Casino de Paris et Music-Hall : Vente aux enchères
Casino de Paris et music-hall: vente aux enchères
Depuis 85, le rideau du Casino de Paris ne s’ouvre plus sur le monde merveilleux où les femmes s’envolaient sur des croissants de lune et où les danseuses passaient de My Fair Lady à l’Egypte Antique, avec ,pour seul costume, une nudité partielle. Mais cette nudité-tenue de travail comme une autre -a nécessité la collaboration de costumiers, plumassiers, coiffeurs, maquilleurs et techniciens de la scène. Mais certains de ces métiers disparaissent progressivement de la vie des théâtres.
Depuis 85 en effet, le Casino de Paris accueille aussi bien des comédies musicales, des concerts aussi bien que des ballets ou des solos. Comme son ancien rival dans l’univers du music-hall, les Folies-Bergère, lieu mythique, est devenu un garage à spectacles!
Et, comme pour les Folies-Bergère en juin dernier, les réalisations de ces artisans ,provenant de collections privées, et non du propriétaire actuel du Casino de Paris, vont être mises aux enchères. Les lots ont été divisés par la maison de vente en plus petits: kimonos de mariage, costumes de M. Loyal, de pirates, de comiques troupiers, manteaux de Sherlock Holmes, masques aux dessins de jeu de carte, etc… Avec mise à prix assez basse, (dès 80 euros pour les costumes) afin d’en permettre l’accès à tout acheteur.
Le public pourra donc repartir avec un fragment de la mémoire du lieu. Mais, une fois de plus, le Ministère de la Culture qui a sans doute d’autres occupations, peut-être plus rentables sur le plan médiatique, est aux abonnés absents.
Qui s’intéresse encore à ces costumes extravagants qui ne seraient que des nids à poussière ! Le Centre national du costume de scène, pourtant remarquablement conçu et entretenu, est à Moulins (Allier)! Et il n’existe pas de musée du spectacle vivant en France. Ainsi les cinq mille costumes, coiffes, bijoux et accessoires du Casino de Paris, les maquettes, programmes et photographies, comme les robes de scène de Jane Avril, Mistinguett ou Joséphine Baker, vont être acquis par des collectionneurs.
Restent dans la Capitale, le Moulin-Rouge, le Lido ou le Crazy Horse; les médias, chaque fin d’année, invitent les téléspectateurs dans les coulisses de ces cabarets avec un très bon indice d’audience. Mais la réalité est plus triste, Paris ville-lumière perd peu à peu ses étoiles.
Pierre Desproges dans une de ses Chroniques de la Haine ordinaire, évoque les derniers gestes d’un artiste, ancien ventriloque à la retraite, à propos de la vente par petites annonce, de son pantin: » un mannequin ventriloque, système américain invisible, garçonnet de six ans, vrais cheveux, smoking bleu nuit, vernis noir, vendu avec corbeau très comique« .
« Alors, le ventriloque prend dans ses bras le pantin Philémon, qui est son enfant. C’est lui qui l’a fait. Il l’allonge doucement sur la table à repasser. Avec une brosse à dents, la même depuis trente-cinq ans, il fait briller une dernière fois les vernis noirs. Et puis, avec toujours la même délicatesse, il couche le pantin Philémon, à coté du corbeau très comique, dans une mallette satinée qui leur servait jadis pendant les tournées des cinémas de campagne. Et il ferme lentement le couvercle qui claque à peine, dans un chuintement ouaté. C’est comme un bruit définitif de cercueil élégant« .
Cette marionnette pourrait faire partie d’un lot de cette vente prestigieuse…
Jean Couturier
Exposition publique: jeudi 24 et vendredi 25 janvier de 10h à 19h. Vente: samedi 26 dimanche 27 janvier, à 14h à Eléphant Paname, 10 rue Volney 75002 Paris