La Ménagerie de verre de Tennessee Williams,

La Ménagerie de verre de Tennessee Williams,

Le dramaturge et écrivain américain (1911-1983)  dont de nombreuses  pièces ont été portées au cinéma, est avec Eugène O’Neil et Arthur Miller, le dramaturge le plus important du  siècle aux États-Unis. Son premier succès fut La Ménagerie de verre, écrite en 1930 juste au moment de la grande dépression économique aux Etats-Unis et montre une famille qui ressemble à la sienne, assez pauvre, depuis que le père s’est enfui, et malheureuse. Il avait d’abord écrit un  scénario assez autobiographique que la M. G. M. refusera. Il en fera une pièce où il met en scène sa mère et sa sœur. D’abord, montée à Chicago en 44, puis à New York en 45, elle procure à cet auteur de  trente-quatre ans, une célébrité soudaine et obtient un prix Drama Critic’s Awards.
Et il y eut Un Tramway nommé Désir
, dont Elia Kazan est le metteur en scène, avec le tout jeune   Marlon Brando, en 47 avec 855 représentations ! et Tennessee Williams remportera le prix Pulitzer 48 et encore le Drama Critic’s Award. Bientôt être traduite en dix-neuf langues, et jouée sur toutes les grandes scènes mondiales. En 51, Elia Kazan adapte la pièce et  Marlon Brando y reprend le rôle tenu sur scène et Vivian Leigh joue Blanche Du Bois. Le film qui fait un triomphe est nommé pour douze Oscars…

En vingt-quatre ans, dix-neuf pièces de Tennessee Williams sont créées à Broadway. Les plus connues sont Été et fumées (1948), La Rose tatouée (1950), Camino Real (1953), La Chatte sur un toit brûlant (1955), La Descente d’Orphée (1957), Soudain l’été dernier (1958), Doux Oiseau de la jeunesse (1959), La Nuit de l’iguane (1961). Comme ce fut le cas pour Un tramway, Hollywood  adapte au cinéma ses plus grandes pièces: La Chatte sur un toit brûlant par  Richard Brooks en 58 avec Elisabeth Taylor et Paul Newman. L’année suivante Joseph L. Mankiewicz tourne Soudain l’été dernier, avec encore Elizabeth Taylor, Katharine Hepburn et Montgomery Clift. En 64, La Nuit de l’iguane est réalisé par John Huston avec Richard Burton et Ava Gardner. Et sort en 66, un film de Sydney Pollack, d’après une pièce en un acte de Tennessee Williams. L’auteur remporte le prix Pulitzer pour Un Tramway nommé Désir en 48 et pour La Chatte sur un toit brûlant en 55.

Toutes ses pièces ont été très souvent jouées en France. Dès 49, Jean Cocteau adapte Un tramway nommé Désir que met en scène Raymond Rouleau, avec Arletty en Blanche Dubois. Françoise Sagan traduira Sweet bird of youth sous le titre Le doux oiseau de la jeunesse. La Ménagerie de verre est souvent jouée comme Un Tramway… On y voit l’influence de William Faulkner et de D. H. Lawrence. 

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La pièce est fondée en partie sur la vie de Tennessee Williams, dont le père ne donna jamais de nouvelles, après avoir essayé de violer sa fille Rose qui, en 43, subit une lobotomie préfrontale, ce qui marquera à vie son  lamentable histoire familiale, le grand dramaturge en avait fait une nouvelle, puis un scénario qui avait été refusé à Hollywood.
Il en écrivit une pièce qui triompha d’abord à Chicago puis à Broadway. Puis Hollywood en acheta les droits…

Nous sommes dans la famille Wingfield, à Saint-Louis, il y a un siècle…Le père, dont on voit la photo encore au mur, s’est envolé depuis longtemps. Amanda, mère hystérique, a la nostalgie de ce Sud où elle fut autrefois jeune, belle et entourée de prétendants. Elle voudrait absolument, pour la protéger, caser sa fille Laura de vingt-quatre ans qui boîte un peu. Sa mère l’a inscrite à un cours de dactylo mais elle lui avoue faire l’école buissonnière… Son frère Tom, après le lycée, n’a jamais eu d’emploi correct et travaille dans une usine de chaussures pour faire vivre sa famille.
Amanda ne cesse d’accabler de reproches le pauvre Tom qui va souvent se réfugier au cinéma. Laura, très seule, pour amie, une ménagerie de verre avec de petits animaux où elle projette sa fragilité. Et Jim, l’ancien chanteur-vedette du lycée dont elle était amoureuse, a été invité à dîner par Tom, son camarade de travail à la fabrique de chaussures.
Laura voit renaître en Jim ce premier amour de jeunesse. Ils flirtent et dansent. Mais il renverse la petite licorne posée sur la table et elle se casse. Symbole d’une déchirure entre eux … Il lui dira avec une certaine muflerie qu’il doit partir retrouver sa fiancée. Laura, elle, n’aura plus que ses beaux yeux pour pleurer et se réfugiera une fois de plus auprès de sa ménagerie de verre. C’est tout mais ce drame familial presque centenaire, n’a en rien vieilli et Tennessee Williams a encore des choses à nous dire sur la pauvreté, le mal-être, la solitude, le besoin d’être aimé, l’exclusion sociale…

Cela se paye en rudes escaliers à monter! Mais Philippe Person a eu la bonne idée de mettre en scène la pièce dans la petite salle confinée tout en haut du Lucernaire. En ce printemps soudain, il y fait très chaud:  on est tout de suite dans le Sud des Etats-Unis!
Sur le plateau, juste quelques chaises et une table de salle à manger avec une nappe rouge foncé, une divan moche à rallonge des années cinquante, un tourne-disques. Et, comme coulisses, un rideau imprimé marron, aussi moche et dans le fond, l’escalier de secours par lequel s’échappera Tom quand il voudra quitter cet enfer et d’où vient et par lequel il repartira après ce dîner qui a tourné à la catastrophe sentimentale pour Laura. C’est aussi un échec pour sa mère, de plus en plus hystérique.. Juste le réalisme qu’il faut pour dire ce petit et moche appartement et cette vie familiale aussi confinée et moche, elle aussi…

Au-dessus de la scène, des surtitrages avec commentaires sur ce qui se passe sur le plateau. Philippe Pierson a été fidèle au texte et aux didascalies, comme le souhaitait l’auteur. Mais comme c’est un peu haut, les spectateurs des premiers rangs ne les voient pas bien. Pas grave! Il y a un très bonne fluidité et Florence le Corre (Amanda), Alice Serfati (Laura), Blaise Jouhannaud (Tom) et Antoine Maabed (Jim), bien dirigés, sont toujours justes et savent provoquent l’émotion. Chapeau!
Il y a parfois trop de criaillerie dans l’air mais Philippe Person a vraiment réussi son coup et c’est un bonheur de voir dans une remarquable mise en scène sans aucune prétention, cette pièce iconique. Ici, très bien jouée et pour une fois sans micros H.F. ! La fin est bouleversante. Nous avons souvent vu La Ménagerie de verre mais rarement avec cette efficacité.
Oui, si elle est encore souple pour gravir toutes ces marches, vous pouvez emmener votre tata un peu âgée mais aussi des lycéens, et il y en avait ce soir-là. Rare et à signaler: Amanda, Laura, Tom et Jim qui pourraient être leurs arrière-grands parents, les fascinaient. Ils ont raison: allez voir ce spectacle qui, nous l’espérons, connaîtra une longue vie. Les acteurs et leur metteur en scène le méritent.

Philippe du Vignal

Jusqu’au 1er juin, Le Lucernaire, 53 rue Notre-Dame-des-Champs, Paris (VI ème). T. : 01 45 44 57 34

 

 

 

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