Rencontre avec Natalia Matsak et Sergeii Kryvokon, danseurs-étoiles du Ballet national d’Ukraine et sa directrice Liudmyla Movlenko
Rencontre avec Natalia Matsak et Sergeii Kryvokon, danseurs-étoiles du Ballet national d’Ukraine et sa directrice Liudmyla Movlenko
Cet entretien, réalisé à l’occasion des représentations de Giselle au Théâtre des Champs-Élysées, nous plonge dans la réalité d’une guerre aux portes de l’Europe. Poutine continue à perpétrer ses crimes dans toute l’Ukraine depuis le 24 février, après avoir annexé le Dombass et la Crimée. La plupart des nations occidentales ont, des années et pour raisons économiques, cautionné ses exactions dans plusieurs pays et se réveillent tardivement…
Malgré la guerre, les artistes, eux, continuent à jouer et à danser, et ils donnent des représentations à but caritatif dans le monde entier. Ils font tout pour garder leur potentiel créatif et plusieurs groupes sont actuellement l’un au Japon, l’autre en France et le troisième à l’Opéra de Kiev même, où sera créée La Reine des neiges ce 23 décembre.
Au répertoire, en particulier, La Bayadère et Don Quichotte mais les œuvres russes en ont été exclues…
Natalia Matsak et Sergeii Kryvokon ne peuvent oublier la nuit du 24 février. « Nous allions danser La Bayadère à Kiev quand nous avons été réveillés par le bruit des bombes et les sirènes d’alerte. Pendant un mois, nous sommes restés plongés dans une totale sidération. Puis nous nous sommes habitués, disent-ils avec émotion, et nous avons recommencé à bouger avec deux objectifs précis: remonter un ballet et aider la population traumatisée.»
Certains membres de la troupe se sont engagés dans l’armée, mais eux préfèrent ne pas en parler. « Chaque jour, nous essayons tous de participer à un cours et à une répétition et les représentations dans la capitale ont repris le 21 mai. Quand tu vis aujourd’hui en Ukraine, tu es dans une autre dimension, beaucoup d’artistes et de compagnies ont disparu avec, parfois la destruction de leur théâtre. Et il y a des coupures d’électricité et d’eau qui sont dramatiques pour l’hygiène. Notre Opéra National maintient trois représentations par semaine, le vendredi à dix-sept heures et les samedi et dimanche, à quinze heures. Avec une jauge réduite à cinq cents spectateurs : nombre maximum que l’abri anti-bombes sous le théâtre peut accueillir ! »
Sarfati Productions a réalisé un montage financier pour faire venir une partie de la troupe: les couples de danseurs-étoiles: Natalia Matsak et Sergeii Kryvokon, Kateryna Alaieva et Oleksii Potiomkin, le corps de ballet et le chef Dmytro Morozov qui dirigera l’orchestre Prométhée.
Il ne faut pas hésiter à aller voir cette version classique de Giselle. L’art contre la guerre prend ici tout son sens…
Jean Couturier
Jusqu’au 5 janvier, dans le cadre de TranscenDanses, Théâtre des Champs-Élysées, 15 avenue Montaigne, Paris (VIII ème). T. : 01 49 52 50 50. www.transcendances.info