The Cat in the hat
The Cat in the hat d’après Le chat chapeauté du Dr Seuss, mise en scène de Katie Mitchell (à partir de six ans).
Ce Cat in the hat fait partie d’un parcours « Enfance et jeunesse », qui a lieu pendant quatre mois avec le Théâtre de la Ville, le Théâtre Monfort, le Centquatre, la Gaieté Lyrique et le Grand Parquet.
Dénominateur commun: présenter des spectacles de théâtre, musique ou danse, en plusieurs langues aux plus jeunes à partir de trois ans.
Imaginée par Theodor Seuss, dit le docteur Seuss, auteur et illustrateur américain (1904-1991), auteur d’une soixantaine de livres pour enfants dont un classique du genre The Cat in the hat ou Le Grincheux qui voulait gâcher Noël.
C’est l’histoire d’un chat doté d’une longue queue et d’un très haut chapeau qui arrive chez un petit garçon et sa sœur Sally pour leur apprendre à s’amuser , alors qu’ils regardent la pluie tomber… Il y a aussi, mené par un comédien/ manipulateur un gros poisson rouge dans un bocal qui fait plein de bêtises et ose même en sortir. Et deux petites créatures qui adorent jouer au cerf-volant…
Katie Mitchell, qui, par ailleurs, monte Tchekov ou Crimp, s’est pris de passion pour ce livre pour enfants et a voulu mettre en scène ces personnages un peu délirants en transposant l’histoire écrite et dessinée du Dr Seuss. Une scène bleue pâle avec des accessoires ou praticables: commode, petite maison, lit, etc… le plus souvent traités traités en deux dimensions, comme ces bruitages écrits, très drôles : Plop ou Bump qui tombent du ciel. Mais il y a aussi de vrais bruitages admirablement bien faits, par exemple le bruit que fait le chat quand il boit son café…
La gestuelle des comédiens anglais , en particulier celle du Chat, très bien joué par Angus Wright, est tout à fait remarquable et la voix off en français efficace, et ils font même l’effort de dire quelques phrases dans la langue de Molière. Les petits enfants, voire parfois très jeunes ( deux à trois ans) regardent, semble-t-il, avec un certain plaisir, ce Cat in the hat.
Alors, que demande le peuple? Nous avons dû perdre notre innocence mais le spectacle, nous a laissé sur notre faim… La faute à quoi? Certains des livres du Dr Seuss ont été adaptés au cinéma, mais cette transposition sur scène, pourtant bien faite ne fonctionne pas vraiment et l’on s’ennuie assez vite. Cela pose question, puisque le spectacle ne dure que trente cinq minutes! Sans doute, et surtout à cause d’un scénario et d’un dialogue pauvrets; bref, on ne passe pas impunément de la page d’album en deux dimensions dotée de quelques phrases, à une scène de théâtre.
Pas sûr non plus que l’expression graphique- même bien réalisée et assez drôle- et, ici, exploitée de façon trop systématique, suffise à créer de la poésie…Surtout avec des éclairages aussi neutres et aussi plats. Pour avoir assisté à de très nombreux spectacles pour enfants, il nous semble qu’il sont en général plus sensibles à des images magiques , comme celles que peut créer un Philippe Genty, ou bien entendu, dans un tout autre genre, et le grand Joël Pommerat avec Cendrillon.
Alors à voir? A vous de décider ; il est toujours difficile de juger de l’intérêt d’un spectacle pour enfants, puisque nous ne le sommes plus du tout, mais là, très franchement, nous ne le conseillons pas… Irions-nous avec notre Léontine préférée aux sept ans révolus? Désolé pour nos amis anglais, mais la réponse est non!
Signalons par ailleurs (sans cocorico aucun) la reprise du très bon Bouli année zéro de Fabrice Melquiot, (tout public à partir de huit ans), mise en scène d’Emmanuel Demarcy-Motta du 5 au 8 janvier dans cette même salle.
Philippe du Vignal
Théâtre des Abbesses jusqu’au 30 décembre.