à travers les inflexions de sa voix, la possibilité pour le public de rapprocher le râga indien du chant traditionnel gaélique, comme avec ces chants de travail, vifs et allègres, frappés et entêtants, transmis de siècle en siècle, et de génération en génération.

 Véronique Hotte

 Spectacle vu à L’Espace Marine, le 12 août.

 

Festival interceltique de Lorient

Kreiz Breizh Akedemi _5 @Eric Legret

Festival Interceltique de Lorient:

Kreiz Breizh Akademi # 5 – Talabarte

 

Le trio Talabarte issu de la région de Saint-Jacques de Compostelle, est à la fois une formation classique et un groupe contemporain galicien de folk music, mené par Quim Farinha au violon, Pedro Pascual à l’accordéon diatonique et Kin Garcia à la contrebasse.
  Ces musiciens virtuoses imposent les arrangements créatifs de leurs propres compositions, révélant des sons nouveaux, des approches inouïes pour un répertoire généreux qui s’étend du jazz au folk, en passant par le tango et faisant toujours la part belle à l’improvisation.
 Un mariage heureux à la gaieté communicative, entre folk et contemporain, danses traditionnelles espagnoles, valses et mélodies galiciennes, world music, sons jazzy, tango et sonorités balkaniques. Saluons la beauté et l’humilité de la rigueur inventive de ce trio.
La Kreiz Breizh Akademi s’appuie sur la transmission des règles d’interprétation de la musique modale (échelle, rythme, variation) à partir de la musique populaire bretonne. À partir de l’enseignement donné par des maîtres de musique modale, les jeunes interprètes de musique contemporaine réfléchissent à la construction de cette langue, pratiquent l’ethno-musicologie appliquée, la compréhension des écritures innovantes.

  Les interprètes s’engagent durant un an, dont six mois de création et six autres en tournée. Ils se mettent en danger, hors du confort de leurs pratiques et certitudes. Issus de cultures  orales ou de cursus de conservatoire, ils viennent aussi de diverses régions de France:  une mixité revendiquée du collectif.                                                   
Kreiz Breizh Akademi est formé de douze jeunes musiciens et chanteurs sélectionnés par Erik Marchand, chanteur et clarinettiste, artisan orfèvre de la musique bretonne actuelle, Hélène Labarrière et Christophe Le Menn. 
Ils ont suivi, durant l’année 2014, une formation sur les règles d’interprétation de la musique modale. Le collectif # 5 est tourné vers les cordes frottées, soutenant aussi le chant de kan ha diskan des deux compères Youenn Lange et Jean-Luc Le Mouel, sous l’élan joyeux de dix instrumentistes (vielle à roue, violons,  gadulka, contrebasse, violoncelles et percussions inventives).
Erik Marchand, directeur pédagogique, transmet brillamment à ces jeunes interprètes son goût de la recherche et de l’expérimentation musicales, depuis la culture traditionnelle bretonne,dont le chant qu’il porte lui-même sur les scènes, jusqu’aux Balkans et aux confins de l’Orient. Ils s’inspirent de musiques populaires, souvent tsiganes ou méditerranéennes,.
La cinquième promotion de la Kreiz Breizh Akademi donne vie à une musique  dont l’esthétique est celle des ensembles à cordes moyen-orientaux aux couleurs des musiques actuelles improvisées,  mais aussi du répertoire vocal de Basse Bretagne, tel qu’il évolue depuis plus d’un siècle.   

            Les musiciens étudient les théories savantes orientales, le maquam de Syrie et la pratique d’improvisation liée à un mode donné – répertoire breton ou forme savante. Le spectacle est un enchantement musical et vocal, attentif au chant du kan ha diskan qui raconte les déboires des fiançailles et épousailles d’une jeune fille, Marie-Louise.
 Ce qui subjugue, c’est la belle unanimité du chœur des archets frottant les cordes dans une savante lenteur contrôlée, le pittoresque attachant de la vielle à roue, les audaces hétéroclites des percussions débridées et le mystère envoûtant des pleurs graves et tremblés de la gadulka céleste, bel instrument originaire de Bulgarie.

Véronique Hotte

 Grand Théâtre, le 10 août Festival Interceltique de Lorient (FIL 2015 du 7 au 16 août)

 

 

Festival interceltique de Lorient: Denis Prigent

Festival Interceltique de Lorient 2015 :


Denez Prigent:  Ul liorzh vurzhudus  Un jardin magique »

   DenezUne gwerz (au pluriel gwerzioù) est une ballade, une complainte, un chant breton populaire qui fait le récit d’une aventure ou expérience de vie, souvent triste ou tragique.
  Le genre va de l’anecdote de dimension universelle : incendie, naufrage, trahison, assassinat, épidémie, jusqu’à l’épopée historique ou mythologique. L’événement catastrophique dans la gwerz n’est jamais abordé de plein fouet, mais par une composition en spirale, à la façon d’une ronde, avec un prologue narratif, puis en introduisant tel ou tel personnage.
L’un des plus célèbres auteurs et interprètes actuels de gwerzioù est Denez Prigent. Parmi de savoureux morceaux d’anthologie, Gwerz Kiev, une évocation de la famine de la ville ukrainienne de 1932 à 1933, est reprise par le barde contemporain lors de son fameux concert à l’Espace Marine du FIL à Lorient.   

    Denez Prigent qui parle avec talent de la vie traditionnelle en Bretagne, témoigne aussi du monde alentour, au-delà des frontières territoriales et linguistiques. Ses gwerzioù, chantées en breton et traduites en français, parfois écrites d’abord en anglais, ont trait, entre autres, à l’épidémie d’Ebola au Zaïre, à l’usine de Copsa Mica en Roumanie, à la prostitution aux Philippines, à l’infanticide en Inde, au massacre de Nyarubuyé au Rwanda en 1994.   
  L’interprète, responsable et lucide, se tient de plain pied face au monde, engagé à la fois dans une vision artistique et politique qui fait la part belle aux difficiles réalités sociales, économiques et celles dites humaines: terrain de prédilection des questionnements métaphysiques.   
   Ce chanteur inspiré fait allusion à un voyage de sept ans qui lui a permis d’arpenter la planète et ses diversités. La Grèce ou bien l’Andalousie sont au rendez-vous de ses gwerzoù égrainées dont l’élégance et la tenue ne trahissent jamais l’attente de l’auditoire.
  Par de-là ses pérégrinations, le compositeur n’en avoue pas moins aimer revenir en Bretagne, sur le seuil de ses origines, avec une conscience existentielle d’autant plus aiguë et à fleur de peau.
   Prenant appui sur ses meilleurs thèmes musicaux et mémoriaux, le chanteur présente aussi son nouvel album paru cette année, Ul liorzh vurzhudus (Un jardin magique), paru douze ans après le précédent, Sarac’h (2003).
  Denez Prigent a chanté dix ans sur les scènes nationales et internationales, ce qui représente un véritable laboratoire de recherche et d’expérimentation, tout en s’adonnant passionnément à l’écriture. Il a ainsi composé cent seize gwerzioù de quatre-vingts couplets dont douze sont reprises dans cet album.
La nostalgie du pays perdu ou lointain, la contemplation de la nature consolatrice, l’amour et la mort n’en demeurent pas moins la toile de fond de paysages intimes qui touchent à l’universel.

  Il a su renouveller l’art de la gwerz, avec  des sonorités diverses à la mixité rare et au métissage précieux : celtiques, grecques, slaves, tziganes ou yiddish, qui s’entremêlent pour livrer au public un rêve vivant, une mosaïque musicale et poétique de belle intensité, avec une voix profonde et énigmatique, puissante et fascinante qui fait siennes toutes les blessures de l’existence : inquiétudes, douleurs et maux d’amour du dur métier de vivre.
  À côté de ce noir soleil d’une mélancolie instinctive propre à certaines mélodies, des chants plus légers diffusent la joie et le sourire amusé. Sur le plateau, se déclinent ainsi le kan ha diskan, marches et danses plin ou fisel ouvertes sur des sonorités andalouses, balkaniques ou arméniennes.
   En compagnie du poète, de très bons musiciens qui jouent de la contrebasse, diverses percussions, de la guitare, de l’accordéon (Alain Pennec), du violon, de la bombarde, du biniou et autres poly-instruments à vents (flûte, duduk arménien et autres hautbois). Denez  Prigent est un gitan breton, chemise blanche et veste de cuir, bague au doigt et chevelure flamenco : il vibre à l’écoute des bruits de l’univers…

 Véronique Hotte

 Spectacle vu à l’espace Marine le 9 août.

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