Serip. Profession: magicien

Serip, né João de Deus Madeira Pires, à Guarda (Portugal) en 1952, a fêté ses cinquante ans de magie en 2020. Il a obtenu dix-sept prix internationaux et a été l’illusionniste le plus récompensé dans son pays et à l’étranger. Cet excellent praticien en magie comique  a vécu en Italie puis a parcouru l’Autriche, la Suisse, l’Espagne et la Pologne pour s’installer définitivement en Allemagne il y a une dizaine d’années. Serip est aussi l’auteur de trois livres de référence traduits en quatre langues, de vidéos spécialisées et a donné des conférences sur la psychologie appliquée à la magie dans sept pays.

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Estimant que sa carrière touche à sa fin, il a actuellement l’idée d’aider d’autres illusionnistes -en particulier les plus jeunes- grâce à un projet international: le MAMiii (Magic-Akademy-Museu invenções inovações ideias de criatividade e psicologia para mágicos ilusionistas). Soit une Académie et un musée des inventions en psychologie pour créateurs de magie. Il y sera possible d’apprendre cet art ou d’améliorer son spectacle, de collaborer et d’échanger des services ou du matériel. Le projet se réalisera grâce à un président co-fondateur dans chaque pays.

-Rappelez-nous votre parcours exemplaire…

-J’ai commencé en 1970, à dix-huit ans dans des spectacles caritatifs, fasciné après avoir vu un magicien . Une émission de huit minutes sur le programme télévisé le plus populaire de l’année au Portugal a changé ma vie. Et  trois ans plus tard, j’ai participé à  une deuxième émission sur RTP1.  Avec mes tours de l’époque et l’évocation de moments importants  pour moi. Je voulais être illusionniste mais aussi de devenir prêtre! Peu après, j’ai perdu ma vocation religieuse et durant cinquante ans, je me suis engagé dans une carrière d’artiste. Mais, en même temps que la pratique de l’illusionnisme, je suis devenu  aussi missionnaire laïc pour un monde meilleur. Durant mes premières années d’apprentissage, j’avais travaillé uniquement avec les livres du père espagnol Wenceslao Ciuró. Après douze ans de séminaire et des études de théologie à Lisbonne, j’ai travaillé mais sans savoir si je voulais être artiste ou intellectuel sur le journalisme mais aussi la psychologie: pour laquelle j’ai obtenu un diplôme à l’Université Nouvelle de Lisbonne en 1978.  Tout cela m’a aidé à améliorer mes spectacles, à écrire trois livres et notes pour faire des conférences sur la psychologie appliquée à la magie.
Les illusionnistes qui m’ont le plus aidé sont les Viennois Willy Seidl et son fils W. Seidl Junior. Dans leur usine Metaldrukerei, j’ai construit plusieurs de mes inventions. Mon grand rêve au début était d’avoir un prix à la F.I.S.M… Mais la plus grosse erreur a peut-être été de concourir quand j’étais encore amateur. Je me suis consolé quand j’ai obtenu le Prix du public et le Grand Prix du jury à un concours à Bratislava TV avec plusieurs grands noms de l’époque, dont deux premiers prix F.I.S.M.

-Vous avez eu des moments difficiles?

-J’ai travaillé dans  toutes les conditions sur les quatre continents. Entre autres, pour le meilleur: dans des programmes télévisuels où j’étais « accusé » de gagner en dix minutes ce qu’un architecte gagnait en deux ans et demi à raison de  huit heures par jour! Pour le pire, j’ai travaillé dans des boîtes de nuit avec un seul client… plus intéressé par les hôtesses reversant du champagne. Je gagnais 10% de ce qu’il avait payé en boisson… Les premiers magiciens dont je me souviens et qui m’ont influencé sont Silvan et Shimada à la F.I.S.M. de Paris en 1973. Gaëtan Bloom, Otto Wessely et Wittus Witt étaient mes plus grands concurrents dans ma catégorie préférée: magie comique mais j’ai gagné le plus de prix et participé à de nombreuses émissions de télévision. Luís de Matos a été l’illusionniste qui a le mieux réalisé nombre de mes rêves. Quant à David Copperfield, Siegfried & Roy et les Ehrlich Brothers, ce sont pour moi des mythes. J’ai eu aussi le plaisir et l’honneur de travailler avec Richiardi Jr., Dody Willtohn et Gaëtan Bloom, les illusionnistes les plus célèbres de leur époque
Pendant près de trente ans, j’ai assisté à presque tous les congrès de la F.I.S.M. où j’ai analysé l’influence des modes du moment. Chaque congrès ou festival comme participant à un concours ou comme artiste invité, conférencier ou simple spectateur, a toujours été pour moi une source d’inspiration.

-A votre avis, peut-on enseigner la magie?

- Oui, avoir un bon professeur peut beaucoup aider à devenir un grand spécialiste. Mais la psychologie reste le meilleur moyen de transformer un tour, en spectacle. La pratique du théâtre, du mime et de la diction est aussi capitale pour améliorer un numéro parlé. Ma pire erreur a été de présenter en public ce qui n’était pas encore assez bien travaillé et répété. Une erreur que nous avons tendance à refaire si nous ne travaillons pas assez. La vie actuelle avec Internet et les nouvelles technologies sont pleines d’effets qui rivalisent avec l’illusionnisme traditionnel. Cela peut être un problème mais aussi  une opportunité. La magie est parfois appelée « reine des arts ». En fait, de nombreux arts peuvent contribuer à améliorer nos spectacles mais  beaucoup d’effets peuvent les améliorer… Sous le nom de Pires Portugal, j’ai écrit Mission du monde meilleur et j’ai aussi publié Tempo é Vida (Le Temps, c’est la vie), un livre en édition électronique sur les valeurs, le bonheur, la santé, l’amour, l’intelligence, la mémoire et la création.

Sébastien Bazou

Interview réalisée le 15 avril.

A lire : Psychologie appliquée au magicien du docteur Pires, auto-édition (1982).

 

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