L’Eveil du printemps

L’Éveil du printemps de Frank Wedekind, mise en scène et adaptation d’Omar Porras, adaptation(sic) et traduction de Marco Sabbatini.

Piqûre de rappel: Frank Wedekind,  auteur dramatique allemand (1864-1918) est surtout connu pour sa fameuse Lulu mais L’Eveil du printemps est une pièce  d’une L'Eveil du printemps  eveil-du-printempsviolence inouïe pour son époque(1891) où Wedekind  rompt tous les tabous concernant la sexualité naissante des adolescents et dénonce l’hypocrisie de la société bourgeoise qui admet cependant l’homosexualité, la prostitution et la prospérité des bordels,  et  sans beaucoup d’état d’âme l’avortement, voire le suicide.
  C’est ainsi que Madame Bergmann ne dit rien des choses du sexe à sa charmante ado de Wendla qui finit par coucher avec le beau Melchior, (sans doute plus averti que ses petites copines) et qui se retrouvera enceinte, avant de mourir, victime d’une faiseuse d’anges que lui envoie sa mère…. Melchior, lui, finira par se retrouver en maison de correction avant de retrouver le fantôme de Morritz qui, profondément perturbé s’est tiré une balle dans la tête.  Bref, rien que du bonheur, dans cette société où le petit groupe de lycéens  de cet Eveil du Printemps doit supporter bien des épreuves avant de parvenir à l’âge adulte!
  Reste à savoir ce que l’on peut faire avec cette pièce qui a plus d’un siècle, alors que les mœurs ont radicalement changé depuis une cinquantaine d’années,  et que la pilule, puis la pilule du lendemain, voire du surlendemain, sont  devenues courantes, même si l’avortement a encore bien du mal à être admis dans nombre de pays et si les IVG, dans notre belle France,  représentent quand même un tiers des naissances. Omar Porras s’est emparé de la pièce sans beaucoup d’état d’âme et l’a pour ainsi dire, passé à l’essoreuse et l’a réduite à une sorte de scénario de 90 minutes, sans beaucoup de chair et où les personnages sont  seulement esquissés. Certes Omar Porraz sait faire: il y a, comme dans ses précédentes réalisations, une remarquable direction d’acteurs qui ont tous une gestuelle et une diction de tout premier ordre- en particulier,  Olivia Dalric, Peggy Dias et Paul Jeanson; tout est réglé avec une précision d’horloger  et le metteur en scène fabrique parfois des images d’une grande beauté plastique. Mais, soyons lucides,  c’est au prix de beaucoup de facilités: et hop! Un coup de fumigène, et hop! Un coup d’éclairage rasant sur un décor de ruines de béton dont on voit le ferraillage rouillé,  et hop! Un coup de musique pour souligner le texte,  ou une mise en écho de certaines phrases.  Et  Omar Porraz n’hésite même pas à nous refiler ce vieux truc de la vraie pluie qui tombe!  Ce qui fait toujours son petit effet…Si bien que les enjeux de la pièce ont bien du mal à émerger!
   Omar Porraz dit sans complexe aucun que: «   la musique est celle qui traduit le mieux les rêves et les révoltes, l’angoisse et la nostalgie caractérisant le passage à l’âge adulte » et  » le verbe trouve ici un prolongement naturel dans le chant et la musique, comme en témoignent les adaptations musicales récentes « . On veut bien mais c’est vraiment loin d’être évident. Bref, on voit peu souvent des mises en scène aussi précises et  réussies sur le plan plastique, mais aussi bourrée d’effets ; la pièce laisse ainsi la place à un  spectacle qui prend très vite  des allures de BD, ce qui devrait ravir les ados de 2012, mais sans doute moins leurs parents qui ne seront pas dupes. Dommage!
  Alors à voir? Oui, si vous n’êtes pas du tout  exigeant; au moins, il y a de belles images et on ne s’ennuie pas, comme  à cette très  accablante  Salle d’attente d’après Lars Nören mise en scène par Kristian Lupa trois heures durant! , et on se laisse bercer sans déplaisir. Mais on est loin, très loin de Wedekind. A vous de choisir . On aimerait bien savoir ce qu’en pensent nos amis japonais…

Philippe du Vignal

Théâtre 71 de Malakoff jusqu’au 28 janvier

Chambéry espace Malraux, scène nationale de Chambéry et de la Savoie  04 79 85 55 43 les 21 et 22 mars
Istres théâtre de l’Olivier | 04 42 56 48 48 | le 6 avril Châteauvallon cncdc | 04 94 22 02 02 | du 12 au 14 avril Monthey (suisse) le Crochetan | 0041 24 471 62 67 | le 21 décembre La Rochelle la coursive, scène nationale | 05 46 51 54 02 | du 8 au 12 février Shizuoka (japon) spac, World theater Festival shizuoka under mt. Fuji | juillet 201

 


2 commentaires

  1. Merci de votre message mais, je regrette, je n’ai pas vu Maxime Chevalier-Martinot qui est sans doute très bien mais Simon Guérin…
    Alors, comment parler d ‘un acteur que l’on n’ pas vu? Il faut quand même un minimum de déontologie: c’est une règle que nous nous somme fixés depuis le débuts du Théâtre du Blog et que, de toute façon, un critique honnête respecte quelque soit le support.

    Ph. du V.

  2. Chevalier dit :

    N’oubliez pas de mentionner Maxime Chevalier-Martinot, l’enfant qui partage le rôle de Jake en alternance avec Simon Gérin. Merci

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